Le blog de michel koppera
"Crissie et Monsieur K.", chapitre 23 b
Il ne répond pas. Il demande : "Vous aimez ?"
- La fille a l'air très belle. Est-ce un modèle professionnel? Est-ce qu'on peut...
- Non ! sa phrase est tranchée net comme par un couperet.
Il s'adoucit : "Non, cette jeune femme est une amie ; la photo est une recherche personnelle."
Je me garde bien d'insister. Il ne dira rien. Il m'en veut déjà d'avoir demandé si peu.
Je prends congé poliment mais je ne m'éloigne pas. Il faut que j'en sache davantage. Je traîne discrètement jusqu'à ce qu'il n'y ait plus grand-monde. Je sors alors fumer une cigarette, tout en jetant un oeil à travers la vitre de la galerie. Le photographe parle avec le galeriste, lui serre la main. Il va chercher son manteau, l’endosse et sort.
Je ne sais pas ce qui me prend, je me mets à le suivre, intrigué, le coeur battant. J'ai de la chance, il est à pied. De loin, je le vois le portable à l'oreille, puis fumer une cigarette. Il ne marche pas très longtemps : deux rues et une traversée de boulevard plus tard, il entre dans un café. J'approche prudemment, jette un regard furtif à l'intérieur.
J'aperçois alors le reflet de Crissie dans un miroir.