lectures x

Vendredi 6 septembre 2024 5 06 /09 /Sep /2024 08:00

Lectures estivales # 2

"Pop love", roman paru en 1971 aux éditions Galliéra ( 313 pages)

1970 : bienvenue dans la France pompidolienne ! C'est la fin des "trente glorieuses". Mai 68 est passé par là. La jeunesse s'est libérée : sea, sex and drugs. Destination Ibiza ou l'île de Wight, on roule des joints, on prend du LSD en écoutant de la musique pop anglo-saxonne comme il se doit... On flirte beaucoup... on baise aussi, mais plus rarement.

Il se trouve que j'ai connu ces années-là. Mais je ne me suis pas reconnu dans cette jeunesse dorée et insouciante. Autant dire que ce roman "érotique" est complètement déconnecté des réalités sociales, économiques et de la géopolitique de la période comme la guerre du Vietnam. 

Extrait pages 116 à 118 : Corinne, vierge de 17 ans, connaît son premier amour avec Jean-Luc, photographe à la mode.

" Il (Jean-Luc) la prit par les épaules et la retourna contre lui. Elle noua ses bras autour de son cou et lui donna ses lèvres qu'il aurait embrassées jusqu'à la fin des temps, tant elles étaient douces et brûlantes sous son baiser. (...)

Il était déjà à côté d'elle et la reprenait dans ses bras. mais tout en l'embrassant, il caressait ses seins qui palpitaient sous sa robe, son ventre qui se creusait comme pour l'attirer plus loin. Un instant plus tard, elle put s'allonger et Jean-Luc vint à côté d'elle. Sa main vint se nicher au sommet de ses cuisses qu'elle lui ouvrait, confiante. 

Elle ne saurait dire comment il s'y prit pour la déshabiller sans le moindre heurt. Elle se laissait faire en se sentant déjà délicieusement proche d'une jouissance qu'elle voulait encore retenir. 

Ils étaient nus tous deux et, depuis bien longtemps, la nuit d'or qui s'était glissée dans la pièce n'avait admiré un couple aussi beau, si bien créé pour l'amour parfait.

Il la caressait toujours et sa main à elle avait trouvé, émerveillé, la vigueur de son corps. Ses doigts fins et gracieux apprenaient à connaître, par instinct, comment ils pouvaient lui procurer le plaisir de l'attente insupportable. Mais leurs caresses simultanées devenaient trop dangereuses...

– Viens... viens sur moi... dans moi..., dit-elle avec un soupir.

Il était déjà merveilleux de le sentir sur elle et, pourtant, il se faisait léger et la prenait avec une précaution infinie. Il entra lentement dans elle, elle s'offrait davantage et pour lui elle était douce et chaude comme la mousse au soleil.

– Je ne te fais pas mal ? demanda-t-il dans un baiser.

– Non... viens, mon amour...  viens...

Il pénétra profondément en elle. Elle ressentait bien une vive douleur, mais ce n'était rien, elle l'avait déjà oubliée sous la jouissance qui accourait, brûlant tout sur son passage.

Elle haletait, tendait son corps, résistait encore dans un suprême effort.

– Mon amour..., murmura-t-elle. Viens maintenant... viens... je...je ne peux plus attendre...

Leur passion victorieuse éclata à la même fraction de seconde comme l'orage qui déchire enfin le ciel. Cela dura une éternité, et, pourtant, c'était si court...

Ils reprirent lentement leur souffle. Il l'embrassa avec une grande tendresse. Ils se regardaient et se souriaient."

pop love

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 30 août 2024 5 30 /08 /Août /2024 08:00

À compter de ce jour, je ne mettrai en ligne qu'un article par semaine. Le blog a maintenant quasiment 17 ans et force est de reconnaître que l'enthousiasme des premières années n'est plus vraiment là. Cependant, j'ai encore pas mal de choses à partager avec vous, notamment mes découvertes littéraires et mes coups de cœur graphiques ou photographiques.

Lectures estivales # 1

Ava Weissmann, "La fiancée de personne" (228 pages), roman paru en avril 2024 aux éditions Le Tripode. Voici en guise de présentation, le début du texte de la quatrième de couverture : " C'est l'histoire d'une femme ordinaire. Enfin presque. Comment dire, il y a chez elle  une fâcheuse manie. C'est plus fort qu'elle : elle évalue chaque homme qu'elle rencontre de 1 à 10 sur une échelle de connard. Ceux qui ont le malheur de dépasser les 8, elle les met à mort illico. Le mode opératoire ? Émasculation d'un grand et grâcieux coup de mâchoires."

Extrait pages 18-19 : Comme "mise en bouche", je vous propose un passage du chapitre intitulé "XVe arrondissement". La narratrice qui attendait un taxi a été abordée par un inconnu qui s'est présentée comme réalisateur de films. Elle accepte de le suivre...

" Il t'a fait visiter son appartement. Rien à foutre de son intérieur. Pas tes affaires. Et pourquoi pas sa collection de Tupperware  ? tu t'es demandé. Un connard épouvantablement lénifiant. Mais surtout donc : miroirs dans chaque pièce. Ce mec aime se mater, même avec sa gueule. Il t'a demandé si tu portes du vernis sur les ongles des pieds ? pendant qu'il s'apprêtait à te montrer un de ses courts métrages dont tu n'avais strictement rien à carrer. Et comme tu as dit oui, il a dit enlève tes chaussures. Et tu les as enlevées. Puis une série d'ordres, à intervalles espacés mais réguliers, pendant que vous regardiez sa vidéo. Chacun commençait par enlève : ton chemisier, ta jupe, ton soutien-gorge, ton string. Et tu as obéi consciencieusement. Il était enfoncé dans un énorme fauteuil de bureau matelassé. Il t'a observée regarder sa vidéo. Que tu n'as pas vue, qui ne t'a pas intéressée. Tu n'as rien dit. Tu as plongé ton regard dans l'écran. Tu t'es laissé scruter. Puis il t'a demandé : tu mouilles ? Tu n'as rien répondu. Même position. Nouvelle demande : écarte les cuisses. Tu as écarté les cuisses. Plus grand, il a dit, et tu as écarté davantage. Il t'a regardée quelques minutes avant d'enfoncer un doigt dans ta chatte. Elle était mouillée. Il n'a pas cherché à te faire mouiller davantage. Il a enfoncé son doigt en disant c'est bien, c'est bien. Tu as maintenu ton regard rivé sur l'écran. Il a enfoncé son doigt très loin en toi, très fort et très vite, tout de suite. Ça t'a plu, eh oui. Tu dois le reconnaître, ça t'a plu. Et il a répété c'est bien, c'est bien. Après quelque temps il s'est levé devant toi. Son sexe à hauteur de ton visage. Il a ordonné : ouvre ma braguette. Ce que tu as fait. Il a fallu que tu regardes ce que tu faisais. Sors ma queure Et tu l'as sortie, sans rien dire. Puis tu as suivi ses ordres : ouvre la bouche ; lèche-toi les lèvres ; montre-moi ta langue ; regarde-moi et montre-moi ta langue. C'est là que ton regard a changé. Fini la mijaurée. Tu as planté les yeux dans les siens et sorti la langue. Tes yeux lui ont dit tu vas y passer. Et lui, il y a lu tu vas adorer. Tu l'as sucé quand il t'a dit suce. Il répétait c'est bien, c'est bien. Tu as frotté son gland sur ta langue en le regardant droit dans les yeux..."

ava weissmann

Je vous laisse le plaisir de découvrir la suite de ce roman délicieusement incorrect, à l'écriture jubilatoire... Un vrai bonheur !!!


Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 4 juin 2024 2 04 /06 /Juin /2024 08:00

 

" À moi pour toujours", 2007, dans la collection  Le Livre de Poche  n° 31077 (377 pages)

Laura KASISCHKE est une écrivaine américaine née dans le Michigan en décembre 1961. C'est dans cet état qu'elle situe le roman qui retrace une aventure extraconjugale de Sherry Saymour, mariée, mère d'un fils unique, quadragénaire de la middle class, professeur de littérature anglaise dans une université. Tout part d'un billet anonyme qu'elle découvre un matin dans sa boîte à lettres professionnelle avec juste ces mots tracés d'une écriture qu'elle ne connaît pas : "Sois à moi pour toujours" (titre original  "Be mine")

Extrait pages 70-72 : un après-midi d'hiver, alors qu'elle est seule dans sa maison, Sherry s'offre le plaisir d'une sieste. 

" Dehors, le soleil parvenait péniblement à percer les nuages lourds de neige, je baissai donc les stores. Je m'allongeai et tirai sur mon corps le couvre-lit qui se trouve au pied du lit. Je fermai les yeux, j'attendis de glisser doucement dans le sommeil, emportée par l'odeur de linge propre, la poussière de l'hiver, la chaudière, le silence d'une maison dans laquelle ne se trouve qu'une épouse et mère, quand soudain j'y repensai.

À la lettre.

Sois à moi pour toujours

J'ouvris les yeux

Sherry ( Chérie !)

Je me mis sur le côté. Puis sur le ventre et ensuite, à nouveau, sur le dos – avec ce frisson qui démarre derrière mes genoux, qui remonte comme la main d'un homme le long de mes cuisses, entre mes jambes.

Depuis quand ne m'étais-je pas masturbée ?

Des années ?

Avant notre mariage, c'était quelque chose que je faisais tous les jours. Voire deux fois par jour ! Parfois dans le bain, ou sous la douche. Systématiquement avant de m'endormir. Dans l'avion, un jour. J'allais à New York voir une amie. J'avais trois places pour moi toute seule. J'avais posé ma doudoune sur mes genoux, et comme l'avion avançait en cahotant sur la piste avant de s'élancer le nez en l'air vers le ciel, en grondant, en vibrant et en bringuebalant, de cette manière déconcertante qu'ont les avions de faire ça en quittant le sol, j'ai glissé ma main dans mon jean et me suis offert un orgasme si intense et si rapide que je me suis demandé après, inquiète, si je n'avais pas gémi dans m'en apercevoir. J'avais alors regardé autour de moi. Personne ne semblait s'être rendu compte de quoi que ce soit.

À cette époque, tout m'emplissait de désir. La vue d'un homme qui desserre sa cravate. Un couple enlacé qui marche dans la rue. Le bout de mon petit doigt entre mes dents.

En fait, je crois maintenant que c'était mon propre corps que je désirais. Même les hommes laids – ceux qui me faisaient peur, ou qui me dégoûtaient –, lorsqu'ils me regardaient en me dépassant dans la rue ou en traînant devant la caisse quand j'enregistrais leurs achats de livres ou de magazines, même ces hommes me faisaient battre le cœur plus vite.

Parfois même, quand on me regardait, le bout de mes seins se durcissait et j'étais alors toute mouillée.

J'étais folle, je crois, de moi, de moi-même. Il m'arivait de prendre un miroir à main, de le placer entre les jambes et de me regarder en train de me toucher. Je pouvais jouir en quelques secondes, ou de pouvais faire durer ça une heure, je forçais mes doigts à s'éloigner de mon clitoris et restais allongée sur mon lit, les jambes écartées – nue, pantelante, je m'amenais si près du plaisir que je devenais une fille au bord d'un précipice de jouissance, je me touchais les seins, je me léchais les doigts, et je m'autorisais enfin de plonger, le torse trempé de sueur et m'abandonnais alors violemment à l'orgasme.

Cet après-midi-là, ce fut plus lent, et mes mains, entre mes jambes, avec un peu d'imagination, devinrent celles d'un inconnu. Mais j'ai atteint un orgasme qui m'a malgré tout surprise. Une fureur bouleversante qui m'a fait monter les larmes aux yeux, comme si, en me faisant l'amour à moi-même, j'étais rendue à un amant après lequel je soupirais violemment depuis longtemps.

Lorsque je m'éveillai – lentement, avec langueur, comme une remontée agréable des profondeurs de quelque chose vers la surface –, j'allai dans la salle de bains pour me regarder, une fois encore, dans le miroir."

be mine


Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 17 mai 2024 5 17 /05 /Mai /2024 08:00

"Chevreuil" de Sébastien Gendron est un polar paru en mars 2024 chez Gallimard, nrf collection "La Noire" (342 pages) 

"Chevreuil", roman jubilatoire absolument et résolument déjanté, nous conte les aventures de Connor Rigby, sujet britannique de sa majesté, résident de Saint-Piéjac, bourgade typiquement française, représentative de la France qu'on dit "profonde". L'existence de Connor va être bouleversée par l'arrivée impromptue d'une rousse incendiaire prénommée Marceline

Extrait pages 46-47. Début du chapitre "Gras de canard", jour de l'arrivée de Marceline. 

" Quand Connor revient dans la chambre au retour des toilettes, il trouve que ça pue. L'animal triste sans doute, et ça lui donne l'impression d'entrer dans une étable alors qu'il y a un instant, il sortait d'un lit qui sentait bon tout un tas de choses, la plupart un peu crades, venant de fluides visqueux et gras, collants et déjà secs par endroits.

En fait si, ça existe les femmes qui débarquent chez vous en fin de matinée avec juste une imposante envie de baiser. Connor et elle ont eu le temps d'arriver jusqu'à la chambre, pas de fermer les volets.

– On s'en fout des volets. Fais-moi voir ta bite, plutôt.

Après, ça a été n'importe quoi et, tout le début en tout cas, à moitié habillé, les fringues à peine retroussées sur la chair. Il a voulu très vite voir ses seins. Il a tiré sur un des bonnets et ça a surgi exactement en même temps qu'elle tirait sur les boutons de son jean pour faire sortir sa queue. Elle a commencé à le branler un peu violemment. Il a voulu la calmer avant qu'elle lui déchire le frein, mais elle s'est jetée là-dessus et l'a avalé en feulant. Connor s'est littéralement agrippé à sa poitrine, arrachant le second sein au soutien-gorge, tortillant les tétons dans tous les sens quand il a compris que ça la rendait dingue, que ça lui faisait avaler son sexe encore plus profond, encore plus vite. Et il a descendu une main jusqu'à son pantalon rouge, à moitié déchiré la fermeture éclair, et il est entré là-dedans, les doigts aspirés comme dans une machine atomique. Elle lui a repeint la paume. Il a vite manqué de place alors il a lâché le sein et l'a secouée dans tous les sens pour lui retirer son pantalon trop serré. Et elle se marrait. À un moment donné, il s'est retrouvé entre ses jambes, sa main droite en elle jusqu'au poignet et elle qui hurlait à l'autre bout. Il s'est fait la réflexion hébétée qu'il n'avait jamais fait ça à aucune femme. Ils ont joui l'un sur l'autre à plusieurs reprises et dans diverses positions, sans échanger autre chose que des grognements, des soupirs et des grossièretés.Ils sont sortis à tour de rôle pour aller chercher de l'eau, se passer sous une douche froide, s'arrêter aux toilettes, mais rien que de se croiser dans le couloir suffisait à leur redonner envie. À la fin, Connor sentait que ça lui faisait même mal d'éjaculer. Il a eu le malheur de lui dire, elle l'a sucé avec tellement d'envie et de ricanements qu'il a rendu ses dernières gouttes en hurlant de douleur.

L'après-midi touche à sa fin quand il revient dans la chambre et qu'il trouve que maintenant ça pue. Marceline dort sur le dos, les jambes écartées, les seins couchés de part et d'autre de sa cage thoracique."

gendron chevreuil

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Vendredi 3 mai 2024 5 03 /05 /Mai /2024 08:00

"L'Art de perdre", roman d'Alice Zeniter, est paru en 2017 aux Édtions Flammarion ( 506 pages)

Pour résumer, il s'agit d'une grande fresque historique qui, à travers le parcours de vie de trois personnages (Ali, le grand-père, Hamid, son fils, et Naïma, la petite-fille) retrace les bouleversements de l'Algérie de 1945 à nos jours... Le récit est passionnant, émouvant... Je vous en recommande chaudement la lecture. 

Bien que le texte n'aborde que rarement la sexualité en général, il y a, de ci de là, quelques allusions voire, pour Naïma en particulier, jeune femme à la sexualité plus "libérée", des passages qui parlent ouvertement du désir

Page 369 : Naïma est au lit en compagnie de Christophe, son patron et amant, avec qui elle vient de faire l'amour

" Sur son bas-ventre, le sexe est désormais si minuscule qu'il ne dépasse plus du triangle de poils vers le nombril. Il est enfoui dans la toison, fragile, lové. Naïma ne l'aime pas beaucoup quand il est comme ça. Une des raisons pour lesquelles Christophe lui plaît, c'est que sa bite en érection lui ressemble : droite, longue, peut-être un peu trop fine. Elle ne lui plaît pas en elle-même mais dans la ressemblance qu'elle entretient avec le corps et le caractère de l'homme auquel elle est attachée. Sol (une amie de Naïma) a écrit l'année dernière un article sur la manière dont le porno a uniformisé ce que devaient être les parties génitales pour les hommes comme pour les femmes, une certaine taille, une certaine variation chromatique, des proportions fixes. Naïma pense que c'est absurde. Les hommes qui l'ont troublée ont toujours eu des queues qui leur ressemblaient – aussi leur faire l'amour paraissait-il être une continuation de dialogue."

zeniter

en illustration, un dessin signé Jean-Jacques Lequeu (1757-1826) à qui j'ai consacré en 2012 une série d'articles que je vous recommande. Voir ici le lien pour le premier de ces articles  Jean-Jacques LEQUEU # 1

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Mardi 16 avril 2024 2 16 /04 /Avr /2024 08:00

En 2005, paraissait aux Editions le Cercle mon premier roman érotique intitulé "La seconde vie de Maximilien Bémol" (n° 101 de l'édition Cercle Poche), "chronique achevée de sa merveilleuse et tragique aventure"

Pour vous donner envie de lire ce roman, je vous ai choisi un passage, pages 43 à 46 de l'édition de poche, lorsque Maximilien, petit coiffeur pour dames,  découvre pour la première fois le ventre extraordinairement touffu d'une nouvelle cliente nommée Teresa Dos Santos. Il est venu réaliser une coupe un peu particulière au domicile de Teresa :

      "Elle revint dans la cuisine, regarda longuement Maximilien avec un sourire grave, et alors qu'il s'apprêtait à ôter sa blouse blanche dont la pochette était ornée de l'entrelacs de ses initiales brodées en fil de soie émeraude, Teresa Dos Santos releva sa robe batiste et posa ses fesses nues sur la faîence de la paillasse, entre un saladier d'oranges sanguines et une rangée de bocaux aux saumures colorées.

Ce que vit alors Maximilien Bémol, ce que plus tard, dans leurs égarements post-prandiaux, il n'hésiterait pas à comparer à la place Saint-Marc un jour d'Assomption, avec ses milliers de touristes, ses pigeons mégalomanes et ses orchestres à l'ombre des arcades, ce que Teresa Dos Santos offrait ingénument au cliquetis de ses ciseaux, le plongea dans une muette béatitude si proche de l'extase qu'il sentit à peine son membre prendre la consistance du marbre et des proportions jusque-là ignorées. Donc, Maximilien Bémol se mit à bander comme un âne, et cette érection spontanée et décisive – puisqu'elle marqua comme une aiguille à midi le moment exact du début de sa nouvelle existence, bien qu'il l'ignorât à cet instant précis –  lui arracha des larmes et un soupir que Teresa Dos Santos prit pour de la compassion.

– Pensez-vous que vous pourrez faire quelque chose ? demanda-t-elle tristement sur le ton d'une malade inquiète devant le silence du médecin. J'ai bien essayé de les raser, mais ils repoussent si vite et encore plus longs... Ils m'ont déjà privée de mon mari, un homme charmant mais qui était pris de nausée dès qu'il découvrait un cheveu dans son potage... En trois années de vie commune, il ne m'a honorée que certains soirs d'hiver, lorsque son membre glacé cherchait de lui-même la chaleur d'un gant de fourrure. Et, vous vous en souvenez, ces trois hivers furent très doux, à peine égayés de pauvres gelées matinales et sans lendemain. J'espérais la neige, les anticylones massifs et persistants descendus tout droit de Sibérie... J'aurais accepté de vivre n'importe où au-delà du cercle polaire, au Groenland ou en Alaska... mais il m'a quittée pour une petite garce au ventre glabre avec qui il est parti vivre dans le Sud, là où il ne fait jamais froid. 

À ces mots, elle porta la main à sa bouche. Pour étouffer sa peine, elle se mit en devoir de ronger jusqu'à l'os ses ongles mutilés.

Elle le regardait droit dans les yeux, ignorant – ou feignant d'ignorer – la protubérance qui déformait la blouse immaculée de Maximilien, comme s'il tenait caché à la ceinture un yatagan à pommeau de bronze ou une lupara sicilienne chargée de chevrotine blanche.

Saisissant entre le pouce et l'index un peigne en écaille de tortue, aux dents serrées comme des brins de pelouse anglaise, il le passa doucement, de haut en bas, dans l'incroyable profusion de poils noirs qui recouvraient le ventre de madame Dos Santos, depuis la fontaine de son nombril jusqu'à l'entrebâillement de ses cuisses pâles, et lorsque le peigne épousa l'arrondi du mont de Vénus, il libéra des senteurs de croissant chaud qui achèvèrent de lui faire perdre la tête.
     - Sacré nom de Dieu ! grogna-t-il en lâchant le peigne et de puissantes giclées de sperme aveugle." 

En illustration, une photo volontairement un peu floue qui correspond assez bien à l'image que je me faisais de la toison pubienne de Teresa Dos Santos

maximilien bemol

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Mardi 9 avril 2024 2 09 /04 /Avr /2024 08:00

Anixa CARRIE : "Tock" (214 pages), paru en mars 2024 aux Éditions KUBIK, collection OUTRENOIR

Tock

Mon commentaire 

Elle a une vingtaine d'années, on l'appelle "Tock". Elle coche toutes les cases de l'exclusion sociale : une tignasse rousse, un papa qui se suicide, une maman qui sombre dans l'alcoolisme, une scolarité chaotique... Même son nom, Anaïs Tocsin, ne présage rien de bon. Son errance va croiser celle d'un "mauvais garçon". Je vous laisse découvrir la suite.

Écrit à la première personne, le récit d'Anixa Carrie nous immerge dans un monde parallèle, celui de la petite délinquance, des plans foireux, de l'argent qu'on croit facile, un monde où la machine judiciaire broie les individus, jusqu'à la prison où l'on se sent parfois plus en sécurité que dehors.

Un beau roman noir contemporain sur les ravages du déterminisme social.

Extrait pages 72-73. Anaïs qui vient d'avoir son bac décide qu'il est temps de perdre sa virginité. Elle va se donner à un jeune rencontré dans une soirée. Il la raccompagne en voiture. 

" On s'est garés sur le chemin. Il a éteint les phares, puis il a allumé l'ampoule du plafonnier. Il n'était ni beau ni moche. Il était celui qu'il devait être, le mec qui allait faire de moi une femme.

Je me suis tournée dans sa direction, on s'est regardés. On ne devait pas être très expressifs. On se regardait, juste. J'ai avancé mon visage vers le sien, et on s'est embrassés. Ce n'était pas spécialement désagréable. Son haleine ne puait pas. Il a glissé sa langue dans ma bouche, et c'était parti.

Je me rappelle que je portais une robe, un truc léger. Il a posé ses mains sur mes cuisses. Il m'a caressée, un peu tremblant. J'ai écarté les jambes. J'ai touché son sexe, il bandait déjà. 

– Attends ! il m'a prévenue. J'ai ce qu'il faut dans la boîte à gants.

Il a fouillé à l'intérieur, en a retiré un préservatif. On a repris les embrassades. C'est lui qui s'est occupé du préservatif. Je n'avais aucune idée de comment faire.

Quand j'écris que ça a été pénible, c'est parce que je n'avais pas super envie et que c'était dans le but de m'en débarrasser. Après, il était assez doux, pas bourrin. Il respirait fort, mais il n'était pas lourd, il faisait gaffe de ne pas m'écraser. Il prenait soin de moi.

On l'a fait sur la banquette arrière, un classique. Il bougeait au-dessus de moi. Je voyais ses yeux serrés, sa bouche entrouverte. Je m'agrippais à ses épaules. Il y a un détail qui ne m'allait pas, et dont je me rappelle distinctement, c'était la croix du Christ qu'il portait autour du cou. Elle n'en finissait pas de se balancer au rythme des coups de reins. Parfois, elle m'effleurait la figure et je ne le supportais pas, alors je lui ai dit : 

– Vire-moi ça, putain ! Vire-moi ton pendentif !

– Hein ? Quoi ? il s'est étonné, avant de comprendre et d'obéir. 

Qu'est-ce que je peux ajouter ? Je n'ai pas senti une douleur extrême. J'ai léger saigné. Je n'ai pas joui au moment où il a joui. J'ai eu moins de plaisir que lorsque je m'étais caressée. Mais c'était réglé. Je pouvais partir de ce bled sans être à côté de la plaque. C'était le but, c'était ce que je voulais."

tock 2

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Mardi 26 mars 2024 2 26 /03 /Mars /2024 08:00

Dans le roman "La négresse rousse" de Calixthe Belaya (voir article du 19 mars) l'histoire est racontée du point de vue de Mégrita, jeune fille aux cheveux roux, qui observe le comportement des villageois. 

Ainsi page 258, voici qu'une rumeur se répand concernant le Chef du village, déjà marié à Ngomo, une matronne imposante :

" On murmurait que bientôt il y aurait une nouvelle épouse, une espèce de saucisson noire et velue au corps long et maigre. Étranges, les hommes, plus ça vieillit, plus ça recherche des désirs compliqués pour arriver au plaisir."

Pour une fois, ne voulant offenser personne, je ne vous proposerai pas d'illustration pour accompagner cette citation. À chacun de vous se faire une image mentale correspondant à ce qu'en dit l'auteure : "une espèce de saucisson noire et velue au corps long et maigre"


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Mardi 19 mars 2024 2 19 /03 /Mars /2024 08:00

"La négresse rousse" est un roman de Calixthe Belaya paru en  1989 aux Éditions Belfond sous le titre "Seul le diable le savait", puis en 1997 en édition de poche J'ai lu (n°4601) sous le titre "La négresse rousse" (310 pages)

Dans le petit village de Wuel, à l'ouest du Cameroun, vit Mégrita (dite Mégri), une adolescente aux cheveux roux entourée de Dame maman (sa mère) et de ses deux pères (l'un appelé "le Pygmée", l'autre "le bon Blanc"). L'arrivée dans le village d'un homme inconnu aux étranges pouvoirs de divination, appelé "l'Étranger", va bouleverser l'ordre social établi.

Extrait pages 96-97 : Mégri est tombée sous le charme de l'Étranger qui l'entraîne dans sa case

" Je voulais l'Étranger. La nécessité de la possession amoureuse s'empara de moi.

Vertige, le contact de sa peau me saisissait. J'aurais voulu écarter, anéantir d'un coup de rasoir tout ce qui m'éloignait de sa peau : boubou, pantalon, slip. L'arracher à toutes ces pelures.

Sans grande hâte mais sans perdre de temps, l'avidité griffue dans les mains, je l'entraînai vers le lit, le regard crispé et raidi sous la tension du désir charnel. Bretelles, agrafes, fermetures, tristesses, angoisses, étoffes, toutes ces interférences furent balayées par les larmes violentes du désir.

Il m'embrassa les joues, les lèvres. Sa langue à la saveur de mangue et de tabac me fait défaillir. Lentement, ses lèvres descendent, dessinent des arabesques sur mes seins, sur mon ventre. Encouragé par mon trouble, il saisit mes jambes, l'une après l'autre, les porte sur ses épaules et s'enfonce en moi. Le contact de son membre dans ma chair m'arrache un léger cri. Honteux mais souriant, il me demande s'il m'a fait mal. Comment lui expliquer ce désir d'une intensité incommensurable qui me prend jusqu'à la douleur et dont l'effet persiste alors qu'il se trouve comblé ? Lentement, il m'éduque, il me disloque, il me réinvente. Sur nos corps, la sueur. De l'index, il déplace une goutte, sourit. Nos hanches s'épousent, s'élèvent, synchroniséees, langoureuses, flottantes comme pour arrêter l'espace et le temps. Le temps qui s'efface. L'espace aussi. La proximité du plaisir accélère nos mouvements, encense la nuit d'un doux bruissement de voix qui, bientôt, débouche sur une plage de cris et de râles. Il s'écroule sur moi tel un chêne abattu. Saisie des braises de merveille, je ferme les yeux pour relire des moments déjà perdus, presque invisibles. La lampe des souvenirs s'éclaire. Je comprends enfin qu'avant, avec Erwing (son petit ami d'enfance), c'était un jeu. Une petite fille babillait des niaiseries à un Prince immatériel en lançant gauchement vers le ciel des mots d'amour.

J'étais demeurée intacte dans l'attente du roi, celui qui dispense le salut. Allongé à mes côtés, l'Étranger a la beauté d'un statue, les muscles saillants et durs.

negresse rousse

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Vendredi 8 mars 2024 5 08 /03 /Mars /2024 08:00

"L'affaire Léon Sadorski" est un roman policier de Romain Slocombe paru en 2016 aux Éditions Robert Laffont, puis dans la collection Policier Points n° P4640 (476 pages)

Ce roman est le premier d'une série en 5 volumes qui suivent les agissements de Léon Sadorski, inspecteur spécial des RG chargé des "questions juives" dans Paris occupé. La saga couvre la période avril 1942-août 1944. Ce roman a reçu le Prix Polar libr'à nous

Extrait page 396 : Sadorski qui est marié à Yvette dont il est follement amoureux vient de se rendre compte que sa femme l'a trompé avec un officier allemand. 

" Ils (les Allemands) sont les plus forts. Nous rampons devant eux. Nous léchons leurs bottes, leur ouvrons notre cul, quémandons leurs faveurs tout liquéfiés de trouille dès qu'ils se mettent à gueuler. Ils gueulent presque toujours, du reste. Hurlent leurs ordres, Schnell, schnell, Schweinen Französichen ! Plus vite, plus vite, cochons de Français ! Crachez votre fric, pissez le sang, cédez-nous vos filles ! Cholies Françaises... Cholie lingerie... Sardoski sanglote en se rappelant son Yvette. Yvette, Yvette... Comment as-tu pu faire cela ? Permettre à ce nazi blond de te souiller, d'éjaculer son foutre germanique entre tes cuisses... Laisser la queue boche s'introduire dans la chair douce qui est, ou était, mon domaine, mon territoire... Mon refuge sacré, à moi ton Léon, ton biquet d'amour, ton petit mari, ton poulet affectionné... Sardoski pleure en répétant tout haut les sobriquets ridicules et touchants qui sont sa joie, ses secrets... qui étaient leur joie, leurs secrets. Il y avait aussi les petits jeux...Yvette le grondant, sur ordre : "Je t'interdis de jouir... Petit garnement, je t'interdis de jouir !..." Et le canon du pistolet braqué sur sa tempe... les poignets liés... l'urine de femme – l'averse bienfaisante, la pluie d'or – aspergeant son visage... Bon Dieu, en a-t-elle parlé à Albers ? "Mon mari est un peu spécial... si tu savais ce qu'il me demande..." Les paroles, les rites... Quelle honte ! Mais comment serait-il possible que tout cela n'existe plus ? Que cette intimté soit violée, annihilée, foulée sous les talons du vainqueur, du conquérant ?... C'est trop ignoble, trop insupportable..."

sadvorski

Pour accompagner cet extrait, je vous ai choisi un dessin d'époque, anonyme, sans doute réalisé par un amateur allemand, qui illustre bien les relations dominant-dominé (occupant-occupé) entre les deux communautés.  

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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