Le blog de michel koppera
"Crissie et Monsieur K.", chapitre 34 b
Crissie sourit. Je suis sûr que l'idée ne lui déplaît pas d'être exhibée, cachée immobile derrière un maquillage, idole incarnée offerte aux regards des adorateurs anonymes. Tout à l'excitation de son projet de la nuit à venir, Miguel n'en perd pas la main et multiplie les dessins. Je suis en admiration devant son savoir-faire, et je dois avouer que je suis fier de Crissie, de sa beauté, et de cette bonne volonté évidente et souple qu'elle met maintenant à être croquée dans des positions émouvantes. Scintillement des bijoux et luisance des muqueuses, Miguel trace le trait avec élégance, c'est enlevé, nerveux, il semble en pleine envolée lyrique, il est littéralement habité. Son modèle l'inspire, c'est évident, et ça me réjouit comme si c'était moi qui l'avais créé.
Crissie pousse soudain un petit cri de douleur. Contracture ! Miguel l'autorise à souffler quelques minutes. Ma belle statue vivante se détend, se masse longuement la cheville, puis se lève, fait quelques pas en maudissant son manque de résistance, se tourne vers moi et me sourit. Elle se met alors à battre des mains comme une gamine en disant : "J'ai hâte d'être à ce soir..." puis regagne, studieuse, son siège de pose.
Miguel fait une autre longue série. Puis s'arrête. "J'ai ce qu'il me faut pour l'instant, affirme-t-il. Assez travaillé pour aujourd'hui !"