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Vendredi 22 septembre 2023 5 22 /09 /Sep /2023 08:00

"Check-point", roman paru en 2015 aux Editions Gallimard (385 pages). Le récit a pour cadre une mission humanitaire dans la Bosnie en proie à la guerre civile en 1995. On suit cinq personnes (4 hommes et 1 femme) qui conduisent un convoi de deux camions chargés de matériel médical. A priori, ce n'est pas dans ce genre de roman que l'on s'attend à trouver des scènes de sexe, et pourtant...

Extrait page 199 : Lors d'une étape pour la nuit, Maud et Marc se trouvent seuls, en tête à tête, dans le froid de l'hiver...

" Ils s'étaient arrêtés et elle s'était plantée devant lui. Leurs visages étaient proches. Elle sentait son souffle. Elle entrouvrit les lèvres et il les prit.

Il la serrait fort contre lui et elle suivait avec des mains impatientes le relief de ses muscles qui affleuraient sous sa chemise de laine. Leurs baisers étaient violents, avides, comme s'ils avaient trouvé dans ce corps-à-corps le moyen d'exprimer toute la révolte et toute la passion, toute la rage et tout le désespoir dont, un instant plus tôt, ils étaient silencieusement dévorés.

– Viens, murmura-t-il, en se détachant d'elle et en l'entraînant par la main.

Ils revinrent sur leurs pas, qui étaient inscrits dans la neige, mais leurs traces nouvelles étaient confondues, car ils marchaient en tenant leurs corps serrés l'un contre l'autre. Ils grimpèrent l'escalier de la terrasse en se bousculant et montèrent à l'étage du bâtiment où étaient aménagés de grands dortoirs. Il n'y avait plus aucun obstacle à leur désir, seulement la voluptueuse résistance des vêtements qu'ils se retiraient mutuellement, avec des gestes maladroits et fébriles. L'air froid du dortoir, la toile rêche du matelas et les montants de fer du lit trop étroit ne faisaient qu'accroître leur ardeur. Leur étreinte désordonnée avait l'allure d'un combat, un combat où il n'y aurait ni vainqueur ni vaincu et dont le but ultime était de ne plus former qu'un seul coprs, dressé contre la violence du monde qui l'entourait.

Maud, jamais, n'aurait voulu subir cette épreuve car elle la voyait comme une insupportable humiliation. Chez tous les garçons qui l'avaient approchée, elle sentait la même impatience à prendre le pouvoir sur elle, en lui infligeant cette blessure, et elle n'avait jamais éprouvé pour aucun d'entre eux assez d'amour pour s'y soumettre. Elle était vierge par orgueil, par défi. Mais là, dans ce lieu qu'elle n'aurait pas su nommer, dans l'inconfort d'une maison dévastée, elle accueillait sans crainte cette douleur intime, tant elle la désirait. Et l'homme qui la lui faisait connaître était comme l'instrument d'une force qui le dépassait lui-même et dont elle désirait s'emplir. Elle sentait le sang couler d'elle et elle imaginait au grand jour la tache rutilante briller dans ce décor sinistre. Ils partageaient ce sang comme ils avaient partagé celui des femmes massacrées. mais c'était le sang de la vengeance et du combat, de la vie et du plaisir. Elle cria."

check-point

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 15 septembre 2023 5 15 /09 /Sep /2023 08:00

La seconde partie de "Ulysse" est surtout connue pour le long monologue final (ou soliloque) de Molly Bloom (l'épouse de Léopold Bloom, personnage principal du roman). Couchée aux côtés de son mari revenu de son périple dans Dublin, elle se laisse aller à une longue rêverie, décousue, ce qui explique que ce texte de 25000 mots n'ait aucune ponctuation, à l'exception du point final. Dans l'édition Folio, ce monologue va de la page 470 à la page 538. Un des plus beaux textes écrits sur la femme, ses désirs, ses fantasmes... Car à la différence de Pénélope qui avait attendu chastement Ulysse, Molly est une femme sensuelle, impatiente et surtout libre.

Extrait n° 1 : page 476

" ... j'ai allumé la lampe oui parce qu'il a dû jouir 3 ou 4 fois avec cette terrible énorme chose comme une bête rouge qu'il a je me demandais si la veine ou le comment diable ça s'appelle n'allait pas éclater quoique son nez ne soit pas tellement gros après j'ai ôté toutes mes  affaires après avoir baissé les stores  après que j'avais mis des heures à m'habiller et parfumer et peigner ça c'est comme du fer ou une espèce de pince-monseigneur qui se tient droite tout le temps il avait dû manger des huîtres quelques douzaines au moins il était vraiment en voix non jamais de toute ma vie ne n'ai senti quelqu'un qui en avait un de cette dimension pour vous faire sentir toute remplie il a dû dévorer tout un gigot après pourquoi nous sommes nous faites comme ça avec un grand trou au milieu de nous comme un Étalon qui vous enfonce ça  parce que c'est tout ce qu'ils désirent de nous avec cet œil décidé et mauvais qu'il faisait j'étais forcée de fermer à moitié les yeux pourtant il n'a pas une telle quantité de sperme quand je l'ai fait se retirer pour le faire sur moi étant donné comme c'est gros ça vaut toujours mieux au cas où il y en aurait un peu qui resterait après que je me serais lavée... "

joyce ulysse 2

Extrait n° 2 : page 494

"... ils (ses seins) étaient bien gonflés de lait pour Milly (sa fille) assez pour 2 je me demande pourquoi il disait que j'aurais pu gagner 1 livre par semaine comme nourrice c'était gonflé à bloc le matin cet étudiant qui avait si mauvaise mine qui logeait au 28 chez les Citron Penrose Street il m'a preque vue en train de me laver par la fenêtre si je ne m'étais pas vite couvert la figure avec ma serviette c'était sa façon d'étudier ce qu'ils m'ont fait souffrir pour la sevrer jusqu'à ce qu'il ait amené le docteur Brady qui m'a fait l'ordonnance à la belladone j'étais forcée de les lui faire téter ils étaient si durs il disait que c'était plus sucré et plus épais que les vaches et puis après il voulait me traire dans le thé vraiment il est renversant je trouve qu'on devrait le mettre en manchette dans les journaux si je pouvais seulement me rappeler la moitié des choses j'en ferais un livre les œuvres de Maître Poldy oui et c'était tellement plus doux la peau plus il a été 1 heure après eux j'ai vu à la pendule comme un gros bébé que j'aurais eu pendu là ils veulent tout mettre dans leur bouche tout le plaisir qu'ils peuvent tirer d'une femme je sens encore sa bouche O Seigneur il faut que je m'étire je voudrais qu'il soit ici ou quelqu'un d'autre pour me laisser aller avec et pour jouir encore comme ça je me sens toute en feu à l'intérieur ou si je pouvais rêver ça quand il m'a fait jouir la deuxème fois en me chatouillant par derrière avec son doigt j'ai joui pendant près de 5 minutes avec mes jambes autour de lui  il a fallu que je le tienne serré après O Seigneur j'avais envie de hurler toutes sortes de choses chiasse merde ou n'importe quoi..."

joyce ulysse 4

 

Extrait n° 3 : page 534

" ... je viendrai en ayant l'air plutôt gaie pas trop en chantant un petit peu de temps en temps  mi fa pieta Masetta après ça je commencerai à m'habiller pour sortir presto non son piu forte je mettrai ce que j'ai de mieux comme chemise et pantalon en le laissant bien se rincer l'œil pour faire bander sa quéquette et je ne le lui cacherai pas que si c'est ça qu'il voulait que sa femme s'est fait enfiler oui et comment jusqu'à en crever presque et pas par lui 5 ou 6 fois sans débrider voilà la trace de son sperme sur le drap propre je ne me donnerai pas la peine de l'enlever au fer chaud ça devrait le convaincre si vous n'y croyez pas tâtez mon ventre à moins que je ne le fasse se mettre là debout  et me mettre l'autre dedans j'ai bonne envie de lui raconter tout par le menu et de le lui faire faire en face de moi c'est tout ce qu'il mérite c'est entièrement sa faute si je suis une femme adultère comme le type du poulailler disait O que d'affaires si c'était tout le mal que nous faisons dans cette vallée de larmes Dieu sait que ça ne pèse pas lourd est-ce que tout le monde ne le fait pas seulement ils cachent je pense que c'est pour ça qu'une femme est censée être au monde sans quoi Il ne nous aurait pas bâties comme Il l'a fait si attirantes pour les hommes alors s'il veut embrasser mon derrière j'écarterai tout grand mon pantalon et je le lui bomberai en plein sur la figure qu'il colle sa langue dans mon trou jusqu'au fin fond pendant qu'il y est mon jouet quelque part et après je lui dirai qu'il me faut une livre ou peut-être 30 shilllings je lui dirai que j'en ai besoin pour m'acheter des dessous..."

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Mardi 5 septembre 2023 2 05 /09 /Sep /2023 08:00

Après plusieurs tentatives infructueuses, je suis enfin parvenu à lire Ulysse de James Joyce (1882-1941) dans son intégralité. Pour ce premier article, je vous propose trois courts extraits du Tome 1 de l'édition française dans la collection Folio n° 771 ( 503 pages) 

Extrait n° 1, page 333. M. Bloom vient de faire l'acquisition de quelques livres

" Il lut l'autre titre : Les douceurs du péché. Voilà plutôt son affaire. Voyons.

Il ouvrit au hasard et lut.

Tous les gros billets que lui donnait son mari étaient dépensés dans les magasins en somptueuses toilettes, en coûteuses fanfreluches. Pour lui ! Pour Raoul !

Oui. Ça va. Voyons plus loin.

Il colla sa bouche à la sienne en un lascif et volutptueux baiser tandis que sous le déshabillé ses mains cherchaient d'opulentes rondeurs.

Oui. Prenons. Et à la fin.

Vous rentrez bien tard, dit-il, la voix rauque, l'examinant d'un œil chargé de fureur et de soupçon. La splendide créature rejeta son manteau garni de zibeline, dévoilant ses épaules de reine et ses charmes houleux. Un imperceptible sourire se jouait sur ses lèvres au dessin irréprochable tandis qu'elle se tournait avec calme vers lui.

M. Bloom lut une seconde fois : La splendide créature.

Il se sentait pénétré d'une douce chaleur qui accouardissait sa chair. Une chair qui cède parmi des vêtements en désordre. Yeux qui chavirent. Les narines dilatées de M. Bloom flairaient la proie. Les fondantes onctuosités des seins (Pour lui ! pour Raoul !). Sueur acide des aisselles. Glu colle de poisson (ses charmes houleux). Pelote-moi ! Serre fort! ! Concrasée ! Fiente des lions qui sent le soufre !

 Être jeune ! Jeune ! "

joyce ulysse1

Extrait n° 2, page 351. Dans une taverne à matelots, une femme danse

" Elle danse dans un clair obscure empesté où brûlent ensemble la résine et l'ail. Un matelot à barbe rousse sirote du tafia dans un gobelet à bec et la dévore des yeux. Muette concupiscence longuement nourrie entre le ciel et l'eau. Elle danse, bat des entrechats, fait ballotter ses jambons de truie et ses hanches, et son ventre obscène sur lequel se trémousse un rubis gros comme un œuf."

Extrait n° 3, page 417. Dans un pub, M. Bloom observe Lydia, la serveuse

" Sur le manche lisse de la pompe à bière posait légèrement la main de Lydia, potelée, laissez-moi faire. Toute perdue de pitié pour le jeune Rebelle. En avant, en arrière ; en arrière, en avant ; sur le manche poli (elle sent que ses yeux à lui, mes yeux à moi, ses yeux à elle) son pouce et son index passaient pleins de pitié ; passaient et repassaient, doux contact, puis glissaient en coulant, tout doucement, jusqu'en bas, et de leur anneau plein d'onction, un bâton émaillé, frais, ferme et blanc qui point."


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Mardi 22 août 2023 2 22 /08 /Août /2023 08:00

 

Clément MAROT (1496 ? - 1544) " Robin et Margot"


Un jour, Robin vint Margot empoigner

En lui montrant l'outil de son ouvrage,

Et sur-le-champ la voulut besogner.

Mais Margot dit :" Vous me feriez outrage,

Il est trop gros et long à l'avantage.

 

– Bien, dit Robin, toute en votre fadasse

Ne le mettrai" ; et soudain il l'embrasse

Et la moitié seulement y transporte.

" Ah ! dit Margot en faisant la grimace,

Mettez-y tout ; aussi bien je suis morte."

robin et margot

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Mardi 1 août 2023 2 01 /08 /Août /2023 08:00

Ce poème de Verlaine (1844-1896) extrait du recueil "Femmes" est daté de 1890.

Tu n'es pas la plus amoureuse

De celles qui m'ont pris ma chair ;

Tu n'es pas la plus savoureuse 

De mes femmes de l'autre hiver.

 

Mais je t'adore tout de même !

D'ailleurs ton corps doux et bénin

A tout, dans son calme suprême,

De si grassement féminin,

 

De si voluptueux sans phrase

Depuis les pieds longtemps baisés

Jusqu'à ces yeux clairs purs d'extase

Mais que bien et mieux apaisés !

 

Depuis les jambes et les cuisses

Jeunettes sous la jeune peau,

À travers ton odeur d'éclisses

Et d'écrevisses fraîches, beau,

 

Mignon, discret, doux, petit Chose

À peine ombré d'un or fluet,

T'ouvrant en une apothéose

À mon désir rauque et muet,

 

Jusqu'aux jolis tétins d'infante,

De miss à peine en puberté,

Jusqu'à ta gorge triomphante

Dans sa gracile vénusté,

 

Jusqu'à ces épaules luisantes,

Jusqu'à la bouche, jusqu'au front

Naïfs aux mines innocentes

Qu'au fond les faits démentiront;

 

Jusqu'aux cheveux courts bouclés comme

Les cheveux d'un joli garçon,

Mais dont le flot nous charme, en somme,

Parmi leur apprêt sans façon.

 

En passant par la lente échine

Dodue à plaisir, jusques au

Cul somptueux, blancheur divine,

Rondeurs dignes de ton ciseau,

 

Mol Canova * ! jusqu'aux cuisses

Qu'il sied de saluer encor, 

Jusqu'aux mollets, fermes délices,

Jusqu'aux talons de rose et d'or !

 

Nos nœuds furent incoërcibles ?

Non, mais eurent leur attrait leur

Nos feux se trouvèrent terribles ?

Non, mais donnèrent leur chaleur.

 

Quant au Point, Froide ? Non pas, Fraîche.

Je dis que notre "sérieux"

Fut surtout, et je m'en pourlèche,

Une masturbation mieux,

 

Bien qu'aussi bien les prévenances

Sussent te préparer sans plus,

Comme l'on dit, d'inconvenances,

Pensionnaire qui me plus.

 

Et je te garde entre mes femmes

Du regret non sans quelque espoir

De quand peut-être nous aimâmes

Et de sans doute nous ravoir. 


Note : Antonio Canova (1757-1822) est un sculpteur vénitien qui excellait dans les nus (féminins et masculins) inspirés de la mythologie gréco-romaine

Ci-dessous, tableau de Zinaïda Serebriakova daté de 1932

Verlaine zinaida serebriakova

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Mardi 18 juillet 2023 2 18 /07 /Juil /2023 08:00

Pierre de Ronsard (1524-1584). Poème extrait du Livret de Folastries

Je te salue, ô vermeillette fente, 

Qui vivement entre ces flancs reluis ;

Je te salue, ô bienheureux pertuis

Qui rend ma vie heureusement contente !

 

C'est toi qui fais que plus ne me tourmente

L'archer volant qui causait mes ennuis ;

T'ayant tenue seulement quatre nuits

Je sens sa force en moi déjà plus lente.

 

Ô petit trou, trou mignard, trou velu,

D'un poil folet mollement crêpelu,

Qui à ton gré domptes les plus rebelles :

Tous verts galants devraient, pour t'honorer,

À beaux genoux te venir adorer,

Tenant au poing leurs flambantes chandelles !

ronsard

 


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Vendredi 16 juin 2023 5 16 /06 /Juin /2023 13:00

Journal de prison 1959 est paru aux Éditions Sarrazin en 1972. Il s'agit donc d'une œuvre posthume puisque l'auteure est décédée en 1967 à l'âge de 30 ans au cours d'une opération chirurgicale. Journal de prison 1959 (190 pages) est disponible en Livre de poche n° 3621

Extrait pages 65-66. Dans ce journal, Albertine Sarrazin parle plus d'amour que de sexualité sauf dans ce court extrait où elle aborde le passage de l'enfance à l'adolescence et, par conséquent, la masturbation.

" Enfants, nous naissons à l'émerveillement, à la faim universelle. Puis, agacée par notre naïveté qui se posa omniscience, la vie se dévêt enfin, et souvent sans contre-jour. Eh quoi ? Nous voulions du divin, on nous offre de la viande ? Pouah ! disons-nous, en nous livrant successivement aux bonnes panacées, en nous droguant au désespoir, au cynisme, à la révolte et aux demains.

Étions-nous alors sincères ou hypocrites ? Sincères, parce que si totalement jeunes, dans notre conviction de ne pas l'être – comme à présent d'ailleurs de le rester toujours. Nous n'avions pas compris que nous étions tout bonnement en train de grandir ; nous nous jurions stabilité et nous proclamions savants, alors que sournoisement nos cellules se renouvelaient de minute en minute... Et hypocrites tout de même, parce que cette chair bien haut méprisée, nous la tripotions en secret, et nos doigts impatients s'y tachaient avec délices..."

a-sarrazin

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Vendredi 28 avril 2023 5 28 /04 /Avr /2023 08:00

C'est maintenant au tour de Ferdinand de se trouver seul en "tête-à-tête" avec madame Gorloge (pages 174 à 176 de la version numérique PDF)

" Où ça que vous partez, Ferdinand ?

– Faire une petite commission... Jusqu'au boulevard... voir une cliente !

– Ah ! Vous en allez pas comme ça !... qu'elle me fait contrariée... Remontez donc un peu en haut ! ... J'ai juste deux mots à vous dire."

Ça va... Je l'accompagne... Robert file à son rendez-vous.

À peine qu'on était entrés, elle referme la lourde, elle boucle tout, en plus elle met les deux loquets... Elle me précède, elle passe dans la chambre... Elle me fait signe aussi de venir... Je me rapproche... Je me demande ce qui arrive... Elle se met à me faire des papouilles... Elle me souffle dans le nez... "Ah ! Ah ! " qu'elle me fait. Ça l'émoustille... Je la tripote un peu aussi...

" Ah ! le petit salopiaud, il paraît que tu regardes dans les trous, hein ?... Ah ! dis-moi donc que c'est pas vrai ?... "

D'une seule main comme ça en bas, elle me masse la braguette... "Je vais le dire à ta maman, moi. Oh ! là ! là ! le petit cochon !... Chéri petit cochon !..."

Elle s'en fait grincer les dents... Elle se tortille... Elle m'agrippe en plein... Elle me passe une belle langue, une bise de voyou... Moi j'y vois trente-six chandelles... Elle me force de m'asseoir à côté sur le plume... Elle se renverse... Elle retrousse d'un coup toutes ses jupes...

" Touche ! Touche donc là !" qu'elle me fait...

Je lui mets la main dans les cuisses...

" Va ! qu'elle insiste... Va ! Gros chouchou ! ... Va profond ! vas-y... Appelle-moi Louison ! Ta Louison ! mon petit dégueulasse ! Appelle-moi, dis !..."

"Oui, Louison !"... que je fais...

MAC-3-1

Elle se redresse, elle m'embrasse encore. Elle enlève tout ... Corsage... corset... liquette... Alors je la vois comme ça toute nue... la motte si volumineuse... ça s'étale partout... c'est trop... Ça me débecte quand même... Elle m'agrafe par les oreilles... elle me force à me courber, à me baisser jusqu'à sa craquouse... Elle me plie fort... elle me met le nez dedans... C'est rouge, ça bave, ça jute, j'en ai plein les yeux... Elle me fait lécher... ça remue sous la langue... ça suinte ... Ça fait comme une gueule d'un chien.

" Vas-y, mon amour ! ... Vas-y tout au fond !"

C'est elle qui me maltraite, qui me tarabuste... Je glisse moi dans la marmelade... J'ose pas trop renifler... j'ai peur de lui faire du mal... Elle se secoue comme un panier...

" Mords un peu, mon chien joli ! ... Mords dedans ! Va !" qu'elle me stimule... Elle s'en fout des crampes de ruer ! Elle pousse des petits cris-cris... Ça cocotte la merde et l'œuf dans le fond, là où je plonge... Je suis étranglé par mon col... le celluloïd... Elle me tire des décombres... Je remonte au jour.. J'ai comme un enduit dans les châsses, je suis visqueux jusqu'aux sourcils... " Va ! déshabille-toi ! qu'elle me commande, enlève-moi  tout ça ! Que je voye ton beau corps mignon ! Vite ! Vite ! Tu vas voir, mon petit coquin ! T'es donc puceau ? Dis, mon trésor ? Tu vas voir comme je vais bien t'aimer ! ... Oh ! le gros petit dégueulasse... il regardera plus par les trous ! ..."

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Elle se trémoussait tout le croupion en attendant que je m'amène !... Elle remuait tout le plumard en zig-zag... C'était une vampire... J'osais pas trop en ôter. Seulement le carcan qui me gênait le cou davantage.. Et puis mon veston et le gilet... C'est elle qui les a pendus près du lit, sur le dos de la chaise... Je voulais pas tout enlever mes frusques... comme faisait Antoine... Je savais que j'avais de ma merde au cul et les pieds bien noirs... Je me sentais moi-même... Pour éviter qu'elle insiste, je me suis relancé au plus vite, je faisais l'amoureux, je grimpe, j'étreins, je grogne... Je me mets en branle comme Antoine, mais alors beaucoup plus doucement... Je sentais mon panard qui vadrouillait tout autour... Je bafouillais dans la mousse... J'avais le gland perdu... J'osais pas y mettre les doigts.. Il  aurait fallu pourtant... Je lui perdais encore la craquette... Enfin j'ai glissé en plein dedans... Ça s'est fait tout seul... Elle m'écrasait dans ses nichons ! Elle s'emmanchait au maximum... Comme on étouffait déjà, c'était une fournaise... Elle voulait encore que j'en mette... Elle n'implorait pas pitié comme à l'autre enflure... Au contraire, elle me faisait pas grâce d'un seul coup de bélier...

" Enfonce-toi bien mon gros chouchou ! Enfonce-la, va ! Bien au fond ! Hein ! t'en as, dis, une grosse belle bite ?... Ah ! Ah ! comme tu me crèves, gros salaud ... Crève-moi bien ! Crève-moi ! Tu vas la manger ma merde ? Dis-moi oui ! Oh Oh !...Ah ! tu me défonces bien... Ma petite vache !... Mon grand petit fumier ! ... C'est bon comme ça ! Dis ? " Et hop ! Je lui foutais un coup de labour... J'en pouvais plus ! ... Je renâclais... Elle me sifflait dans la musette... J'en avais plein le blaze, en même temps que ses liches... de l'ail... du roquefort... Ils avaient bouffé de la saucisse... 

" Jouis bien, mon, petit chou ! Ah ! jouis... On va juter en même temps ! ... Dis ! tu sors pas mon trésor d'amour ! ... Tu me mets tout dedans... Va ! T'occupe pas !..." Elle se pâmait, elle prenait du gîte... Elle se retournait presque sur moi... Je sentais monter mon copeau... Je me dis au flanc... "Bagarre Mimile..." J'avais beau être dans les pommes... le temps d'un éclair... je m'arrache... Je fous tout dehors... Il lui en gicle... plein sur le bide... Je veux serrer... Je m'en remplis les deux mains. "Ah ! le petit bandit voyou !... qu'elle s'écrie... Oh ! le sale crapaud répugnant ! Viens vite ici que je te nettoie... " Elle repique au truc... Elle me saute sur le gland en goulue... Elle pompe tout... Elle se régale ! ... Elle aime ça la sauce... "Oh ! qu'il est bon ton petit foutre !" qu'elle s'exclame en plus. Elle m'en recherche tout autour des burnes... Elle fouille dans les plis... Elle fignole... Elle va se faire reluire encore... Elle se cramponne à genoux dans mes jambes, elle se crispe, elle se détend, elle est agile comme un chat avec ses grosses miches. Elle me force à retomber sur elle...

" Je vais t'enculer petit misérable ! "... qu'elle me fait mutine. Elle me fout deux doigts dans l'oignon. Elle me force, c'est la fête ! ... La salope en finira pas de la manière qu'elle est remontée ! ...

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Mardi 25 avril 2023 2 25 /04 /Avr /2023 08:00

Pages 170-171 de la version numérique en PDF (texte intégral non censuré)

 

Ferdinand, maintenant âgé de 14-15 ans, enchaîne les apprentissages chez des artisans. Le voilà rue Elzévir chez Gorloge, un bijoutier qui emploie un autre jeune apprenti nommé Robert et un ouvrier bijoutier nommé Antoine. Les trois "hommes" se retrouvent en compagnie de la maîtresse de maison alors que le patron est absent.

" La patronne est venue avec nous. Antoine s'est assis contre elle. On rigolait de les voir peloter. Il lui cherchait ses jarretelles. Il lui retroussait ses jupons. Elle ricanait comme une bique. Y avait de quoi lui foutre une pâtée tellement qu'elle était crispante... Il lui a sorti un nichon. Elle restait comme ça devant, ravie. Il nous a versé tout le fond de sa bouteille. On l'a finie avec Robert. On a liché le verre. C'était meilleur que du banyuls... Finalement tout le monde était saoul. C'était la folie des sens... Alors Antoine, il lui a retroussé toutes ses cottes, à la patronne, comme ça d'un seul coup ! Haut par-dessus tête ! ... Il s'est redressé debout aussi, et puis telle quelle, emmitouflée, il l'a repoussée dans sa chambre. Elle se marrait toujours... Elle tenait le fou rire... Ils ont refermé la lourde sur eux... Elle arrêtait pas de glousser...

Nous deux, Robert et moi, c'était le moment qu'on grimpe sur le fourneau de la cuistance pour assister au spectacle... C'était bien choisi comme perchoir... On plongeait en plein sur le page... Y avait pas d'erreur. Antoine, tout de suite, il l'a basculée à genoux, la grosse môme... Il était extrêmement brutal... Elle avait comme ça le cul en l'air... Il lui farfouillait la fente... Il trouvait pas la craquouse... Il déchirait les volants... Il déchirait tout... Et puis il s'est raccroché. Il a sorti son polard... Il s'est mis à la bourrer... Et c'était pas du simili... Jamais je l'aurais cru si sauvage. J'en revenais pas... Il grognait comme un cochon. Elle poussait des râles aussi... Et des beaucoup plus aigus à chaque fois qu'il fonçait... C'est vrai ce que Robert m'avait dit à propos de ses fesses, à elle... Maintenant on les voyait bien... Toutes rouges... énormes, écarlates !

MAC-2 george grosz

Le pantalon en fin volant, il était plus que des loques... C'était tout mouillé autour... Antoine il voulait buter dur en plein dans les miches... chaque fois que ça claquait... Ils s'agitaient comme des sauvages... Il pouvait sûrement la crever de la manière qu'il s'élançait... Son falzar, il lui traînait le long des mollets jusque par terre... Sa blouse le gênait encore, il s'est dépiauté d'un seul coup... Elle est tombée à côté de nous... Il était à poil à présent... Seulement qu'il gardait ses chaussons... ceux du patron... les minets brodés...

Dans sa fougue pour l'emmancher, il a dérapé du tapis, il est allé se cogner la tronche de travers dans le barreau du lit... Il fumait comme un voleur... Il se tâtait le cassis... Il avait des bosses, il décolle... Il s'y remet, furieux. "Ah ! la salope ! alors qu'il ressaute ! Ah ! la garce ! " Il lui fout un coup de genou en plein dans les côtes ! Elle voulait se barrer, elle faisait des façons...

"Antoine ! Antoine ! jen peux plus !... Je t'en supplie, laisse-moi, mon amour ! ... Fais attention ! .... Me fais pas un môme ! ... Je suis toute trempée !..." Elle réclamait, c'était du mou ! ...

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"Ça va ! Ça va ! ma charogne ! boucle ta gueule ! Ouvre ton panier !..." Il l'écoutait pas, il la requinquait à bout de bite avec trois grandes baffes dans le buffet... Ça résonnait dur... Elle en suffoquait la garce... Elle faisait un bruit comme une forge... Je me demandais s'il allait pas la tuer ?... La finir sur place ?... Il lui filait une vache trempe en même temps qu'il la carrait. Ils en rugissaient en fauves... Elle prenait son pied... Robert il en menait pas large. On est descendus de notre tremplin. On est retrounés à l'établi. On s'est tenus peinards... On avait voulu du spectacle... On était servis !... Seulement c'était périlleux... Ils continuaient la corrida."

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Vendredi 21 avril 2023 5 21 /04 /Avr /2023 08:00

Louis-Ferdinand CELINE, "Mort à crédit" (1936)

C'est à la faveur de la récente publication des inédits, Guerre et Londres, que j'ai relu les ouvrages de Céline sagement rangés depuis des années dans ma bibliothèque personnelle. C'est ainsi que j'ai redécouvert "Mort à crédit" que j'avais lu une première fois en 1972, lors de mon cursus universitaire. L'édition en ma possession date de 1971, en Livre de poche n° 295/296 (502 pages). Il s'agit d'un texte censuré (les passages les plus obscènes étant laissés en blanc)

Néanmoins, malgré la censure, il y subsistait quelques épisodes croustillants comme cet extrait de la page 46 où Ferdinand à peine adolescent accompagne son père chez une "cliente" parisienne habitant Rue Demours pour y livrer un guéridon. À leur arrivée, Ferdinand, qui vient de se faire engueuler par son père, est en larmes :

" La femme de chambre nous accueille. Elle compatit à mon chagrin. La patronne arive en frous-frous :" Oh ! le petit méchant ! le vilain ! Il fait enrager son papa ! " Lui il savait plus où se fourrer. Il se serait planqué dans le tiroir. La cliente elle veut me consoler. Elle verse un cognac à mon père. Elle lui dit comme ça : "Mon ami, faites donc reluire la tablette ! Avec la pluie, je crains que ça tache..." La bonne lui donne un chiffon. Il se met au boulot. La dame me propose un bonbon. Je la suis dans sa chambre. La bonne vient aussi. La cliente alors elle s'allonge parmi les dentelles. Elle retrousse son peignoir brusquement, elle me montre toutes ses cuisses, des grosses, son croupion et sa motte poilue, la sauvage ! Avec ses doigts elle fouille dedans...

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" Tiens mon tout mignon !... Viens mon amour ! ... Viens me sucer là-dedans ! ..." Elle m'invite d'une voix bien douce... bien tendre... comme jamais on m'avait parlé. Elle se l'écarte, ça bave.

La bonniche, elle se tenait plus de la rigolade. C'est ça qui m'a empêché. Je me suis sauvé dans la cuisine. Je pleurais plus. Mon père il a eu un pourliche. Il osait pas le mettre dans sa poche, il le regardait. La bonniche, elle se marrait encore. " Alors, t'en veux pas ? " qu'elle lui faisait. Il a bondi dans l'escalier. Il m'oubliait. Je courais après lui dans la rue. Je l'appelais dans l'Avenue. " Papa ! Papa !" Place des Ternes je l'ai rattrapé. On s'est assis. Il faisait froid. Il m'embrassait pas souvent. Il me serrait la main.

" Oui mon petit ! ... Oui mon petit !..." qu'il se répétait comme ça à lui-même... fixe devant lui... Il avait du cœur au fond. Moi aussi j'avais du cœur. La vie c'est pas une question de cœur. On est rentré rue de Babylone directement."

MAC-1 george grosz

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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