Le blog de michel koppera
Charles BUKOWSKI, "Women", Editions Grasset (1981)
Collection Livre de poche n° 5900
Récit autobiographique des aventures et mésaventures de l'écrivain, alias Henry Chinaski, accro à l'alcool et aux femmes. Le récit alterne et mêle les beuveries, les lectures publiques et les scènes de baise. L'ensemble donne volontairement l'impression désagréable d'une routine... à l'exception de la dernière rencontre, juste à la fin du livre avec une jeune lectrice-admiratrice d'une vingtaine d'années prénommée Tanya venue lui rendre visite :
Pages 394-395
" - Écoute, je pense que tu es un écrivain formidable. Tu fais partie des rares écrivains que j'arrive à lire.
- Ah ! ouais ? Qui sont les autres salauds ?
- Je ne réussis pas à retrouver leurs noms pour l'instant.
Je me suis penché pour l'embrasser. Sa bouche était humide, ouverte. Elle s'abandonnait facilement. Un sacré numéro. Quarante-cinq kilos. L'éléphant et la souris.
Le verre à la main, Tanya s'est levée, a remonté sa jupe et s'est assise à califourchon sur mes genoux, face à moi. Elle ne portait pas de petite culotte. Elle s'est mise à frotter sa chatte contre ma queue dressée. On s'embrassait sauvagement, elle frottait de plus belle. Très efficace. Tortille-toi, petite enfant-serpent !
Ensuite, Tanya a descendu la fermeture Éclair de mon pantalon. Elle s'est emparée de ma queue et l'a poussée dans son con. Elle a commencé à monter et descendre. Elle savait y faire, avec ses quarante-cinq kilos. J'avais du mal à penser. Je bougeais vaguement, m'accordais parfois au rythme de Tanya. On s'embrassait de temps en temps. C'était quand même fort : j'étais en train de me faire violer par une gamine. Elle s'est lancée dans sa phase rotatoire. J'étais coincé, pris au piège. C'était fou. Rien que de la chair, sans un gramme d'amour. La puanteur du sexe empestait l'air. Mon enfant, mon enfant. Comment ton petit corps réussit-il toutes ces prouesses ? Qui a inventé les femmes ? Dans quel but ultime ? Ce pieu, par exemple ! Et dire que nous étions parfaitement étrangers l'un à l'autre ! J'avais l'impression de baiser ma propre merde.
Elle me besognait comme un singe sur une corde raide. Tanya était une fidèle lectrice de toutes mes œuvres. Elle attaquait bille en tête. Cette enfant en connaissait un rayon. Elle sentait mon angoisse. Elle ramonait furieusement, tout en se limant le bouton, la tête rejetée en arrière. Nous participions tous les deux au plus ancien jeu du monde, au plus excitant. Nous avons joui ensemble, ça a duré une éternité, jusqu'au moment où j'ai pensé que mon cœur allait s'arrêter. Elle est tombée contre moi, frêle, minuscule. J'ai touché ses cheveux. Elle était en nage. Ensuite, elle s'est écartée de moi et est allée dans la salle de bain."