Le blog de michel koppera

Si l'on en croit l'auteur Claude Schopp* qui a effectué ses recherches dans les archives de la Bibliothèque Nationale, elle s'appelait Constance Quéniault et était fille d'une modeste ouvrière du textile. Engagée à l'Opéra de Paris en 1857, elle y apparut dans quelques seconds rôles jusqu'à ce qu'une blessure au genou ne mette prématurément un terme à sa carrière de danseuse. Mais sous le Second Empire, l'Opéra n'était pas qu'un temple de la danse, c'était aussi là que des messieurs fortunés venaient reluquer des jeunes filles en petite tenue. Dès 1848, Théophile Gautier écrivait : "La jeune ballerine est à la fois corrompue comme un vieux diplomate et naïve comme un bon sauvage." Donc, comme beaucoup de ses camarades de ballet, la jeune Constance se reconvertit en femme entretenue. Elle y montra tant de talent qu'en une dizaine d'années, elle devint riche. Elle faisait partie de la "haute bicherie" de l'époque. 

Elle devint ainsi la maîtresse de Khalil-Bey, ambassadeur de Turquie en France, grand amateur de belles femmes et de jeu. Comme la belle Constance lui portait chance aux cartes, il souhaita l'avoir toujours près de lui. Aussi, demanda-t-il à son ami Gustave Courbet de lui réaliser un portrait très intime de sa muse. C'est ainsi que naquit "L'Origine du monde". Femme d'affaires avisée, Constance investit dans l'immobilier à Paris et à Cabourg ce qui lui assura une vieillesse heureuse en rentière riche et respectée.

* Claude Schopp : "L'origine du monde, vie du modèle" ( éditions Phébus)

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Ven 20 déc 2019 Aucun commentaire