Le blog de michel koppera

Souvenir n° 3

souvenir3-4Au printemps 1975, je me suis retrouvé jusqu'à la fin de l'année face à une classe de 4ème dans un petit collège de 200 élèves. Rien de particulier jusqu'à ce qu'un jour, vers 18 heures, je reçoive un coup de téléphone. Anne était partie au lycée pour sa garde de nuit. Au bout du fil, une voix féminine, jeune en apparence, qui me demande comment ça va, ce que je fais, si je suis bien rentré du boulot... J'ai beau demander à qui j'ai l'honneur, pas de réponse. Je raccroche. Quelques minutes plus tard, nouvel appel, avec la même voix, insistante. (rappel : 1975, pas d'affichage du numéro d'appel, pas moyen de débrancher le téléphone. Seule solution pour être en paix : liste rouge ou laisser le combiné décroché !)souvenir3-1

Au fil des jours, les appels continuent. Toujours dans le même créneau horaire (18-19 heures), toujours quand Anne est partie au travail, toujours avec la même voix féminine au bout du fil. Jamais d'appels pendant le week-end ou quand Anne est là ! Petit à petit, il devient évident que cette personne sait beaucoup de choses de moi et de ma vie privée : elle me parle de mes tenues vestimentaires, de ma voiture, de mes horaires de travail... À force de recoupements et d'indices, je finis par être convaincu que ces appels émanent d'une personne du collège et très certainement d'une élève.

Dès le premier jour, ces appels avaient pris un caractère érotique, voire carrément pornographique. Ces appels se résumaient le plus souvent à un long monologue où ma mystérieuse correspondante me faisait partager ses émois sexuels, me décrivait avec force détails ses masturbations en pensant à moi, me disait qu'elle était allongée nue sur son lit, les cuisses écartées en train de se caresser le clitoris, qu'elle était trempée (ellle me faisait même écouter le clapotis de sa mouillure barattée par ses doigts !) J'avais renoncé à raccrocher la laissant aller jusqu'au bout de ses fantasmes. Je crois qu'il lui arrivait de jouir. À 19 heures, elle raccrochait non sans avoir promis de me rappeler très bientôt. Pendant toute la communication, je me contentais de dire de temps en temps que je l'écoutais et je dois avouer qu'elle parlait si bien, avec une telle sensualité que je bandais en silence. 

souvenir3-3Je n'ai jamais rien dit de ces coups de téléphone à Anne. 

De passage à la gendarmerie pour signaler le problème, il me fut répondu que les seuls moyens d'y échapper étaient soit de me faire inscrire sur la liste rouge (ce qui signifiait un changement de numéro) soit de porter plainte (ce qui signifiait procédure assez longue et frais de justice). Cependant, je tenais à tout prix à démasquer la coupable. En recoupant tous les indices, j'avais acquis la certritude que ma correspondante anonyme était une élève de la classe de 4ème dont j'avais la charge. Il m'a fallu plus de deux mois pour arriver à mes fins. Elle a fini par se trahir elle-même un jour où je lui ai suggéré de m'appeler plus tard dans la soirée et qu'elle m'a répondu que ce n'était pas possible, qu'elle ne serait plus seule, que son père allait rentrer. Et puis, parmi les filles de la classe, la seule qui ne parlait presque pas, toujours sur la réserve, c'était Isabelle K*, mais la meilleure élève à l'écrit et surtout une très belle fille avec de longs cheveux châtains, une poitrine déjà bien formée et un regard à faire fondre quand on parvenait à le croiser car elle le cachait derrière le voile de sa chevelure. Son père qui était professeur au collège était aussi maire d'une petite commune voisine. En discutant avec lui, j'ai appris qu'il passait trois soirs par semaine à la mairie (de la fin des cours jusqu'à 19 heures ) précisément les jours où je recevais les coups de fil.

Alors un soir, alors que ma correspondante venait de raccrocher et de me raconter une fois de plus combien elle avait envie de moi, qu'elle aimerait prendre la place de ma compagne dans mon lit, qu'elle s'était enfoncé une banane dans le vagin en pensant que c'était ma bite, j'ai composé sans tarder le numéro personnel de mon collège prof... On a décroché. Bingo : c'était elle !

- La partie est finie, Isabelle ! 

- Ce n'est pas moi ! mais cela sonnait faux.

Et à compter de ce jour, les appels ont dénitivement cessé !

souvenir3

Ven 2 sep 2016 Aucun commentaire