Le blog de michel koppera

Adolescent, une des mes premières lectures "érotiques" fut la série complète des Histoires d'amour de l'Histoire de France qui figurait en bonne place dans la bibliothèque familiale. Je crois que je n'ai jamais autant aimé l'histoire qu'au cours de ces lectures. À l'époque, c'était d'une grande hardiesse. Voici un extrait du volume 4. On ne peut s'empêcher de penser à l'excellent film de Tavernier, "Que la fête commence" avec Jean Rochefort en abbé Dubois et Philippe Noiret en Régent.
Les deux derniers dessins sont de Borel ( un des graveurs incontournables du XVIII ème siècle )


Guy Breton ( 1919-2008 ) Histoires d’amour de l’histoire de France, volume 4

La présente édition date de 1960

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"Dès qu’il fut reconnu officiellement tuteur de Louis XV et régent du royaume, Philippe nomma Conseiller d’Etat son fidèle abbé Dubois. Cet ecclésiastique, « abandonné aux plaisirs, victime des excès qui les accompagnent et familiarisé avec la honte qui suit certaines complaisances » fut ravi. À l’abri de ses nouvelles fonctions, il allait pouvoir assouvir ses instincts en toute liberté.

Pour fêter sa nomination, il eut une curieuse idée : il résolut d’être l’amant d’une quincaillière de la rue Saint-Roch qui lui plaisait depuis longtemps ( …) D’un bond, il fut dans la quincaillerie, d’un autre bond il fut aux pieds de la belle à qui, très simplement, il expliqua ce qui l’amenait. Par chance, la quincaillière était galante. Elle le considéra un instant, amusée par l’aventure, puis l’entraîna dans l’arrière-boutique où, sans faire d’histoire, bien gentiment, elle se laissa prendre sur un coffre à balais… Par la suite, l’abbé préféra œuvrer chez lui. Chaque soir, il faisait venir dans son appartement un groupe de jeunes blanchisseuses assez délurées dont il aimait, disait-il, « les espiègleries »hdf1

Pendant ce temps, le régent organisait, lui aussi, sa vie de façon agréable. À neuf heures du soir, il retrouvait ses amis au Palais-Royal pour un de ces petits soupers dont tous les historiens ont parlé avec verve et lyrisme.

« À ces soupers, nous dit l’un, assistaient pêle-mêle les amis et les maîtresses du régent, et les maîtresses des amis, et les amis des maîtresses »

hdfLorsque tout ce joli monde était réuni, le régent faisait fermer les portes et ordonnait qu’on ne le dérangeât pas de toute la nuit. Derrière les portes closes, des scènes peu édifiantes se déroulaient. On commençait par dîner en buvant sec de grands verres de vin de Tokay ou de Champagne. Après quoi, nous dit Saint-Simon, « on s’échauffait, on disait des ordures à gorge déployée et des impiétés à qui mieux mieux », puis le régent se penchait sur sa plus proche voisine et donnait le signal des inconvenances. Aussitôt, tous les convives se précipitaient sur les dames et les troussaient allégrement. Au bout d’un moment, les fauteuils, les chaises, la table, le tapis, les canapés étaient occupés par des couples agités et agissant.

Le tout constituait un tableau hardi.

Parfois, pour créer, dès le début du repas, une atmosphère agréable, les convives se mettaient à table complètement nus.

Au dessert, des jeux burlesques et fort immoraux avaient généralement lieu. Après quoi, on organisait des saynètes sur des thèmes graveleux ou de surprenants ballets accompagnés de violon…hdfborel

Naturellement, toutes les dames de la Cour rêvaient d’être admises à ces soupers. Mais, avant d’être invitées, elles devaient avoir fait leurs preuves, car on se méfiait des oies blanches. « Elle roulaient alors de genoux en genoux, se livrant dans leur délire à la lubricité forcenée des débauchés qui les entouraient ». Lorsque leur réputation était bonne, le régent les appelait

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Dim 21 mar 2010 Aucun commentaire