Le blog de michel koppera
Brigitte, # 3
3. Brigitte eut vingt-huit ans. Comme elle avait lu dans le Nouvel Obs plusieurs articles consacrés à Victor Hugo – elle aimait bien être dans l’air du temps – elle désira fêter son anniversaire à Guernesey où elle comptait bien visiter Hautteville House, la demeure d’exil du patriarche.
Nous avons donc pris un week-end prolongé et embarqué à Saint-Malo. Le ciel était clair, la température clémente, mais il soufflait un petit vent de nord-est qui soulevait de courtes vagues mesquines. Après une heure et demie de traversée nauséeuse, l’escale de Jersey devint notre destination finale. Victor Hugo attendrait ! Nous nous sommes installés dans une sorte de guest house bourgeoise sur les hauteurs de Saint-Hélier. La chambre était cossue, lourdement meublée, avec un sol entièrement recouvert d’une épaisse moquette de couleur pourpre. Une baie vitrée s’ouvrait sur l’horizon où miroitait la mer.
Nous avons passé nos journées à faire du shopping dans les rues piétonnes, à boire du brandy dans les pubs, à faire la sieste aussi… Je me souviens surtout du dimanche après-midi de son anniversaire, alors que Brigitte prenait un bain de soleil allongée nue sur la moquette, dans le chaud carré de lumière devant la baie vitrée grande ouverte. On avait l’impression d’une morte baignant dans son sang répandu… J’essayais d’écrire des cartes postales, mais comment résister à l’appel de son corps abandonné. Alors, nu comme elle, je suis allé m’étendre à ses côtés, tête-bêche. De là, on ne voyait du dehors qu’un grand rectangle de ciel bleu où éclatait le soleil… Sauf dans un coin, en bas à droite, où se découpait l’angle blanc du sommet d’un immeuble voisin, avec juste une petite fenêtre habillée d’un rideau de dentelle…. Brigitte me suçait la bite et me caressait les couilles ; je lui léchais la vulve et lui titillais le clitoris du bout de la langue. En tournant la tête pour reprendre haleine, mon regard revint se poser sur la fenêtre au rideau de dentelle.
- Brigitte ! Tu vois la fenêtre là-bas ? Si ça se trouve, derrière le rideau, il y a quelqu’un qui nous observe…
Elle ne répondit pas tout de suite, elle était trop occupée à me pomper la queue.
- Oui, sans aucun doute ! C’est un homme, il est à poil et il a une bite énorme… Il bande, il se branle et il ne va pas tarder à éjaculer parce que c’est trop bon !
Tout en disant cela, elle avait généreusement écarté les cuisses. La lumière du soleil inonda sa vulve ouverte comme une huître. Venu des profondeurs de son vagin, j’entendis un gargouillis de désir et, tout doucement, un ruisselet de cyprine déborda de sa vulve et s’écoula sur son périnée jusqu’aux poils de son cul. Ainsi elle jouit, comme possédée par ce regard invisible et improbable qui la pénétrait avec autant de chaleur et de persuasion qu’un membre de chair.
On n’alla jamais ensemble à Guernesey, on ne visita jamais Hautteville House. Mais peut-être quelqu’un garde-t-il en mémoire la vision d’une jeune femme aux longs cheveux noirs allongée entièrement nue sur la moquette pourpre d’une chambre d’hôtel, en train de sucer la bite de son compagnon. Se souvient-il du jaillissement du sperme entre les lèvres entrouvertes de la femme, du rythme endiablé de la danse de ses doigts sur son clitoris, du sommeil lourd de leurs corps assouvis où le soleil faisait naître des ombres mouvantes ?
À suivre…