Le blog de michel koppera
"Villa Ferjac"
chapitre 7
Aujourd’hui, Marie est arrivée à neuf heures précises, comme d’habitude. L’étudiant en médecine à qui j’ai loué tout le second étage rentrera peut-être ce midi pour déjeuner avec moi. Sur le bureau, j’ai ouvert le premier tome du De Natura Rerum de Lucrèce :
« Aeneadum genitrix, hominum divumque voluptas
Alma Venus… »
Après avoir préparé le repas de midi, Marie a lavé la vaisselle, passé la serpillière dans la cuisine et l’aspirateur dans les chambres et le salon. Elle a changé les serviettes des salles de bains, récuré les lavabos et les cuvettes des toilettes, fait briller les robinets…
Puis elle est venue me rejoindre. Comme d’habitude, elle reste debout. Ce matin, elle porte une courte robe de cotonnade bleu nuit imprimée de petites fleurs jaunes. Elle appuie ses cuisses sur le bord du bureau, de telle sorte que cette douce pression révèle l’arrondi de son ventre et, plus précisément, le renflement de son pubis.
Elle me regarde écrire. Il y a des phrases qui résistent à la traduction, des mots qui ne se laissent pas lire aussi facilement que Marie. Alors, elle attend, elle n’est pas pressée.
Quand c’est terminé, elle se penche en avant et tout le poids de son corps pèse sur le bord du bureau. Sa poitrine alourdit le coton de sa robe, lisse les plis du tissu. Son visage est maintenant tout près de ma nuque que frôle son souffle paisible. Marie pose sa main sur la mienne. On reste comme ça quelques instants. C’est merveilleux.
Enfin, elle se redresse, s’éloigne lentement vers la porte et je la suis, à quelques pas en retrait pour mieux me repaître du galbe de ses mollets, du roulement alterné de ses fesses qui balance les plis de sa robe de gauche à droite. On longe le couloir qui mène à la chambre où elle n’a pas encore fait le lit, mais juste repoussé la couverture et le drap au pied. Dès que j’ai refermé la porte derrière nous, elle déboutonne sa robe. Elle est nue là-dessous. Marie a la peau blanche, les cheveux châtains et un peu bouclés, des seins en pomme avec des aréoles pâles, de belles cuisses rondes, un fessier généreux, un ventre doux comme celui d’un bébé, un sexe aux lèvres épaisses et légèrement violacées.
Elle s’étend sur le lit. Pendant que je me déshabille, elle se caresse, se titille le bout des seins, se peigne la touffe avec les doigts et se masse langoureusement le clitoris. Mais son visage placide n’exprime aucune émotion, aucun désir.
Pourtant, comme tous les autres jours, je bande. Je m’approche du lit, elle m’attrape par la queue.
- J’ai envie.
Ce sont ses premiers mots, toujours les mêmes, ceux qui me mettent hors de moi. Marie mouille. Elle sent bon, très bon. Elle sent bon partout : je la renifle des aisselles à l’entrefesses. J’y pose les yeux, les doigts, les lèvres et le bout du gland qu’elle enduit de salive. Elle ouvre les cuisses en grand afin que fleurisse sa vulve de nacre rose. Je m’allonge entre ses jambes écartées et mon sexe la pénètre, tout seul, comme téléguidé par les ondes pulpeuses de son ventre en éveil. On baise. Elle jouit en me tenant les fesses à pleines paumes. Elle gémit, grimace un peu de plaisir. Je lui lâche tout au fond du vagin.
Je la regarde refaire le lit, les fesses à l’air, la queue basse.
- On changera les draps demain ! décide-t-elle en rajustant le couvre-lit. Vous savez, je suis heureuse…
Un ange passe. Elle reboutonne sa robe à fleurs.
- Dans les derniers temps, M. Bertholet ne me faisait plus jouir… Enfin, plus comme avant.
De la fenêtre, on devine la mer toute proche, et je peux surveiller le portail que vient de refermer Marie… Parfois, des enfants à bicyclette passent dans l’Allée des Cormorans ; ils s’arrêtent quelques instants devant les grilles closes et jettent des regards curieux sur le parc à l’abandon.
FIN
© Michel Koppera, février 2019
Vénus, plaisir des hommes et des dieux ...