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Mardi 18 juillet 2023 2 18 /07 /Juil /2023 08:00

Pierre de Ronsard (1524-1584). Poème extrait du Livret de Folastries

Je te salue, ô vermeillette fente, 

Qui vivement entre ces flancs reluis ;

Je te salue, ô bienheureux pertuis

Qui rend ma vie heureusement contente !

 

C'est toi qui fais que plus ne me tourmente

L'archer volant qui causait mes ennuis ;

T'ayant tenue seulement quatre nuits

Je sens sa force en moi déjà plus lente.

 

Ô petit trou, trou mignard, trou velu,

D'un poil folet mollement crêpelu,

Qui à ton gré domptes les plus rebelles :

Tous verts galants devraient, pour t'honorer,

À beaux genoux te venir adorer,

Tenant au poing leurs flambantes chandelles !

ronsard

 


Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 16 juin 2023 5 16 /06 /Juin /2023 13:00

Journal de prison 1959 est paru aux Éditions Sarrazin en 1972. Il s'agit donc d'une œuvre posthume puisque l'auteure est décédée en 1967 à l'âge de 30 ans au cours d'une opération chirurgicale. Journal de prison 1959 (190 pages) est disponible en Livre de poche n° 3621

Extrait pages 65-66. Dans ce journal, Albertine Sarrazin parle plus d'amour que de sexualité sauf dans ce court extrait où elle aborde le passage de l'enfance à l'adolescence et, par conséquent, la masturbation.

" Enfants, nous naissons à l'émerveillement, à la faim universelle. Puis, agacée par notre naïveté qui se posa omniscience, la vie se dévêt enfin, et souvent sans contre-jour. Eh quoi ? Nous voulions du divin, on nous offre de la viande ? Pouah ! disons-nous, en nous livrant successivement aux bonnes panacées, en nous droguant au désespoir, au cynisme, à la révolte et aux demains.

Étions-nous alors sincères ou hypocrites ? Sincères, parce que si totalement jeunes, dans notre conviction de ne pas l'être – comme à présent d'ailleurs de le rester toujours. Nous n'avions pas compris que nous étions tout bonnement en train de grandir ; nous nous jurions stabilité et nous proclamions savants, alors que sournoisement nos cellules se renouvelaient de minute en minute... Et hypocrites tout de même, parce que cette chair bien haut méprisée, nous la tripotions en secret, et nos doigts impatients s'y tachaient avec délices..."

a-sarrazin

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 28 avril 2023 5 28 /04 /Avr /2023 08:00

C'est maintenant au tour de Ferdinand de se trouver seul en "tête-à-tête" avec madame Gorloge (pages 174 à 176 de la version numérique PDF)

" Où ça que vous partez, Ferdinand ?

– Faire une petite commission... Jusqu'au boulevard... voir une cliente !

– Ah ! Vous en allez pas comme ça !... qu'elle me fait contrariée... Remontez donc un peu en haut ! ... J'ai juste deux mots à vous dire."

Ça va... Je l'accompagne... Robert file à son rendez-vous.

À peine qu'on était entrés, elle referme la lourde, elle boucle tout, en plus elle met les deux loquets... Elle me précède, elle passe dans la chambre... Elle me fait signe aussi de venir... Je me rapproche... Je me demande ce qui arrive... Elle se met à me faire des papouilles... Elle me souffle dans le nez... "Ah ! Ah ! " qu'elle me fait. Ça l'émoustille... Je la tripote un peu aussi...

" Ah ! le petit salopiaud, il paraît que tu regardes dans les trous, hein ?... Ah ! dis-moi donc que c'est pas vrai ?... "

D'une seule main comme ça en bas, elle me masse la braguette... "Je vais le dire à ta maman, moi. Oh ! là ! là ! le petit cochon !... Chéri petit cochon !..."

Elle s'en fait grincer les dents... Elle se tortille... Elle m'agrippe en plein... Elle me passe une belle langue, une bise de voyou... Moi j'y vois trente-six chandelles... Elle me force de m'asseoir à côté sur le plume... Elle se renverse... Elle retrousse d'un coup toutes ses jupes...

" Touche ! Touche donc là !" qu'elle me fait...

Je lui mets la main dans les cuisses...

" Va ! qu'elle insiste... Va ! Gros chouchou ! ... Va profond ! vas-y... Appelle-moi Louison ! Ta Louison ! mon petit dégueulasse ! Appelle-moi, dis !..."

"Oui, Louison !"... que je fais...

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Elle se redresse, elle m'embrasse encore. Elle enlève tout ... Corsage... corset... liquette... Alors je la vois comme ça toute nue... la motte si volumineuse... ça s'étale partout... c'est trop... Ça me débecte quand même... Elle m'agrafe par les oreilles... elle me force à me courber, à me baisser jusqu'à sa craquouse... Elle me plie fort... elle me met le nez dedans... C'est rouge, ça bave, ça jute, j'en ai plein les yeux... Elle me fait lécher... ça remue sous la langue... ça suinte ... Ça fait comme une gueule d'un chien.

" Vas-y, mon amour ! ... Vas-y tout au fond !"

C'est elle qui me maltraite, qui me tarabuste... Je glisse moi dans la marmelade... J'ose pas trop renifler... j'ai peur de lui faire du mal... Elle se secoue comme un panier...

" Mords un peu, mon chien joli ! ... Mords dedans ! Va !" qu'elle me stimule... Elle s'en fout des crampes de ruer ! Elle pousse des petits cris-cris... Ça cocotte la merde et l'œuf dans le fond, là où je plonge... Je suis étranglé par mon col... le celluloïd... Elle me tire des décombres... Je remonte au jour.. J'ai comme un enduit dans les châsses, je suis visqueux jusqu'aux sourcils... " Va ! déshabille-toi ! qu'elle me commande, enlève-moi  tout ça ! Que je voye ton beau corps mignon ! Vite ! Vite ! Tu vas voir, mon petit coquin ! T'es donc puceau ? Dis, mon trésor ? Tu vas voir comme je vais bien t'aimer ! ... Oh ! le gros petit dégueulasse... il regardera plus par les trous ! ..."

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Elle se trémoussait tout le croupion en attendant que je m'amène !... Elle remuait tout le plumard en zig-zag... C'était une vampire... J'osais pas trop en ôter. Seulement le carcan qui me gênait le cou davantage.. Et puis mon veston et le gilet... C'est elle qui les a pendus près du lit, sur le dos de la chaise... Je voulais pas tout enlever mes frusques... comme faisait Antoine... Je savais que j'avais de ma merde au cul et les pieds bien noirs... Je me sentais moi-même... Pour éviter qu'elle insiste, je me suis relancé au plus vite, je faisais l'amoureux, je grimpe, j'étreins, je grogne... Je me mets en branle comme Antoine, mais alors beaucoup plus doucement... Je sentais mon panard qui vadrouillait tout autour... Je bafouillais dans la mousse... J'avais le gland perdu... J'osais pas y mettre les doigts.. Il  aurait fallu pourtant... Je lui perdais encore la craquette... Enfin j'ai glissé en plein dedans... Ça s'est fait tout seul... Elle m'écrasait dans ses nichons ! Elle s'emmanchait au maximum... Comme on étouffait déjà, c'était une fournaise... Elle voulait encore que j'en mette... Elle n'implorait pas pitié comme à l'autre enflure... Au contraire, elle me faisait pas grâce d'un seul coup de bélier...

" Enfonce-toi bien mon gros chouchou ! Enfonce-la, va ! Bien au fond ! Hein ! t'en as, dis, une grosse belle bite ?... Ah ! Ah ! comme tu me crèves, gros salaud ... Crève-moi bien ! Crève-moi ! Tu vas la manger ma merde ? Dis-moi oui ! Oh Oh !...Ah ! tu me défonces bien... Ma petite vache !... Mon grand petit fumier ! ... C'est bon comme ça ! Dis ? " Et hop ! Je lui foutais un coup de labour... J'en pouvais plus ! ... Je renâclais... Elle me sifflait dans la musette... J'en avais plein le blaze, en même temps que ses liches... de l'ail... du roquefort... Ils avaient bouffé de la saucisse... 

" Jouis bien, mon, petit chou ! Ah ! jouis... On va juter en même temps ! ... Dis ! tu sors pas mon trésor d'amour ! ... Tu me mets tout dedans... Va ! T'occupe pas !..." Elle se pâmait, elle prenait du gîte... Elle se retournait presque sur moi... Je sentais monter mon copeau... Je me dis au flanc... "Bagarre Mimile..." J'avais beau être dans les pommes... le temps d'un éclair... je m'arrache... Je fous tout dehors... Il lui en gicle... plein sur le bide... Je veux serrer... Je m'en remplis les deux mains. "Ah ! le petit bandit voyou !... qu'elle s'écrie... Oh ! le sale crapaud répugnant ! Viens vite ici que je te nettoie... " Elle repique au truc... Elle me saute sur le gland en goulue... Elle pompe tout... Elle se régale ! ... Elle aime ça la sauce... "Oh ! qu'il est bon ton petit foutre !" qu'elle s'exclame en plus. Elle m'en recherche tout autour des burnes... Elle fouille dans les plis... Elle fignole... Elle va se faire reluire encore... Elle se cramponne à genoux dans mes jambes, elle se crispe, elle se détend, elle est agile comme un chat avec ses grosses miches. Elle me force à retomber sur elle...

" Je vais t'enculer petit misérable ! "... qu'elle me fait mutine. Elle me fout deux doigts dans l'oignon. Elle me force, c'est la fête ! ... La salope en finira pas de la manière qu'elle est remontée ! ...

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Mardi 25 avril 2023 2 25 /04 /Avr /2023 08:00

Pages 170-171 de la version numérique en PDF (texte intégral non censuré)

 

Ferdinand, maintenant âgé de 14-15 ans, enchaîne les apprentissages chez des artisans. Le voilà rue Elzévir chez Gorloge, un bijoutier qui emploie un autre jeune apprenti nommé Robert et un ouvrier bijoutier nommé Antoine. Les trois "hommes" se retrouvent en compagnie de la maîtresse de maison alors que le patron est absent.

" La patronne est venue avec nous. Antoine s'est assis contre elle. On rigolait de les voir peloter. Il lui cherchait ses jarretelles. Il lui retroussait ses jupons. Elle ricanait comme une bique. Y avait de quoi lui foutre une pâtée tellement qu'elle était crispante... Il lui a sorti un nichon. Elle restait comme ça devant, ravie. Il nous a versé tout le fond de sa bouteille. On l'a finie avec Robert. On a liché le verre. C'était meilleur que du banyuls... Finalement tout le monde était saoul. C'était la folie des sens... Alors Antoine, il lui a retroussé toutes ses cottes, à la patronne, comme ça d'un seul coup ! Haut par-dessus tête ! ... Il s'est redressé debout aussi, et puis telle quelle, emmitouflée, il l'a repoussée dans sa chambre. Elle se marrait toujours... Elle tenait le fou rire... Ils ont refermé la lourde sur eux... Elle arrêtait pas de glousser...

Nous deux, Robert et moi, c'était le moment qu'on grimpe sur le fourneau de la cuistance pour assister au spectacle... C'était bien choisi comme perchoir... On plongeait en plein sur le page... Y avait pas d'erreur. Antoine, tout de suite, il l'a basculée à genoux, la grosse môme... Il était extrêmement brutal... Elle avait comme ça le cul en l'air... Il lui farfouillait la fente... Il trouvait pas la craquouse... Il déchirait les volants... Il déchirait tout... Et puis il s'est raccroché. Il a sorti son polard... Il s'est mis à la bourrer... Et c'était pas du simili... Jamais je l'aurais cru si sauvage. J'en revenais pas... Il grognait comme un cochon. Elle poussait des râles aussi... Et des beaucoup plus aigus à chaque fois qu'il fonçait... C'est vrai ce que Robert m'avait dit à propos de ses fesses, à elle... Maintenant on les voyait bien... Toutes rouges... énormes, écarlates !

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Le pantalon en fin volant, il était plus que des loques... C'était tout mouillé autour... Antoine il voulait buter dur en plein dans les miches... chaque fois que ça claquait... Ils s'agitaient comme des sauvages... Il pouvait sûrement la crever de la manière qu'il s'élançait... Son falzar, il lui traînait le long des mollets jusque par terre... Sa blouse le gênait encore, il s'est dépiauté d'un seul coup... Elle est tombée à côté de nous... Il était à poil à présent... Seulement qu'il gardait ses chaussons... ceux du patron... les minets brodés...

Dans sa fougue pour l'emmancher, il a dérapé du tapis, il est allé se cogner la tronche de travers dans le barreau du lit... Il fumait comme un voleur... Il se tâtait le cassis... Il avait des bosses, il décolle... Il s'y remet, furieux. "Ah ! la salope ! alors qu'il ressaute ! Ah ! la garce ! " Il lui fout un coup de genou en plein dans les côtes ! Elle voulait se barrer, elle faisait des façons...

"Antoine ! Antoine ! jen peux plus !... Je t'en supplie, laisse-moi, mon amour ! ... Fais attention ! .... Me fais pas un môme ! ... Je suis toute trempée !..." Elle réclamait, c'était du mou ! ...

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"Ça va ! Ça va ! ma charogne ! boucle ta gueule ! Ouvre ton panier !..." Il l'écoutait pas, il la requinquait à bout de bite avec trois grandes baffes dans le buffet... Ça résonnait dur... Elle en suffoquait la garce... Elle faisait un bruit comme une forge... Je me demandais s'il allait pas la tuer ?... La finir sur place ?... Il lui filait une vache trempe en même temps qu'il la carrait. Ils en rugissaient en fauves... Elle prenait son pied... Robert il en menait pas large. On est descendus de notre tremplin. On est retrounés à l'établi. On s'est tenus peinards... On avait voulu du spectacle... On était servis !... Seulement c'était périlleux... Ils continuaient la corrida."

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Vendredi 21 avril 2023 5 21 /04 /Avr /2023 08:00

Louis-Ferdinand CELINE, "Mort à crédit" (1936)

C'est à la faveur de la récente publication des inédits, Guerre et Londres, que j'ai relu les ouvrages de Céline sagement rangés depuis des années dans ma bibliothèque personnelle. C'est ainsi que j'ai redécouvert "Mort à crédit" que j'avais lu une première fois en 1972, lors de mon cursus universitaire. L'édition en ma possession date de 1971, en Livre de poche n° 295/296 (502 pages). Il s'agit d'un texte censuré (les passages les plus obscènes étant laissés en blanc)

Néanmoins, malgré la censure, il y subsistait quelques épisodes croustillants comme cet extrait de la page 46 où Ferdinand à peine adolescent accompagne son père chez une "cliente" parisienne habitant Rue Demours pour y livrer un guéridon. À leur arrivée, Ferdinand, qui vient de se faire engueuler par son père, est en larmes :

" La femme de chambre nous accueille. Elle compatit à mon chagrin. La patronne arive en frous-frous :" Oh ! le petit méchant ! le vilain ! Il fait enrager son papa ! " Lui il savait plus où se fourrer. Il se serait planqué dans le tiroir. La cliente elle veut me consoler. Elle verse un cognac à mon père. Elle lui dit comme ça : "Mon ami, faites donc reluire la tablette ! Avec la pluie, je crains que ça tache..." La bonne lui donne un chiffon. Il se met au boulot. La dame me propose un bonbon. Je la suis dans sa chambre. La bonne vient aussi. La cliente alors elle s'allonge parmi les dentelles. Elle retrousse son peignoir brusquement, elle me montre toutes ses cuisses, des grosses, son croupion et sa motte poilue, la sauvage ! Avec ses doigts elle fouille dedans...

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" Tiens mon tout mignon !... Viens mon amour ! ... Viens me sucer là-dedans ! ..." Elle m'invite d'une voix bien douce... bien tendre... comme jamais on m'avait parlé. Elle se l'écarte, ça bave.

La bonniche, elle se tenait plus de la rigolade. C'est ça qui m'a empêché. Je me suis sauvé dans la cuisine. Je pleurais plus. Mon père il a eu un pourliche. Il osait pas le mettre dans sa poche, il le regardait. La bonniche, elle se marrait encore. " Alors, t'en veux pas ? " qu'elle lui faisait. Il a bondi dans l'escalier. Il m'oubliait. Je courais après lui dans la rue. Je l'appelais dans l'Avenue. " Papa ! Papa !" Place des Ternes je l'ai rattrapé. On s'est assis. Il faisait froid. Il m'embrassait pas souvent. Il me serrait la main.

" Oui mon petit ! ... Oui mon petit !..." qu'il se répétait comme ça à lui-même... fixe devant lui... Il avait du cœur au fond. Moi aussi j'avais du cœur. La vie c'est pas une question de cœur. On est rentré rue de Babylone directement."

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Vendredi 7 avril 2023 5 07 /04 /Avr /2023 08:00

Annie Ernaux, "Les années" (Editions Gallimard, 2008) Disponible en collection Folio n° 5000, 254 pages.

La description de photos de l'album familial d'Annie Ernaux pose les jalons de cette autobiographie à la fois personnelle et collective. Un ouvrage remarquable de lucidité.

Extrait 1. ( page 53) Dans les années 50

" Il était écrit dans le Larousse :

onanisme : ensemble des moyens adoptés pour provoquer artificiellement la jouissance sexuelle. L'onanisme détermine souvent des accidents très graves ; aussi devra-t-on surveiller les enfants à l'approche de la puberté. Les bromures, l'hydrothérapie, la gymnastique, l'exercice, la cure d'altitude, les médications martiales et arsenicales, etc., seront tour à tour employées.

Dans le lit ou les vécés, on se masturbait sous le regard de la société entière."

Extrait 2. (pages 114-115). Après 1968

" Les hontes d'hier n'avaient plus cours. La culpabilité était moquée, nous sommes tous des judéo-chrétiens, la misère sexuelle dénoncée, peine-à-jouir l'insulte capitale. La revue Parents enseignait aux femmes frigides à se stimuler jambes écartées devant un miroir. Dans un tract distribué dans les lycées, le Dr Carpentier invitait les élèves à se masturber pour tromper l'ennui des cours. Les caresses entre adultes et enfants étaient innocentées. Tout ce qui avait été interdit, péché innommable, était conseillé. On s'habituait à voir des sexes à l'écran mais on bloquait de peur de laisser échapper son émotion quand Marlon Brando sodomisait Maria Schneider. Pour se perfectionner, on achetait le petit livre rouge, suédois, avec des photos montrant toutes les positions possibles, on allait voir Techniques de l'amour physique. On envisageait de faire l'amour à trois. Mais on avait beau faire, on ne se résolvait pas à ce qui était hier considéré comme un outrage à la pudeur, se montrer nus devant ses enfants. 

Le discours du plaisir gagnait tout. Il fallait jouir en lisant, écrivant, prenant son bain, déféquant. C'était la finalité des activités humaines."

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Extrait 3. (page 156). Les années 80

" Les cassettes vidéo réalisaient le grand rêve du cinéma à domicile. Sur l'écran du Minitel, on consultait l'annuaire et les horaires SNCF, son horoscope et les sites érotiques. Il était enfin loisible de tout faire chez soi sans rien demander à personne, regarder à la maison et sans honte des sexes et du sperme en gros plan. L'étonnement s'estompait. On oublait qu'on n'aurait jamais cru voir cela un jour. On le voyait. Et alors, rien. Seulement la satisfaction d'avoir accès en toute impunité aux plaisirs naguère défendus."

Extrait 4. (page 160). Fin des années 80

" Les couples quadragénaires regardaient les films X de Canal +. Devant les queues infatigables et les vulves rasées en gros plan, ils étaient saisis d'un désir technique, étincelle lointaine sans rapport avec le feu qui les poussait l'un vers l'autre dix ou vingt ans auparavant quand il n'avaient même pas le temps de retirer leurs chaussures. Au moment de jouir, ils disaient "je viens" comme les acteurs. Ils s'endormaient avec la satisfaction de se sentir normaux."

 

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Vendredi 17 mars 2023 5 17 /03 /Mars /2023 08:00

Louis-ferdinand CELINE, "Londres"

Deuxième volet des inédits de Céline ( Editions Gallimard, 557 pages) Londres est la suite logique de "Guerre". On y retrouve Ferdinand qui a suivi Angèle à Londres, sans doute vers 1915. Angèle y est logée et entretenue par le Major Purcell, un de ses clients-amants. Ferdinand mène une existence semi-clandestine en compagnie d'autres éclopés et rescapés de la "Grande guerre" qui fait rage sur le continent. Comme dans "Guerre", la chronique de ce séjour londonien est jalonnée d'épisodes érotiques voire pornographiques au vocabulaire "fleuri". En voici trois extraits.

Extrait n° 1 : chapitre 2, pages 104 à 107. Avec Angèle, pendant l'absence de Purcell parti pour 3 jours en voyage d'affaires 

" C'était une belle fille à regarder, même de tête. Ses lèvres étaient un peu grosses, elles donnaient contre le pâle des joues, un vrai poids en plus de tendresse et de grâce, de sang offert, de carmin prêt à éclater, qu'on morde. Ça me faisait plus tenir de la regarder. J'apercevais les contrastes entre les fesses et sa figure, c'est un des trucs les plus bandants chez les femmes, vous avez remarqué ? Une brutale naissance de la cuisse bien pulpeuse, bien énorme, un vrai dada, du percheron, mais un petit nez menu tout ciselé transparent, une figure des traits qui brise, déforme, du vrai pastel, dans la même rombière, c'est l'Amour. (...) J'ai cru comprendre qu'il (Purcell) exigeait des trucs spéciaux. Je m'en serais douté. Je l'embrassais fort Angèle pour tout connaître ; qu'elle m'en dise, qu'elle dise tout. Elle se faisait prier. Elle se prétendait des hontes. Et puis elle finissait par m'en dire un peu. Je l'ai bien sucée, j'étais jaloux, j'ai tout bu d'elle, j'aurais pu lui vider son ventre, tellement qu'il y avait de secrets au fond. Elle en est restée toute blême sur le plumard."

Londres george grosz 1

Extrait n° 2 : chapitre 7, page 235. Portrait de Hortense, une des prostituées françaises qui vendaient leurs charmes à Londres.

" Hortense avait une motte magnifique, faut dire, Gustave Bon-Argent son homme il se réchauffait les mains dedans devant tout le monde, et comme derrière alors quelque chose de dur, de large et de somptueux, un vrai lit de milieu. Une bouche pulpeuse avec ça, je me souviens, pour manger tout, et même un liseré de moustache au-dessus. Une espèce de double femme en tout. Elle devait avoir deux ou trois cœurs."

Extrait n° 3 : Chapitre 15, pages 378 à 379. Voyeur, Ferdinand assiste à une scène où Angèle et sa jeune sœur Sophie sont avec un docker anglais qu'elle a raccolé. 

" Je monte l'escalier. Elle a bien laissé la porte ouverte Sophie comme elle avait dit. J'écoute. je me rapproche encore. Ils doivent être passés dans la chambre. Je peux m'avancer encore. J'y suis. Je peux voir dans le salon. Je referme même un peu la porte, j'ai juste la place pour regarder.

Là. Je suis bien. Je me sors la bite un peu. J'aime ça le voyeur moi. Elle aime la pleine lumière Angèle. Comme tous les gens qui sont nés bien pauvres. Elle a tout allumé. Le docker il est costaud quand il enlève sa veste. Les deux mômes sont en déshabillé mousseline. Angèle j'y reconnais la petite grimace entre le nez et la bouche, qu'elle fait quand elle mouille, comme excédée qu'elle en est... on dirait qu'elle va tout mordre... Elle est debout là, près du pajot. Le mec il est sur un pouf tout ahuri par les lumières, à poil jusqu'à la ceinture. Elle a pas voulu qu'il se lave. Elle veut se l'envoyer comme ça. 

Je me la touche moi, mais je veux pas jouir encore. C'est tout inconnu, ça vous tiraille le sexe, ce qui se passe. Je me réserve, je veux tout voir, bien regarder.

La Sophie elle jette un œil de mon côté. Elle me voit pas mais elle me sent là. Elle est bien ballottée quand même aussi Sophie. Elle a plus de fesse qu'Angèle, c'est pas lourd mais c'est plus jeune, mais elle a pas d'idées Sophie. Je serais pas surpris qu'elle trouve ça tout à fait ennuyeux. C'est une sentimentale plutôt. On verra. Mais l'Angèle alors c'est en transe qu'elle se met, à voir le docker sur le tabouret qu'ose même plus enlever son pantalon. Elle parle un drôle d'anglais même pour le stimuler davantage.

– Vous n'êtes pas un homme donc ? qu'elle lui demande. Vous avez peur des femmes alors ? qu'elle lui fait. Montre-moi ces grosses couilles, dis, montre-moi.

Angèle se rapproche encore de lui. Elle lui fonce dans le pantalon. Elle se met des couilles plein la main. Elle est bien excitante comme ça, on peut pas dire, quand elle s'emporte. (mais le docker prend peur, perd ses moyens et Angèle le congédie brutalement. Agacée, elle s'en prend alors à Sophie qu'elle frappe de dépit)

– Tiens charogne, qu'elle lui dit, tu te fous bien de ma gueule, hein, tu t'en fous, pas ?

L'autre plus qu'elle criait et plus qu'elle essayait de se débattre et plus qu'elle se faisait dérouiller, mais alors sérieusement. C'était une douce Sophie, au fond. Elle a crié l'Angèle et puis elle lui a tortillé les oreilles. Qu'elle faisait plus qu'un cri la Sophie.

– Mange-moi, qu'elle la commande Angèle, mange-moi, mords en plein. Un peu plus, je t'ai dit charogne. Je t'arrache.

Alors fallait voir comment ça rendait. Elle y enfonçait la tête dans la motte. Je croyais qu'elle étouffait. Je voyais sa tête toute rouge à Sophie, qui sautillait des cuisses. Angèle après elle est retombée à râler sur le dos, sur le ventre.

Elle n'en finissait plus. l'autre, Sophie, est venue de mon côté en titubant, elle en avait marre. Elle parlait pas. Je me suis tiré doucement moi-même. Fallait que je rentre à la pension."

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Illustrations de George Grosz (1893-1959), artiste allemand contemporain de Louis-Ferdinand Céline (1894-1961)

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Mardi 31 janvier 2023 2 31 /01 /Jan /2023 08:00

Philippe Djian : "Sotos"

Second extrait du roman. Pages 482-484 : Mani, juste avant le dénouement du récit, est enfin parvenu à ses fins avec Marion. Il se souvient de cette première nuit d'amour.  En cadeau, elle lui a laissé sa petite culotte

" J'ai promené la culotte de Marion sur mon front, sur mes yeux, sur mes lèvres, puis je l'ai reniflée de toutes mes forces.

Elle m'a mis un doigt dans le cul. J'ai cru que ma bite allait doubler de volume et l'étouffer. Je lui caressais la fente jusqu'au coccyx avec le côté intérieur de mon pied, pendant ce temps-là. je l'ai regardée déglutir, encore arc-bouté sur mon siège, les quelques poils de ma poitrine se tortillant à l'envers. Je n'étais pas sûr de pouvoir éjaculer encore mais je bandais toujours. Je l'ai donc mise à quatre pattes, après avoir pris soin de lui renifler sa culotte à mi-cuisses et je lui ai badigeonné les tuyaux du bout de ma queue jusqu'à ce que j'obtienne une mousse onctueuse  et que son discours devienne incohérent. Comme je refusais de l'enfiler, histoire de la taquiner, elle est allée se branler contre le pied de la table, un meuble de jardin recouvert d'une substance élastique. Pour lui montrer que je n'étais pas jaloux, je me suis enduit la bite de mayonnaise, l'ai enroulée dans une tranche de jambon et suis venu m'astiquer sous ses yeux. Elle a voulu me sucer encore. Je l'ai laissée faire. Je regardais d'un œil attendri le filet de bave qui lui coulait aux lèvres. Puis je m'y suis collé à mon tour. Je me demandais si elle allait me pisser dans la bouche. Je sentais mes cheveux soudés par paquets sur mon front, mon visage tout entier dégoulinant d'une espèce de blanc d'œuf. Elle m'a tenu la figure entre ses mains pendant que je l'embrassais et lui en mettais quelques coups dans le cul. Ensuite, il a fallu qu'elle serre les jambes pour que nous puissions baiser, sinon ça dérapait dans tous les sens. J'aurais pu y passer mon poing. Et puis c'est revenu comme par miracle. On ne s'y attendait pas. Elle avait placé un oreiller derrière sa tête et je lui présentais de nouveau ma bite. C'était pourtant un moment assez calme. Mais elle la prenait à peine en main, tendait juste les lèvres quand j'ai senti un spasme éclairer tout mon corps. Je lui ai arrosé proprement toute la face. Et elle souriait encore que de petits jets continuaient de lui goutter sur le ventre."

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Vendredi 27 janvier 2023 5 27 /01 /Jan /2023 08:00

Sotos est un roman  de Philippe Djian paru en 1993 aux Editions Gallimard, disponible dans la collection Folio n° 2708 (490 pages)

Le roman qui se déroule en Espagne, à travers deux générations, a pour fil conducteur les conflits familiaux qui opposent Victor Sarramanga, le patriarche omnipotent,  tyranique, féru de tauromachie, et ses rivaux incarnés par son gendre Vito et son petit-fils Mani.

Extrait n° 1 : pages 77-78.  À la plage, Mani qui a 18 ans fantasme sur Marion, une amie de sa mère.

" Nous étions à la Pointe-du-Rat, sur une petite plage déserte, à une demi-heure de route. L'idée était d'aller déjeuner sur la plage, ce que je détestais, mais Marion était là et elle n'avait eu qu'un mot à dire pour me décider – je ne la cherchais plus mais elle savait où me trouver si jamais elle pensait à quelque chose. Néanmoins, je ne me berçais pas d'illusions pour autant, je connaissais le danger qu'il y avait à interpréter le moindre regard qu'elle posait sur moi. Elle arborait toutefois de ces minuscules maillots de bains que je pourrais m'enfoncer dans les yeux, en désespoir de cause, et je n'avais rien de mieux à me proposer dans les heures qui suivaient. (...)

Je souffrais en silence, écorché vif derrière le verre de mes lunettes, les plus grandes, les plus solides, les plus sombres de ma collection. J'étais cloué au sol, le souffle court, suffisamment tourné vers l'océan pour sonner le change, mais le regard tordu dans sa direction, un bras replié sous ma pauvre tête. J'étais au supplice car –  comment dire ? – elle m'apparaissait plus nue que nue et sous plus de lumière que je n'aurais jamais osé l'espérer. Serais-je parvenu à mes fins, en cette triste soirée d'octobre *, que je n'aurais jamais pu l'examiner aussi bien. Je pouvais presque distinguer les pores de sa peau. Le moindre duvet, le détail le plus infime n'étaient en état de m'échapper. L'œil rivé au fond du V de ses cuisses, je mourais, mes bras et mes jambes tombaient en morceaux, je mourais, l'esprit tourmenté par la seule question qui valait à l'instant de mon dernier souffle : était-ce de l'eau de mer qui tardait à s'évaporer ou mon supplice qui lui mouillait la fente ? Je mourais, j'allais me jeter à l'eau toutes les cinq minutes puis reprenais ma place, m'étendais de nouveau pour mourir."

* Référence à une première tentative de Mani pour séduire Marion.

djian-sotos


Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 13 janvier 2023 5 13 /01 /Jan /2023 08:00

"I heard love is blind", chanson de Amy Winehouse (2003)

Traduction des paroles 

Titre : "J'ai entendu dire que l'amour est aveugle"

"Je n'ai pas pu lui résister

Ses yeux étaient comme les tiens

Ses cheveux avaient exactement les mêmes reflets marrons

Il n'était pas aussi grand, mais je ne pourrais pas bien te dire

Il faisait noir et j'étais allongée.

Tu es tout pour moi, il ne signifie rien !

Je n'arrive même plus à me souvenir de son nom.

Pourquoi es-tu si énervé ?

Chéri, tu n'étais pas là et j'ai pensé à toi quand j'ai joui.

À quoi t'attendais-tu ?

Tu m'as laissée seule ici. J'avais trop bu et j'avais besoin d'être caressée.

Ne te fâche pas, j'ai fait comme si c'était toi,

Tu ne voudrais pas que je me sente seule.

Comment pourrais-je t'expliquer pour que tu comprennes ?

Je ne l'ai même pas laissé tenir ma main !

Mais il te ressemblait, je suppose qu'il te ressemblait. 

Non, ce n'était pas toi 

Mais tu peux me faire confiance, ce n'est pas de l'infidélité :

Je ne t'ai pas trompé, tu étais dans mes pensées.

Oui il te ressemblait

Mais j'ai entendu dire que l'amour est aveugle."

Avec sincérité, Amy Winehouse (1983 -2011) nous livre sa vision sans filtre de l'adultère qu'elle commentera dans une interview pour The Observer : " Je crois au sexe ordinaire. Je sais que c'est moche de trouver que c'est pas grave de tromper quelqu'un. Mais c'est comme fumer un joint.". Quelques années plus tard, en 2008, alors que son couple avec Blake Fielder-Civil battait sérieusement de l'aile, elle confiait au Sunday Times : " Je connais tellement d'hommes avec qui je préférerais avoir du sexe pendant deux heures plutôt que d'avoir à parler deux minutes.

amy whinehouse


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