Le blog de michel koppera
John UPDIKE, "Couples" (636 pages)
1968, Gallimard, collection l'Imaginaire. Traduction de l'anglais par Anne-Marie Soulac
Il aura fallu l'opportunité du confinement pour que je m'attaque enfin à la lecture de ce monumental roman.
Au début des années 60, aux environs de Boston (USA), la petite ville de Tarbox a toutes les apparences d'une cité paisible. Ce vernis polissé cache bien des secrets...
Extrait page 262 : Piet Hanema, un des personnages centraux du roman, est aux côtés d'Angela son épouse et maman de leurs deux enfants.
" Angela se pressait contre lui, de ses doigts recourbés suivait avec curiosité ses flancs et son épine dorsale. Sans plus parler qu'elle, de peur de rompre le charme, il osait offrir la réplique de ses caresses, découvrant que la chemise de nuit d'ordinaire obstacle opaque où il s'empêtrait était transparente, désagrégée, qu'elle glissait et tombait de sa chair, comme un linceul pourri d'un corps dans toute la gloire de la résurrection. Angela montrait derrière et entre ses jambes des trésors de courbes et de moiteurs attentives. Elle remontait sa chemise jusqu'à la gorge et les os de ses doigts confiaient un sein luisant à la bouche de Piet, s'ouvrant sur un ah gourmand, quand, avide de symétrie, elle roulait sur le dos pour lui confier l'autre, la main de Piet découvrait son mont de Vénus gonflé, toute sa belle chair libre se dilatant pour tendre vers une divinité, une présence − que c'était la chance de Piet d'avoir localisée, d'avoir fait prisonnière dans sa propre forme sombre. La beauté de la femme était une caresse à la surface de ses yeux à lui ; il inclinait sa tête ébouriffée vers la vallée antique où fière reine impure elle moussait le plus. Sa langue sondait les lèvres âpres, jusqu'à la douceur. Elle le tirait par les cheveux, Viens. "Pénètre-moi !" Stupéfait, lui qui l'après-midi précédent avait pénétré Foxy Whitman (sa maîtresse) se rendait compte qu'il n'y avait pas de con qui pût rivaliser avec celui d'Angela, qui fût aussi onctueux, aussi gorgé de sève. Il s'y perdait jusqu'à la garde sans rencontrer de résistance. L'acuité de la chimie d'Angela le faisait gémir. Ce qui avait compliqué leurs rapports sexuels c'était qu'il avait toujours trouvé son contact trop entêtant. Elle touchait la poitrine de Piet avec sa toison embroussaillée, attends, et se touchait elle-même, et confondu par le volettement de doigts d'Angela, jutant comme la queue d'une comète, il attendait que la main d'Angela volât à ses fesses et que, le poussant à l'achever, elle rendît l'âme et se libérât de toute tension.
— Ma femme, ma chérie. Quelle délicieuse surprise, dit-il.
Étendue sur le dos sur le drap mouillé de sueur, elle haussa des épaules polies par la lumière des étoiles.
− Il m'arrive aussi d'être en chaleur. Comme tes autres femmes !
− Je n'ai pas d'autres femmes. − il caressait et lissait la couronne gonflée de sa toison. − Tu as un con paradisiaque.
Angela l'écarta et se retourna pour s'endormir ; c'était leur habitude depuis le début de leur mariage de dormir nus après avoir fait l'amour.
− Je suis sûre, dit-elle, que nous sommes toutes semblables par ce bout-là.
− Ce n'est pas vrai, dit Piet, pas vrai du tout.
Elle fit semblant de ne pas entendre cette confession."