Le blog de michel koppera

"Concertino", 3ème partie

Le dimanche matin, Martine dut cacher son soulagement quand elle apprit qu'Alexandre Meyer devait retourner pendant quelques heures au colloque pour y rencontrer des confrères espagnols. Elle ne fit donc que croiser leur hôte dans la cuisine, le temps d'un rapide petit déjeuner ponctué des formules de politesse d'usage. Elle passa le reste de la matinée à préparer le déjeuner. Elle avait prévu des langoustines suivies d'un carré d'agneau - c'était la saison - puis pour terminer un far aux pruneaux. Dominique s'occuperait du vin à leur retour.  Tout en s'affairant aux fourneaux, elle pensa au malaise qui s'était emparé d'elle quand elle s'était de nouveau trouvée en présence de leur invité. Elle s'efforça de dissiper son angoisse à grand renfort de court-bouillon, d'oeufs, de farine et de robot multifonctions.

Les deux hommes ne furent de retour que vers 13 heures. On passa sans tarder à table. Dehors, il faisait presque beau et Dominique avait déjà projeté de faire avec Alexandre le tour du propriétaire, c'est à dire des deux hectares de pelouse, de bosquets et de vergers qui entouraient le manoir. Martine se sentait rassurée par la présence de son mari et se contenta de faire le service et de les écouter converser entre mâles dominants. Elle évitait de croiser le regard d'Alexandre Meyer et, dès qu'elle le pouvait, trouvait refuge dans la cuisine.

concertino5Mais le repas prit fin.

— On va faire un tour dans le parc, lui dit Dominique en reposant sa tasse de café. Tu pourras montrer ton massif de rhododendrons et tes rosiers à Alexandre. Ça l'intéresse.

Elle ne pouvait pas dire non.

Dans la douceur de l'après-midi de printemps, ils parcoururent le domaine de long en large. Martine parla avec une fierté naïve de ses fleurs, Dominique de ses pommiers. Alexandre les écoutait en hochant la tête, comme s'il comprenait. À un moment, ils firent halte sur le pont de pierre enjambant la rivière qui traversait le domaine, pour tenter d'apercevoir d'hypothétiques truites. Ils étaient tous les trois penchés au-dessus de l'eau, Martine entre les deux hommes. Et alors que Dominique expliquait à Alexandre la différence entre les truites arc-en-ciel et les truites fario, Martine sentit une main chaude lui caresser le creux des reins et lui palper les fesses à travers le tissu de son jean. Un rapide coup d'œil à sa droite suffit à confirmer ce qu'elle savait déjà : ce n'était pas Dominique qui lui mettait la main au cul - il était accoudé des deux bras sur le parapet - mais bien Alexandre Meyer. Cependant, au lieu de s'éloigner ou de repousser la main baladeuse, elle se cambra un peu et écarta insensiblement les cuisses pour sonner libre accès à sa fourche qu'elle sentit devenir toute moite. Imperturbable, Alexandre continuait de poser des questions sur les différences entre les deux variétés de truites, leur alimentation et leurs mœurs, pour le plus grand plaisir de Dominique, intarissable de connaissance et d'anecdotes piscicoles. Martine n'entendait plus rien, elle n'écoutait plus que le langage muet de la main qui s'était glissée profondément entre ses fesses et lui massait fermement la raie culière à travers le tissu. Elle se sentait paralysée par la honte et le désir.

Il fallut néanmoins poursuivre la visite du parc. À l'étape suivante, ce fut à Martine de parler. Ils s'étaient arrêtés devant l'impressionnant massif de rhododendrons, si épais qu'il formait comme un bosquet sous lequel s'enfonçait une sorte d'étroit tunnel sombre et frais. Tout au bout, on apercevait la sortie de la tonnelle de verdure qui donnait sur la pelouse éclaboussée de lumière. Martine stoppa devant l'entrée pour parler des rhododendrons, puis quand elle eut fini, Dominique s'engagea le premier dans le tunnel, Martine et Alexandre lui emboîtèrent le pas. La fraîcheur végétale  leur tomba sur les épaules comme un châle. Alors, Alexandre dans un geste protecteur et bienveillant, passa son bras droit autour du cou de Martine qui se laissa aller contre lui, comme attirée par la chaleur de son corps si grand, si fort. Tout en marchant, dans la pénombre complice du tunnel des frondaisons, il glissa sa main dans l'échancrure de son pull de laine et s'empara de son sein droit, le pelota doucement et se saisit entre le pouce et l'index de son mamelon qu'il tritura avec dextérité. Martine se sentit flageoler sur ses jambes, comme prise d'ébriété. Peut-être averti par le silence, Dominique se retourna et il vit tout. Malgré la semi-obscurité, il les vit serrés l'un contre l'autre, il vit le bras d'Alexandre passé autour du cou de Martine, il devina sa main qui disparaissait dans l'échancrure du pull, il vit le visage livide et le regard trouble de sa femme. Il marqua un temps d'arrêt, Alexandre ne retira pas sa main. Alors, Dominique se remit en marche comme si de rien n'était. Quand ils débouchèrent dans la lumière aveuglante du soleil, Alexandre retira sa main, s'écarta de Martine et la promenade put reprendre son cours normal.concertino5-1

De retour au manoir, alors que Martine encore bouleversée était allée préparer un thé, Dominique vint la trouver dans la cuisine pour lui parler. Elle s'attendait à tout sauf à ce qu'il lui proposa à voix basse :

— Si tu en as envie, fais-le. Mais je te demande juste de ne pas rester seule avec lui. Je veux être là, à vos côtés et assister à tout.

Elle le regarda, médusée.

— Faire ça devant toi ! Tu te rends compte de ce que tu viens de me dire ?

Il ne répondit pas mais elle lut dans ses yeux qu'il parlait sérieusement.

— Laisse-moi m'occuper du thé, dit-il. Profites-en pour monter te changer... Je devrais plutôt dire "te mettre en tenue". Pendant ce temps-là, je vais allumer du feu dans la cheminée, ce sera plus chaleureux...

à suivre...

 

 

Mer 24 mai 2017 Aucun commentaire