Le blog de michel koppera
BALL-TRAP, # 1
J'ai écrit cette nouvelle pour mon ami André avec qui je partage le même amour des rondeurs féminines.
- Cette année, le titre il est pour moi, je le sens !
Pascal disait ça tous les ans, et, tous les ans, il finissait au pied du podium, sauf une fois où il était parvenu, on ne saura jamais par quel miracle, à terminer troisième.
On était en juin. La finale régionale était prévue pour le dernier samedi du mois, dans les Ardennes. Pascal était dans tous ses états et avait passé la dernière semaine à démonter et remonter son fusil, à le graisser, dépoussiérer et bichonner comme un nouveau-né. Il y croyait, je ne l'avais jamais vu aussi excité, aussi impatient d'en découdre. Ma sœur ne partageait pas son enthousiasme mais Pascal était si convaincu de son succès qu'il avait tenu à ce que quelqu'un l'accompagne afin qu'il soit témoin de sa victoire. Alors, ma sœur lui a dit :
- Vas-y avec Martine. Moi, tu sais bien que je n'aime pas trop le ball-trap.
C'est comme ça qu'on a pris la route en pleine nuit et qu'au lever du jour, nous étions parmi les premiers sur le champ de tir. Je n'oublierai jamais que c'était un samedi inondé de soleil, la première vraie journée d'été, chaude et lourde
La matinée fut consacrée aux éliminatoires. Pour chaque tireur, quatre séries de dix pigeons d'argile afin de ne garder que les meilleurs. Pascal a franchi l'épreuve sans problème. Un casque anti-bruit vissé sur les oreilles, je le surveillais de loin, anonyme dans les tribunes où s'étaient massés les parents et les amis venus encourager leurs favoris à grands renforts de cris, de trompettes et de canettes de bière. " Pull !... Bang " Trois heures durant...
À la pause de midi, sur la cinquantaine de participants, il n'en restait plus que cinq. Ce serait entre eux qu'allait se disputer le titre régional. Le déjeuner fut servi sur place, sous un grand barnum, en plein champ. Les cinq finalistes prirent place à une table d'honneur, un peu à l'écart en compagnie d'un délégué de la Fédération Nationale et du Président de l'Association des Chasseurs des Ardennes. Je savais qu'à l'issue des éliminatoires, Pascal était arrivé en troisième position. Son principal rival, celui qui était arrivé largement en tête et donc favori, était un certain Daniel F*, fort en gueule et m'as-tu-vu. Je ne le connaissais que de réputation ; Pascal m'en avait brossé un portrait peu flatteur. L'homme était "dans les affaires", roulait en 4X4 Mercedes, affichant ostensiblement Rolex au poignet et Ray-Ban façon Terminator. On le disait très influent...
à suivre...