Le blog de michel koppera
4. Printemps-été 1992
En mars, j’avais appris ma nomination en Afrique de l’est pour un contrat de quatre ans. J’avais donc vidé ma maison que j’avais mise en location et, en attendant de partir, je vivais chez mes parents. C’est par le plus grand des hasards que j’ai retrouvé Céline… Faisant des provisions dans un supermarché, je croise Marc, un ancien copain de fac. On discute, il m’apprend qu’il est devenu journaliste, qu’il est marié avec Céline depuis plus de 10 ans, que leur couple bat de l’aile et que lui aussi ne va pas tarder à quitter la métropole pour aller travailler en Guyane. Il m’invite à venir les rencontrer dès le lendemain soir.
C’est ainsi que je retrouve Céline. Cela fait plus de 15 ans qu’on en s’est vus. Elle n’a guère changé. Ils vivent dans une immense maison en bordure de marais, avec un chien – un border coolie - et deux chats, mais sans enfants. Profitant d’une absence de Marc, Céline me raconte rapidement qu’ils vivent presque séparés, qu’il habite dans une sorte de chambre mansardée dans une petite maison attenante où il a son bureau et où il reçoit des amis… Je comprends très vite qu’en fait d’amis, il s’agit de ses jeunes maîtresses. On passe une bonne soirée bien arrosée à évoquer le passé et nos projets d’avenir où Céline n’a aucune place. À deux heures du matin, Marc se retire dans ses appartements et je reste seul avec Céline. On cause encore un peu puis elle me dit :
- Allez, viens, on va se coucher.
J’ai 40 ans, elle en a 42… Nous ne sommes plus des enfants. Pendant les 15 années qui viennent de s’écouler, le sida a fait son œuvre. Si les gestes, les caresses sont devenus plus expérimentés, plus efficaces mais moins spontanés, la prudence est de mise. On sort les capotes. Céline mouille toujours autant. Au fil du temps et de ses amours, sa chatte semble avoir encore gagné en souplesse et en profondeur. Toutes les audaces sont permises, tous les jeux de langues, de doigts, de mains… Aucune pudeur, aucune retenue dans les mots… On baise jusqu’à l’aube, avec des intermèdes où on fume des joints, en buvant du Perrier. La nuit est à nous. À l’aube, on entend la voiture de Marc qui part au boulot. Alors, avec Céline, on reste au lit jusque tard dans l’après-midi à se caresser, à se donner du plaisir…
Pendant les trois mois qui suivent, jusqu’en août 1992, je viendrai régulièrement passer une soirée dans la grande maison au bord des marais. C’était Céline qui me passait un coup de fil pour me dire qu’elle était seule et aimerait bien que je vienne lui tenir compagnie. Marc était de plus en plus absent, distant, et tout absorbé par les préparatifs de son départ. Avec Céline, je crois qu’on s’aimait vraiment. Je me souviens qu’on avait même envisagé qu’elle vienne me rejoindre en Afrique, une fois qu’elle aurait réglé ses affaires sur place : divorce, vente de leur maison… On faisait semblant d’y croire même si je savais qu’elle n’abandonnerait pas ses parents malades qui habitaient à une vingtaine de kilomètres de là.
Début septembre 2012, j’ai embarqué à Roissy dans un Boeing 747 d’Air France. Cap sur les rivages de l’Océan Indien. Je partais pour 7 années d’éloignement de la Métropole. Comme je l’avais pressenti, Céline n’est jamais venue me rejoindre sous le tropique du Capricorne
Epilogue. novembre 2005.
Un jour par curiosité, je tape sur internet le nom de Céline et voilà que je tombe sur un numéro de téléphone… J’appelle. C’est bien elle. Aussitôt, elle m’invite à venir la voir quand je serai de passage dans la région. Quelques mois plus tard, je lui rends visite, accompagné de ma femme et de ma fille. Céline habite désormais dans une petite maison sans âme d’un lotissement triste à pleurer… Une visite douloureuse. Je retrouve une personne malade, physiquement mais surtout mentalement, rongée par la peur de la vieillesse et de la mort, ressassant ses rancoeurs et de mauvais souvenirs… On passe presque deux heures à écouter ses monologues amers… C’était notre dernière rencontre, la rencontre de trop
Caty