Le blog de michel koppera
Suite de la lecture de "La vie sexuelle à Rome" de Géraldine Puccini-Delbey (Editions Tallandier, 2007)
Chapitre III : les amours masculines
Dans la Rome antique, une relation sexuelle entre hommes concernait un citoyen libre adulte avec un esclave, un affranchi ou un non-citoyen, généralement plus jeune, avec qui la liberté sexuelle était pratiquement illimitée. Le statut d'esclave impliquait une absence d'autonomie, un contrôle absolu par le maître, donc une soumission totale et une acceptation sans réserve de toutes ses demandes. "Le corps de l'esclave ne lui appartient pas, mais appartient à son propriétaire. L'esclave est obligatoirement un pathicus, celui qui tient le rôle passif dans la relation sexuelle. Cette famille lexicale caractérise l'esclave et son état de sujétion, notamment sa soumission sexuelle." Les auteurs latins mirent souvent en parallèle le rôle passif de l'esclave avec celui de la femme, opposant ainsi le vir à la fois à l'esclave et à la femme. Les hommes qui tenaient le rôle passif dans une relation sexuelle "supportaient une position de femme" (muliebria pati). Cicéron exhortait l'homme, surtout dans une situation de souffrance, "à ne rien faire qui soit le propre d'un esclave ou d'une femme". C'était donc le statut social qui définissait le rôle à tenir -actif ou passif - et qui déterminait l'inviolabilité ou non du corps masculin. Ainsi, rôle passif et soumission, s'identifiaient si bien que le citoyen libre devait s'abstenir de tenir le rôle dévolu à l'esclave, sous peine d'encourir un grave blâme ou d'être insulté violemment par des éptihètes qui dénonçaient une passivité indigne (cinaedus, pathicus). L'idéal viril se situait à l'opposé de la "capacité à supporter" propre à l'esclave, cette servilis patentia que mentionnent des auteurs comme Salluste, Cicéron, Tacite et qui se marquait également par l'emploi du verbe pati, "supporter, subir" .