Le blog de michel koppera
En ce moment, grand ménage de printemps dans mes archives ! Et parfois, je retrouve dans les cartons des trésors enfouis dont je me demande encore comment j'ai pu passer à côté. Comme cette pub pour une tronçonneuse Sthil, pub conçue par l'agence Havas et parue dans les pages de Paris Match en 1981
Cette pub fait évidemment écho au film "Massacre à la tronçonneuse" sorti en 1974, (même cadre campagnard, même isolement : pas d'habitation à l'horizon) mais dont il prend le contrepied en affirmant en conclusion que la tronçonneuse "procure une tranquillité complète". Cette notion de tranquillité reprenait aussi le slogan de François Mitterrand "La force tranquille" lors de sa campagne électorale pour l'élection présidentielle de 1981.
Au premier regard, le moins qu'on puisse dire, c'est que le gars est "bien outillé", ce qui semble ravir la jeune femme tout de blanc vêtue (pureté virginale ?). Elle ne porte qu'une petite robe très légère, un peu transparente au décolleté coquinement déboutonné. Elle croque un fruit (cela ressemble à une pomme, peut-être celle du péché originel, le fruit défendu ?) en regardant le gars en souriant. À côté, sur une botte de foin, est posé le panier du pique-nique (dont on retiendra surtout le "nique".)
La façon dont le gars tient son outil est sans équivoque : la tronçonneuse est le prolongement naturel de son sexe ; que dis-je ! la tronçonneuse EST son sexe, un sexe monstrueux, pas encore en érection mais déjà impressionnant, ce qui ne semble pas du tout effrayer la belle demoiselle de toute évidence nue sous sa robe.
Le texte de la pub recèle d'autres perles comme ces deux phrases :" Pour vous faciliter toutes ces petites tâches et faire que l'utile soit agréable, la tronçonneuse STHIL O 10 AV est une fidèle compagne sur qui vous pouvez compter à tout moment. Sa mécanique de haute qualité vous met à l'abri des surprises". Notez qu'il n'est pas écrit "sur laquelle vous pouvez compter" mais "sur qui", ce qui de facto humanise l'outil, en fait un être vivant, une personne à part entière.
Une telle publicité serait évidemment inconcevable aujourd'hui. Sa parution provoquerait un tollé chez les féministes. Mais c'était il y a 40 ans, c'était "le monde d'avant"...
Je pense qu'aujourd'hui les agences de publicité doivent avoir une équipe complète de "censeurs maison" pour éviter les dérapages, dans tous les domaines...
Avant les mêmes agences avait des équipes pour le choix de la cible...
Dans cette pub, on cible clairement "l'homme viril",
et si à la même époque on regarde les pub Vedette, avec "La mère Denis", on change de cible :-)
Je pense que vous allez nous retrouver ces pubs auxquelles je fais référence. En tout cas, merci pour ce rappel de l'histoire de la publicité et sa sémiologie passionnante.