Le blog de michel koppera

Ce troisième extrait de l'ouvrage "La sexualité dans la magie" de Yves VERBBEK traite des marques de possssion démoniaque et de leur recherche sur le corps des présumées "possédées", particulièrement au temps de l'Inquisition.

Pages 116-117 : Chapitre "Sous le signe de Satan"

" Cette marque (celle du Diable) pouvait être n'importe quoi et se situer n'importe où. C'est dire qu'il était toujours possible, en cherchant bien, de trouver sur le corps d'une présumée sorcière (donc, à l'époque, pratiquement condamnée d'avance) quelque particularité morphologique attestant la mainmise de Satan sur elle. Les inquisiteurs avaient donc beau jeu de trouver cette "preuve" en procédant à un examen aussi minitieux qu'humiliant du corps de la personne accusée d'avoir pactisé avec le Diable. Qui n'a dans sa peau quelque marque de naissance indélébile, quelque petite cicatrice dont la cause s'est perdue dans la mémoire, quelque formation graisseuse provoquant une légère protubérance — excroissance à laquelle les démons familiers viennent téter avec volupté ? 

Tout le monde en possède, de ces "signes". L'essentiel, au temps de l'Inquisition, était de ne pas avoir à s'en expliquer. Quand on lit les comptes-rendus des procès de sorcellerie, on demeure pantois devant l'indiscrétion et l'acharnement  avec lesquels les juges inspectaient leurs victimes. Comme il fallait s'y attendre, les organes génitaux et la région anale retenaient particulièrement leur attention. Ils avaient d'ailleurs soin, auparavant, de faire raser les poils des aisselles et du pubis de la personne suspecte, car c'était évidemment sous ce couvert que le Diable imprimait le plus volontiers sa marque. Très souvent, d'ailleurs, c'était au cours de rapports sexuels douloureux et contre nature qu'il traçait le signe de la possession dans la chair de sa nouvelle proie.

Signalons en passant que copuler avec le Prince des Ténèbres n'était pas toujours particulièrement agréable, ainsi qu'en témoigne cette confession d'une possédée au XVIème siècle, transcrite par un greffier : " (Il) avait un membre viril fort, dur et noir, et de telle grosseur que la répondante (l'accusée) en éprouvait une grande douleur quand il la connaissait, tant son membre était dur comme un caillou et fort froid. Elle n'avait aucun plaisir et ne sentait rien par ses attouchements que du froid comme d'un vent... Comme le "grand homme" avait été longtemps sur elle, il jetait quelque chose dans son ventre qui était froid comme glace, qui montait jusqu'au-dessus de l'estomac et de la poitrine de ladite répondante. Tandis que ledit homme "prenait sa compagnie" et ce faisant la baisait par plusieurs fois et lui palpait les seins et les reins, elle sentait comme un attouchement fort froid." 

Pour illustrer l'article, je vous propose un dessin de Thomas Rowlandson (1756-1827), artiste satirique anglais. Certes, l'époque de l'Inquisition était révolue, mais j'ai trouvé que l'examen du corps de la jeune femme, en moins dramatique, correspondait bien à ce que devaient endurer les prétendues sorcières

possession

 


Mar 15 fév 2022 Aucun commentaire