Samedi , 16 heures. « Jadis et naguère », magasin d’antiquités du passage Flaubert.
Sébastien a accompagné les garçons à leur tournoi hebdomadaire de tennis. Sofia, le tennis c’est pas son truc. Comme spectacle,
elle préfère le rugby, ça l’émoustille davantage. Néanmoins, ce qu’il y a de bien avec le tennis, c’est que si l’on sait quand ça commence, on n’est jamais sûr de l’heure de fin et ça libère du
temps pour des plaisirs plus subtils. Justement, depuis plusieurs mois, Sofia est à la recherche d’un petit guéridon ancien pour son vestibule. Elle a écumé tous les vide-greniers de la région,
visité toutes les brocantes, en vain. La boutique jadis et naguère, c’est bien mais beaucoup plus cher.
Comme chez tous les antiquaires, ça sent l’encaustique, le vieux cuir, le bois précieux et cette indéfinissable odeur du passé,
quelque chose entre le moisi et le savon d’Alep. Monsieur Joseph est à l’image de sa boutique, vénérable et un peu suranné. Difficile de lui donner un âge, mais à coup sûr très vieux. Il parle
bas, comme s’il craignait de briser quelque vase précieux d’un éclat de voix, se déplace furtivement entre ses vieilleries, répugne à parler argent tout en passant une main onctueuse sur la
croupe d’une nymphe en bronze.
À l’arrivée de Sofia, il la laisse faire à sa guise le tour du magasin, fouiner dans les coins, mais la surveille de loin, sans
rien laisser paraître. Il a tout son temps. Au premier coup d’œil, il a repéré la salope, la femme prête à tout pour parvenir à ses fins. Elle sent bon le Shalimar, sa jupe tombe juste comme il
faut pour donner envie d’en voir plus, sa bouche est assez rouge pour sucer, sa chevelure suffisamment soyeuse pour suggérer des pilosités intimes aussi douces au toucher. Elle s’approche enfin.
Il observe ses doigts délicats, ses ongles vernis de rouge carmin : c’est bien ce qu’il pensait.
- Je cherche un guéridon, en merisier de préférence, ou alors en bois clair. Je n’ai rien trouvé, mais peut-être ai-je mal
regardé…
- Effectivement, je n’ai rien de cela en magasin… Par contre, en réserve, j’ai sans doute quelque chose qui pourrait vous
intéresser. Vous désirez y jeter un coup d’œil ?
- Oui… si ça ne vous dérange pas.
- En aucune façon. Un instant, s’il vous plaît.
Il va à la porte d’entrée, la ferme au verrou et colle un petit écriteau sur la vitre : fermeture temporaire.
La réserve est au sous-sol. C’est une sorte de caverne d’Ali baba, un vrai capharnaüm de meubles et de bibelots. C’est
bordélique et poussiéreux à souhait. Pourtant, M. Joseph ne tarde pas à y dénicher la bonne occasion : un délicieux petit guéridon en chêne clair, avec des pieds chantournés et une jolie
marqueterie en façade. Exactement ce qu’il me faut, pense Sofia.
- Pas mal, même si ce n’est pas du merisier. Et vous me la feriez à combien ?
De sa main cauteleuse, M. Joseph caresse la patine du chêne.
- Disons… mille deux cents.
Sofia accuse le coup. Elle va devoir la jouer serré.
- Ça peut se négocier ?
- Peut-être… Tout dépend de ce que vous me proposez.
Sofia avise un fauteuil crapaud tout proche, y prend place et croise les jambes. Comme le fauteuil est court sur pattes, cela
lui relève les genoux et lui découvre très haut les cuisses, jusqu’à la lisière de ses bas sombres. Le coup d’œil furtif de M. Joseph entre ses jambes ne lui échappe pas. Cependant, elle hésite.
Son regard fait plusieurs fois l’aller-retour entre le guéridon et le maître des lieux. Ils sont vieux tous les deux. Elle ne s’est jamais offerte à un vieillard. Sans doute plus de 70 ans,
il pourrait être son père. Cette idée la dégoûte un peu, mais en même temps, elle se dit qu’à cet âge-là, il doit être inoffensif. Elle croise son regard et elle devine qu’il est en train de lire
dans ses pensées, comme dans un livre ouvert.
- Vous avez réfléchi ? reprend-il. Vous avez pris une décision ?
- Une fellation, ça vous irait ?
- J’ose croire que vous plaisantez, ricane-t-il. Je ne vous croyais pas si… comment dire… fleur bleue ! Il s’agit d’un
guéridon en bois massif, madame. Un objet qui a une histoire et par conséquent une valeur certaine. Pas d’un meuble en kit acheté chez Ikea.
Le regard de Sofia se pose encore une fois sur le guéridon, s’y attarde.
- C’est d’accord, soupire-t-elle. Je ferai tout ce qui vous plaira.
- De combien de temps disposez-vous ?
- Une heure… une heure et demie.
- Cela devrait nous suffire.
Alors que Sofia se penche en avant pour ôter ses chaussures, M. Joseph l’arrête d’un geste de la main.
- Non, surtout pas. Enlevez juste votre veste et déboutonnez votre chemisier, rien de plus. Vous allez garder tout le reste.
Maintenant, décroisez les jambes, retroussez votre jupe et écartez les cuisses. Laissez-vous aller en arrière, dans le fond du fauteuil ? Installez-vous confortablement. Je constate que vous
portez une très belle culotte, très élégante. C’est en quoi ?
- Cent pour cent coton non traité, dit Sofia qui sent déjà l’infâme mouillure inonder son vagin.
- Ne fermez pas les yeux ! ordonne M. Joseph. Il est important que vous gardiez les yeux ouverts, tout le temps, vous
comprenez. Regardez-moi. N’écartez pas trop les cuisses : il faut juste que le coton épouse la forme de votre sexe, comme une seconde peau. Voilà, comme ça c’est parfait. Il vous plaît tant
que ça le guéridon ?
- Oui
- Et vous n’avez pas honte de ce que vous êtes en train de faire, de vous exhiber ainsi devant moi ? Vous sous rendez
compte que vous vous conduisez comme une putain ?
- Oui, je le sais.
Le silence retombe, lourd comme un couvercle en fonte. Sofia le regarde ouvrir son pantalon et sortir sa bite. Il bande, pas
très dur certes, mais quand même. M. Joseph est circoncis, ce qui le rend attendrissant. Les poils de son pubis sont gris, presque blancs, et en dessous pendouille une volumineuse paire de
couilles, un peu comme celles d’un taureau.
- Vous allez tacher votre culotte, dit-il avec un sourire. Ecartez un peu le tissu que je voie votre vulve… Vous êtes très
mouillée, n’est-ce pas ?
Sofia ne répond pas, son sexe parle pour elle. Elle devine ses petites lèvres luisantes comme si on les avait enduites de
salive, son clitoris qui pointe sa tête pâle, ses muqueuses graissées de désir. M. Joseph s’empare d’une lourde chaise qu’il tire en face du fauteuil où se vautre Sofia. Il s’assoit et la voilà
maintenant à portée de mains du vieux monsieur. De la poche de sa veste, il sort une paire de gants de latex qu’il enfile avec lenteur et précaution. Sofia commence à comprendre. Sans la lâcher
du regard, il se penche en avant. Lorsque les doigts légers mais insistants de l’antiquaire se posent sur son sexe, Sofia ne cherche pas à se dérober. Il commence par trois puis quatre doigts
dans le vagin. Ça rentre tout seul, sans aucune résistance. Même quand il y ajoute le pouce et qu’il y met la main toute entière jusqu’au poignet. Elle ne se savait pas si large, si profonde, si
disponible en quelque sorte, même si la main de M. Joseph est fine, presque féminine. Finalement, elle s’en tire à bon compte. Elle se voit déjà en propriétaire du guéridon. Ce n’était pas si
terrible que ça !
C’est oublier un peu vite la froide obstination de M. Joseph qui vient de retirer sa main. Ça a fait comme un bruit de ventouse,
d’un pied que l’on extrait de la vase. Car maintenant, ses doigts de latex beurré à la cyprine se posent plus bas.
- Non, ne baissez pas les yeux, s’il vous
plaît. Rappelez-vous, madame, que votre regard ne doit pas quitter le mien. Maintenant, posez vos jambes sur les bras du fauteuil de façon à vous ouvrir au maximum et écartez bien votre culotte.
Détendez-vous…
Sans quitter Sofia des yeux, il lui enfonce son pouce dans l’anus et, par de lents et patients mouvements circulaires,
entreprend d’en élargir l’accès. Ce n’est pas désagréable, loin de là. Au fil des circonvolutions du doigt dans son fondement, elle sent son orifice s’assouplir, se dilater et finalement s’ouvrir
en grand. Si elle avait un miroir, elle pourrait s’admirer avec l’anus en O majuscule, petite bouche étonnée, sans aucune dent, bouche de bébé qui réclame le sein. Il lui semble même ressentir la
fraîcheur du sous-sol qui se répand dans son rectum béant. Tout ceci, elle le lit dans les yeux de M. Joseph, des yeux aussi gris que son costume impeccable, que ses cheveux taillés au cordeau…
Puis, sans même lui laisser le temps d’un orgasme, il la fiste d’un coup, d’une seule poussée. La main entière force la corolle de son anus. Elle a l’impression d’être sodomisée par un
cheval : c’est gros, c’est très dur… Et pourtant, rien ne résiste. Les sphincters capitulent, les chairs se distendent, le cul s’évase. Sofia ne peut même pas se dire qu’elle souffre ;
ce qu’elle éprouve est au-delà de la douleur. Elle est projetée dans une sphère sans nom, sans limites, sans durée, où le corps et les fantasmes ne font plus qu’un, où le mal n’a pas plus de sens
que le bien, où le désir se confond avec le dégoût, où les plus bas instincts côtoient les sentiments les plus nobles. La main de M. Joseph qui lui lime le cul se fait tour à tour piston de
machine infernale, gode de géante, étron vivant, champignon vénéneux, constipation céleste ou grand chagrin d’amour…
Elle sent venir l’orgasme de loin, un orgasme comme elle n’en a jamais connu auparavant, comme elle n’en connaîtra jamais plus.
Il a pris naissance dans les racines profondes de son clitoris que frôlent les doigts de l’antiquaire, mais au lieu d’y grandir et d’y exploser, le désir s’est répandu aux alentours, il a envahi
son vagin, son rectum, sa vessie elle aussi caressée. Alors quand elle jouit en criant et pleurant de bonheur, ses yeux dans les yeux de M. Joseph, elle lâche tout en même temps : son vagin
déborde de jus, elle pisse de joie, lâche les gaz, et c’est un flot de mouillure, d’urine et de merde qui gicle et coule à grosses gouttes sur le ciment du sous-sol. Le gant de M. Joseph en est
tout poisseux : c’est gluant, âcre et brunâtre. C’est avec ce gant visqueux qu’il se branle et que sa queue à demi-molle laisse tomber quelques larmes de sperme sénile sur le con spasmodique
de Sofia.
- Je crains que votre jolie culotte ne soit plus très présentable, dit-il en essuyant le gant de latex que le coton cent pour
cent non traité. Je vous remercie, madame. Ce n’est pas tous les jours que l’existence nous offre de tels agréments. Vous pourrez prendre livraison de votre guéridon dans la semaine… Si vous me
faisiez le bonheur d’avoir vos règles, ce serait parfait, car cela manquait un peu de sang, vous ne trouvez pas ?
à suivre...
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