Le blog de michel koppera

Ce roman de science-fiction érotique est paru en 1969 aux Editions le Terrain Vague( alors dirigées par Eric Losfeld ). Je résume rapidement le thème. Dans une société futuriste où le sexe est devenu une marchandise comme une autre, le narrateur tombe amoureux de Michèle, une femme mystérieuse qui se révélera être une androïde... La jaquette jaune canari du livre était ornée d'un dessin original de Félix Labisse que je vous ai scanné. Je vous ai également sélectionné deux extraits :


Le premier ( pages 32-33) décrit l'affiche d'un film intitulé " Le viol de Frankenstein" :
      " L'affiche déjà, qui dévore toute la façade d'un immeuble, sur vingt mètres de haut, a de quoi laisser rêveur. Dans une lueur d'apocalypse qui ne serait qu'une gigantesque explosion de couleur glauque, le monstre de Frankenstein, sans cesse coupé en morceaux depuis un demi-siècle et perpétuellement ressuscité, avance, les mains en avant, non plus dans un cimetière ou dans une lande déserte, mais dans un véritable labyrinthe de femmes nues qui se tordent de désir sur son passage, offertes, ouvertes, cambrées de la nuque aux chevilles, ruisselantes de sève, dévorées par leurs seins jusqu'aux yeux, fendues de partout, véritables orifices sur pattes qui ne paraissent plus savoir où donner de la bouche, les cheveux au vent, confondus dans la toison de leur sexe avide de prendre le monde en tenailles, cabrées et capturées d'avance, brûlant à grand feu dans leur jus, les unes frôlant du ventre le visage du monstre qui paraît se demander ce qui lui arrive, les autres tombées à quatre pattes, écartelées, narguant les clients de toute la hauteur de leurs silhouettes de géantes affamées de caresses, de fouet, d'orgasmes et de terreur. "

Dans le second extrait ( pages 146-147), l'érotisme est plus retenu, tout en nuances. Le narrateur partage son bain avec Michèle : 
      

" Ma main droite la prit à la nuque, ma main gauche plongea dans l'eau, puis se referma en douceur sur un de ses seins, se droguant de cette certitude que jamais mes doigts ou mes rêves n'auraient pu les modeler plus proches de ce que j'avais cherché si longtemps et souhaité si confusément. De tous ses nerfs, Michèle se crispa, me rentra la chaleur de sa peau dans la paume de mes mains et ma bouche, une fois encore, alla chercher au plus profond de sa nuque cette odeur de femelle que je n'arrivais plus à fuir. Puis, comme si elle se noyait et coulait au ralenti au fond de l'eau, ma main tomba en feuille morte jusqu'à ses cuisses, s'y échouant, comme lourde d'eau et d'agonie, à quelques centimètres des poils de son sexe qui ondulaient sous l'eau, comme cette mousse qui tapisse les pierres des fonds sous-marins. Ma main rampa jusqu'au plus haut des cuisses, je la laissai là, résistant de tous mes muscles à mon désir de la refermer sur ce sexe que l'on devinait gonflé de sève et de remous à la fois impudique et réservé, encore refermé sur ses secrets. Un instant,  ma main virevolta, le frôla simplement comme un poisson se serait approché d'une proie peut-être dangereuse et dissimulée au fond de son repaire.
         Je sentis Michèle me plaquer ses mains trempées dans le cou, tendre, crispée, rejetée en arrière, à moitié sortie de l'eau. De tout son ventre, elle s'arquebouta contre ma main, se labourant de mes doigts, s'y plaquant, sans déchaînement,, avec une inquiétante lenteur, comme assoiffée de jouir en silence, en profondeur, avec une brutalité maîtrisée, les lèvres serrées, les yeux grand ouverts, avide de boire l'amour plutôt que de le faire, de le sucer à la façon d'un sable mouvant, possessive et ralentie, engouffrante et tropiquée, dégoulante et envertigée, tout entière dévorée par une voracité presque invisible à l'oeil nu" 

Ven 11 avr 2008 Aucun commentaire