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Vendredi 7 avril 2023 5 07 /04 /Avr /2023 08:00

Annie Ernaux, "Les années" (Editions Gallimard, 2008) Disponible en collection Folio n° 5000, 254 pages.

La description de photos de l'album familial d'Annie Ernaux pose les jalons de cette autobiographie à la fois personnelle et collective. Un ouvrage remarquable de lucidité.

Extrait 1. ( page 53) Dans les années 50

" Il était écrit dans le Larousse :

onanisme : ensemble des moyens adoptés pour provoquer artificiellement la jouissance sexuelle. L'onanisme détermine souvent des accidents très graves ; aussi devra-t-on surveiller les enfants à l'approche de la puberté. Les bromures, l'hydrothérapie, la gymnastique, l'exercice, la cure d'altitude, les médications martiales et arsenicales, etc., seront tour à tour employées.

Dans le lit ou les vécés, on se masturbait sous le regard de la société entière."

Extrait 2. (pages 114-115). Après 1968

" Les hontes d'hier n'avaient plus cours. La culpabilité était moquée, nous sommes tous des judéo-chrétiens, la misère sexuelle dénoncée, peine-à-jouir l'insulte capitale. La revue Parents enseignait aux femmes frigides à se stimuler jambes écartées devant un miroir. Dans un tract distribué dans les lycées, le Dr Carpentier invitait les élèves à se masturber pour tromper l'ennui des cours. Les caresses entre adultes et enfants étaient innocentées. Tout ce qui avait été interdit, péché innommable, était conseillé. On s'habituait à voir des sexes à l'écran mais on bloquait de peur de laisser échapper son émotion quand Marlon Brando sodomisait Maria Schneider. Pour se perfectionner, on achetait le petit livre rouge, suédois, avec des photos montrant toutes les positions possibles, on allait voir Techniques de l'amour physique. On envisageait de faire l'amour à trois. Mais on avait beau faire, on ne se résolvait pas à ce qui était hier considéré comme un outrage à la pudeur, se montrer nus devant ses enfants. 

Le discours du plaisir gagnait tout. Il fallait jouir en lisant, écrivant, prenant son bain, déféquant. C'était la finalité des activités humaines."

ernaux annees

 

Extrait 3. (page 156). Les années 80

" Les cassettes vidéo réalisaient le grand rêve du cinéma à domicile. Sur l'écran du Minitel, on consultait l'annuaire et les horaires SNCF, son horoscope et les sites érotiques. Il était enfin loisible de tout faire chez soi sans rien demander à personne, regarder à la maison et sans honte des sexes et du sperme en gros plan. L'étonnement s'estompait. On oublait qu'on n'aurait jamais cru voir cela un jour. On le voyait. Et alors, rien. Seulement la satisfaction d'avoir accès en toute impunité aux plaisirs naguère défendus."

Extrait 4. (page 160). Fin des années 80

" Les couples quadragénaires regardaient les films X de Canal +. Devant les queues infatigables et les vulves rasées en gros plan, ils étaient saisis d'un désir technique, étincelle lointaine sans rapport avec le feu qui les poussait l'un vers l'autre dix ou vingt ans auparavant quand il n'avaient même pas le temps de retirer leurs chaussures. Au moment de jouir, ils disaient "je viens" comme les acteurs. Ils s'endormaient avec la satisfaction de se sentir normaux."

 

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Vendredi 17 mars 2023 5 17 /03 /Mars /2023 08:00

Louis-ferdinand CELINE, "Londres"

Deuxième volet des inédits de Céline ( Editions Gallimard, 557 pages) Londres est la suite logique de "Guerre". On y retrouve Ferdinand qui a suivi Angèle à Londres, sans doute vers 1915. Angèle y est logée et entretenue par le Major Purcell, un de ses clients-amants. Ferdinand mène une existence semi-clandestine en compagnie d'autres éclopés et rescapés de la "Grande guerre" qui fait rage sur le continent. Comme dans "Guerre", la chronique de ce séjour londonien est jalonnée d'épisodes érotiques voire pornographiques au vocabulaire "fleuri". En voici trois extraits.

Extrait n° 1 : chapitre 2, pages 104 à 107. Avec Angèle, pendant l'absence de Purcell parti pour 3 jours en voyage d'affaires 

" C'était une belle fille à regarder, même de tête. Ses lèvres étaient un peu grosses, elles donnaient contre le pâle des joues, un vrai poids en plus de tendresse et de grâce, de sang offert, de carmin prêt à éclater, qu'on morde. Ça me faisait plus tenir de la regarder. J'apercevais les contrastes entre les fesses et sa figure, c'est un des trucs les plus bandants chez les femmes, vous avez remarqué ? Une brutale naissance de la cuisse bien pulpeuse, bien énorme, un vrai dada, du percheron, mais un petit nez menu tout ciselé transparent, une figure des traits qui brise, déforme, du vrai pastel, dans la même rombière, c'est l'Amour. (...) J'ai cru comprendre qu'il (Purcell) exigeait des trucs spéciaux. Je m'en serais douté. Je l'embrassais fort Angèle pour tout connaître ; qu'elle m'en dise, qu'elle dise tout. Elle se faisait prier. Elle se prétendait des hontes. Et puis elle finissait par m'en dire un peu. Je l'ai bien sucée, j'étais jaloux, j'ai tout bu d'elle, j'aurais pu lui vider son ventre, tellement qu'il y avait de secrets au fond. Elle en est restée toute blême sur le plumard."

Londres george grosz 1

Extrait n° 2 : chapitre 7, page 235. Portrait de Hortense, une des prostituées françaises qui vendaient leurs charmes à Londres.

" Hortense avait une motte magnifique, faut dire, Gustave Bon-Argent son homme il se réchauffait les mains dedans devant tout le monde, et comme derrière alors quelque chose de dur, de large et de somptueux, un vrai lit de milieu. Une bouche pulpeuse avec ça, je me souviens, pour manger tout, et même un liseré de moustache au-dessus. Une espèce de double femme en tout. Elle devait avoir deux ou trois cœurs."

Extrait n° 3 : Chapitre 15, pages 378 à 379. Voyeur, Ferdinand assiste à une scène où Angèle et sa jeune sœur Sophie sont avec un docker anglais qu'elle a raccolé. 

" Je monte l'escalier. Elle a bien laissé la porte ouverte Sophie comme elle avait dit. J'écoute. je me rapproche encore. Ils doivent être passés dans la chambre. Je peux m'avancer encore. J'y suis. Je peux voir dans le salon. Je referme même un peu la porte, j'ai juste la place pour regarder.

Là. Je suis bien. Je me sors la bite un peu. J'aime ça le voyeur moi. Elle aime la pleine lumière Angèle. Comme tous les gens qui sont nés bien pauvres. Elle a tout allumé. Le docker il est costaud quand il enlève sa veste. Les deux mômes sont en déshabillé mousseline. Angèle j'y reconnais la petite grimace entre le nez et la bouche, qu'elle fait quand elle mouille, comme excédée qu'elle en est... on dirait qu'elle va tout mordre... Elle est debout là, près du pajot. Le mec il est sur un pouf tout ahuri par les lumières, à poil jusqu'à la ceinture. Elle a pas voulu qu'il se lave. Elle veut se l'envoyer comme ça. 

Je me la touche moi, mais je veux pas jouir encore. C'est tout inconnu, ça vous tiraille le sexe, ce qui se passe. Je me réserve, je veux tout voir, bien regarder.

La Sophie elle jette un œil de mon côté. Elle me voit pas mais elle me sent là. Elle est bien ballottée quand même aussi Sophie. Elle a plus de fesse qu'Angèle, c'est pas lourd mais c'est plus jeune, mais elle a pas d'idées Sophie. Je serais pas surpris qu'elle trouve ça tout à fait ennuyeux. C'est une sentimentale plutôt. On verra. Mais l'Angèle alors c'est en transe qu'elle se met, à voir le docker sur le tabouret qu'ose même plus enlever son pantalon. Elle parle un drôle d'anglais même pour le stimuler davantage.

– Vous n'êtes pas un homme donc ? qu'elle lui demande. Vous avez peur des femmes alors ? qu'elle lui fait. Montre-moi ces grosses couilles, dis, montre-moi.

Angèle se rapproche encore de lui. Elle lui fonce dans le pantalon. Elle se met des couilles plein la main. Elle est bien excitante comme ça, on peut pas dire, quand elle s'emporte. (mais le docker prend peur, perd ses moyens et Angèle le congédie brutalement. Agacée, elle s'en prend alors à Sophie qu'elle frappe de dépit)

– Tiens charogne, qu'elle lui dit, tu te fous bien de ma gueule, hein, tu t'en fous, pas ?

L'autre plus qu'elle criait et plus qu'elle essayait de se débattre et plus qu'elle se faisait dérouiller, mais alors sérieusement. C'était une douce Sophie, au fond. Elle a crié l'Angèle et puis elle lui a tortillé les oreilles. Qu'elle faisait plus qu'un cri la Sophie.

– Mange-moi, qu'elle la commande Angèle, mange-moi, mords en plein. Un peu plus, je t'ai dit charogne. Je t'arrache.

Alors fallait voir comment ça rendait. Elle y enfonçait la tête dans la motte. Je croyais qu'elle étouffait. Je voyais sa tête toute rouge à Sophie, qui sautillait des cuisses. Angèle après elle est retombée à râler sur le dos, sur le ventre.

Elle n'en finissait plus. l'autre, Sophie, est venue de mon côté en titubant, elle en avait marre. Elle parlait pas. Je me suis tiré doucement moi-même. Fallait que je rentre à la pension."

londres george grosz

Illustrations de George Grosz (1893-1959), artiste allemand contemporain de Louis-Ferdinand Céline (1894-1961)

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Mardi 31 janvier 2023 2 31 /01 /Jan /2023 08:00

Philippe Djian : "Sotos"

Second extrait du roman. Pages 482-484 : Mani, juste avant le dénouement du récit, est enfin parvenu à ses fins avec Marion. Il se souvient de cette première nuit d'amour.  En cadeau, elle lui a laissé sa petite culotte

" J'ai promené la culotte de Marion sur mon front, sur mes yeux, sur mes lèvres, puis je l'ai reniflée de toutes mes forces.

Elle m'a mis un doigt dans le cul. J'ai cru que ma bite allait doubler de volume et l'étouffer. Je lui caressais la fente jusqu'au coccyx avec le côté intérieur de mon pied, pendant ce temps-là. je l'ai regardée déglutir, encore arc-bouté sur mon siège, les quelques poils de ma poitrine se tortillant à l'envers. Je n'étais pas sûr de pouvoir éjaculer encore mais je bandais toujours. Je l'ai donc mise à quatre pattes, après avoir pris soin de lui renifler sa culotte à mi-cuisses et je lui ai badigeonné les tuyaux du bout de ma queue jusqu'à ce que j'obtienne une mousse onctueuse  et que son discours devienne incohérent. Comme je refusais de l'enfiler, histoire de la taquiner, elle est allée se branler contre le pied de la table, un meuble de jardin recouvert d'une substance élastique. Pour lui montrer que je n'étais pas jaloux, je me suis enduit la bite de mayonnaise, l'ai enroulée dans une tranche de jambon et suis venu m'astiquer sous ses yeux. Elle a voulu me sucer encore. Je l'ai laissée faire. Je regardais d'un œil attendri le filet de bave qui lui coulait aux lèvres. Puis je m'y suis collé à mon tour. Je me demandais si elle allait me pisser dans la bouche. Je sentais mes cheveux soudés par paquets sur mon front, mon visage tout entier dégoulinant d'une espèce de blanc d'œuf. Elle m'a tenu la figure entre ses mains pendant que je l'embrassais et lui en mettais quelques coups dans le cul. Ensuite, il a fallu qu'elle serre les jambes pour que nous puissions baiser, sinon ça dérapait dans tous les sens. J'aurais pu y passer mon poing. Et puis c'est revenu comme par miracle. On ne s'y attendait pas. Elle avait placé un oreiller derrière sa tête et je lui présentais de nouveau ma bite. C'était pourtant un moment assez calme. Mais elle la prenait à peine en main, tendait juste les lèvres quand j'ai senti un spasme éclairer tout mon corps. Je lui ai arrosé proprement toute la face. Et elle souriait encore que de petits jets continuaient de lui goutter sur le ventre."

djian sotos2

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Vendredi 27 janvier 2023 5 27 /01 /Jan /2023 08:00

Sotos est un roman  de Philippe Djian paru en 1993 aux Editions Gallimard, disponible dans la collection Folio n° 2708 (490 pages)

Le roman qui se déroule en Espagne, à travers deux générations, a pour fil conducteur les conflits familiaux qui opposent Victor Sarramanga, le patriarche omnipotent,  tyranique, féru de tauromachie, et ses rivaux incarnés par son gendre Vito et son petit-fils Mani.

Extrait n° 1 : pages 77-78.  À la plage, Mani qui a 18 ans fantasme sur Marion, une amie de sa mère.

" Nous étions à la Pointe-du-Rat, sur une petite plage déserte, à une demi-heure de route. L'idée était d'aller déjeuner sur la plage, ce que je détestais, mais Marion était là et elle n'avait eu qu'un mot à dire pour me décider – je ne la cherchais plus mais elle savait où me trouver si jamais elle pensait à quelque chose. Néanmoins, je ne me berçais pas d'illusions pour autant, je connaissais le danger qu'il y avait à interpréter le moindre regard qu'elle posait sur moi. Elle arborait toutefois de ces minuscules maillots de bains que je pourrais m'enfoncer dans les yeux, en désespoir de cause, et je n'avais rien de mieux à me proposer dans les heures qui suivaient. (...)

Je souffrais en silence, écorché vif derrière le verre de mes lunettes, les plus grandes, les plus solides, les plus sombres de ma collection. J'étais cloué au sol, le souffle court, suffisamment tourné vers l'océan pour sonner le change, mais le regard tordu dans sa direction, un bras replié sous ma pauvre tête. J'étais au supplice car –  comment dire ? – elle m'apparaissait plus nue que nue et sous plus de lumière que je n'aurais jamais osé l'espérer. Serais-je parvenu à mes fins, en cette triste soirée d'octobre *, que je n'aurais jamais pu l'examiner aussi bien. Je pouvais presque distinguer les pores de sa peau. Le moindre duvet, le détail le plus infime n'étaient en état de m'échapper. L'œil rivé au fond du V de ses cuisses, je mourais, mes bras et mes jambes tombaient en morceaux, je mourais, l'esprit tourmenté par la seule question qui valait à l'instant de mon dernier souffle : était-ce de l'eau de mer qui tardait à s'évaporer ou mon supplice qui lui mouillait la fente ? Je mourais, j'allais me jeter à l'eau toutes les cinq minutes puis reprenais ma place, m'étendais de nouveau pour mourir."

* Référence à une première tentative de Mani pour séduire Marion.

djian-sotos


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Vendredi 13 janvier 2023 5 13 /01 /Jan /2023 08:00

"I heard love is blind", chanson de Amy Winehouse (2003)

Traduction des paroles 

Titre : "J'ai entendu dire que l'amour est aveugle"

"Je n'ai pas pu lui résister

Ses yeux étaient comme les tiens

Ses cheveux avaient exactement les mêmes reflets marrons

Il n'était pas aussi grand, mais je ne pourrais pas bien te dire

Il faisait noir et j'étais allongée.

Tu es tout pour moi, il ne signifie rien !

Je n'arrive même plus à me souvenir de son nom.

Pourquoi es-tu si énervé ?

Chéri, tu n'étais pas là et j'ai pensé à toi quand j'ai joui.

À quoi t'attendais-tu ?

Tu m'as laissée seule ici. J'avais trop bu et j'avais besoin d'être caressée.

Ne te fâche pas, j'ai fait comme si c'était toi,

Tu ne voudrais pas que je me sente seule.

Comment pourrais-je t'expliquer pour que tu comprennes ?

Je ne l'ai même pas laissé tenir ma main !

Mais il te ressemblait, je suppose qu'il te ressemblait. 

Non, ce n'était pas toi 

Mais tu peux me faire confiance, ce n'est pas de l'infidélité :

Je ne t'ai pas trompé, tu étais dans mes pensées.

Oui il te ressemblait

Mais j'ai entendu dire que l'amour est aveugle."

Avec sincérité, Amy Winehouse (1983 -2011) nous livre sa vision sans filtre de l'adultère qu'elle commentera dans une interview pour The Observer : " Je crois au sexe ordinaire. Je sais que c'est moche de trouver que c'est pas grave de tromper quelqu'un. Mais c'est comme fumer un joint.". Quelques années plus tard, en 2008, alors que son couple avec Blake Fielder-Civil battait sérieusement de l'aile, elle confiait au Sunday Times : " Je connais tellement d'hommes avec qui je préférerais avoir du sexe pendant deux heures plutôt que d'avoir à parler deux minutes.

amy whinehouse


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Vendredi 6 janvier 2023 5 06 /01 /Jan /2023 08:00

Philip ROTH, "Indignation", roman paru aux USA en 2008, et en France aux éditions Gallimard en 2010, dans la collection "Du monde entier" (196 pages). Traduction de l'anglais par Marie-Claire Pasquier

1951. Marcus Messmer, âgé de 19 ans, pousuit ses études universitaires dans l'Ohio, loin du New-Jersey où habite sa famille pour échapper à l'emprise de son père. Alors que plane la menace de l'enrôlement pour la guerre de Corée, Marcus va découvrir la liberté et l'amour.

Extrait pages 54-55. Marcus a invité Olivia (une copine d'université) au restaurant. Pour l'occasion, Elwyn, son colocataire de chambre universitaire, lui a prêté sa voiture, une Tourin Sedan La-Salle noire datant de 1940.

" Après le dîner, on est repartis en voiture et je suis allé me garer, en dehors du campus, à la sortie de la ville, sur la route qui longeait le cimetière minicipal. Il était déjà un peu plus de huit heures et il me restait moins d'une heure pour la ramener à sa résidence afin qu'elle soit rentrée avant que les portes ne soient verrouillées pour la nuit. Je ne voyais pas d'autre endroit où me garer, même si j'avais peur que la voiture de police qui patrouillait dans l'allée derrière l'auberge ne s'arrête derrière la voiture d'Elwyn, tous phares allumés, et que l'un des flics ne sorte de la voiture pour venir brandir une lampe-torche à l'intérieur et demander à Olivia : " Tout va bien, mademoiselle ? " C'est ce que disaient les flics quand ils faisaient ça, et à Winesburg, ils le faisaient tout le temps.

Mon principal souci était donc les flics, et l'heure tardive - huit heures dix - quand je coupai le contact de la La-Salle et me tournai pour l'embrasser. Sans opposer de résistance, elle me rendit mon baiser. Je m'exhortai intérieurement : " Ne t'expose pas à un refus, arrête-toi là." Mais cet avis était stupide, ce que confirma mon érection. Je glissai doucement ma main sous sa veste et déboutonnai son chemisier, et j'avançai mes doigts jusqu'à son soutien-gorge. En réaction à la caresse à travers le tissu du bonnet, elle ouvrit plus grand la bouche et continua à m'embrasser, avec cette fois la titillation supplémentaire procurée par l'activité de sa langue. J'étais seul dans une voiture sur une route non éclairée avec ma main qui explorait l'intérieur du chemisier d'une fille et sa langue à elle qui explorait l'intérieur de ma bouche, cette même langue qui habitait toute seule le fond obscur de sa bouche et qui semblait maintenant le moins chaste des organes. Jusqu'à cet instant, je n'avais jamais connu la présence d'une autre langue que la mienne dans ma bouche. Rien que cela faillit me faire décharger. Pas besoin d'autre stimulant. Mais la rapidité avec laquelle elle m'avait permis de progresser -  et cette langue qui jaillissait , épongeait, glissait, léchait les dents, cette langue qui est comme le corps dépouillé de la peau - m'incita à entreprendre de déplacer délicatement sa main jusqu'à l'entrejambe de mon pantalon. Là non plus, je ne rencontrai pas de résistance. Victoire sans combat."

En illustration, la photo de la jaquette du roman

roth indignation

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Mardi 13 décembre 2022 2 13 /12 /Déc /2022 08:00

Lucía Etxebarría, "Beatriz et les corps célestes", roman paru en 1998 (titre original "Beatriz y los corpos celestes", texte traduit de l'espagnol par Alexandra Carrasco ). Edité en France en 2001 chez Denoël, disponible en collection 10/18, domaine étranger n° 3401, 317 pages.

Rappel : j'ai déjà consacré des articles à des précédents livres de Lucia Etxebarria 

Lucia ETXEBARRIA, "Un miracle en équilibre"

Lucia Etxeberria, "De l'amour et autres mensonges"

Un magnifique roman où la jeune Beatriz, la narratrice, erre entre Madrid et Edimbourg, à la recherche de sa liberté de femme et de son identité sexuelle. Au fil des chapitres, au rythme effréné des soirées défonce (coke, héroïne, ecstasy, alcool et médocs...) on l'accompagne dans ses rencontres et ses amours... Il y a Mónica, le grand amour d'enfance, puis Caitlin, sa colocataire écossaise, et Ralph, son premier amant... ...

Extrait page 175-176 : Madrid. Beatriz et Mónica se sont enfermées dans les toilettes d'une boîte de nuit pour sniffer une ligne de coke

" Le cabinet était très exigu et cela nous obligeait à rester tout près l'une de l'autre, nous touchant presque. J'étais plus grande que Mónica, mais ce soir-là nos regards étaient à la même hauteur car elle portait des sandales à semelles compensées.

− Tu  sais quoi, Betty ? T'es belle, avec ces mèches. Ça m'étonne pas que Chano ait flashé sur toi..., me dit-elle tout en prenant une de mes mèches blanches et en l'enroulant autour de ses doigts. Puis elle rapprocha mon visage du sien en tirant sur la mèche, au point que nos nez se touchèrent et que nos bouches se trouvèrent à quelques millimètres l'une de l'autre. À cette distance, j'avais l'impression que Mónica avait quatre yeux, quatre billes noires au centre desquelles trônait une petite ampoule qui les éclairait. Je restai immobile, elle pencha légèrement la tête pour que nos lèvres s'effleurent mais elle me laissa la responsabilité du geste décisif. Je pinçai les lèvres et l'embrassai. Ce fut un baiser très chaste, en vérité, un léger contact des lèvres. Alors elle m'embrassa encore, cette  fois en caressant ma lèvre inférieure avec sa langue. Je reculai et m'appuyai sur le lavabo, puis je restai là à attendre, les yeux grand ouverts. Elle s'approcha à nouveau de moi et je sentis ses lèvres charnues, chaudes et dures contre les miennes. Un frisson me parcourut et je m'appuyai un peu plus fermement pour la stopper. Mon cœur était si heureux que j'avais l'impression qu'il ne m'appartenait plus. Mes lèvres s'ouvrirent doucement comme une fleur saluant l'aube. Elle s'activa et sa langue aussi. Elle devint pressante, habile. Trop habile. Je me défis de son étreinte, haletante.

− Que va penser Coco (le compagnon de Mónica) ? articulai-je en un murmure héroïque. Dans mon esprit, Coco était le seul obstacle qui nous empêchait de céder à l'inéluctable.

Pour toute réponse, elle me saisit au cou et me ramena contre elle. Si incroyable que cela paraisse, je n'avais jamais embrassé sur la bouche. Elle le savait, j'en suis certaine. J'ignore si elle savait aussi que je l'avais embrassée de nombreuses fois dans mes rêves. Je ne sais si elle jouait avec moi, si elle s'amusait comme le chat qui feint de relâcher la souris juste avant de l'achever. Je ne sais si elle était cruelle ou simplement inconsciente. Je ne sais pas, je ne sais pas... Aujourd'hui, je n'ai toujours pas la réponse." 

beatriz


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Mardi 29 novembre 2022 2 29 /11 /Nov /2022 08:00

"Rencontres ferroviaires" est un recueil de 6 nouvelles érotiques paru en 1999 aux éditions Fayard. Disponible dans la collection Livre de poche n° 15060 (121 pages)

Les 6 nouvelles correspondent aux 6 gares parisiennes, points de départ des récits de voyage. 

Extrait de la nouvelle " Gare Saint-Lazare ou le Galet de Dieppe"(17 pages) La passagère effectue le trajet Paris-Dieppe ( les deux illustrations qui accompagnent cet extrait ne correspondent pas littéralement au texte mais en ont l'esprit ferroviaire )

" Envie d'une cigarette. Elle se dirige vers le compartiment "fumeurs". Au fond, un jeune homme noir dort, lové sur lui-même. Ailleurs, un barbu pianote sur son ordinateur, un cigarillo éteint entre les lèvres. Elle ôte ses chaussures, allonge les jambes sur le siège qui lui fait face, et allume sa cigarette. Elle fume, les yeux clos, bercée par le brimbalement du train. Sa cigarette à demi consumée, elle l'écrase dans le cendrier de l'accoudoir. Puis referme les yeux. Peu à peu, une douce et chaude torpeur l'envahit.

Quelqu'un a dû s'asseoir auprès d'elle : émane de l'inconnu un parfum sucré qui lui rappelle l'odeur des marchés africains qu'elle a connus dans son enfance. Elle soupire.

– Vous permettez ?

Elle entrouve les yeux pour voir le barbu à l'ordinateur s'installer en face d'elle. Quand elle va pour retirer ses pieds, il les retient d'une main brûlante et les place entre ses jambes écartées.

– Cela ne me gêne pas du tout.

Moi non plus, pense-t-elle tout en remarquant que son vis-à-vis porte un pantalon de velours côtelé bleu marine. 

deforges train 2

À nouveau, elle ferme les yeux. Le parfum sucré se fait plus présent. Un souffle tiède caresse son cou, des lèvres épaisses se posent sur sa peau, l'aspirent. Une main glisse sous son pull, s'empare de son sein, le presse, pince le mamelon, l'étire. Les doigts tordent la pointe érigée... ses hanches ondulent. Elle gémit. L'homme se saisit de l'autre sein qui, à son tour, durcit sous la caresse.

En face, le barbu déplace ses pieds, les pose sur la protubérance qui tend son pantalon ; leurs plantes épousent d'emblée la forme de son sexe. L'homme leur imprime un mouvement de va-et-vient.

Le Noir a maintenant soulevé le pull et happe avec sa bouche les mamelons durcis, douloureux, qu'il mordille de plus en plus fort. D'une main, il écarte la culotte mouillée et se glisse dans la fente ouverte. Elle retient un cri, se cambre. Il accélère le mouvement, sans lâcher la pointe du sein dans laquelle ses dents s'incrustent. De douleur et de plaisir, elle geint. Ses jambes s'écartent. Le barbu a sorti un long sexe qu'il actionne tout en fixant la main noire qui s'affaire entre les cuisses blanches. Un long jet de sperme les atteint à l'instant précis où elle-même jouit dans un long râle.

Quelques instants plus tard, cependant qu'elle regagne sa place après avoir remis un peu d'ordre dans sa tenue, elle constate que les deux hommes ont quitté le compartiment.

Le train entre en gare de Dieppe."

deforges train

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Vendredi 18 novembre 2022 5 18 /11 /Nov /2022 08:00

Petit recueil de 8 nouvelles érotiques (127 pages) de la Collection Charme du magazine féminin Nous Deux, paru en 2021. Les récits sont un mélange de littérature de gare et de romans à l'eau de rose dans le genre collection Harlequin. 

Je vous ai néanmoins déniché un  court extrait de la nouvelle "La fièvre de l'amour" d'une certaine Peggy Rumey.

Pages 85-86 : confession de Pauline

" J'étais au téléphone avec Mathieu. on venait de se rabibocher. On se dispute beaucoup ces derniers mois. Notre complicité d'autrefois a disparu. Je suis à un moment de ma vie où je me pose des questions sur mes envies. Les enfants grandissent. Ils sont encore petits mais je n'ai plus de bébé à la maison. Je déprime, en fait. Julie, elle, semble épanouie. Elle a un travail, ce que je n'ai jamais eu. J'aide parfois à tenir la caisse dans la chocolaterie d'une amie. Surtout à Pâques et à Noël, pour les extras. C'est plus pour dépanner que pour travailler. Mathieu n'aime pas me savoir derrière le comptoir. Il ne le reconnaîtra pas, mais il est excessivement jaloux. Jaloux ! Malgré l'attention qu'il me porte chaque jour, il n'a plus de désir pour moi depuis des mois. Il est fatigué, ce n'est jamais le bon moment. Autrefois, nous avions une vie sexuelle épanouie. Mathieu m'a même initiée à quelques pratiques dont je n'aurais jamais eu l'idée avant de le rencontrer. Mon corps était comme en friche. Alors parfois, seule, chez moi, je me rends sur Internet et je consulte des sites pornographiques. Je ne sais plus comment ça a commencé, mais j'aime de plus en plus me caresser sous la douche ou même parfois dans le salon, avec la peur que quelqu'un survienne. La peur ou l'envie, je ne sais pas. Je peux me caresser ainsi plusieurs fois par jour, en regardant des vidéos. C'était justement l'objet de notre dispute ce matin-là. Mathieu m'avait surprise, la nuit précédente, dans le salon, en train de me caresser devant une vidéo.

– Mais qu'est-ce que tu fais ? m'a-t-il demandé.

J'ai pensé que ça pourrait l'exciter. Au contraire, il s'est tout de suite énervé.

 – Mais tu es une perverse !"

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Vendredi 28 octobre 2022 5 28 /10 /Oct /2022 08:00

Louis-Ferdinand Céline : "Guerre" (184 pages), texte inédit paru en 2022 aux Editions Gallimard

Le manuscrit original qui date de 1934 avait été perdu. Il constitue l'ébauche d'un roman qui ne vit jamais le jour. Comme son titre l'indique, toute l'action de ce premier volume des inédits de Céline se déroule lors de la Première guerre mondiale, à l'arrière du front, dans les Flandres, dans la ville imaginaire de Peurdu-sur-la-Lys, là où cohabitent les blessés en convalescence, les troupes en permission et toute une faune d'aigrefins, de professionnelles du sexe et de profiteurs de guerre.

Je vous recommande la lecture de cet ouvrage, où on retrouve l'incroyable talent littéraire d'un Céline pas encore perverti pas l'antisémitsme et le racisme. 

Ferdinand, le narrateur, s'est lié d'amitié avec un certain Cascade, tire-au-flanc qui est aussi le mac d'Angèle, jeune femme de petite vertu. Voici deux extraits où apparaît le personnage d'Angèle:

pages 87-88 : premier portrait

"La voilà donc ici débarquée son Angèle sans avertir un matin dans la salle Saint-Gonzef. Il (Cascade) m'avait pas menti, elle était bandatoire de naissance. Elle vous portait le feu dans la bite au premier regard, au premier geste. (...) 

– Tu vois Ferdinand je t'ai pas menti, quand elle partira tu regarderas ses fesses, en partant pour chez les troufions elle provoquera des mutineries, je te l'ai bien dit, elle brûle... Va ma gosse. Tu vas chercher les arcardes... le café de l'Hyperbole. Tu demanderas Destinée la boniche, je l'ai prévenue. Tu vas demeurer chez elle... (...)

Moi j'en revenais pas pour l'Angèle, gâteux et tout comme j'étais. J'y aurais sucé le dedans des cuisses. j'aurais payé n'importe quoi si j'avais eu des fonds. Il m'observait Cascade. Il se marrait.

– T'échauffe pas Loulou. Si t'es un pote quand tu rebanderas je te la ferai tringler la mignonne et je veux qu'elle reluise, émue comme pour un officier. Tu vois que je peux pas faire davantage...

C'était la mode des petits corsages bien minces pour l'été. je pensais au sien, ça me faisait devant les yeux comme un voile de rêve avec les pointes des nichons..."

Page 135 : Angèle et Destinée. Les deux jeunes femmes femmes partagent la même chambre au-dessus du café où Destinée est serveuse

celine-guerre

" Elle continuait à demeurer dans la même chambre au-dessus du café avec Angèle puisque c'était arrangé comme ça. Et puis d'abord elle était bien fatiguée Destinée parce qu'elle servait de tous les alcools et des apéritifs par citernes, à elle toute seule entre les trente-cinq tables à l'Hyperbole, jusqu'à dix heures du soir depuis six heures quinze du matin qu'était l'heure réglementaire. Encore Angèle qu'était pas croyable comme pernicieuse, je l'ai su plus tard, elle trouvait moyen de la sucer quand elle rentrait chez elle et la faisait jouir des deux trois fois. Et plus que Destinée était fatiguée de servir et plus ça l'excitait Angèle de la faire reluire, et le plus difficilement, plus ça lui semblait bon. Les gens sont enragés. "

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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