Le blog de michel koppera
"Les ardents de la Rue du Bois-Soleil" # 44
Elle prit son temps, d’abord dans la salle de bains puis dans sa chambre dont j’entendis grincer les portes de l’armoire.
L’attente fut si longue que je recommençai à bander en sourdine. Déjà, j’imaginais la mise en scène d’une nouvelle partie de jambes en l‘air. Comment allait-elle m’apparaître cette fois : en putain ou en bourgeoise ? En robe, en peignoir ou alors carrément à poil ?
Je m’attendais à tout sauf à la voir revenir en tenue de ménagère, mules aux pieds, robe défraîchie tombant à mi-mollet, tablier à la taille… Et plus de maquillage, ni mascara, ni rouge à lèvres, ni vernis à ongles ! Cheveux tirés en arrière et rassemblés en chignon. Elle s’assit loin de moi. C’est à peine si j’osais la regarder.
- À partir de demain, on ne pourra plus se voir l’après-midi, je reprends le service de jour : huit heures, dix-sept heures.
J’accusai le coup.
- Il y en aura pour longtemps ?
- Au moins deux semaines, mais je ne peux rien te promettre. Je suis vraiment désolée… Tu m’en veux ?
Je fis non de la tête mais au fond de moi, quelque chose venait de se briser. Je la regardai et je la trouvai laide et surtout très vieille. On but un diabolo à l’anis sans se parler.
Geneviève me raccompagna jusqu’à la porte, me prit par les épaules et m’embrassa sur les deux joues.
- Au revoir, à bientôt peut-être. Tu sais, je voulais te dire que c’était très bien, tu t’en es tiré comme un chef !
Elle avait le sourire un peu triste.
à suivre...