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Anixa CARRIE : "Tock" (214 pages), paru en mars 2024 aux Éditions KUBIK, collection OUTRENOIR
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Elle a une vingtaine d'années, on l'appelle "Tock". Elle coche toutes les cases de l'exclusion sociale : une tignasse rousse, un papa qui se suicide, une maman qui sombre dans l'alcoolisme, une scolarité chaotique... Même son nom, Anaïs Tocsin, ne présage rien de bon. Son errance va croiser celle d'un "mauvais garçon". Je vous laisse découvrir la suite.
Écrit à la première personne, le récit d'Anixa Carrie nous immerge dans un monde parallèle, celui de la petite délinquance, des plans foireux, de l'argent qu'on croit facile, un monde où la machine judiciaire broie les individus, jusqu'à la prison où l'on se sent parfois plus en sécurité que dehors.
Un beau roman noir contemporain sur les ravages du déterminisme social.
Extrait pages 72-73. Anaïs qui vient d'avoir son bac décide qu'il est temps de perdre sa virginité. Elle va se donner à un jeune rencontré dans une soirée. Il la raccompagne en voiture.
" On s'est garés sur le chemin. Il a éteint les phares, puis il a allumé l'ampoule du plafonnier. Il n'était ni beau ni moche. Il était celui qu'il devait être, le mec qui allait faire de moi une femme.
Je me suis tournée dans sa direction, on s'est regardés. On ne devait pas être très expressifs. On se regardait, juste. J'ai avancé mon visage vers le sien, et on s'est embrassés. Ce n'était pas spécialement désagréable. Son haleine ne puait pas. Il a glissé sa langue dans ma bouche, et c'était parti.
Je me rappelle que je portais une robe, un truc léger. Il a posé ses mains sur mes cuisses. Il m'a caressée, un peu tremblant. J'ai écarté les jambes. J'ai touché son sexe, il bandait déjà.
– Attends ! il m'a prévenue. J'ai ce qu'il faut dans la boîte à gants.
Il a fouillé à l'intérieur, en a retiré un préservatif. On a repris les embrassades. C'est lui qui s'est occupé du préservatif. Je n'avais aucune idée de comment faire.
Quand j'écris que ça a été pénible, c'est parce que je n'avais pas super envie et que c'était dans le but de m'en débarrasser. Après, il était assez doux, pas bourrin. Il respirait fort, mais il n'était pas lourd, il faisait gaffe de ne pas m'écraser. Il prenait soin de moi.
On l'a fait sur la banquette arrière, un classique. Il bougeait au-dessus de moi. Je voyais ses yeux serrés, sa bouche entrouverte. Je m'agrippais à ses épaules. Il y a un détail qui ne m'allait pas, et dont je me rappelle distinctement, c'était la croix du Christ qu'il portait autour du cou. Elle n'en finissait pas de se balancer au rythme des coups de reins. Parfois, elle m'effleurait la figure et je ne le supportais pas, alors je lui ai dit :
– Vire-moi ça, putain ! Vire-moi ton pendentif !
– Hein ? Quoi ? il s'est étonné, avant de comprendre et d'obéir.
Qu'est-ce que je peux ajouter ? Je n'ai pas senti une douleur extrême. J'ai léger saigné. Je n'ai pas joui au moment où il a joui. J'ai eu moins de plaisir que lorsque je m'étais caressée. Mais c'était réglé. Je pouvais partir de ce bled sans être à côté de la plaque. C'était le but, c'était ce que je voulais."
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