Le blog de michel koppera
La plage d'à côté, chapitre 2
Pendant trois jours, les grandes marées estivales ont découvert, à marée basse, de vastes étendues de sable gris où s'aventuraient les promeneurs et les pêcheurs du dimanche. C'est au cours d'une de ces marches à la limite écumeuse des vagues que nous avons vu que la mer se retirait si loin qu'à l'extrémité des promontoires de rochers qui fermaient la plage, s'ouvrait une sorte de banc de sable assez large pour permettre pendant quelques heures le passage de l'autre côté... Nous nous y sommes aventurés. Nous sommes alors arrivés dans une échancrure de la côte assez profonde qui abritait des regards une petite plage accessible par un sentier que l'on devinait serpentant sous les pins en surplomb. Il y avait là une cinquantaine de personnes... Sur le coup, nous n'avons pas remarqué qu'ils étaient intégralement nus... Tous !
Ma première réaction a été de faire demi-tour, mais c'était sans compter sur Anne qui m'a pris fermement la main :
– Maintenant qu'on est là, hors de question de se dégonfler ! On va se renseigner.
Joignant le geste à la parole, elle a lâché ma main pour se débarrasser de son maillot de bain désormais dérisoire. Du regard, elle m'a encouragé à enlever mon bermuda. J'étais mort de trouille : ça m'a rappelé la première fois où je m'étais trouvé tout nu, au lycée, devant la médecin scolaire, pour la visite médicale. Je n'en menais pas large ! Pourtant, personne ne semblait s'intéresser à nous, que ce soit les baigneurs dans l'eau ou ceux allongés sur le sable.
Au fur et à mesure que nous approchions du fond de la plage, on les distinguait mieux : il y en avait de tous les âges, de toutes les couleurs de peau, avec tout de même une nette majorité de chevelures et pilosités blondes et de peaux claires. Anne paraissait très à l'aise ; il faut reconnaître qu'elle pouvait être fière de ses seins, de sa silhouette élancée et de son ventre plat. J'étais plus embarrassé, presque gêné. Je ne me sentais pas à ma place. Heureusement, la main d'Anne dans la mienne me donnait un peu d'assurance. Nous avons cherché quelqu'un pour répondre à nos questions. Nouvelle surprise : la plupart des naturistes parlaient hollandais ou allemand ! Quelques anglais aussi... Nous avons fini par trouver un vieux couple francophone qui nous a appris que la plage était publique, qu'on y arrivait depuis la côte par le petit sentier sous les pins. En dehors des jours de grande marée, le promontoire rocheux la protégeait des voyeurs et des curieux en tous genres...
Petit à petit, je m'habituais à ma nudité... J'ai même repéré sous un parasol rouge et blanc, une belle métisse allongée sur le ventre, les cuisses bien écartées, offrant à tous les regards une vue indiscrète sur son sillon culier et sa vulve pulpeuse...
Nous sommes restés presque une heure à discuter avec le vieux couple qui nous a dit que cela faisait plus de quarante ans qu'ils venaient là tous les étés, qu'à leur connaissance, la plage était réputée pour sa tranquillité, sa convivialité, son côté bon enfant, bien loin des sites sulfureux comme le Cap d'Agde ou l'Ȋle du Levant.
Mais déjà, la mer remontait. Nous avons enfilé nos vêtements et refranchi sans tarder le banc de sable pour retrouver notre plage qui nous a paru triste et sans attrait.
De retour au mobil home, notre décision était prise : dès le lendemain, nous changerions de plage !
à suivre...