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"Ball-trap" # 9/9
Je ne sais lequel des deux mâles a joui en premier ; l'un après l'autre, ils se sont vidangé les couilles jusqu'à la dernière goutte, m'ont inondé le vagin et le rectum de leur foutre scélérat. Je les haïssais tous, je souhaitais ardemment leur mort. C'est pour ça qu'ils ont attendu un bon moment avant de se décider à me détacher et à ôter mon bandeau.
La violente clarté du soleil maintenant bas sur l'horizon m'a éblouie. Ils étaient là, tous les trois, rhabillés de pied en cape, indifférents et innocents. Marianne m'a tendu une serviette et un sachet de lingettes.
- Refaites-vous une beauté... On ne va pas tarder, il va bientôt faire nuit.
Goguenards, ils m'ont regardé faire ma toilette - je suintais des deux trous - rassembler mes vêtements éparpillés pêle-mêle sur le plancher et remettre de l'ordre dans mes cheveux défaits. Je n'étais plus que souffrance... Maintenant, j'avais très froid. Il a fallu qu'ils me retiennent pour que je ne tombe pas de l'échelle et, sur le sentier forestier qui nous ramenait au 4X4, je titubais comme une femme soûle. Anéantie, je me suis affalée sur la banquette arrière. Abrutie de douleur et de honte, j'aurais été dans l'incapacité d'aligner deux phrases cohérentes. Eux non plus ne parlaient pas, comme en proie d'un tardif remords. Le retour au champ de tir du ball-trap où nous attendait Pascal fut l'occasion d'une nouvelle déconvenue. Sans même daigner me regarder, il ne s'adressa qu'à mes bourreaux :
- Alors, c'était intéressant ?
- Oui, pas mal... On est désolés pour le retard, mais on n'a pas vu le temps passer.
- Vous êtes tout excusés !
Il se sont séparés comme ça, bons potes et copains comme cochons. On a repris aussitôt la route. J'étais si épuisée et meurtrie que j'ai sommeillé presque tout le long du trajet nocturne. Vers deux heures du matin, Pascal m'a déposée devant chez moi. J'ai d'abord pris une interminable douche où je me suis récurée en profondeur, purifiée, savonnée, parfumée pour laver la souillure... Puis je suis allée dormir, dormir...
Épilogue
Quelques mois plus tard, Pascal a participé au championnat de France de ball-trap qui avait lieu cette année-là dans le sud. Il m'a proposé de l'accompagner mais j'ai décliné l'invitation. Il y est donc allé seul et a terminé dans les profondeurs du classement.
© Michel Koppera, mai 2020
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