Le blog de michel koppera
Le saviez-vous ? # 137 (7)
Suite de la lecture de "La vie sexuelle à Rome" de Géraldine PUCCINI-DELBEY.
Chapitre V : l'érotisme. Pratiques et positions sexuelles
La société romaine opposait le couple légitime au couple illégitime, la sexualité conjugale à la sexualité extra-conjugale. La première était une sexualité de reproduction, la seconde une sexualité de plaisir. L'une supposait le respect dû à la matrone fidèle à son époux, l'autre permettait à la femme une liberté relative des mœurs.
Les conduites sexuelles n'étaient donc pas une question de morale mais de statut social. Le statut de l'épouse ne tolérait qu'une position et devait chercher à éviter toute forme d'érotisme. Les femmes qui étaient objets de plaisir pour l'homme devaient au contraire se montrer expertes en la matière. Cette opposition est bien soulignée par Lucrère quand il décrit le talent des prostituées qui savent "avec leurs fesses stimuler dans la joie le désir de l'homme et faire jaillir son sperme". Il les oppose aux épouses qui n'ont pas besoin de cet art pour leur mari. Celles-ci n'avaient pas d'attrait sexuel pour leur mari et ne devaient pas en avoir, afin d'éviter tout scandale. Lucrèce pensait que c'était dans l'attitude des animaux quadrupèdes que la femme était le plus facilement fécondée et défendait un point de vue très tradtionnaliste sur ce sujet : "l'épouse n'a pas besoin de recourir à des mouvements voluptueux, car non seulement c'est le propre d'une courtisane, mais surtout elle s'empêche de concevoir". Si la femme est par nature passive, l'épouse doit l'être concrétement, en s'interdissant de bouger durant l'acte sexuel. Si elle était capable de mouvements, c'était qu'elle les avait appris ailleurs que dans les bras de son époux...
La levrette était la norme des accouplements conjugaux
Martial dans une de ses comédies met en scène un mari qui reproche à son épouse sa gravitas (son sérieux) alors qu'il souhaiterait qu'elle accepte, pour faire l'amour, d'allumer la lampe, d'ôter son soutien-gorge, ses tuniques et ses manteaux sombres, de ne pas l'embrasser comme elle a l'habitude chaque matin d'embrasser sa grand-mère et de cesser de n'avoir pendant l'étreinte ni mouvement, ni parole, ni geste.
Selon Pline l'Ancien, les femmes pouvaient recourir pour stimuler l'acte sexuel à une potion aphrodisiaque dont il énumère les ingrédients : "Du fiel de sanglier, de la moëlle de porc, du suif d'âne mélangé à de la graisse de jars, de l'humeur qui s'écoule d'une jument après la saillie, des testicules de cheval desséchées et émiettés dans une boisson, le testicule droit d'un âne pris dans du vin à dose convenable ou attaché à un bracelet, de l'écume d'âne recueillie après la saillie dans une étoffe rousse et enfermée dans un médaillon d'argent." Il conseille aussi à l'homme pour stimuler son désir de "se frictionner la verge avec de l'huile chaude dans laquelle aura été plongée sept fois une verge d'âne". Pline décrivait aussi "une plante qui permettait de faire l'amour soixante-dix fois".