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Mardi 28 septembre 2021 2 28 /09 /Sep /2021 08:00

Nicole Avril : "Jeanne", roman paru en 1984 chez Flammarion. Edité en poche collection "J'ai lu" n° 1879 (222 pages)

Dans ce roman qui se revendique féministe, Nicole Avril accumule les clichés sur la "femme puissante". Jeanne, l'héroîne éponyme du récit, est en tout une femme "hors-normes" qui multiplie les voyages en classe affaires, d'un continent à l'autre, toujours en transit... 

-Hors-normes professionnellement puisqu'elle occupe un poste habituellement réservé aux hommes : grand ponte international de la chirurgie cardiaque.

- Hors-normes socialement puisqu'elle est célibataire et qu'elle collectionne les amants richissimes.

- Hors-normes physiquement puisqu'elle est rousse dont potentiellement sulfureuse.

C'est cette femme extra-ordinaire qui, confrontée au désir, va devoir affronter deux trangressions majeures : elle est courtisée par Mathieu, un adolescent à la sensibilité à fleur de peau et issu d'un milieu très défavorisé. 

Extrait : pages 122-123

" Mathieu n'avait pas osé aller jusqu'à Jeanne pour lui dire bonjour. Il était appuyé au chambranle de la porte et il la dévisageait. (...) Le désir l'avait envahi à son insu et il semblait que rien ni personne n'eût pu faire dévier son regard. (...)

Le désir. Son visage exprimait le désir, jusqu'à l'indécence. Jeanne se souvint brusquement du bazar d'Istanbul et de cet homme qui, les pieds dans le caniveau, la contemplait de ce même regard fixe en se masturbant. Indifférente à son désir et à son acte, la foule ruisselait sur le trottoir et dans la rue. L'homme lui volait son image, son corps, et gémissait doucement en la regardant passer. Que dire ? Que faire ? L'homme s'était emparé d'elle. Il ne s'agissait pas d'un viol mais d'un geste magique de possession. Jeanne avait eu la tentation de fuir, puis, se ravisant, elle avait poursuivi sa promenade à son rythme. Elle sentait que sa disparition ne changerait rien à la jouissance de l'homme. Il avait déjà fixé en lui son image et Jeanne n'avait pas le pouvoir de la lui reprendre. On peut casser un appareil photo. En revanche, la violence ne fait qu'exacerber le désir. Jusqu'au soir, Jeanne avait erré dans les ruelles d'Istanbul avec un sentiment mêlé de dégoût et de regret. Il y avait de par le monde tant de fleuraisons dont elle ne connaîtrait jamais la monstrueuse éclosion."

jeanne avril


Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 3 septembre 2021 5 03 /09 /Sep /2021 08:00

Retour en classe pour les écoliers, collégiens, lycéens, étudiants. Ils et elles, petits et grands, vont découvrir ou retrouver l'univers des livres, si riche en émotions.

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Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Arts érotiques
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Vendredi 27 août 2021 5 27 /08 /Août /2021 08:00

Annie Ernaux : "Mémoire de fille"

Récit autobiographique paru en 2016 aux Editions Gallimard. Edition de poche, collection Folio n° 6448 ( 165 pages)

Été 1958. La narratrice, tout juste sortie de l'adolescence, le bac en poche, a décroché un job de monitrice de colonie de vacances à S, dans l'Orne. C'est son premier été de liberté, loin du cadre familial.

Pages 46-47 (Annie se retrouve seule avec H, le moniteur-chef)

" Ils sont dans sa chambre à elle, dans le noir. Elle ne voit pas ce qu'il fait. À cette minute, elle croit qu'ils vont continuer de s'embrasser et de se caresser au travers des vêtements sur le lit. Il dit "Déshabille-toi". Depuis qu'il l'a invitée à danser, elle a fait tout ce qu'il lui a demandé. Entre ce qui lui arrive et ce qu'elle fait, il n'y a plus de différence. Elle se couche à côté de lui sur le lit étroit, nue. Elle n'a pas le temps de s'habituer à sa nudité entière, son corps d'homme nu, elle sent aussitôt l'énormité et la rigidité du membre qu'il pousse entre ses cuisses. Il force. Elle a mal. Elle dit qu'elle est vierge, comme une défense ou une explication. Elle crie. Il la hosupille :" J'aimerais mieux que tu jouisses plutôt que tu gueules !" Elle voudrait être ailleurs mais elle ne part pas. Elle a froid. Elle pourrait se lever, rallumer, lui dire de se rhabiller et de s'en aller. Ou elle, se rhabiller, le planter là et retourner à la sur-pat. Elle aurait pu. Je sais que l'idée ne lui est pas venue. C'est comme si c'était trop tard pour revenir en arrière, que les choses doivent suivre leur cours. Qu'elle n'ait pas le droit d'abandonner cet homme dans cet état qu'elle déclenche en lui. Avec ce désir furieux qu'il a d'elle. Elle ne peut pas imaginer qu'il ne l'ait pas choisie − élue − entre toutes les autres.

La suite se déroule comme un film X où la partenaire de l'homme est à contretemps, ne sait pas quoi faire parce qu'elle ne connaît pas la suite. Lui seul en est le maître. Il a toujours un temps d'avance. Il la fait glisser au bas de son ventre, la bouche sur sa queue. Elle reçoit aussitôt la déflagration d'un flot gras de sperme qui l'éclabousse jusque dans les narines. Il n'y a pas plus de cinq minutes qu'ils sont entrés dans la chambre."

memoire de fille

Pages 64-65 (quelques semaines plus tard )

" Depuis H il lui faut un corps d'homme contre elle, des mains, un sexe dressé. L'érection consolatrice.

Elle est fière d'être un objet de convoitise et la quantité lui paraît la preuve de sa valeur séductrice. Orgueil de la collection. (Attesté par ce souvenir précis : après avoir embrassé dans un champ un étudiant de chimie en vacances à S, me vanter auprès de lui du nombre de flirts que j'ai eus à la colonie.) Aucun délai de coquetterie, de remise à plus tard du désir qu'elle a de leur désir. Ils vont droit au but, ils s'y croient autorisés par sa réputation. Ils soulèvent la jupe ou défont la fermeture éclair du jean en même temps qu'ils l'embrassent. Trois minutes, entre les cuisses, toujours. Elle dit qu'elle ne veut pas, qu'elle est vierge. Aucun orgasme jamais.

Elle passe de l'un à l'autre, ne s'attache à aucun, pas même à Pierre D, qu'elle a rejoint plusieurs nuits dans le grand dortoir des garçons dont il assure la surveillance depuis une loge munie d'une petite fenêtre et qui lui a dit − c'était le premier − "Je t'aime" et elle a répondu :

− Non, c'est seulement du désir.

− Si, Annie, c'est vrai, je t'assure.

− Non. "

C'est une des premières fois que je lis le "viol initiatique" relaté avec tant de simplicité et de lucidité. Et aussi, les conséquences du traumatisme sur la vie sentimentale de la victime. Merci Madame Ernaux pour ce témoignage utile et nécessaire.


Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 10 août 2021 2 10 /08 /Août /2021 08:00

Tatiana de Rosnay : "Spirales". Roman paru en 2008 aux Editions Héloïse d'Ormesson. Collection Le Livre de Poche n° 32873 (185 pages)

Hélène, une quinquagénaire paisible, mariée, mère de deux enfants, se laisse aller à une aventure éphémère avec un inconnu.

Extrait, pages 23 à 25.

" − Je vous attendais, dit-il. j'étais sûr que vous alliez revenir.

Hélène était comme hypnotisée. Elle ne pouvait plus parler. Elle ne pouvait plus que regarder cet homme qui avait encerclé son poignet de ses doigts. Il prit sa main, l'ouvrit, saisit la clef qu'elle serrait de toutes ses forces.

− Rangez ça, murmura-t-il.

Elle glissa la clef dans la poche de sa robe.

− Venez, ordonna-t-il avec un sourire. Venez avec moi. Maintenant.

Il avait toujours cet accent indéfinissable. La chaleur écrasante semblait la pousser vers lui. Elle se liquéfiait, se désintégrait. Elle n'avait plus de substance. Elle ne pensait plus. Le suivre maintenant ? Oui, elle le devait. Elle le voulait. Elle était venue pour ça.

Une porte cochère à la peinture écaillée, une cour délabrée, une autre porte, puis un petit appartement sombre, étouffant de chaleur. Elle ne remarqua pas le désordre, la saleté. Elle ne voyait que l'homme debout devant elle qui, d'un geste brutal, défit les boutons de sa robe. Elle ne voyait que les mains qui prenaient possession de la moiteur de sa peau.

L'homme parlait, disait qu'elle était belle, qu'elle était excitante, qu'il allait la faire jouir. Hélène n'avait pas l'habitude de ces mots-là. Elle les savoura comme un dessert nouveau. L'homme était pressé, haletant. Mais il souhaitait avant tout lui donner du plaisir. Il s'agenouilla devant elle, enfouit son visage entre ses cuisses nues.

spirales tatiana de rosnayPendant un très court instant, Hélène revint à elle. Elle se vit, plaquée contre le mur décrépi d'une pièce désordonnée. Elle vit la tête d'un étranger contre son ventre, une épaisse chevelure sombre. Elle vit les mains d'un étranger, les ongles noirs de crasse, agrippées à ses hanches. Elle faillit hurler, le repousser, s'enfuir. Les lèvres de l'étranger lui procuraient un plaisir inconnu.

Impossible de s'en aller. Impossible de faire autre chose que de rester rivée à lui, incandescente. Elle ne savait plus qui elle était. Elle s'en fichait. Seul importait cet homme.

Sa jouissance était presque douloureuse tant elle la vida. Il y eut du noir devant ses yeux, une pression sur ses tempes. Elle vacilla. L'homme la rattrapa. Ses yeux étaient fiévreux, son visage presque hagard. Il parlait, mais elle ne l'entendait plus. Il la guida vers un lit défait, retroussa davantage la robe froissée. Tout se passa très vite. Il était en elle.

Au début, elle le subit, affolée, confuse. mais petit à petit, sa jouissance toute récente sembla se raviver, se décupler. C'était une sensation à la fois exquise et insupportable. Le centre du monde, cette chambre brûlante comme un four, cet inconnu qui pétrissait son corps, les grognements et les cris qu'elle n'avait pas l'impression de pousser, mais qui venaient pourtant d'elle. Leurs chairs rendues glissantes par la sueur se collaient l'une à l'autre avec un bruit mat de ventouse.

Le temps s'était arrêté. Il n'y avait plus pour Hélène que cet accouplement sauvage, charnel dans lequel elle puisait une volupté frénétique. Elle ne voulait pas que cela finisse, elle subodorait déjà dans les mouvements de l'inconnu qu'il allait jouir, alors elle ferma les yeux pour garder au plus profond d'elle, au plus intime, ce qu'elle était en train de vivre.

Avec un râle, presque un cri, l'homme s'écroula sur elle, l'écrasant de son poids. Yeux toujours fermés, elle accueillit ce corps étranger qu'elle enveloppa de ses bras avec une sorte de tendresse. Elle avait envie de lui dire merci, merci pour tout ce qu'elle n'avait jamais connu et qu'elle découvrait à cinquante ans, grâce à lui. Elle sentit son souffle chaud contre son oreille, puis il eut un soubresaut, comme un dernier spasme de plaisir.

Le calme tomba sur leurs deux corps toujours luisants de sueur. Elle se sentait bien avec cet homme blotti dans ses bras comme un enfant. Comme il était apaisé, silencieux, après l'orage de cette possession si brutale. "   

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Mardi 3 août 2021 2 03 /08 /Août /2021 08:00

Andreï Makine, "Le testament français". (343 pages) paru aux éditions Mercure de France, disponible en collection Folio n° 2934. Ce roman a obtenu en 1995 le Prix Goncourt, le prix Médicis et le prix Goncourt des lycéens

Pages 236-237 : En compagnie de son ami Pachka, le narrateur alors âgé d'une quinzaine d'années, se glisse un soir le long de la coque d'une péniche amarrée au bord de la Volga. Par les hublots mal fermés par du contreplaqué, ils espionnent ce qu'il se passe à l'intérieur.

"Je me collai au hublot de gauche (...). Ce que je vis à travers la fente était à la fois banal et extraordinaire. Une femme dont je ne voyais que la tête, de profil, et le haut du corps, semblait accoudée à une table, les bras parallèles, les mains immobiles. Son visage paraissait calme et même ensommeillé. Seule sa présence, ici, dans cette péniche, pouvait surprendre. Quoique après tout... Elle secouait légèrement sa tête aux cheveux clairs frisés, comme si, sans arrêt, elle approuvait un interlocuteur invisible. (...) Je me déplaçai vers le hublot voisin, me noyant dans l'une des fissures dont était perforé le bois qui le bouchait, en essayant de retenir dans mon regard la vision qui venait de m'aveugler.

C'était une croupe féminine d'une nudité blanche, massive. Oui, les hanches d'une femme agenouillée, vue toujours de côté, ses jambes, ses cuisses dont la largeur m'effraya, et le début de son dos coupé par le champ de vision de la fente. Derrière cette énorme croupe se tenait un soldat, à genoux lui aussi, le pantalon déboutonné, la vareuse en désordre. Il empoignait les hanches de la femme et les tirait vers lui comme s'il voulait s'enliser dans cet amas de chair qu'il repoussait en même temps par des secousses violentes de tout son corps. (...) Je fis un pas à gauche, me retrouvant près du premier hublot. Je serrai le front contre son cadre d'acier. Dans la fente apparut la femme aux cheveux frisés, au visage indifférent et sommeilleux, celle que j'avais vue d'abord. Accoudée sur ce qui ressemblait à une nappe, vêtue d'un chemisier blanc, elle continuait à acquiescer par des petits hochements de tête et, distraitement, elle examinait ses doigts...

maikine

Ce premier hublot. Et le deuxième. Cette femme aux paupières lourdes de sommeil, son habit et sa coiffure très ordinaires. Et cette autre. Cette croupe nue dressée, cette chair blanche dans laquelle s'enlisait un homme paraissant fluet à côté d'elle, ces épaisses cuisses, ce mouvement pesant des hanches. Dans ma jeune tête affolée, aucun lien ne pouvait associer ces deux images. Impossible d'unir ce haut d'un corps féminin à ce bas !

Pages 249-250 : (ma double appartenance à la culture russe et française) scindait la réalité en deux. Comme elle avait fait avec le corps de cette femme que j'espionnais à travers deux hublots différents : il y avait une femme en chemisier blanc, calme et très ordinaire, et l'autre —  cette immense croupe rendant presque inutile, par son efficacité charnelle, le reste du corps. Et pourtant , je savais que ces deux femmes n'en faisaient qu'une."

  

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Vendredi 30 juillet 2021 5 30 /07 /Juil /2021 08:00

Frédéric Beigbeder, "L'amour dure trois ans" 

Extrait n° 3 : pages 177 et179

Séjour à l'hôtel sur l'île de Formentera, en compagnie de son ami Jean-Georges

" Nous jetons des œillades à la serveuse. Elle est à croquer, porte un boléro, sa peau mate est légèrement duveteuse, grands yeux noirs, se tient cambrée, farouche comme une squaw. (...) La serveuse en robe dos nu s'appelle Matilda. Elle est booonne. Jean-Georges lui a chanté la chanson de Harry Belafonte : Matilda she take me money and run Venezuela. (...) Au bar de Ses Roques, nous l'avons invitée à danser. Elle tapait dans ses mains mates, ondulait des hanches, sa chevelure tourbillonnait. Elle avait des poils sous les bras, Jean-Georges lui a demandé :

- Pardon Mademoiselle, nous cherchons un endroit où dormir. Vous n'auriez pas de la place chez vous, por favor ? (...)

De retour à la Casa, complètement raide, Matilda a saisi ma queue à bras-le-corps. Elle avait une chatte géante mais musclée qui sentait les vacances. Ses cheveux puaient la sinsemilla. Elle criait si fort que Jean-Georges a rempli sa bouche pour la faire taire ; ensuite nous avons échangé les places avant d'éjaculer en chœur sur ses gros seins fermes. Juste après avoir joui, je me suis réveillé en sueur, mort de soif. Un véritable ermite ne devrait pas trop abuser des plantes exotiques."

amour 3 ans

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Vendredi 23 juillet 2021 5 23 /07 /Juil /2021 08:00

Frédéric Beigbeder, "L'amour dure trois ans"

Extrait n° 2. pages 112-113

" Désormais, quand j'ai bu des alcools délayés, je marmonne seul, comme un clochard. Je vais me branler dans une cabine de projection vidéo, 88 rue Saint-Denis. Je zappe entre 124 films pornos. Un mec suce un Noir de 30 cm. Zap. Une fille attachée reçoit de la cire sur la langue et des décharges électriques sur sa chatte rasée. Zap. Une fausse blonde siliconée avale une bonne gorgée de sperme. Zap. Un mec cagoulé perce les tétons d'une Hollandaise qui hurle "Yes, Master". Zap. Une jeune amatrice inexpérimentée se fait enfoncer un godemiché dans l'anus et un dans le vagin. Zap. Triple éjac faciale sur deux lesbiennes avec pinces à linge sur les seins et le clitoris. Zap. Une obèse enceinte. Zap. Double fist-fucking. Zap. Pipi dans la bouche d'une Thaïlandaise encordée. Zap. Merde, je n'ai plus de pièces de 10 francs et je n'ai pas joui, trop ivre pour y arriver. Je parle tout seul dans le sex-shop en faisant des moulinets avec les bras. J'achète une bouteille de poppers. Je voudrais être copain avec ces ivrognes de la rue Saint-Denis qui crient en titubant que les plus belles femmes du monde étaient à leurs pieds, dans le temps."

beigbeder-88 rue saint denis

Le sex-shop du 88 de la rue Saint-Denis


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Mardi 20 juillet 2021 2 20 /07 /Juil /2021 08:00

Frédéric Beigbeder : "L'amour dure trois ans", roman paru en 1997 aux Éditions Grasset & Fasquelle. Disponible en Poche Folio n° 3518 ( 194 pages)

Extrait 1 : pages 103-105. Le narrateur, Marc Marronnier, nous parle de sa relation amoureuse avec Alice, sa maîtresse.

" Alice considère le sexe, non comme une obligation, mais comme un jeu dont il convient de découvrir les règles avant, éventuellement, de les modifier. Elle n'a aucun tabou, collectionne les fantasmes, veut tout explorer. Avec elle, j'ai rattrapé trente années de retard. Elle m'a appris à caresser. Les femmes, il faut les effleurer du bout des doigts, les frôler avec la pointe de la langue : comment aurais-je pu le savoir si personne ne me l'avait dit ? J'ai découvert qu'on pouvait faire l'amour dans un tas d'endroits (un parking, un ascenseur, des toilettes de boîtes de nuit; des toilettes de train, des toilettes d'avion, et même ailleurs que dans les toilettes, dans l'herbe, dans l'eau, au soleil) avec toutes sortes d'accessoires (sados, masos, fruits, légumes) et dans toutes sortes de positions (sens dessus dessous, sans dessous dessus, à plusieurs, attaché, attachant, flagellant de Séville, jardinier des Supplices, distributeur de jus de couilles, pompe à essence, avaleuse de serpents, domina démoniaque, 3615 Nibs, gang-bang gratos aux chandelles). Pour elle, je suis devenu plus qu'hétéro, homo ou bisexuel : je suis devenu omnisexuel. Pourquoi se limiter ?

Je veux bien baiser des animaux, des insectes, des fleurs, des algues, des bibelots, des meubles, des étoiles, tout ce qui voudra bien de nous. Je me suis même trouvé une étonnante capacité à inventer des histoires plus abracadabrantes les unes que les autres rien que pour les lui susurrer dans le creux de l'oreille pendant l'acte. Un jour j'en publierai un recueil qui choquera ceux qui me connaissent mal. En fait, je suis devenu un authentique obsédé pervers polymorphe, bref, un bon vivant. Je ne vois pas pourquoi seuls les vieillards auraient le droit d'être libidineux.

En résumé, si une histoire de cul peut devenir une histoire d'amour, l'inverse est très rare."

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Ma représentation personnelle du couple d'amants, Alice et Marc

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Mardi 6 juillet 2021 2 06 /07 /Juil /2021 08:00

Joël Dicker, "La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert" roman paru en 2014 aux  Editions de Fallois. Disponible en édition de poche, 855 pages.

Ellipse narrative : entre ces deux extraits, le récit s'est poursuivi mais ailleurs, avec d'autres personnages. Pour vous aider, je vous ai mis en caractères gras les deux éléments qui vous permettent de combler le vide de l'ellipse

Extrait 1. Page 203. Juin 1975Jenny, jeune serveuse dans le bar du village, est secrètement amoureuse de Harry, écrivain new-yorkais. En l'absence de ce dernier elle pénètre dans sa maison et découvre un brouillon de lettre d'amour dont elle est persuadée qu'elle lui est destinée

" Rayonnante de bonheur, Jenny se mit à embrasser la feuille et la serra contre elle. Puis elle esquissa un pas de danse et s'écria à haute voix : " Harry, mon amour, vous n'êtes pas fou ! Moi aussi je vous aime et vous avez tous les droits du monde sur moi. Ne fuyez pas, mon chéri ! Je vous aime tant !" Excitée par sa découverte, elle s'empressa de reposer le feuillet sur le pupitre, craignant d'être surprise, et retourna aussitôt au salon. Elle s'allongea sur le canapé, releva sa jupe pour que l'on voie ses cuisses et dégrafa sa boutonnière pour faire ressortir ses seins. Personne ne lui avait jamais rien écrit d'aussi beau. Dès qu'il reviendrait, elle se donnerait à lui. Elle lui offrirait sa virginité." 

dicker

Extrait 2. Page 206. Mais les heures ont passé et Harry n'est pas rentré chez lui.

" À vingt heures, Jenny se réveilla en sursaut. À force d'attendre sur le canapé, elle s'était assoupie. Le soleil déclinait à présent, c'était le soir. Elle était vautrée sur le divan, un filet de bave au coin de la bouche, l'haleine lourde. Elle remonta sa culotte, rangea ses seins, s'empressa de remballer son pique-nique et elle s'enfuit de la maison de Goose Cove, honteuse."

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Mardi 22 juin 2021 2 22 /06 /Juin /2021 08:00

Eric Laurrent, "Une fille de rêve" roman paru chez Flammarion en 2020 (243 pages)

Ce livre aurait pu s'appeler "Grandeur et misère des bimbos". Sur un canevas assez proche de Nana,  mais contemporain, Eric Laurrent nous retrace la brève carrière d'une jeune femme qui, à trop vouloir s'approcher du soleil de la gloire, finira comme Icare par chuter. 

Extrait pages 20-21 : Septembre1982. À peine sortie de l'adolescence, la jeune Nicole Sauxilange (pas encore Nicky Soxy) se présente à un casting pour le "magazine pour hommes" Dreamgirls. C'est Claudie Meyer, assistante du patron du magazine et chargée du recrutement des futures modèles qui va tester ses compétences

" NIcole s'était déjà déshabillée, témoignant par là d'une désinvolture peu commune, a fortiori pour son âge, qui est, comme on sait, celui des pudeurs maladives. Elle se tenait au centre de la pièce, les mains sur les hanches, solidement campée sur ses deux jambes, et attendait en souriant. L'embarras qu'elle avait manifesté jusque-là s'était totalement dissipé, comme si la nudité lui apportait toute la contenance dont elle avait manqué, quand se dévêtir suscitait en règle générale une gêne palpable chez les modèles qui passaient ici, dont la plupart ne pouvaient s'empêcher tout à la fois de se couvrir la poitrine d'un bras et de plaquer une main au bas de leur ventre.

" Dites donc, fit observer Claudie Mayer, on dirait que vous avez fait ça toute votre vie. Vous avez déjà posé nue ? — Oui... Souvent. — Ah bon ? Et pour qui ? — Pour un petit ami. — Ça n'a pas l'air de vous gêner plus que cela en tout cas. — Pourquoi ça devrait me gêner ? c'est juste un corps." (...)

une fille de reveSitôt eut-elle inséré un film dans le tiroir de l'appareil (un Polaroïd), elle la vit alors faire un geste qu'elle n'avait jamais vu chez aucune des centaines de filles qu'elle avait photographiées pour Dreamgirls : avec un naturel qui suggérait effectivement une maîtrise innée de l'art de poser nue et, au-delà, une connaissance précise de son anatomie, l'adolescente se pinça par deux fois les mamelons afin de les faire se dresser, tirant dessus avec rudesse, jusqu'à soulever ses seins, avant de les relâcher d'un coup, et cela sans laisser transparaître le moindre signe de douleur ni de désagrément, comme si elle eût tourné deux vulgaires commutateurs pour établir une communication ou éclairer une pièce. " C'est bon, madame, dit-elle après s'être assurée du résultat, vous pouvez y aller, Je suis prête."


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