Le blog de michel koppera
Pour mes amis Elisabeth et Marc, qui aiment les massages et l'exotisme indien, j'ai imaginé cette nouvelle dont les illustrations sont des estampes indiennes et des photos inédites d'Elisabeth, toute en beauté
Le Jaïpur ( première partie)
Pour les quarante ans d’Elisabeth, ses collègues de travail firent caisse commune pour lui offrir un beau cadeau, un truc original qu’elle ne serait pas près d’oublier. Au cours d’une réunion secrète, on examina les différentes suggestions : week-end au Maroc, bijou, œuvre d’art… Rien que du classique, du réchauffé ! Finalement, une secrétaire prit la parole :
- Dans le centre-ville, il y a un salon de massage oriental et de relaxation qui vient d’ouvrir. Comme Elisabeth aime l’Inde, ça devrait lui plaire. Je suis allée me renseigner : ils proposent un forfait de 12 séances qui correspond à notre budget.
L’idée fut approuvée à l’unanimité et, au jour dit, Elisabeth reçut dans une pochette ornée de la déesse Shiva un bon pour 12 heures de massage relaxant au salon Jaïpur.
La déco du hall d’accueil du salon était dans le plus pur style indien : tapis multicolores, dorures, tentures constellées de petits miroirs, tableaux kitch des divinités du panthéon hindou… Le tout baignait dans des lumières tamisées et un lourd parfum d’encens au jasmin. Elisabeth fut prise en charge par une hôtesse en sari qui lui présenta les différentes options : son cadeau lui donnait droit soit à 12 séances d’une heure de la formule Sérénité, soit à 3 séances de la formule dite Plénitude. Lorsque Elisabeth s’enquit de la différence entre les deux formules, elle devina chez l’hôtesse comme un embarras.
- La formule Plénitude est réservée aux couples et disons… plus complète. De toute façon, pour une première séance, je vous conseille la formule Sérénité. Vous aurez tout le temps de réfléchir pour les rendez-vous suivants, vous pouvez à tout moment changer de formule.
Elisabeth fut accompagnée par une jeune femme. Elles franchirent un rideau de soie pourpre et suivirent un long couloir jusqu’à une sorte de cabine spacieuse à l’éclairage orangé. Aux murs, étaient accrochés des tableaux champêtres représentant des épisodes de la vie de Vishnou. Une mélodie lancinante de cithare et d’harmonium à soufflet accompagnait une mélopée plaintive chantée par une femme à la voix suraiguë. Il régnait une douce chaleur qui invitait à la paresse. La jeune femme en sari de soie rose intense invita Elisabeth à se déshabiller.
- Si vous le désirez, vous pouvez vous mettre nue ou conserver vos sous-vêtements… L’essentiel est que vous vous sentiez bien.
Lorsqu’elle se retrouva en culotte et soutien-gorge, Elisabeth hésita un instant avant de se dénuder entièrement puis elle s’allongea sur la table de massage qui occupait le centre de l’étroite pièce.
Cela débuta de façon classique par un long massage à l’huile de santal. Allongée d’abord sur le ventre, puis sur le dos, pas un centimètre carré de peau n’échappa aux mains expertes de la masseuse. Ainsi, Elisabeth se laissa masser le dos, la nuque, les fesses, le ventre, les seins dont les mamelons durcirent instinctivement. Lorsque les doigts de la masseuse s’aventurèrent entre ses cuisses, elle n’opposa aucune résistance et écarta même légèrement les jambes pour en faciliter l’accès. À deux mains, la jeune femme lui massa les grandes lèvres, lui assouplit le périnée… Elisabeth se surprit à espérer des massages plus intimes, plus profonds, mais déjà les doigts s’étaient éloignés vers des zones moins sensibles…
Une demi-heure plus tard, à la caisse, alors qu’elle patientait pour fixer la date de sa prochaine séance, Elisabeth observa un couple en train de prendre rendez-vous pour la semaine suivante. Il y a des choses que l’on sent, que l’on devine sans qu’aucun mot ne soit dit : ce couple d’une cinquantaine d’années venait de faire l’amour ! C’était une évidence. L’hôtesse prit leur carte d’abonnement et consulta son planning sur l’écran de son ordinateur.
- Ça s’est bien passé aujourd’hui ? Pas de problèmes particuliers ? Voyons, il me reste quelques places pour mardi… 17 heures, ça vous irait ? Je vous réserve la loge 8, comme d’habitude
En partant, il échangèrent un sourire avec Elisabeth et s’éloignèrent, main dans la main.
- Je suppose que ce sont des abonnés, osa-t-elle en présentant sa fiche de rendez-vous.
- Oui, on peut le dire, et très assidus !
- De la formule Plénitude ?
- C’est cela. Vous seriez intéressée ?
Malgré elle, Elisabeth sentit le feu lui monter aux joues. Elle bredouilla :
- Pourquoi pas… On peut essayer.
L’hôtesse fit comme si elle n’avait pas remarqué le trouble d’Elisabeth.
- Je peux vous proposer mercredi prochain, à 18 heures…
Elisabeth hésita mais la curiosité l’emporta.
- Il faut une tenue spéciale ?
- Non, du moment que vous vous sentez à l’aise. Mais, si je peux me permettre, je vous conseillerais des vêtements très légers et faciles à ôter… C’est plus convivial.
à suivre...