Le blog de michel koppera

Suite de l'improbable rencontre entre Philippe, Valentin et Monika...

Philippe # 3

 

chambre3J'avais osé, osé la déposer dans des mains étrangères. Certes les photos étaient sages et chastes mais je compris bien que l'homme n'était pas dupe.

À peine avais-je quitté sa boutique qu'il baissa le vieux rideau de fer, allait-il se précipiter dans sa chambre obscure et plonger Monika dans ses bains d'alchimiste ?

Je n'avais fait que quelques pas dans la ruelle et son visage disparut de ma mémoire, seul son regard m'obsédait.

De retour à la maison, je fus saisi d'un sentiment étrange : celle qui partageait ma vie depuis tant d'années n'était plus la même ou plutôt mon regard sur elle était modifié.

Je ne pus m'empêcher d'admirer les ondulations de sa croupe, de plonger mes yeux dans son décolleté chaque fois qu'elle se penchait devant moi. J'en arrivais même à me demander si les parfums de son entrecuisse m'étaient encore familiers.

Amour Phoenix renaissant des cendres du quotidien.

Quel étrange contrat avais-je signé là ? Peu importait, mon amour pour elle déferlait en vagues croissantes...

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Valentin # 3

chambre3-1J'ai passé toutes les nuits de la semaine dans le ventre rouge du labo. Comme je l'avais deviné au premier coup d'oeil sur les négatifs, sa longue chevelure bouclée était blonde. Son visage encore juvénile fixait l'objectif de ses grands yeux sombres. Il y avait quelque chose de joyeux, d'effronté dans son regard, impression que renforçait la petite fossette de son menton. Sa bouche souriait aussi, sans affectation... Bouche sensuelle qui appelait les baisers et sans doute d'autres caresses plus subtiles, plus profondes...

J'avais méticuleusement préparé le cérémonial et aucun soupçon de poussière ne viendrait troubler l'objectif de l'agrandisseur. Son image en négatif est projetée en grandeur nature sur le plateau blanc. J'effleure déjà le velouté de sa peau. Papier brillant, pas trop dur. Vingt secondes d'exposition à faible ouverture, de façon à conserver à la peau sa douceur presque enfantine. Je glisse la feuille encore immaculée dans le bac de révélateur. À mains nues, je caresse tendrement le papier qui baigne dans sa solution un peu huileuse. Les yeux « montent »les premiers ; deux points noirs qui me regardent, puis l'ourlet de sa bouche qui sourit, et, lentement, tout son visage apparaît avec ses ombres, ses courbes et ses clairs-obscurs. Je laisse agir la chimie. Mes doigts ne cessent de caresser ce visage, d'en prendre possession car elle est déjà mienne.chambre3-6

Bientôt l'image se stabilise. Il est temps de lui administrer le traitement rituel, celui qui va lui insuffler une seconde vie. Dans la douceur utérine du labo, je suis intégralement nu. Le sexe tendu à tout rompre au-dessus du bac de révélateur, j'éjacule de lourdes giclées de sperme qui éclaboussent la photo à peine révélée. De plat de l'index, j'en masse les lèvres et les yeux de la jeune femme. Jamais elle n'aura été aussi belle que sur cette photo et personne ne saura d'où lui vient cette incroyable beauté qui éveillera chez ceux qui la regarderont un désir à nul autre pareil. Hommes ou femmes, adolescents ou vieillards, ils éprouveront tous la même émotion intense, le même besoin de posséder son corps. Peu à peu, mon sperme filandreux se mêle aux cristaux d'argent et finit par s'y dissoudre entièrement.

 

Ensuite tout n'est que routine : bain d'arrêt, fixateur, rinçage et séchage. Épuisé, j'ai rangé les tirages dans une pochette, établi la facture et dormi à en oublier les heures et les jours.  

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Mar 30 sep 2014 1 commentaire
Toujours un plaisir de se délecter de ces récits et images de qualité, encore bravo... Nicky de DIVINES ET INNOCENTES
Gloria - le 03/10/2014 à 08h58