Le blog de michel koppera
La photo
"Cap' ou pas cap' ? "
C'est le genre de photo qui semble le fruit d'un pari : se montrer quasiment nue dans un lieu public. Que l'initiative en revienne au modèle ou au photographe importe peu. Il n'en reste pas moins que l'acte est illégal et la démarche trangressive.
Le contexte : La photo semble avoir été prise en France, peut-être en Bretagne (je pense à une ville comme Locronan dans le Finistère). Au vu de la tenue des passants, il fait assez froid. Le cadrage de la photo est très simple : à gauche, l'arrière-plan avec les rues pavées, les vieilles maisons de pierre, les commerces et une scène de la vie quotidienne : à droite, les murs austères et nus de l'église et une jeune femme qui, à l'abri des regards, le manteau ouvert, s'exhibe en bas, porte-jarretelles, talons hauts et soutien-gorge à balconnet.
Ma lecture : L'intérêt de la photo réside essentiellement dans le contraste entre le décor de vieilles pierres et l'arrière-plan qui représentent la tradition et, à droite, la jeune femme qui incarne une certaine forme de liberté (elle se se contente pas de s'exhiber affublée d'accessoires érotiques, elle pose aussi les seins nus et sans petite culotte !). En plus d'être audacieuse, la jeune femme est très belle.
On pourrait faire une lecture politique de l'image, y voir l'opposition de deux mondes irréconciliables, deux mondes qui s'ignorent : d'un côté une société tournée vers le passé, le conservatisme, la nostalgie de l'avant ; de l'autre une société plus libérale, sans tabous, plus jeune aussi, qui revendique le droit au plaisir.
Au contraire de cela, fidèle à des valeurs très françaises qui culminèrent autant dans le libertinage du dix-huitième siècle que dans la révolution sexuelle des années soixante dont je crois pourtant qu'elle vous tient à cœur, bien que vous dénonciez ici la nostalgie de certains, qui furent portées au nu dans tant de chefs-d'œuvre de notre littérature que vous connaissez très bien, le conservatisme, qu'il faut hélas plutôt qualifier de réactionnaire tant tout ce qu'il a cœur de défendre et de transmettre se trouve en effet déjà battu en brèche, m'apparaît infiniment plus libéral que cette folle jeunesse dont vous faites ici l'éloge.
S'il y a bien deux mondes irréconciliables, il s'agit en effet de celui qui reste attaché à une liberté qui nous vient de notre héritage qu'il respecte et d'un autre, effectivement plus jeune qui n'a que le mot censure à la bouche, qui décortique chaque propos, chaque fait pour en déduire une faute à condamner, avec pour prédilection de sanctionner ABSOLUMENT le passé qui l'a elle-même engendrée et qu'elle rêve de détruire dans son ivresse démiurgique. Un monde à craindre et à combattre, en vérité, face auquel la nostalgie reste notre meilleure arme.