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Andreï Makine, "Le testament français". (343 pages) paru aux éditions Mercure de France, disponible en collection Folio n° 2934. Ce roman a obtenu en 1995 le Prix Goncourt, le prix Médicis et le prix Goncourt des lycéens
Pages 236-237 : En compagnie de son ami Pachka, le narrateur alors âgé d'une quinzaine d'années, se glisse un soir le long de la coque d'une péniche amarrée au bord de la Volga. Par les hublots mal fermés par du contreplaqué, ils espionnent ce qu'il se passe à l'intérieur.
"Je me collai au hublot de gauche (...). Ce que je vis à travers la fente était à la fois banal et extraordinaire. Une femme dont je ne voyais que la tête, de profil, et le haut du corps, semblait accoudée à une table, les bras parallèles, les mains immobiles. Son visage paraissait calme et même ensommeillé. Seule sa présence, ici, dans cette péniche, pouvait surprendre. Quoique après tout... Elle secouait légèrement sa tête aux cheveux clairs frisés, comme si, sans arrêt, elle approuvait un interlocuteur invisible. (...) Je me déplaçai vers le hublot voisin, me noyant dans l'une des fissures dont était perforé le bois qui le bouchait, en essayant de retenir dans mon regard la vision qui venait de m'aveugler.
C'était une croupe féminine d'une nudité blanche, massive. Oui, les hanches d'une femme agenouillée, vue toujours de côté, ses jambes, ses cuisses dont la largeur m'effraya, et le début de son dos coupé par le champ de vision de la fente. Derrière cette énorme croupe se tenait un soldat, à genoux lui aussi, le pantalon déboutonné, la vareuse en désordre. Il empoignait les hanches de la femme et les tirait vers lui comme s'il voulait s'enliser dans cet amas de chair qu'il repoussait en même temps par des secousses violentes de tout son corps. (...) Je fis un pas à gauche, me retrouvant près du premier hublot. Je serrai le front contre son cadre d'acier. Dans la fente apparut la femme aux cheveux frisés, au visage indifférent et sommeilleux, celle que j'avais vue d'abord. Accoudée sur ce qui ressemblait à une nappe, vêtue d'un chemisier blanc, elle continuait à acquiescer par des petits hochements de tête et, distraitement, elle examinait ses doigts...
Ce premier hublot. Et le deuxième. Cette femme aux paupières lourdes de sommeil, son habit et sa coiffure très ordinaires. Et cette autre. Cette croupe nue dressée, cette chair blanche dans laquelle s'enlisait un homme paraissant fluet à côté d'elle, ces épaisses cuisses, ce mouvement pesant des hanches. Dans ma jeune tête affolée, aucun lien ne pouvait associer ces deux images. Impossible d'unir ce haut d'un corps féminin à ce bas !
Pages 249-250 : (ma double appartenance à la culture russe et française) scindait la réalité en deux. Comme elle avait fait avec le corps de cette femme que j'espionnais à travers deux hublots différents : il y avait une femme en chemisier blanc, calme et très ordinaire, et l'autre — cette immense croupe rendant presque inutile, par son efficacité charnelle, le reste du corps. Et pourtant , je savais que ces deux femmes n'en faisaient qu'une."
Merci pour ce commentaire qui fait chaud au coeur et donne envie et l'énergie de poursuivre l'aventure.