Le blog de michel koppera

Rappel des épisodes précédents : Odile Varney, trésorière de l'association de parents d'élèves, a commis une petite erreur de comptabilité. M. Delorme, président de l'association, la fait chanter et use de son pouvoir pour transformer Odile en objet sexuel. Elle se rend pour la seconde fois chez le président pour une entrevue en "tête à tête"

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 L’attente sur le palier parut interminable à Odile. Pourtant, le président était bien chez lui, elle en était sûre. À travers la porte close lui parvenaient les échos assourdis d’une musique douce et elle devinait des allées et venues dans l’appartement.

comptable6-1Enfin, la clef tourna dans la serrure et il ouvrit.

- Bonjour, madame Varney. Excusez-moi de vous avoir fait patienter mais j’avais quelques affaires urgentes à régler. Pour tout vous dire, je ne croyais pas que vous viendriez… Mais puisque vous êtes là, entrez, je vous en prie !

Odile se dit qu’elle était vraiment trop bête. Elle venait de se jeter d’elle-même dans la gueule du loup. Mais comme disait l’autre – Jules, pas Alexandre – alea jacta est !

En pénétrant dans le salon, elle remarqua aussitôt des modifications depuis la semaine précédente. En effet, le canapé avait été changé de place : il avait été éloigné de la baie vitrée et tourné vers le secrétaire qui tenait lieu de bureau au président.

Il débarrassa Odile de son imperméable et l’invita très cordialement à prendre place sur le canapé.

- Mettez-vous à l’aise. Je vous prépare quelque chose de chaud ? Café ou thé ?

- Un thé, ce sera très bien.

- À la menthe ou un orange pekoe ?

- Je vous laisse décider.

- Alors, ce sera orange pekoe. Vous avez apporté ce que je vous avais demandé ?

- Oui.

- Vous me montrerez ça tout à l’heure, rien ne presse.

Il l’abandonna pendant quelques minutes pour préparer le thé dans la cuisine ce qui laissa à Odile le loisir d’observer avec plus d’attention l’univers du président : des meubles cossus mais sans ostentation, des tableaux sages – paysages et natures mortes – accrochés aux murs, une bibliothèque aux rayonnages bien garnis, une vitrine de souvenirs de voyages lointains… Sur le secrétaire, un ordinateur portable, des dossiers, des portraits de famille. Tout cela respirait la classe moyenne à l’aise dans son petit confort.

De retour avec le plateau de thé, les petits gâteaux secs et le sucre de canne, le président ne prit pas place près d’Odile mais dans le fauteuil d’en face, de l’autre côté de la table basse.

La conversation débuta sur le ton innocent de deux parents d’élèves qui se rencontrent à la barrière de l’école : la santé des enfants, leurs résultats scolaires, les projets de vacances… M. Delorme demanda même des nouvelles de Sébastien. Cependant, il n’échappa pas à Odile que de temps en temps, au détour d’une phrase aimable, le regard de son hôte se posait furtivement sur ses genoux, comme s’il l’invitait à décroiser les jambes afin de s’immiscer entre ses cuisses.

Quand elle lui présenta les dossiers qu’elle avait apportés pour attester de l’honnêteté de sa gestion, ce fut à peine s’il y prêta attention. Il feuilleta rapidement les liasses de relevés bancaires et les reposa sur la table basse.comptable6-2

- C’est très bien et je vous fais confiance, dit-il d’un ton agacé. J’en ai eu confirmation à la banque. Par contre, lorsque je leur ai demandé s’il était possible d’effacer toute trace de votre… comment dire, maladresse du mois de décembre, il m’a été répondu très clairement que non. Or, vous n’êtes pas sans savoir que n’importe quel membre de l’Association peut, à tout moment, demander à consulter les comptes des deux dernières années. C’est écrit noir sur blanc dans nos statuts… Cela représente un peu plus de quatre-vingts curieux potentiels. À ce jour, ce n’est jamais arrivé, mais on ne sait jamais. Rassurez-vous, je ferai en sorte que cela n’arrive pas. En tant que président, je dispose de quelques prérogatives susceptibles de dissuader les fouineurs.

Odile l’écoutait les yeux baissés. Elle devinait trop bien où il voulait en venir. De nouveau, elle se sentait prise entre deux feux. D’un côté, le dégoût profond que lui inspirait l’ignoble chantage du président, cette façon de la manipuler comme une marionnette ; de l’autre, son secret désir de se donner physiquement à cet homme, de se soumettre à ses fantaisies. Aussi, en même temps qu’elle redressait la tête et lui adressait un regard chargé de mépris, Odile décroisait ses jambes et relevait très discrètement l’ourlet de sa jupe.

Le président soutint son regard et lui demanda d’une voix presque suave :

- Êtes-vous venue avec les autres documents que je vous avais demandés d’apporter ?

- Oui, souffla-t-elle.

- Alors, montrez-moi ça !

C’était un ordre.

à suivre…

© Michel Koppera, juillet 2012

Sam 4 aoû 2012 Aucun commentaire