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Mardi 16 avril 2024 2 16 /04 /Avr /2024 08:00

En 2005, paraissait aux Editions le Cercle mon premier roman érotique intitulé "La seconde vie de Maximilien Bémol" (n° 101 de l'édition Cercle Poche), "chronique achevée de sa merveilleuse et tragique aventure"

Pour vous donner envie de lire ce roman, je vous ai choisi un passage, pages 43 à 46 de l'édition de poche, lorsque Maximilien, petit coiffeur pour dames,  découvre pour la première fois le ventre extraordinairement touffu d'une nouvelle cliente nommée Teresa Dos Santos. Il est venu réaliser une coupe un peu particulière au domicile de Teresa :

      "Elle revint dans la cuisine, regarda longuement Maximilien avec un sourire grave, et alors qu'il s'apprêtait à ôter sa blouse blanche dont la pochette était ornée de l'entrelacs de ses initiales brodées en fil de soie émeraude, Teresa Dos Santos releva sa robe batiste et posa ses fesses nues sur la faîence de la paillasse, entre un saladier d'oranges sanguines et une rangée de bocaux aux saumures colorées.

Ce que vit alors Maximilien Bémol, ce que plus tard, dans leurs égarements post-prandiaux, il n'hésiterait pas à comparer à la place Saint-Marc un jour d'Assomption, avec ses milliers de touristes, ses pigeons mégalomanes et ses orchestres à l'ombre des arcades, ce que Teresa Dos Santos offrait ingénument au cliquetis de ses ciseaux, le plongea dans une muette béatitude si proche de l'extase qu'il sentit à peine son membre prendre la consistance du marbre et des proportions jusque-là ignorées. Donc, Maximilien Bémol se mit à bander comme un âne, et cette érection spontanée et décisive – puisqu'elle marqua comme une aiguille à midi le moment exact du début de sa nouvelle existence, bien qu'il l'ignorât à cet instant précis –  lui arracha des larmes et un soupir que Teresa Dos Santos prit pour de la compassion.

– Pensez-vous que vous pourrez faire quelque chose ? demanda-t-elle tristement sur le ton d'une malade inquiète devant le silence du médecin. J'ai bien essayé de les raser, mais ils repoussent si vite et encore plus longs... Ils m'ont déjà privée de mon mari, un homme charmant mais qui était pris de nausée dès qu'il découvrait un cheveu dans son potage... En trois années de vie commune, il ne m'a honorée que certains soirs d'hiver, lorsque son membre glacé cherchait de lui-même la chaleur d'un gant de fourrure. Et, vous vous en souvenez, ces trois hivers furent très doux, à peine égayés de pauvres gelées matinales et sans lendemain. J'espérais la neige, les anticylones massifs et persistants descendus tout droit de Sibérie... J'aurais accepté de vivre n'importe où au-delà du cercle polaire, au Groenland ou en Alaska... mais il m'a quittée pour une petite garce au ventre glabre avec qui il est parti vivre dans le Sud, là où il ne fait jamais froid. 

À ces mots, elle porta la main à sa bouche. Pour étouffer sa peine, elle se mit en devoir de ronger jusqu'à l'os ses ongles mutilés.

Elle le regardait droit dans les yeux, ignorant – ou feignant d'ignorer – la protubérance qui déformait la blouse immaculée de Maximilien, comme s'il tenait caché à la ceinture un yatagan à pommeau de bronze ou une lupara sicilienne chargée de chevrotine blanche.

Saisissant entre le pouce et l'index un peigne en écaille de tortue, aux dents serrées comme des brins de pelouse anglaise, il le passa doucement, de haut en bas, dans l'incroyable profusion de poils noirs qui recouvraient le ventre de madame Dos Santos, depuis la fontaine de son nombril jusqu'à l'entrebâillement de ses cuisses pâles, et lorsque le peigne épousa l'arrondi du mont de Vénus, il libéra des senteurs de croissant chaud qui achèvèrent de lui faire perdre la tête.
     - Sacré nom de Dieu ! grogna-t-il en lâchant le peigne et de puissantes giclées de sperme aveugle." 

En illustration, une photo volontairement un peu floue qui correspond assez bien à l'image que je me faisais de la toison pubienne de Teresa Dos Santos

maximilien bemol

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 9 avril 2024 2 09 /04 /Avr /2024 08:00

Anixa CARRIE : "Tock" (214 pages), paru en mars 2024 aux Éditions KUBIK, collection OUTRENOIR

Tock

Mon commentaire 

Elle a une vingtaine d'années, on l'appelle "Tock". Elle coche toutes les cases de l'exclusion sociale : une tignasse rousse, un papa qui se suicide, une maman qui sombre dans l'alcoolisme, une scolarité chaotique... Même son nom, Anaïs Tocsin, ne présage rien de bon. Son errance va croiser celle d'un "mauvais garçon". Je vous laisse découvrir la suite.

Écrit à la première personne, le récit d'Anixa Carrie nous immerge dans un monde parallèle, celui de la petite délinquance, des plans foireux, de l'argent qu'on croit facile, un monde où la machine judiciaire broie les individus, jusqu'à la prison où l'on se sent parfois plus en sécurité que dehors.

Un beau roman noir contemporain sur les ravages du déterminisme social.

Extrait pages 72-73. Anaïs qui vient d'avoir son bac décide qu'il est temps de perdre sa virginité. Elle va se donner à un jeune rencontré dans une soirée. Il la raccompagne en voiture. 

" On s'est garés sur le chemin. Il a éteint les phares, puis il a allumé l'ampoule du plafonnier. Il n'était ni beau ni moche. Il était celui qu'il devait être, le mec qui allait faire de moi une femme.

Je me suis tournée dans sa direction, on s'est regardés. On ne devait pas être très expressifs. On se regardait, juste. J'ai avancé mon visage vers le sien, et on s'est embrassés. Ce n'était pas spécialement désagréable. Son haleine ne puait pas. Il a glissé sa langue dans ma bouche, et c'était parti.

Je me rappelle que je portais une robe, un truc léger. Il a posé ses mains sur mes cuisses. Il m'a caressée, un peu tremblant. J'ai écarté les jambes. J'ai touché son sexe, il bandait déjà. 

– Attends ! il m'a prévenue. J'ai ce qu'il faut dans la boîte à gants.

Il a fouillé à l'intérieur, en a retiré un préservatif. On a repris les embrassades. C'est lui qui s'est occupé du préservatif. Je n'avais aucune idée de comment faire.

Quand j'écris que ça a été pénible, c'est parce que je n'avais pas super envie et que c'était dans le but de m'en débarrasser. Après, il était assez doux, pas bourrin. Il respirait fort, mais il n'était pas lourd, il faisait gaffe de ne pas m'écraser. Il prenait soin de moi.

On l'a fait sur la banquette arrière, un classique. Il bougeait au-dessus de moi. Je voyais ses yeux serrés, sa bouche entrouverte. Je m'agrippais à ses épaules. Il y a un détail qui ne m'allait pas, et dont je me rappelle distinctement, c'était la croix du Christ qu'il portait autour du cou. Elle n'en finissait pas de se balancer au rythme des coups de reins. Parfois, elle m'effleurait la figure et je ne le supportais pas, alors je lui ai dit : 

– Vire-moi ça, putain ! Vire-moi ton pendentif !

– Hein ? Quoi ? il s'est étonné, avant de comprendre et d'obéir. 

Qu'est-ce que je peux ajouter ? Je n'ai pas senti une douleur extrême. J'ai léger saigné. Je n'ai pas joui au moment où il a joui. J'ai eu moins de plaisir que lorsque je m'étais caressée. Mais c'était réglé. Je pouvais partir de ce bled sans être à côté de la plaque. C'était le but, c'était ce que je voulais."

tock 2

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Mardi 26 mars 2024 2 26 /03 /Mars /2024 08:00

Dans le roman "La négresse rousse" de Calixthe Belaya (voir article du 19 mars) l'histoire est racontée du point de vue de Mégrita, jeune fille aux cheveux roux, qui observe le comportement des villageois. 

Ainsi page 258, voici qu'une rumeur se répand concernant le Chef du village, déjà marié à Ngomo, une matronne imposante :

" On murmurait que bientôt il y aurait une nouvelle épouse, une espèce de saucisson noire et velue au corps long et maigre. Étranges, les hommes, plus ça vieillit, plus ça recherche des désirs compliqués pour arriver au plaisir."

Pour une fois, ne voulant offenser personne, je ne vous proposerai pas d'illustration pour accompagner cette citation. À chacun de vous se faire une image mentale correspondant à ce qu'en dit l'auteure : "une espèce de saucisson noire et velue au corps long et maigre"


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Mardi 19 mars 2024 2 19 /03 /Mars /2024 08:00

"La négresse rousse" est un roman de Calixthe Belaya paru en  1989 aux Éditions Belfond sous le titre "Seul le diable le savait", puis en 1997 en édition de poche J'ai lu (n°4601) sous le titre "La négresse rousse" (310 pages)

Dans le petit village de Wuel, à l'ouest du Cameroun, vit Mégrita (dite Mégri), une adolescente aux cheveux roux entourée de Dame maman (sa mère) et de ses deux pères (l'un appelé "le Pygmée", l'autre "le bon Blanc"). L'arrivée dans le village d'un homme inconnu aux étranges pouvoirs de divination, appelé "l'Étranger", va bouleverser l'ordre social établi.

Extrait pages 96-97 : Mégri est tombée sous le charme de l'Étranger qui l'entraîne dans sa case

" Je voulais l'Étranger. La nécessité de la possession amoureuse s'empara de moi.

Vertige, le contact de sa peau me saisissait. J'aurais voulu écarter, anéantir d'un coup de rasoir tout ce qui m'éloignait de sa peau : boubou, pantalon, slip. L'arracher à toutes ces pelures.

Sans grande hâte mais sans perdre de temps, l'avidité griffue dans les mains, je l'entraînai vers le lit, le regard crispé et raidi sous la tension du désir charnel. Bretelles, agrafes, fermetures, tristesses, angoisses, étoffes, toutes ces interférences furent balayées par les larmes violentes du désir.

Il m'embrassa les joues, les lèvres. Sa langue à la saveur de mangue et de tabac me fait défaillir. Lentement, ses lèvres descendent, dessinent des arabesques sur mes seins, sur mon ventre. Encouragé par mon trouble, il saisit mes jambes, l'une après l'autre, les porte sur ses épaules et s'enfonce en moi. Le contact de son membre dans ma chair m'arrache un léger cri. Honteux mais souriant, il me demande s'il m'a fait mal. Comment lui expliquer ce désir d'une intensité incommensurable qui me prend jusqu'à la douleur et dont l'effet persiste alors qu'il se trouve comblé ? Lentement, il m'éduque, il me disloque, il me réinvente. Sur nos corps, la sueur. De l'index, il déplace une goutte, sourit. Nos hanches s'épousent, s'élèvent, synchroniséees, langoureuses, flottantes comme pour arrêter l'espace et le temps. Le temps qui s'efface. L'espace aussi. La proximité du plaisir accélère nos mouvements, encense la nuit d'un doux bruissement de voix qui, bientôt, débouche sur une plage de cris et de râles. Il s'écroule sur moi tel un chêne abattu. Saisie des braises de merveille, je ferme les yeux pour relire des moments déjà perdus, presque invisibles. La lampe des souvenirs s'éclaire. Je comprends enfin qu'avant, avec Erwing (son petit ami d'enfance), c'était un jeu. Une petite fille babillait des niaiseries à un Prince immatériel en lançant gauchement vers le ciel des mots d'amour.

J'étais demeurée intacte dans l'attente du roi, celui qui dispense le salut. Allongé à mes côtés, l'Étranger a la beauté d'un statue, les muscles saillants et durs.

negresse rousse

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Vendredi 8 mars 2024 5 08 /03 /Mars /2024 08:00

"L'affaire Léon Sadorski" est un roman policier de Romain Slocombe paru en 2016 aux Éditions Robert Laffont, puis dans la collection Policier Points n° P4640 (476 pages)

Ce roman est le premier d'une série en 5 volumes qui suivent les agissements de Léon Sadorski, inspecteur spécial des RG chargé des "questions juives" dans Paris occupé. La saga couvre la période avril 1942-août 1944. Ce roman a reçu le Prix Polar libr'à nous

Extrait page 396 : Sadorski qui est marié à Yvette dont il est follement amoureux vient de se rendre compte que sa femme l'a trompé avec un officier allemand. 

" Ils (les Allemands) sont les plus forts. Nous rampons devant eux. Nous léchons leurs bottes, leur ouvrons notre cul, quémandons leurs faveurs tout liquéfiés de trouille dès qu'ils se mettent à gueuler. Ils gueulent presque toujours, du reste. Hurlent leurs ordres, Schnell, schnell, Schweinen Französichen ! Plus vite, plus vite, cochons de Français ! Crachez votre fric, pissez le sang, cédez-nous vos filles ! Cholies Françaises... Cholie lingerie... Sardoski sanglote en se rappelant son Yvette. Yvette, Yvette... Comment as-tu pu faire cela ? Permettre à ce nazi blond de te souiller, d'éjaculer son foutre germanique entre tes cuisses... Laisser la queue boche s'introduire dans la chair douce qui est, ou était, mon domaine, mon territoire... Mon refuge sacré, à moi ton Léon, ton biquet d'amour, ton petit mari, ton poulet affectionné... Sardoski pleure en répétant tout haut les sobriquets ridicules et touchants qui sont sa joie, ses secrets... qui étaient leur joie, leurs secrets. Il y avait aussi les petits jeux...Yvette le grondant, sur ordre : "Je t'interdis de jouir... Petit garnement, je t'interdis de jouir !..." Et le canon du pistolet braqué sur sa tempe... les poignets liés... l'urine de femme – l'averse bienfaisante, la pluie d'or – aspergeant son visage... Bon Dieu, en a-t-elle parlé à Albers ? "Mon mari est un peu spécial... si tu savais ce qu'il me demande..." Les paroles, les rites... Quelle honte ! Mais comment serait-il possible que tout cela n'existe plus ? Que cette intimté soit violée, annihilée, foulée sous les talons du vainqueur, du conquérant ?... C'est trop ignoble, trop insupportable..."

sadvorski

Pour accompagner cet extrait, je vous ai choisi un dessin d'époque, anonyme, sans doute réalisé par un amateur allemand, qui illustre bien les relations dominant-dominé (occupant-occupé) entre les deux communautés.  

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Mardi 5 mars 2024 2 05 /03 /Mars /2024 08:00

"Love.Baba" est un roman (187 pages) de Macha Méryl paru en 2000 aux Éditions Albin Michel

Ce récit nous conte l'errance parisienne de Barbara Baron, 50 ans, ancienne championne de natation, plaquée par son compagnon et ruinée, qui découvre la galère des petits boulots et de la déchéance sociale. Mais, sans pathos : l'histoire est résolument optimiste. Pas de scène de sexe à proprement parler, sauf :

Extrait page 36. Il fait nuit. Barbara est garée devant un bar.

" La porte vient de s'ouvrir. Un couple sort, un grand Noir et une jeune mulâtre. Elle porte un tablier de forgeron. Ils s'approchent de l'arbre près duquel je me suis garée, ils ne m'ont pas vue. Ils s'embrassent, se caressent, nom d'une pipe ils vont faire l'amour ! Je me tapis sur mon siège, dans l'ombre, et j'observe toute la scène. De l'angle où je suis, je ne vois plus leurs visages. Elle est adossée à l'arbre, elle remonte une jambe, je vois leurs fesses et leurs sexes, très près de moi. Je retiens mon souffle pour ne pas bouger. Je regarde avec froideur. Cela n'éveille rien en moi. Les lions et les lionnes qui s'accouplaient au Kenya me faisaient plus d'effet. Je reste sèche. Ma libido est à plat."

Extrait page 115. À propos de l'absence de désir

" Je m'allonge sans me déshabiller, par laisser-aller, et pour éviter mon corps. Je suis en mauvais termes avec lui, il ne m'intéresse pas, il est neutre, absent. Dans les films, on montre les femmes fébriles qui vont se masturber quand elles sont en manque. Emmanuelle Riva dans Hiroshima, mon amour rêvait la main entre les jambes. Alida Valli dans Senso, déchirait les draps de son grand lit à baldaquin. Ava Gardner s'éreintait à cheval dans La Comtesse aux pieds nus. C'est faux, c'est complètement faux. On a du désir quand on est en éveil, quand on pense à des moments vécus avec un homme. Quand on est seule et qu'on déprime, le désir s'estompe. On a un bout de bois à la place du corps."

babalove emmanuelle riva

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Mardi 20 février 2024 2 20 /02 /Fév /2024 08:00

"Femme nue, femme noire" est un court roman de Calixthe Belaya (189 pages) paru en 2003 aux Éditions Albin Michel, puis en Livre de Poche (n° 30310)

Le roman écrit à la première personne raconte l'errance dans une métropole africaine (Congo ?) d'une jeune femme noire nommée Irène, petite délinquante gourmande de sexe.  

Extrait pages 70-71 : Dans une case surchauffée et sale d'un quartier très pauvre, vit Madonne une veuve qui cohabite dans sa "maison" avec ses deux beaux-frères. Ousmane, un ami d'Irène, y est invité:

"– Je te présente mes deux beaux-frères ! On vit ensemble depuis la mort de mon mari. Veux-tu boire quelque chose ?

Il (Ousmane) réclama un verre d'eau. Il aurait pu demander n'importe quoi d'autre, parce que le destin s'obstinait à lui refuser l'essentiel : la joie d'être père.

S'il ne vit pas le  moment où Madonne se déshabilla, il la vit nue, à quatre pattes. Ses longues mamelles touchaient le sol ; ses cuisses cellulitées tremblotaient ; son ventre boursouflé de graisse ballottait dans le vide. Elle semblait trouver évidente cette position obscène. Les deux beaux-frères caressaient cet amas de viande à l'aveuglette : " Ah, maman ! Gentille maman !" Ils écartaient ses fesses, offraient à tout regard indiscret une vision panoramique de son gigantesque pubis. Son clitoris  était accroché au centre tel un fruit solitaire. Elle avait les poils si longs qu'on aurait pu les tresser. Ils beuglaient en la fourrageant, soumis à cette frénésie folle que procurent les femmes monstrueusement perverties par un physique spécial. Ils la pénétraient à tour de rôle avec une violence inouïe. Sous leurs assauts, elle gémissait telle une ânesse prise par les douleurs de l'enfantement. Par moments, épuisée mais comblée par ces deux pilons, elle s'écroulait. Ils attrapaient ses hanches pour l'escalader et mieux la faire recevoir cette force. Puis, se souvenant de la présence d'Ousmane, ils l'interpellèrent :

– Viens donc t'amuser avec nous !"

calixthe belaya


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Vendredi 9 février 2024 5 09 /02 /Fév /2024 08:00

"Lignes de faille" de Nancy Houston est un magnifique roman paru en 2006, édité en France aux éditions Acte Sud. Il est disponible en collection de poche Babel n°841 ( 483 pages)

Extrait pages 363-365. 1962, Sadie a 7 ans, elle habite à New-York avec Kristina, sa maman qui est chanteuse sous le nom de Erra et son beau-père qui est aussi son impresario. Un jour où son beau-père est absent, sa mère reçoit la visite inattendue d'un inconnu. Elle envoie Sadie dans sa chambre. Par le trou de la serrure, la gamine regarde ce qui se passe dans le salon :

" C'est comme une pièce de théâtre. Maman et l'inconnu restent encore un moment sans bouger, sans parler, puis maman s'avance vers lui à pas lents comme une somnambule et il lui ouvre ses bras et elle se jette dedans, l'inconnu blond referme les bras sur ma mère et l'écrase contre sa poitrine en sanglotant. Maman commence à pleurer elle aussi, et puis elle se met à rire en même temps. Ce qui me perturbe plus que tout, c'est qu'elle s'adresse à ce monsieur dans une langue étrangère. Ça pourrait être le yiddish ou l'allemand, ils se parlent par bribes tout en pleurant et en riant, ils respirent fort et se regardent au fond des yeux.

Ça dure un bon moment et pendant tout ce temps, dans la rue derrière moi, la neige continue de tomber. La main de maman remonte pour caresser la pommette de l'homme blond et elle dit une chose qui ressemble à "Mon Yanek, mon Yanek", mais au lieu de dire mon elle dit mein, et lui aussi murmure son nom à elle – son vrai nom, pas Erra – sauf que dans cette langue qu'ils parlent ça sonne différemment, ça ressemble à "Kristinka". Il tire sur le bout de sa ceinture qui est une corde orange, le nœud se défait et il ouvre lentement sa robe de chambre, dénudant ses seins, et l'embrasse sur le cou, la tête de maman se renverse en arrière il l'embrasse à la base du cou et je n'arrive pas à détacher mes yeux de la scène, elle lui dit des mots dans cette langue qu'ils partagent et qui m'exclut et maintenant, tout en embrassant l'homme sur la bouche, elle défait les boutons de sa chemise, il met les deux mains autour de sa tête de Petit Prince, et elle remue les épaules et sa robe de chambre tombe par terre. Maintenant, ma mère est totalement nue avec cet inconnu qui est toujours habillé. Elle va ouvrir le canapé-lit (le même lit qu'elle partage toutes les nuits avec papa) et pendant ce temps l'homme se déshabille avec des gestes lents, après quoi il est nu lui aussi et je vois son truc qui est debout et se balance.

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Il se met à genoux sur le lit et à mon horreur ma mère se met à genoux devant lui et prend ça dans sa bouche, ce qui me donne la nausée alors je m'éloigne un moment de la porte, le cœur battant fort, et essaie de me calmer en regardant les flocons de neige qui flottent dehors dans l'auréole des lampadaires, et quand au bout d'un long moment je m'agenouille à nouveau ma mère a tourné le dos à l'inconnu, il lui tient les mains serrées derrière le dos comme pour la menotter et pendant ce temps il entre et sort de son corps par derrière comme Hilare (le chien de son grand-père) avec le caniche nain sauf que ses mouvements sont plus lents et au lieu de gémir il lui dit des mots étrangers à voix basse. Ma mère se cambre et j'entends un son inouï lui sortir de la gorge, tout ça est totalement insupportable alors j'allume la lumière et me mets au lit en tremblant de tout mon corps."

Illustration signée loïc Dubigeon


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Mardi 6 février 2024 2 06 /02 /Fév /2024 08:00

Il m'arrive d'acheter des livres d'occasion. Ce fut le cas pour le roman de Nancy Houston, "Lignes de faille". Des mois plus tard, quelle ne fut pas ma surprise au moment de le lire, de découvrir sur les pages de garde, une double dédicace que voici :

dédicace n houston

Je l'ai lue et relue, cherchant à en percer le mystère

Les lieux : Fafie et Potipora ? Après des recherches sur le net, j'en suis arrivé à la conclusion qu'il s'agissait sans doute de deux entreprises implantées aux Pays-Bas. Les deux femmes dont il est question dans la dédicace se seraient connues dans le cadre de ces entreprises ?

Les dates : 13 janvier 2014, 13 janvier 2015 ? Un an jour pour jour. 2014, leur rencontre, "ce jour, ce soir subtil" de leur première nuit ? 2015, un premier bilan et l'achat de ce livre ?

L'auteure : une femme lesbienne qui commet quelques fautes d'accord et de temps, mais qui a une très belle écriture. Elle est amoureuse... Le champ lexical de l'amour (2 occurrences) est riche (enlacées, ensemble, connexions suprêmes, reliées, tendresse, je t'aime...) sans oublier les étoiles qui constellent les pages et le petit cœur final comme un ballon qui s'élève vers le ciel/

La référence au roman de Nancy Houston, "au delà de nos failles", dont je pense que l'auteure de la dédicace a fait cadeau à sa compagne. Sans oublier des passages plus inquiétants comme "avec nos mots et nos maux" ou la métaphore du fil invisible qui les unit et les rapproche : fil des mots, fil des jours, reliées, connexions... 


 

 

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Mardi 23 janvier 2024 2 23 /01 /Jan /2024 08:00

"Dormir ensemble" de Hervé Brunetière paru en 2004 aux Editions L'escarbille (collection feux follets) est un merveilleux petit ouvrage de 58 pages sur le thème de la jalousie

En voici l'incipit :

"Comme j'insiste, elle me fait le récit suivant :

Bon, puisque tu veux le savoir, on a dormi une nuit ensemble, Ronan et moi, mais il ne s'est rien passé entre nous. Il était triste et m'a demandé de dormir avec moi. Au début, j'ai dit non. Ensuite, j'ai dit : Oui, à condition que tu ne me touches pas. Il me l'a promis et on a dormi comme ça, l'un à côté de l'autre.

C'est fini. Son court récit est fini. Elle n'a rien d'autre à dire de cette nuit-là. Elle est déjà ailleurs. Or, ce récit et la nuit dont il parle sont les deux événements qui m'occupent le plus depuis deux ans."

Extrait page 27 : " Je ne suis pas jaloux. Si il y a une chose dont je suis sûr, c'est celle-là. Si il y a des mots que je peux prononcer en toute sincérité, en étant éveillé, ce sont eux : je ne suis pas jaloux. Si il y a un sentiment, un seul, dont je suis certain, c'est celui-là, c'est le sentiment de non-jalousie. Il me fait peur. Est-il homme, celui qui n'est pas jaloux?

Extrait page 29 :  "Ils ont dormi tous les deux à côté toute cette longue nuit. Ils étaient si proches. L'odeur du corps de l'homme, l'odeur du sexe de l'homme, ses odeurs à lui se mélangent, même sans se toucher, les odeurs des corps se mélangent, à l'odeur de son corps de femme, l'odeur de son sexe de femme, ses odeurs à elle. Dans la tiédeur ou la chaleur des draps, leurs odeurs se mêlent, s'arrangent entre elles, construisent une nouvelle odeur, une odeur unique, inoubliable, l'odeur de cette nuit. L'odeur de cette nuit à eux qui est la mémoire de cette nuit à laquelle je n'aurais jamais accès.

C'est une nuit de juin, je crois."

dormir-ensemble

Extrait page 37: " Elle se réveille et il y a ce corps neuf en encore inexploré. Il y a ce torse, cette peau, cette présence du corps, ce sexe, ce sexe d'homme qu'elle aime tant prendre avec sa main, et baiser avec sa bouche et mettre en elle. Toute cette machinerie du corps qui ne demande qu'à se mettre en mouvement – juste ! – pour le bonheur d'une heure une nuit un printemps deux corps. Quels comptes rendre de cela ? À qui ? Pourquoi ?

Alors, elle se réveille et c'est sa main qui va vers lui."

Paragraphe final, page 58 : " Elle m'a donné ce récit. En échange de quoi ? Je lui donne en retour ma jalousie. Cette jalousie toute neuve, qui n'a jamais servi à une autre, dont j'ignorais qu'elle soit possible, que j'écartais de moi, je lui donne."

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