souvenirs

Mardi 29 juin 2021 2 29 /06 /Juin /2021 08:00

L'inconnue de la caisse 9

Samedi d'affluence dans l'hypermarché. Il est 11h 45. On se presse aux caisses où les caddies font la queue comme les voitures à un péage d'autoroute un jour de grand départ. En attendant mon passage en caisse, mon regard erre au hasard sur les chaussures des clients lorsqu'il est attiré par une paire d'escarpins noirs aux talons assez hauts. Les pieds sont nus, révélant des orteils aux ongles vernis de rouge carmin. Mais malgré leur charme, ce ne sont pas les pieds de la dame qui ont retenu mon regard, mais, prenant racine au-dessus de sa cheville, un tatouage filiforme d'une vingtaine de centimètres qui, tel un lierre, grimpe le long de son mollet gauche. À chaque extrêmité, fleurit ce qui pourrait être une rose aux pétales d'un rouge intense. Le tatouage a quelque chose de gracile, d'une délicatesse de bouquet japonais. Je suis resté de longs instants, c'est du moins ce que j'ai ressenti, à contempler ce dessin, à essayer d'en deviner le sens, le message.

Brusquement, elle fait deux pas en avant, alors, mon regard est remonté jusqu'à ses genoux nus juste sous l'ourlet d'une jupe droite  en tissu noir, plutôt moulante, qui met en valeur la cambrure naturelle de ses reins. Elle porte aussi une petite veste beige très cintrée. Elle me tourne le dos si bien que je n'ai d'abord vu que sa nuque en partie découverte par une chevelure courte d'un gris cendré.

Elle a sorti de son sac quelques emplettes qu'elle a déposées sur le tapis roulant de la caisse : moins de dix articles, provisions de femme seule, célibataire ou veuve - je préfère nettement l'idée de la veuve. J'ai supposé qu'elle doit avoir une soixantaine d'années. Elle s'est tournée vers la caissière et j'ai enfin pu la voir de profil. Malgré le masque, elle m'est apparue belle, avec un front haut, des sourcils soignés, un regard vif. Sa poitrine généreuse écarte naturellement les deux pans de sa veste ouverte. Elle a échangé quelques mots avec la caissière. Je n'ai pas saisi ce qu'elles se disaient, cependant le timbre de sa voix douce a fait naître en moi, dans mon bas-ventre, une boule de chaleur qui a généré un érection spontanée. Mon imagination bat librement la campagne : je nous ai vus ensemble, serrés l'un contre l'autre, puis enchevêtrés, mes lèvres parcourant son tatouage, de la cheville jusqu'au genou, puis plus haut entre ses cuisses à la rencontre de sa fente affamée... Elle fouille fébrilement dans mon pantalon et, mettant bas le masque, me taille une pipe en bout de caisse.

caisse 9

Je me sens incapable de la quitter du regard. Elle a payé ses achats en liquide puis, le ticket de caisse en main, s'est éloignée d'un pas nonchalant. C'est alors que, comme brusquement consciente du poids de mon regard sur sa croupe, elle s'est retournée et que nos yeux se sont croisés, avec la fulgurance du désir. Elle m'a semblé hésiter un instant, elle au-delà des caisses, debout immobile dans la galerie commerciale, moi encore dans le magasin, coincé derrière une cliente qui vide lentement son caddy sur le tapis roulant. Alors, l'inconnue de la caisse 9 s'est éloignée et a été avalée par la grande porte à tambour qui donne sur le parking. La cliente qui me précède est devenue mon bouc émissaire, réceptacle innocent de ma frustration et de ma lâcheté car, au fond de moi, je sais très bien que je n'aurais jamais eu le courage d'aborder ma belle inconnue. Je suis bien trop timide pour cela ! 

Cinq minutes plus tard, lorsque j'ai débouché sur le parking ensoleillé, je l'ai cherchée du regard, soulagé de ne pas l'apercevoir. Elle était partie. De toute façon, je ne bandais plus.

Par michel koppera - Publié dans : souvenirs - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 13 avril 2021 2 13 /04 /Avr /2021 08:00

En ce moment, grand ménage de printemps dans mes archives ! Et parfois, je retrouve dans les cartons des trésors enfouis dont je me demande encore comment j'ai pu passer à côté. Comme cette pub pour une tronçonneuse Sthil, pub conçue par l'agence Havas et parue dans les pages de Paris Match en 1981

pub-stihl-1981

Cette pub fait évidemment écho au film "Massacre à la tronçonneuse" sorti en 1974, (même cadre campagnard, même isolement : pas d'habitation à l'horizon) mais dont il prend le contrepied en affirmant en conclusion que la tronçonneuse "procure une tranquillité complète". Cette notion de tranquillité reprenait aussi le slogan de François Mitterrand "La force tranquille" lors de sa campagne électorale pour l'élection présidentielle de 1981.

Au premier regard, le moins qu'on puisse dire, c'est que le gars est "bien outillé", ce qui semble ravir la jeune femme tout de blanc vêtue (pureté virginale ?). Elle ne porte qu'une petite robe très légère, un peu transparente au décolleté coquinement déboutonné. Elle croque un fruit (cela ressemble à une pomme, peut-être celle du péché originel, le fruit défendu ?) en regardant le gars en souriant. À côté, sur une botte de foin, est posé le panier du pique-nique (dont on  retiendra surtout le "nique".)

La façon dont le gars tient son outil est sans équivoque : la tronçonneuse est le prolongement naturel de son sexe ;  que dis-je ! la tronçonneuse EST son sexe, un sexe monstrueux, pas encore en érection mais déjà impressionnant, ce qui ne semble pas du tout effrayer la belle demoiselle de toute évidence nue sous sa robe.

Le texte de la pub recèle d'autres perles comme ces deux phrases :"  Pour vous faciliter toutes ces petites tâches et faire que l'utile soit agréable, la tronçonneuse STHIL O 10 AV est une fidèle compagne sur qui vous pouvez compter à tout moment. Sa mécanique de haute qualité vous met à l'abri des surprises". Notez qu'il n'est pas écrit "sur laquelle vous pouvez compter" mais "sur qui", ce qui de facto humanise l'outil, en fait un être vivant, une personne à part entière.

Une telle publicité serait évidemment inconcevable aujourd'hui. Sa parution provoquerait un tollé chez les féministes. Mais c'était il y a 40 ans, c'était "le monde d'avant"... 

Par michel koppera - Publié dans : souvenirs - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mercredi 20 mai 2020 3 20 /05 /Mai /2020 08:00

Le confinement lié au covid-19 étant propice au rangement, j'ai retrouvé dans mes archives cette "Carte postale baiser" que m'avait adressée Michèle au retour d'un week-end prolongé en Bretagne. Elle avait composé elle-même la carte sur papier Canson qui, pliée en trois, se présentait sous la forme d'un triptyque. L'harmonie des images et des mots constituait un appel vibrant et pressant à l'amour charnel. (texte écrit au crayon)

Couverture ( texte : "Carte postale baiser. Suis rentrée de voyage il y a quelques instants à peine" )

cartepostale1

Page centrale (texte : "Je n'ai vu que des aubes désertes

des fenêtres immobiles

frondaisons gringalettes" )

cartepostale2

Dernière page (remise à l'horizontale pour la commodité de la lecture.Texte : "Lourdes nuits violettes

Désolée pour ces qq jours d'absence")

cartepostale3

Comment aurais-je pu décliner une si belle invitation ?

Par michel koppera - Publié dans : souvenirs - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 18 mai 2020 1 18 /05 /Mai /2020 08:00

Les quatre Sirènes, # 21

2. Plaidoyer 

Dernière mise au point sur les circonstances - atténuantes ? - qui ont présidé à l'irruption des quatre Sirènes dans ma vie. Avant tout, comprendre que je suis un enfant du baby-boom, des "Trente Glorieuses" et du libéralisme. J'avais 16 ans en 1968 et il est indéniable que ce printemps-là marque une rupture radicale et festive avec le "monde d'avant". En quelques mois, on est passés de Tino Rossi aux Pink Floyd, des Gauloises bleues aux joints, du diabolo menthe au Coca...Quand je suis arrivé à la fac de lettres de Caen en septembre 1970, j'avais tout juste 18 ans et, d'un seul coup, tout était permis. 

Tout ? Oui, tout ! Le cinéma d'Art et Essai, les concerts et les festivals de rock (en août 1969, j'étais déjà, avec un copain de lycée, à l'île de Wight où j'avais vu et entendu Dylan, Hendrix et les Doors), les barrettes de shit libanais et les sachets d'herbe colombienne, le Theâtre du Soleil d'Ariane Mouchkine à la Cartoucherie de Vincennes, les virées improvisées à Paris pour aller manger chinois au quartier latin et surtout le sexe, l'amour libre au quotidien, les multiples partenaires d'un jour, d'une nuit...

La fête a duré plus de 15 années. Et puis, en 1985, clap de fin de partie. Le VIH s'invite dans nos vies, d'abord lointain, abstrait... On s'imagine hors d'atteinte, jusqu'au jour où, sans qu'on y ait pris garde, le voilà tout proche qui touche dans leur chair  des gens qu'on connaît,  des gens à qui l'on parlait encore quelques semaines auparavant... En 1989, il emporte deux amis : un peintre talentueux et un bassiste qui rythmait nos nuits de fête.

Les quatre Sirènes furent en quelque sorte les interprètes du "chant du cygne", le baroud d'honneur de la vie sans entraves. Valérie, soixante-huitarde comme moi, perpétua pour quelques années encore l'illusion d'une sexualité épanouie et gourmande... (J'ai appris que depuis mon départ en 1992, elle ne s'est jamais remise en couple) ; Michèle m'a initié à une sexualité moins charnelle, plus fantasmée, où le désir et le plaisir prennent des chemins plus tortueux, plus sophistiqués ; Pauline et Daniel (les seuls avec qui j'ai pris des précautions : préservatifs, tests de dépistage du VIH) tentaient de construire avec moi une sorte de cellule familiale insolite mais stable, un triangle amoureux immuable, refermé sur lui-même et finalement très sécurisant ; quant à Gabriela qui avait grandi dans l'ombre du Sida, elle incarnait le retour au puritanisme, à la chasteté érigée en dogme, à des valeurs qu'on croyait désuètes comme le mariage, la virginité et la soumission à l'autorité parentale...

Par michel koppera - Publié dans : souvenirs - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 15 mai 2020 5 15 /05 /Mai /2020 08:00

Les quatre Sirènes # 20 

Trente ans plus tard... Quelques clefs pour comprendre et expliquer

1) Comment ai-je pu cloisonner mon existence au point de mener pendant deux années entières (1991, 92) une quadruple vie ?

L'essentiel est de rappeler aux plus jeunes qu'au début des années 90, il n'y avait encore ni téléphone portable, ni internet, et par conséquent pas de réseaux sociaux. Il était donc facile d'être invisible et injoignable... Il suffisait tout simplement de ne pas répondre au téléphone.

J'avais très tôt acquis mon autonomie et accoutumé mes proches (famille et amis) à mes absences, voyages et déplacements professionnels. Ainsi, dès 1971, alors que je n'avais encore que 19 ans, j'avais entrepris avec ma compagne de l'époque, un voyage estival en Grèce (train, ferry et autostop) qui nous mena jusqu'en Crète... Nous dormions chez l'habitant, en camping ou le plus souvent sur les plages au sable encore tiède... Deux mois, sans adresse, sans itinéraire...

L'année suivante, en 1972, à peine titulaire du permis de conduire, nous avons acheté une voiture d'occasion (une Simca 1100), et nous voilà partis à la mi-juin pour un périple qui nous mena de Normandie jusqu'aux confins de la Turquie, en pays kurde, à la frontière de l'Iran, via l'Italie, la Yougoslavie et le nord de la Grèce... Plus de 15000 km en deux mois et demi.  On allait au hasard de nos envies, de nos rencontres, de nos coups de cœur... Pour le meilleur et pour le pire.

Le pire, ce fut au printemps 1992, après l'accident mortel de mon frère, lorsque mes parents ont vainement cherché à me joindre. J'étais en Toscane, dans une superbe villa perdue au cœur du vignoble de Chianti, sans télé, sans radio, sans téléphone, sans journaux... Loin de la ville. J'ai su plus tard que des messages avaient été diffusés sur RFI (Radio France Internationale) pour retrouver ma trace. Sans succès. Ce ne fut que trois semaines plus tard que j'ai appris sa mort. Il ne restait plus de lui qu'une urne en pierre de sel que nous sommes allés jeter en mer au large des îles Chausey.

 

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Vendredi 13 mars 2020 5 13 /03 /Mars /2020 08:00

Les quatre Sirènes # 19

Je n'ai revu Gabriela qu'à l'automne 1991. Elle ne venait plus à la séance d'entraînement de volley-ball du lundi soir et ne répondait plus au téléphone. C'est l'un de ses collègues qui m'a appris qu'elle s'appelait désormais Madame C* et que son mari était professeur stagiaire à Caen. Je ne sais même pas si j'ai souffert. J'étais sous anesthésie. Ce n'est qu'en novembre, aux jours les plus lugubres de l'automne, qu'elle est réapparue physiquement dans ma vie. Rayonnante, épanouie, mais pétrie de culpabilité. Alors que je ne lui demandais rien, elle m'a longuement expliqué qu'elle n'avait jamais été maîtresse de son destin, qu'elle était victime d'une sorte de contrat familial. Elle sollicitait mon pardon ou, tout du moins, mon indulgence. Elle est venue se serrer contre moi et, alors que je refermais mes bras sur son corps, j'ai ressenti pour la première fois le désir de la posséder, comme si elle se révélait enfin humaine, mais c'était trop tard, beaucoup trop tard...

Dans les mois qui suivirent, je ne l'ai revue que trois fois. En février 1992, elle a tenu à venir m'annoncer personnellement qu'elle était enceinte. En mai, lorsqu'elle a appris la mort accidentelle de mon frère, elle est venue me rendre visite, mais la revoir n'a en rien apaisé ma douleur. La dernière fois que je l'ai vue, c'était début juillet 1992. Elle portait son ventre rond comme un trophée. Elle m'a dit qu'elle avait obtenu sa mutation pour le Morbihan, je lui ai caché que j'allais bientôt quitter la France pour l'Océan Indien et que je n'étais pas sûr de revenir un jour. J'avais déjà cessé de maigrir mais pas encore commencé à reprendre du poids.

Épilogue

Un lundi matin maussade d'août 1992, un ami m'a déposé à la gare de Caen. Je n'avais pour bagage qu'une grosse valise avion. Dans les semaines qui avaient précédé, j'avais vidé ma maison et confié sa gestion à un notaire qui n'avait pas tardé à me trouver des locataires. Direction Saint-Lazare, taxi jusqu'à Roissy et le soir même, embarquement dans un Boeing 747 d'Air France pour Saint-Denis de la Réunion, et, dans la foulée, un saut de puce pour ma destination finale : l'île Maurice. J'ai posé ma valise à Mahébourg, chez Tristan... Je n'ai plus entendu le chant des Sirènes, à l'exception de quelques lointains échos. Ainsi en 1994, au détour d'une conversation téléphonique avec un des rares liens que j'avais conservés de ma vie d'avant, j'ai appris que Gabriela était maman d'une petite fille prénommée Camille. En 2001, alors que j'étais installé depuis deux ans, avec femme et enfants, au bord de l'Atlantique, j'ai reçu un coup de téléphone de Pauline. Comment avait-elle retrouvé ma trace ? D'une voix éraillée par l'excès de tabac, elle m'a dit que Daniel était décédé en 1997, étouffé par une crise aiguë de psoriasis qui avait envahi ses poumons. Elle m'a proposé de nous revoir. Je l'en ai dissuadée et elle n'a plus donné signe de vie. Quant à Michèle et Valérie, je ne les ai plus jamais revues...

Sirenes19

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Mercredi 11 mars 2020 3 11 /03 /Mars /2020 08:00

Les quatre Sirènes # 18

Je n'ai jamais autant surveillé le calendrier des vacances qu'au cours de l'année scolaire 1990-91. Mais à la différence des élèves qui se réjouissent à l'approche des congés, ces échéances me plongeaient dans l'angoisse. À chaque fois, cela signifiait que Gabriela allait retourner en Bretagne où elle ne manquerait pas de croiser "Grain de Sable". Pourtant, à chaque départ, elle m'annonçait que cette fois ce serait la bonne, qu'elle allait rompre définitivement, reprendre sa liberté. Pendant son absence, elle m'envoyait des lettres d'amour aux mots de braise mais, de retour en Normandie, rien n'avait changé. Au fil des mois, j'endossais le rôle d'amant dans un mauvais vaudeville. Après Noël, elle changea de stratégie : pas la peine d'aller au clash,  à l'affrontement direct. Il suffisait d'attendre qu'il finisse par comprendre qu'elle ne l'aimait pas, il allait se lasser et abandonner la partie...

sirenes18En attendant, elle poursuivait avec assiduité sa découverte des plaisirs charnels. Après quelques réticences, elle avait accepté de se mettre nue devant moi et de se laisser brouter le minou. Gabriela avait une petite chatte étroite, ombrée d'une touffe moussue, mais, dès que j'y posais la bouche, quand ma langue écartait ses lèvres et fouillait à l'entrée de son vagin, elle s'ouvrait, s'évasait et mouillait sans retenue. Elle pouvait jouir plusieurs fois d'affilée en me tenant la tête à deux mains pour ventouser ma bouche à son sexe en folie. Et moi, malgré toute la sensualité de nos enlacements et de nos caresses, je ne bandais toujours pas. Elle faisait comme si ça ne la dérangeait pas, pire, comme si elle ne s'en apercevait pas ! Et, quand elle était partie, je trouvais refuge dans le lit de Valérie, dans les volutes éthyliques des soirées avec Michèle ou dans les bras accueillants de Pauline et Daniel pour enfin baiser, sodomiser et surtout jouir...  Tout au long de cette année scolaire de sinistre mémoire, j'ai continué de perdre du poids, inexorablement. À l'été 1991, je ne pesais plus que 72 kg pour 1 m 86 ! C'était simple : je n'avais plus faim. À l'exception de mon copain médecin, personne ne semblait s'en inquiéter ou s'en plaindre. 

En juin 1991, il s'est produit un incident qui a sans doute tout changé. Gabriela n'allait pas tarder à partir passer ses vacances d'été dans les Côtes du Nord devenues depuis peu les Côtes d'Armor. Avant son départ, elle a tenu à passer une dernière soirée avec moi. Enfin, plus qu'une soirée, une nuit ! Elle a même demandé à partager mon lit  (alors que jusque-là, on ne se livrait à nos jeux sexuels que sur le canapé du salon). Nous voilà donc tous les deux, nus sur les draps blancs. Et, cette fois, elle ne se contente pas du cunnilingus habituel :

- Michel, s'il te plaît fais-moi l'amour. J'en ai très envie... Et quand ce sera fait, tout sera plus facile pour moi... Je te promets de ne plus te quitter, je serai à toi pour toujours... Viens... Et puis on fera un enfant, on l'appellera Camille...

Elle était là, allongée sur le dos, les cuisses ouvertes, en train d'onduler du bassin tout en se caressant les seins. Et moi, à genoux sur le lit, entre ses jambes écartées, je ne bandais toujours pas.

Alors, au cœur de la nuit, elle s'est rhabillée et elle est partie.

à suivre... 

 

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Lundi 9 mars 2020 1 09 /03 /Mars /2020 08:00

Les quatre Sirènes # 17

"Adagio sur sable", c'est l'anagramme du nom de Gabriela que j'avais trouvée pendant la nuit qui avait suivi notre désastreuse excursion dans le nord Cotentin. Trois mois plus tard, de passage à Cologne chez des amis allemands, je me faisais tatouer "Adagio" sur l'épaule droite, juste au-dessus du signe des Gémeaux que je m'étais fait tatouer 15 ans plus tôt à Amsterdam. Gabriela passait ses vacances d'été en famille chez sa mère à qui elle m'avait promis de faire part de ses résolutions. Elle m'envoyait régulièrement de belles lettres d'amour auxquelles je ne devais pas répondre au risque de la compromettre. Elle savait trouver les mots pour entretenir la flamme et ne manquait pas d'humour quand, pour évoquer son fiancé, elle parlait du "Grain de Sable". Car, au lieu de nous éloigner, la journée du 15 mai semblait avoir définitivement transformé notre amitié en amour. Désormais, on ne se cachait plus, et, chez ses collègues comme chez les miens, notre liaison était de notoriété publique. Pourtant, des amis plus clairvoyants avaient tenté de me mettre en garde sur notre différence d'âge et surtout sur les non-dits, comme le fait que jamais Gabriela n'avait souhaité rencontrer mon fils dont elle n'ignorait pourtant pas l'existence. Mais, aveuglé par ma passion, je refusais de voir les choses en face. Cependant, comme rongé par un feu intérieur, j'avais commencé à maigrir. Je ne m'en suis rendu compte que lorsque j'ai dû renouveler ma garde-robe : je flottais dans mes pantalons et mes chemises... À la fin de l'année 1990, j'avais déjà perdu plus de 10 kg ! Mes examens médicaux n'ayant rien révélé d'anormal, le copain médecin qui veillait sur ma santé avait eu cette formule grivoise : "Comme disait ma grand-mère, un bon coq n'est jamais gras !"

Malheureusement, aux côtés de Gabriela, j'étais loin d'être un "bon coq". Il faut dire que dès le mois de juin 1990, le sexe s'est invité dans notre relation. Certes il n'était pas encore question d'accouplement - Gabriela m'avait aussi avoué qu'elle était vierge et tenait à le rester tant qu'elle n'aurait pas rompu ses fiançailles avec" Grain de Sable". Et ça m'arrangeait ! Car, malgré la sensualité de nos baisers, la chaleur de nos caresses, l'opulence de ses seins, je ne bandais pas... Je ne dis pas que je ne bandais plus : je retrouvais toute ma vigueur, toute ma raideur, avec Valérie, Michèle ou Pauline et Daniel. Mais avec Gabriela : rien !!! Comme si, en sa présence, ma passion amoureuse consommait toute mon énergie, anihilait ma virilité. Elle ne semblait pas s'en inquiéter. Il faut reconnaître qu'elle savait tirer parti de toutes les ressources de son corps : elle pouvait jouir des seins, il me suffisait de lui sucer les mamelons pour qu'elle atteigne rapidement l'orgasme ; de même, à califourchon au-dessus de moi, elle se frottait lubriquement l'entrejambe sur ma cuisse et s'envoyait en l'air comme ça... Au cinéma, dans l'obscurité, elle me prenait la main et la guidait dans son pantalon ou sous sa jupe, entre ses cuisses, afin que je lui caresse le clitoris. Elle m'inondait les doigts de sa mouillure épaisse et jouissait en silence. J'étais sa première vraie expérience masculine. Avec "Grain de Sable", elle n'avait, à l'entendre, échangé que de simples baisers sans conséquence. Quand elle avait eu sa ration de plaisir, elle redevenait une jeune femme romantique qui se lovait dans mes bras pour écouter Julien Clerc qui chantait : 

" Fais-moi une place  au fond d'ton cœur

Pour que j't'embrasse lorsque tu pleures (...)

J'veux qu't'aies jamais mal, qu't'aies jamais froid

Et tout m'est égal, tout, à part toi !

Je t'aime"

à suivre...

Sirenes17

 


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Vendredi 6 mars 2020 5 06 /03 /Mars /2020 08:00

Les quatre Sirènes # 16

Il y eut au mois de mai 1990 quelques jours de très beau temps. Aussi, j'en ai profité pour proposer à Gabriela de lui faire découvrir la presqu'île du Cotentin et plus particulièrement le Cap de la Hague. Pour cause d'épreuves du bac, les cours au lycée se faisaient plus rares.

Sirenes16-1Donc, le mardi 15 mai, au petit matin, je suis passé la prendre au pied de son immeuble. Cap au nord vers Cherbourg, et le bout du monde. Nous avons d'abord fait halte à Port Racine, le "plus petit port de France", puis à Omonville-la-Petite où nous avons vu de loin la maison de Jacques Prévert qui à l'époque n'était pas encore ouverte au public. Nous avons déjeuné dans une auberge rustique avant de reprendre la route vers le Nez de Jobourg et ses falaises vertigineuses. La mer était d'un bleu intense et l'air si pur qu'on avait l'impression qu'au large l'île d'Aurigny était toute proche. L'après-midi était déjà bien avancé. C'est alors que Gabriela m'a demandé de l'emmener à l'endroit qui était pour moi le plus beau. Encore quelques kilomètres et bientôt la baie d'Écalgrain s'offrait à nos yeux. Un sentier abrupt et caillouteux dévalait vers la mer. Pour plus de sécurité, Gabriela a saisi la main que je lui tendais et, une fois sur la plage, elle a laissé sa main dans la mienne. Nous avons arpenté toute la baie en suivant la lisière mouvante de la marée montante. Je suppose que nous avons dû échanger des banalités sur la beauté du site, la douceur de l'après-midi ou la pureté du ciel, mais je sais que chacun n'avait à l'esprit que l'union de nos mains jointes. En ces instants magiques, rien ne comptait plus pour moi que la douce chaleur de la main de Gabriela dans la mienne. 

Nous avons fait halte à la pointe nord de la baie, au pied de la falaise. C'est alors que Gabriela s'est tournée vers moi, a lâché ma main pour "se pendre à mon cou comme une liane" (cf: Sarbacane de Francis Cabrel). Nous sous sommes embrassés, longtemps... encore et encore. Et lorsque nos lèvres se séparaient, elle nichait son visage au creux de mon cou en me serrant encore plus fort. Ce fut un instant de pur bonheur mais éphémère car brusquement, s'écartant de moi sans me lâcher, elle me regarda, les yeux voilés de détresse. Puis sont venus les mots, douloureux et cruels :

" - Il ne faut pas que tu t'attaches à moi parce que ça va te faire souffrir. Je ne suis pas libre... Je suis fiancée... Il s'appelle Loïc, il est étudiant à Rennes. Nous devons nous marier l'an prochain, en août, quand il aura terminé sa maîtrise d'histoire. Il veut devenir prof comme moi... C'est ma mère qui me l'a choisi quand j'avais 15 ans, et je ne peux pas dire non à ma mère... Je ne peux pas t'expliquer pourquoi... C'est pour ça qu'il ne faut pas que tu m'aimes... Tu comprends ?"

Sirenes16-2

Et tout en me disant ces mots, elle se collait de nouveau à moi et cherchait mes lèvres. J'étais comme tétanisé.

On a quitté la plage au crépuscule, remonté le sentier qui dévalait la falaise. Tout le long du trajet de retour, on n'a échangé aucun mot. Elle avait mis une cassette de Mecano dans l'autoradio et posé sa main gauche sur ma cuisse. Il était près de 22 heures quand je l'ai déposée au pied de son immeuble. Elle m'a donné une bise furtive sur la joue:

- "Merci pour tout. Je suis désolée d'avoir tout gâché. À bientôt..."

J'ai parcouru les 20 derniers kilomètres jusque chez moi comme un robot, la voiture en pilotage automatique. J'étais anéanti. Dans le salon, sur le bureau, le voyant vert du répondeur clignotait.

" - Michel... Pardonne-moi. Je ne pourrais pas me passer de toi... Je ne veux pas te perdre... Je te demande juste d'être patient. Je vais leur parler, je vais leur dire... Je t'aime."

C'était le mardi 15 mai 1990

à suivre...

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Mercredi 4 mars 2020 3 04 /03 /Mars /2020 08:00

Les quatre Sirènes, # 15

Après un passage éclair au vestiaire pour me changer, je me suis empressé de sortir dans l'espoir de la revoir sur le parking, mais elle était déjà partie. 

Dès le lendemain matin, j'avais un message sur mon répondeur où elle me disait qu'elle se prénommait Gabriela et me donnait son numéro de téléphone pour que je l'appelle si j'en avais envie.

Sirenes15Difficile de reconstituer, 30 ans après, comment Gabriela s'est fait une place dans ma vie. Parce qu'au départ, il n'était pas question de désir et encore moins d'amour. Si bien que je ne me souviens pas du jour où elle a garé pour la première fois sa Renault 5 blanche dans ma cour, de notre première séance de cinéma, de la première fois où elle s'est assise devant mon Macintosh pour préparer un cours, de la première fois où elle m'a invité dans son petit appartement à écouter une cassette du groupe Mecano. Elle s'appelait Gabriela, elle avait 23 ans (j'en avais 15 de plus), elle était professeur d'espagnol au lycée - c'était son premier poste. Elle venait des Côtes du Nord, de Rostrenen pour être précis, mais sa généalogie entremêlait l'Europe de l'est, l'Afrique noire et la Bretagne... Gabriela se revendiquait fièrement slave, signare sénagalaise et celte. Elle était indéniablement belle : peau mate légèrement ambrée, longs cheveux frisés aux reflets roux sous le soleil, silhouette fine bien cambrée, voix douce en toute circonstance (elle me faisait penser à une héroïne de Manara)...  Elle n'avait pas connu son père et avait grandi auprès de sa mère et dans le giron de sa grand-mère maternelle. À chaque période de vacances scolaires, elle retournait en Bretagne. Elle ne connaissait personne en Normandie et ses nouveaux collègues professeurs l'ennuyaient profondément, comme d'une manière générale tous les gens de son âge. Elle me confia qu'elle m'avait remarqué dès la première séance de volley-ball et que, renseignements pris, elle avait appris de ses collègues et des miens que je vivais seul. Mais alors, pourquoi ces appels téléphoniques anonymes ? Par timidité, tout simplement.

Je ne lui en voulais pas. Je la considérais comme la petite sœur que je n'avais jamais eue. Elle savait se faire discrète. En dehors de notre rencontre habituelle du lundi au volley-ball, je la voyais rarement plus d'une fois par semaine, pendant une à deux heures maximum.

Et parallèlement, je continuais de baiser régulièrement avec Valérie, de ficeler Michèle quand elle en avait envie et plus épisodiquement, de m'encanailler avec Pauline et Daniel.

à suivre...

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