Le blog de michel koppera
« J’ai le droit de vivre librement n’importe où. » Aliaa Maghda Almahdy
Elle s’appelle donc Aliaa. Elle est étudiante. Elle se revendique athée. Elle est égyptienne. Sur son blog « Confessions calmes », elle a mis en ligne une photo d’elle, en noir et blanc, où elle pose debout, de face, nue. Elle ne cache rien de son corps : ni ses seins, ni son ventre rasé (comme l’exige la tradition). Elle écarte même un peu une jambe afin de laisser entrevoir le sillon de son sexe. Par ce geste d’une audace inouïe en pays musulman, arabe de surcroît, elle entend protester contre la menace pour les libertés individuelles que représenterait l’arrivée des Frères Musulmans au pouvoir en Egypte. Devant cette image, par ailleurs très belle, je suis partagé entre deux sentiments contradictoires :
- D’abord, l’admiration pour son courage. Son culot force le respect. Aliaa transgresse l’un des interdits les plus forts de l’Islam : la représentation du corps humain. En se montrant intégralement nue, Aliaa affirme au monde entier que son corps lui appartient, qu’elle peut en disposer comme elle l’entend, qu’elle est libre. Et cette liberté, c’est aussi sa liberté de penser, sa liberté de femme indépendante…
- Mais aussi, l’inquiétude pour son avenir. Aujourd’hui, Aliaa est en quelque sorte protégée par l’aura médiatique qui l’entoure. Sa notoriété l’immunise entre les attaques du monde extérieur. Mais, dans quelques semaines, quelques mois, lorsque le buzz s’essoufflera, que deviendra-t-elle ? Quel sera alors son destin ? Alors que nous aurons oublié Aliaa – remplacée par d’autres icônes tout aussi éphémères – je crains que ceux qu’elle a défiés n’aient, eux, rien oublié… Peut-être ne lui restera-t-il que l’exil pour conserver sa dignité de femme libre…
Si vous désirez voir la photo « polémique » de Aliaa, rendez-vous sur l’album de Maximilien Bémol