Le blog de michel koppera
Philippe 4
Monika vient de quitter la maison pour passer une soirée entre collègues, Tout est calme, dans le salon flotte encore Petite robe noire de Guerlain, je le lui avais acheté lors de son précédent anniversaire, Le prochain approche à grands pas et je n'ai toujours rien acheté.
Depuis quelques semaines, je ne vis plus mes moments de liberté qu'au rythme de mon projet.
Obsédant, il vampirise mes pensées.
La séparation d'un couple d'amis a tout déclenché ; le temps est cruel avec les serments d'autrefois.
Je voulais au départ lui écrire une lettre, rappeler à son souvenir ce que nous étions, évoquer nos émotions charnelles, expériences vécues, frôlées mais aussi fantasmées.
Je voulais clamer haut et fort mon amour pour elle malgré les années passées.
Mais très vite le flot de souvenirs m'a submergé et le cadre d'une lettre m'a paru trop étroit, j'avais tant à dire. La lettre est devenue livre.
Je ne voulais plus lui écrire à la deuxième personne comme initialement prévu mais qu'elle lise l'histoire de Monika, qu'elle se découvre.
Le récit s'est structuré en chapitres distincts, je me suis rendu compte à quel point encore elle nourrissait mon imaginaire, Monika mystérieuse femme tiroirs.
Impossible de l'évoquer sans iconographie, j'ai alors réuni toutes les photos d'elle mais aussi certains négatifs jamais mis à la lumière.
Il me fallait sélectionner les plus belles images d'elle, les plus osées aussi.
À l'abri derrière l'écran, j'ai pris contact avec un laboratoire qui semblait à même de pouvoir développer son intimité, Je m'apprêtais à leur faire parvenir une première salve de photos à fixer sur leur plus beau papier lorsque j'ai croisé la route de Valentin Deriez.
Il me vint alors à l'idée de mettre en scène la partie fantasmée de mon ouvrage.
Mes recherches furent rapides, le trait de Denis Verlaine s'est vite imposé à mes yeux comme légitime pour sublimer le corps de Monika dans des évocations raffinées.
Il a déjà réalisé une aquarelle de ma belle.
Avec le temps, son trait s'affinera et épousera au mieux la plastique de ma femme.
Le trait de sa mine pénétrera au plus prés de son corps.
Denis me réclame des photos plus précises, d'une définition supérieure.
Ce sera le travail de Valentin Deriez.
Valentin,,,, Je le connais à peine et déjà tel un familier je l'appelle par son prénom.
Quel homme étrange ! J'avoue frémir à l'idée du jour où je franchirai la porte de sa boutique avec dans ma sacoche des négatifs plus intimes.
Pour l'instant de Monika je lui confie des photos au corps sage, quand sera-t-il lorsque ce dernier glissera ?
Perdra-t-il alors cette habitude de poser devant moi les bandes de négatifs sur sa table lumineuse ?
Je trouve cela à la fois dérangeant et terriblement excitant.
Et cette façon qu'il a de les passer avec délicatesse à proximité de ses narines comme s'il voulait capter une odeur, sans doute un toc de vieux laborantin éprouvé par l'ennui.
Ce qui est bizarre c'est mon incapacité à me souvenir de la couleur de ses yeux, j'avoue les avoir peu fixés tant son regard est pénétrant. Il semble lire en moi.
Le bonhomme a dû voyager beaucoup tant sa boutique est pleine d'objets hétéroclites venus d'horizons lointains,
On se croirait dans la caverne d'un antiquaire et ce parfum indéfinissable qui y règne.
Demain je vais enfin découvrir le fruit de son travail et lui en confier un nouveau.
Dans une enveloppe j'ai glissé des négatifs de Monika dont ceux de ce week-end passé à Paris avec un couple d'amis. Monika m'a confié plus tard que ce soir-là elle n'aurait pas été opposée à ce que nos deux couples, le temps d'une nuit, n'en forment plus qu'un.
Il aurait suffit d'un rien, une allusion, un geste, un regard, une étincelle...
Je la trouve sur ce lit étonnement rayonnante, séductrice.
Sans doute Valentin a-t-il déjà vu des femmes beaucoup plus à son goût, il est possible même que Monika ne soit pas à ses yeux une femme remarquable.
C'est étrange de confier ainsi son épouse à d'autres hommes, j'en ressens, je ne le nie pas, un vif plaisir.
Comme j'avais pris goût à la voir, par deux fois, poser nue face à André, ce photographe amateur en retraite qui ne cacha pas sa fascination pour sa poitrine.
Il s'en approcha jusqu'à dessiner à même ses seins en prenant un soin particulier à l'aide du crayon de maquillage d'en cerner les tétons et les aréoles.
Le dessin était maladroit mais l'émotion grande.
Oui montrer Monika me procure de troublantes pensées mais j'ai presque besoin pour poursuivre mon ouvrage que Denis et Valentin épaulent ma démarche chacun à sa manière.
Le fruit de cette collaboration sera au final soumis au regard de Monika.
Ce soir, je suis d'humeur songeuse, je n'ai pas envie de finaliser le chapitre de l'expérience vécue avec ce photographe, Ce sera pour plus tard.
M'allonger dans le canapé me suffit, rêvasser à demain,,,,,
De bonne heure je suis parti, Monika est rentrée cette nuit sans faire de bruit me laissant dormir, je me suis levé sans la réveiller, Un mot sur la table de la cuisine – À ce soir je t'aime.
La ruelle est toujours aussi déserte et semble se refermer derrière mes pas, un chat immobile me fixe du haut de son perchoir,
Il est là, semble m'attendre derrière son comptoir, je bredouille quelques mots.
Il me tend la pochette, je me sens obligé de l'ouvrir pour la refermer aussitôt.
Mon Dieu, Monika , qu'a-t-il fait !!!
Je règle le montant de la facture et sors de ma sacoche une enveloppe sur laquelle en haut à droite j'ai écrit à l'encre bleue, Monika 21- 22 ans.
Valentin 4
-
Monika ? Ainsi, elle s'appelle Monika... Un prénom étrange pour une belle femme...
Ma remarque n'a fait que le troubler davantage. Il a bafouillé un remerciement maladroit et confus. Je ne voulais pas lui faire peur. Il ne s'est pas attardé, juste le temps de me dire qu'il souhaitait des tirages en format plus grand, du 20 X 30 sur papier glacé. Notre conversation s'est arrêtée là. Au moment de partir, il m'a tendu la main et, l'espace d'un instant, nos regards se sont croisés. Dans ses yeux, j'ai lu à livre ouvert l'étendue de son désarroi, celui d'un homme tiraillé entre l'amour exclusif qu'il porte à cette femme et l'impétueux désir de la montrer, de la partager. Quels seront ses sentiments lorsque, de retour chez lui, il regardera plus longuement les tirages qu'il emporte dans sa serviette de cuir ? Par sa brusque réaction à l'ouverture de la pochette des photos, je sais déjà que le charme a opéré, comme à chaque fois. Désormais, il ne peut plus reculer ; je suis dans la place, ce n'est qu'une question de temps, de patience.
En attendant, penché au-dessus de la table lumineuse, j'examine les deux négatifs qu'il vient de me confier. Je vais d'abord les tirer en diapositives qui viendront enrichir ma collection personnelle.
Le tirage sur papier ne m'a pris qu'une petite demi-heure. Suffisant pour me la révéler sous un jour nouveau. Sur les premiers clichés, je l'avais découverte mutine, la voilà désormais féline. Sans doute son abondante chevelure et son pantalon léopard y sont-ils pour beaucoup. Mais, il y a autre chose.. Je la devine câline, ronronnante, mais aussi sur ses gardes, prête à chaque instant à sortir ses griffes et à bondir. Une vraie chatte aux yeux de velours.
Le soir-même, après avoir baissé le rideau de fer, je suis descendu au sous-sol du magasin pour rejoindre l'antichambre des secrets. C'est une pièce carrée, aux murs entièrement enduits d'une peinture noire très mate qui absorbe toute la lumière. Au centre de la pièce, il y a un fauteuil de velours rouge, à côté d'une sorte de grand cube aux parois de verre. Sur les quatre murs de la pièce sont fixés des miroirs à l'inclinaison si particulière que jamais l'on ne peut s'y voir. Et, dans un coin, près de la porte, il y a le projecteur de diapositives où j'ai glissé une photo de Monika dans le porte-vues. J'ai allumé la lampe et, lentement, au fur et à mesure que la lumière devenait plus intense, l'image en trois dimensions de la jeune femme renvoyée, multipliée puis focalisée par les miroirs est venue prendre forme et corps, en trois dimensions, au centre de la cage de verre. J'ai pris place dans le fauteuil, face à l'hologramme grandeur nature de la jeune femme, si près que s'il n'y avait les parois de verre je pourrais tendre la main et la toucher. Elle est là, assise en tailleur sur le lit blanc, avec la cascade de ses cheveux blonds qui ruisselle jusque sur ses mains. Un étrange dialogue s'installe entre nous : dialogue des regards, des lèvres, des corps qui se montrent sans se dévoiler. On se parle sans l'aide des mots. Je lui raconte comment il y a très longtemps, sur l'île de Madagascar, à Antsirabé, un sorcier mérina m'avait initié à l'envoûtement des images. Elle m'écoute patiemment en souriant, la tête un peu penchée en signe d'affection... Puis, tard dans la nuit, elle me confie des désirs inavoués, des fantasmes inavouables... Avant d'éteindre la lampe du projecteur, j'approche mon visage de la paroi de verre comme pour déposer sur sa bouche un peu moqueuse l'esquisse d'un baiser.
Je la retrouve le lendemain soir, cette fois en collants noirs et tunique de soie rose, assise sur un lit à parure de tigresse. Dans le fauteuil, juste en face d'elle, je suis intégralement nu. C'est pour cela qu'elle ferme les yeux, pour jouer les sainte-nitouche. Mais je ne suis pas dupe : son sourire en dit plus qu'elle ne le voudrait. Alors, le sexe dressé, battant sur mon ventre, je lui parle de ses cuisses que je devine prêtes à s'ouvrir, de sa tunique retroussée qui laisse deviner sa hanche, de son ventre avide de toutes les caresses, de la tentation du lit et de ses étreintes. Elle rit, secoue sa crinière et me laisse jouir pendant que mon regard remonte très haut entre ses cuisses habillées de noir.
je vous en remercie