Le blog de michel koppera
"Crissie et Monsieur K.", chapitre 26 b
- Tu te trompes ! Tu te trompes sur toute la ligne, mais tu ne peux pas le savoir : je suis à toi autant que je suis à lui, mais pas pour les mêmes raisons, et non, je ne jouis pas mieux avec toi, même si ton orgueil de mâle en prend un coup. Mais c'est vrai aussi que je trouve avec toi ce que je ne trouve pas avec lui, et inversement, parce que vous êtes deux mondes différents. Mais si tu m'en veux trop, si tu ne supportes pas cette situation, alors arrêtons-la, et cessons de vous voir à tout jamais. Je ne suis pas certaine que ce soit ce que tu désires. Ce n'est pas ce que je veux non plus. Nous souffririons tous les deux.
Monsieur K relève des incohérences dans la logique de ce discours mais n'en dit rien. Bien sûr qu'il ne voudrait pas la perdre, mais il ne veut pas non plus la partager. En tout cas, pas comme ça...
Crissie fouille dans son sac. Elle sort un carnet rouge et le lui tend avec insistance.
-Tiens ! Je sais que tu connais l'existence de ce carnet. Tu en as peut-être déjà lu des lignes, je ne sais pas et je m'en fous. Aujourd'hui, je te demande de le lire. Peut-être comprendras-tu mieux. Peut-être m'en voudras-tu moins. Ou pas. Mais tu sauras.
Toutes les semaines à cette même heure, à cet endroit où tout chavire, je t'attendrai, pour reprendre l'histoire ou pour l'arrêter, mais avec ce que tu auras appris de moi dans l'intervalle. Ne me fais pas trop attendre, je ne saurai pas si j'aurai la force de faire ça pendant longtemps.
Elle ajoute :
- Fais demi-tour, retourne d'où tu viens. Je vais te regarder t'éloigner, en espérant te voir bientôt revenir.
Crissie s'approche alors de lui, comme pour l'étreindre, mais il recule.
Monsieur K la regarde longuement, pétri d'envie de la gifler, de l'embrasser et de la piétiner; il fait simplement demi-tour et s'éloigne rapidement.