Vendredi 21 avril 2023 5 21 /04 /Avr /2023 08:00

Louis-Ferdinand CELINE, "Mort à crédit" (1936)

C'est à la faveur de la récente publication des inédits, Guerre et Londres, que j'ai relu les ouvrages de Céline sagement rangés depuis des années dans ma bibliothèque personnelle. C'est ainsi que j'ai redécouvert "Mort à crédit" que j'avais lu une première fois en 1972, lors de mon cursus universitaire. L'édition en ma possession date de 1971, en Livre de poche n° 295/296 (502 pages). Il s'agit d'un texte censuré (les passages les plus obscènes étant laissés en blanc)

Néanmoins, malgré la censure, il y subsistait quelques épisodes croustillants comme cet extrait de la page 46 où Ferdinand à peine adolescent accompagne son père chez une "cliente" parisienne habitant Rue Demours pour y livrer un guéridon. À leur arrivée, Ferdinand, qui vient de se faire engueuler par son père, est en larmes :

" La femme de chambre nous accueille. Elle compatit à mon chagrin. La patronne arive en frous-frous :" Oh ! le petit méchant ! le vilain ! Il fait enrager son papa ! " Lui il savait plus où se fourrer. Il se serait planqué dans le tiroir. La cliente elle veut me consoler. Elle verse un cognac à mon père. Elle lui dit comme ça : "Mon ami, faites donc reluire la tablette ! Avec la pluie, je crains que ça tache..." La bonne lui donne un chiffon. Il se met au boulot. La dame me propose un bonbon. Je la suis dans sa chambre. La bonne vient aussi. La cliente alors elle s'allonge parmi les dentelles. Elle retrousse son peignoir brusquement, elle me montre toutes ses cuisses, des grosses, son croupion et sa motte poilue, la sauvage ! Avec ses doigts elle fouille dedans...

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" Tiens mon tout mignon !... Viens mon amour ! ... Viens me sucer là-dedans ! ..." Elle m'invite d'une voix bien douce... bien tendre... comme jamais on m'avait parlé. Elle se l'écarte, ça bave.

La bonniche, elle se tenait plus de la rigolade. C'est ça qui m'a empêché. Je me suis sauvé dans la cuisine. Je pleurais plus. Mon père il a eu un pourliche. Il osait pas le mettre dans sa poche, il le regardait. La bonniche, elle se marrait encore. " Alors, t'en veux pas ? " qu'elle lui faisait. Il a bondi dans l'escalier. Il m'oubliait. Je courais après lui dans la rue. Je l'appelais dans l'Avenue. " Papa ! Papa !" Place des Ternes je l'ai rattrapé. On s'est assis. Il faisait froid. Il m'embrassait pas souvent. Il me serrait la main.

" Oui mon petit ! ... Oui mon petit !..." qu'il se répétait comme ça à lui-même... fixe devant lui... Il avait du cœur au fond. Moi aussi j'avais du cœur. La vie c'est pas une question de cœur. On est rentré rue de Babylone directement."

MAC-1 george grosz

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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