Le blog de michel koppera
Marie-Joséphine-Louise de Savoie, Comtesse de Provence, est née en 1753. Fille du Prince Victor-Amédée, héritier présomptif du Royaume de Sardaigne et de Marie-Antoinette-Ferdinande, infante d'Espagne, petite-fille de Louis XIV. Jeune fille au physique ingrat (sourcils épais, cheveux très frisés, ombre de moustache sur la lèvre supérieure et système pileux envahissant "Elle avait de la barbe même sur la poitrine et les épaules"(sic), Marie-Joséphine était malheureusement née à une époque où les poils n'étaient guère prisés chez les femmes. Voici le portrait qu'en faisait Pidansat de Mairobert dans ses Mémoires secrets :" Cette princesse est très brune : elle a d'assez beaux yeux mais ombragés de sourcils très épais ; un front petit ; un nez long et retroussé, un duvet déjà très marqué aux lèvres et une tournure du visage qui ne présente rien d'auguste ni d'imposant."
Portrait flatteur de Marie-Joséphine réalisé par Elisabeth Vigée-Lebrun vers 1775
En 1771, âgée de 18 ans, elle épouse le Comte de Provence, deuxième petit-fils de louis XV et futur Louis XVIII. Ce mariage ne fut sans doute jamais consommé car son époux était plus intéressé par les plaisirs de la bonne chère que par ceux de la chair. La comtesse intègre donc, sans enthousiasme, la cour royale de France. Sa vie bascule le 10 avril 1785 lorsqu'elle engage comme lectrice une certaine Marguerite de Gourbillon, de seize ans son aînée, épouse du directeur des postes à Lille.
Portrait de Marguerite de Gourbillon
Cette femme va exercer sur la comtesse une emprise qui durera presque jusqu'à sa mort. Certes Marguerite profitera et abusera de ses largesses mais en retour elle initiera sa maîtresse à des caresses dont les insuffisances et l'impuissance de son mari l'avaient laissée ignorante. Les amours saphiques des deux femmes ne tarderont pas à devenir notoires mais rien ne pourra s'opposer à leur liaison.
C'est ainsi que j'imagine les étreintes des deux amantes
À la mort de Louis XV, en 1774 Marie-Joséphine était devenue Princesse. La révolution française la contraindra à l'exil où elle errera à travers toute l'Europe jusqu'à sa mort à Londres en 1810. L'excécution de Louis XVI en janvier 1793 la fit Reine de France, reine qui n'eut jamais l'occasion de régner puisque son époux Louis XVIII n'accéda au trône qu'après la chute du Premier Empire en 1814. Quant à Marguerite Gourbillon, elle mourut en 1817 à Gray (Haute-Saône), là où elle était née en 1737.
Portrait sans complaisance de Marie-Joséphine en exil vers 1800