Le blog de michel koppera

"Crissie et Monsieur K.", chapitre 36 b

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crissie36a-3Tu as pris ton rôle très au sérieux. Tu es restée immobile et fière. Les gens s'attroupaient, voulaient voir le plus près possible. Il y a même eu un type bien éméché qui a tendu la main vers toi pour te toucher mais Miguel veillait. Moi je t'admirais de loin et j’observais les réactions des gens. Ça avait l'air de foutrement les impressionner, peut-être bien les exciter aussi qui sait. N'eût été le faible battement de tes cils que je remarquais par intermittences, tu trônais comme un sphinx incompris... et je me suis entendu déclamer le poème de Baudelaire tant tu l'incarnais : Je hais le mouvement qui déplace les lignes et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.... Quelqu'un près de moi  m'a regardé de travers comme si j'étais dingue et a poussé du coude son voisin en me désignant et en rigolant. Ensuite ils se sont tournés vers le théâtre de ton corps bellement cadenassé en faisant des gestes obscènes et ils ont dit quelque chose que je n'ai pas compris.

Tu étais le clou du spectacle de l'endroit. Les gens passaient et s'arrêtaient, ils s'arrêtaient tous. Tu étais belle comme un rêve de pierre. Ils étaient bluffés et je me suis plu à imaginer quel souvenir tu allais être dans leur nuit à venir.


 

 

Mer 10 fév 2016 Aucun commentaire