Le blog de michel koppera

Baiser dans la Station Spatiale Internationale

 

Je m’appelle Serguei Abramovitch Ivanov. J’ai 43 ans et je suis spécialiste en biologie moléculaire, diplômé de l’Académie des Sciences de Saint-Petersbourg. C’est à ce titre que j’ai été retenu pour participer à un séjour de huit mois dans l’ISS. Ma mission, essentiellement scientifique, consiste en une série d’expériences et observations sur le développement de cellules souches en apesanteur. Mes deux compagnons de voyage – j’aurais pu aussi bien dire de cellule - sont le colonel Dimitri Karpov, expert en balistique, et Stenka Glinski, un informaticien que je soupçonne d’être surtout agent du FSB (ex KGB).

À 360 km d’altitude, les journées sont longues, même si on assiste à plusieurs aurores quotidiennes. En dehors de la lecture et des parties d’échecs avec Stenka qui ne se défend pas mal, les loisirs sont des plus sommaires. Je passe la plupart de mon temps seul dans le laboratoire Destiny, à l’avant de l’ISS, les yeux rivés sur le microscope à balayage électronique. Je ne regagne Zvezda, le module d’habitation, que pour manger, dormir et pour les liaisons satellite hebdomadaires avec ma famille. Durant les deux premiers mois, j’ai encore connu quelques érections au réveil, mais ensuite, je suis entré dans une sorte de période de latence quasi sénile où le plaisir n’avait plus rien de physique. Je n’éprouvais même pas de désir pour le petit cul nerveux du colonel.

Au bout de six mois, nous avons reçu, pendant dix jours, la visite d’un équipage américain arrivé par la navette Atlantis. C’était prévu. Ce qui l’était moins, c’était la présence dans le groupe de Jane Ottis, une biologiste que je connaissais pour l’avoir rencontrée à Berlin lors d’une conférence internationale sur la bioéthique. Née dans le Missouri, Jane Ottis a 46 ans. C’est une métisse, bien charpentée, mais sans charme particulier. Son arrivée à bord de l’ISS a néanmoins mis mes collègues russes en émoi. Le colonel et Stenka Glinski ont rivalisé de politesses et de galanterie. Cependant, malgré tous leurs efforts, c’était avec moi que Jane, mission oblige, avait les plus fréquents contacts. Chaque jour, nous passions quelques heures ensemble dans le labo, à échanger nos impressions sur l’état de nos recherches et à préparer de nouvelles expériences.

Avant de pénétrer dans le laboratoire, il faut passer par un sas de stérilisation où l’on se débarrasse de ses vêtements du quotidien pour enfiler une combinaison blanche, conçue comme une salopette de chantier. On se coiffe d’une charlotte et on met un masque. C’est comme ça que j’ai vu que Jane a des épaules musculeuses, un discret tatouage au-dessous du nombril et une magnifique paire de fesses. C’est aussi comme ça que je me suis remis à bander, spontanément. Elle n’a pas manqué de le remarquer mais a fait comme si de rien n’était.

Le huitième jour, le dernier de notre travail en équipe dans Destiny, je n’ai pas pu m’en empêcher : dans le sas, je lui ai furtivement caressé la chute de reins.

- Keep quiet, Serguei ! a-t-elle dit sans réelle conviction.

Mais c’était trop tard, j’avais une érection définitive. Dans l’intimité confinée du labo, on a oublié nos combinaisons et toutes les règles de sécurité. Intégralement nus, nos corps en apesanteur appelaient à d’improbables positions d’accouplement. Ainsi, je n’oublierai jamais notre soixante-neuf virevoltant lentement dans l’espace. Pourtant lourdes de sperme, mes couilles flottaient en toute liberté, tout comme les seins de Jane que je pétrissais d’une main légère. La bouche ventousée à son ventre, j’aspirais goulûment sa mouillure, comme assoiffé de son sexe aux épaisses lèvres cannelle.

Baiser ressembla à une valse aérienne, avec figures libres. Chaque coup de reins, chaque ondulation du bassin impulsait une nouvelle circonvolution à nos corps enchevêtrés qui basculaient au ralenti, venaient se cogner mollement à la paroi du labo où ils rebondissaient en silence. Jane était très mouillée, du con comme de sa bouche collée à la mienne. Je crois bien qu’elle a joui la première : les contractions de son orgasme ont provoqué une onde lascive qui s’est propagée dans tout le labo. Quelques instants plus tard, j’ai éjaculé d’impressionnantes giclées de sperme accumulé pendant mes six mois d’abstinence. Mon foutre volatile a rempli son vagin, débordé en abondance et s’est dispersé en longs filaments blanchâtres à travers l’habitacle, se déposant au gré des caprices de l’apesanteur sur les claviers d’ordinateur, les écrans et autres instruments de mesure, ou encore flottant comme de petits nuages indécis au-dessus des bacs à expériences…

Tout cela est arrivé il y a maintenant presque deux mois. Dans quelques jours, nous allons quitter l’ISS et céder la place à un autre équipage. Mon successeur dans le labo sera un biologiste canadien dont j’ai oublié le nom. Je ne sais pas encore comment je vais lui expliquer l’étonnante évolution de certaines cultures de cellules souches…

 

© Michel Koppera, juillet 2209


Lun 20 jui 2009 Aucun commentaire