Le blog de michel koppera
Vincent DUBARY, « Marie Janvier s’est endormie »
Éditions Le Cercle Poche n° 67 (2002) 218 pages
Marie Janvier, mère de deux petites filles est devenue une jeune veuve à la suite de la mort accidentelle de son compagnon. Elle même une vie très austère, mais la nuit, des rêves de plus en plus érotiques la transportent dans un univers très sensuel
Extrait du chapitre intitulé « La bataille », pages 141-142
« Marie est bien. Derrière elle, l’homme ne bouge plus qu’à peine. Il la tient enlacée, une main contre son ventre, l’autre emprisonnant un sein. En baissant les yeux, elle aperçoit le téton minuscule encadré de deux phalanges entre lesquelles il tangue. Tout à l’heure, l’homme a choisi la voie la plus étroite. Il s’y est introduit petit à petit, avec tendresse. « C’est tout petit chez toi, a-t-il murmuré. C’est tout petit… » Elle s’est laissé envahir et maintenant, ils demeurent tous deux immobiles, comme s’ils étaient endormis. Elle est une toute petite fille entre ses bras, protégée comme par des murailles. Elle n’a plus peur. Parfois, contre sa peau, elle sent ses muscles vibrer et cela lui donne de légers frissons. Mais elle ne bouge pas. Elle ne veut rien briser d’un instant aussi fragile que du cristal, attentive aux indicibles palpitations de l’homme entre ses reins. Son sexe élancé comme le tronc d’un bel arbre, ce sexe qu’elle a caressé du regard, ce sexe massif et soyeux qui s’est tendu sous ses doigts, elle l’imagine à présent, là où il se trouve, tapi tout au fond de son corps. Elle imagine son énormité incongrue dans un espace aussi étroit. Son anneau dilaté, jusqu’alors inviolé, s’est modelé comme une argile pour accueillir peu à peu sa venue. Elle le sent qui frémit et ce frémissement se fond à sa propre chair, gonfle en elle en ondes tranquilles jusqu’à la surface de son corps. Elle est un océan de plaisir et lui, un cap superbe d’arrogance face aux vagues. Elle nage. Elle vogue. Elle vole. Elle est oiseau, dauphin, frégate. Elle est tout ce qui glisse et se meut avec souplesse, tout ce qui est chaud et vivant, tout ce qui tressaille et respire. Elle est tout à la fois. »