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Mercredi 11 septembre 2019 3 11 /09 /Sep /2019 08:00

Philip ROTH, "Portnoy et son complexe" (1967)

Portnoy-et-son-complexe

Titre original "Portnoy's complaint", traduit de l'américain par Henri Robillot

Collection Folio n° 470, 372 pages

Pour un extrait de l'ouvrage, j'avais le choix, tant le récit est riche en anecdotes et enseignements. Finalement, je me suis arrêté sur un morceau d'anthologie où nombre d'entre vous reconnaîtront sans doute des moments de leur adolescence. Un conseil : si vous ne l'avais pas encore fait, lisez "Portnoy et son complexe".

page 31 et suivantes : La branlette

" Vint ensuite l'adolescence - la moitié de mon existence à l'état de veille passée portnoy2enfermée dans la salle de bains à expédier mon foutre soit dans la cuvette des toilettes des cabinets soit au milieu des affaires sales dans le panier à linge, soit, projeté de bas en haut contre la glace de l'armoire à pharmacie devant laquelle je me tenais planté, caleçon baissé, pour voir à quoi ça ressemblait à la sortie. Ou alors, j'étais courbé en deux sur mon poing transformé en piston, les paupières étroitement closes mais la bouche grande ouverte, pour recevoir cette sauce gluante à base de chlore et de petit lait sur ma langue et les dents - encore qu'assez souvent, dans mon aveuglement et mon extase, je récoltais tout dans ma houppe savamment ondulée comme une giclée de lait capillaire. Au milieu d'un univers de mouchoirs empesés, de kleenex chiffonnés et de pyjamas tachés, je manipulais mon pénis nu et gonflé dans la crainte éternelle de voir mon ignominie découverte par quelqu'un qui me surprendrait à l'instant même où je déchargeais. Néanmoins, j'étais totalement incapable de ne pas me tripoter la bite une fois qu'elle s'était mise à me grimper le long du ventre. En plein milieu d'un cours, je levais la main pour obtenir la permission de sortir, me ruais le long du couloir jusqu'aux lavabos et, en dix ou quinze furieux coups de poignet, déflaquais debout dans un urinoir. À la séance de cinéma du samedi après-midi, je laissais mes copains pour aller jusqu'au distributeur de bonbons et grimpais m'astiquer sur un lointaisn siège de balcon, lâchant ma semence dans l'enveloppe vide d'une barre de chocolat... Un jour, au cours d'une sortie de notre association familiale, j'évidai le cœur d'une pomme, vis avec surprise (et avec l'aide de mon obsession) à quoi elle ressemblait et courus dans le bois pour me jeter à plat ventre sur l'orifice du fruit, feignant de croire que le trou farineux et frais se trouvait en réalité entre les jambes de cette créature mythique qui m'appelait toujours "mon Grand" quand elle m'adjurait de lui accorder ce qu'aucune fille dans toute l'histoire n'avait jamais obtenu. "Oh, mets-le-moi, mon Grand", s'écriait la pomme creuse que je baisais frénétiquement le jour de ce pique-nique. "Mon Grand, mon Grand, oh donne-moi tout", implorait la bouteille de lait vide que je gardais cachée dans notre réduit à poubelle au sous-sol pour la rendre folle après l'école avec ma trique vaselinée. "Viens, mon Grand", hurlait le moceau de foie délirant que dans ma propre aberration j'achetai un après-midi chez le boucher et que, croyez-le ou non, je violai derrière un panneau d'affichage, en route pour une leçon préparatoire au bar mitzwah."

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Vendredi 6 septembre 2019 5 06 /09 /Sep /2019 08:00

Philippe DJIAN, "Impuretés".

Roman paru en 2005 chez Gallimard. Collection Folio n° 4400, 440 pages.

Sur fond de noyade suspecte, la narration suit le quotidien d'un groupe d'ados de bonnes familles mais totalement déjantés et imprévisibles. Une nuit, ils surprennent une partouze dans un gymnase. 

"C'était toujours intéressant de voir comment les vieux s'y prenaient.

djian impuretesL'affaire se déroulait derrière une porte à tambour qui donnait sur un terrain de basket entièrement financé par une marque de lunettes et les jus de fruits Tropicana. Sur la droite se trouvaient les vestiaires et les douches. Sur la gauche, il y avait un type qui enculait une femme en bas et en corsage. Il y en avait un autre, un peu gras lui aussi, un peu chauve également, qui se tenait par en dessous et qui la ramonait avec ardeur. Tout près se tenait le gardien avec deux femmes proches de la soixantaine, aux joues cuites, aux mèches collées, et ça léchait tous azimuts. Ils étaient vautrés sur des tapis de sol offerts par l'amicale des parents d'élèves, ils grognaient, ils ahanaient, ils jouissaient, ils se baptisaient de tous les noms, et on entendait leurs coudes ou leurs genoux déraper sur la mousse bleue qui brillait de leurs humeurs à tous et à toutes, cependant que trois autres sortaient des toilettes bras dessus bras dessous, passablement ivres, et se joignaient à la partie.

Il y avait dans l'air une odeur désagréable ou plutôt un mélange d'odeurs particulièrement désagréable. Evy et ses deux compagnons se tenaient à l'entrée, dans l'ombre d'un cheval d'arçons, et ils retinrent leur souffle lorsqu'un type en râlant fit gicler sa semence dans les airs et qu'elle retomba directo dans la chevelure d'une femme qui, après un instant d'incertitude, partit dans un rire gras, bientôt suivi par quelques autres.

Prise en levrette, une petite maigre s'essuyait la bouche dans un kleenex, un type versait de l'alcool dans des gobelets, une blonde avait un œil collé, un brun fumait une cigarette, une voix se plaignait d'hémorroïdes."

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Vendredi 12 juillet 2019 5 12 /07 /Juil /2019 08:00

Liane MERY : "Les dernières candeurs" (1983) 188 pages Collection Aphrodite. 

La collection Aphrodite était à la littérature érotique ce que la collection Harlequin est au roman, c'est à dire un pâle erzatz fabriqué en série. Le "livre" de Liane Méry intitulé "les dernières candeurs" en est un bon exemple.

Je vous ai choisi un passage éloquent des pages 127-128 au moment où, dans une chambre d'hôtel,  Tanit (la narratrice) offre son corps à son amant Anton ( attention, c'est du lourd !!! Savourez la densité des dialogues et la subtilité des métaphores.)

" C'est sur un carosse de phantasmes surgis de mon inconscient que je suis transportée sur l'idéale couche de la "Tanit-au-bois-dormant". Une Tanit féériquement réveillée par l'estoc d'or et de vermeil d'un mousquetaire de songe. D'un songe qui a une voix de mâle superbe, avec à son service un vocabulaire à faire rougir les roses les plus roses :

- Écarte davantage les cuisses.

- Oui...

- Mieux que ça... Ouvre-toi, sois plus souple... C'est à moi de me raidir, pas à toi...

- Oui, Anton...

Je donnerais dix ans de ma vie pour être métamorphosée en anguille, ou en acrobate. je fais tout ce que je peux pour lui faciliter l'accès de mon "moi" intime. Son sexe trébuche et je me demande avec angoisse comment il se fait qu'il ne réussit pas à me pénétrer. Que puis-je faire de plus et de mieux puisque je le veux depuis des heures, puisque tout le sang de mes veines afflue là où le sien se regroupe comme en vue d'une émeute universelle ?

Enfin il me perfore. De quelle gorge éclate la clameur qui ponctue victorieusement cette difficultueuse intromission, la mienne ou la sienne ? Qu'importe. L'essentiel est synthétisé par le fait que son arbre de vie est enfin implanté dans le terreau vital de la mienne et qu'il peut à son gré s'y déployer, le labourer, s'humecter de ma sève, y faire couler goutte à goutte la sienne."

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Lundi 24 juin 2019 1 24 /06 /Juin /2019 08:00

Philip Roth : "Zuckerman enchaîné", 713 pages

Collection Folio  n° 1877

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Sous le titre de "Zuckerman enchaîné" sont regroupés quatre textes ayant pour lien l'écrivain Nathan Zuckerman (avatar de Philip Roth). Ces quatre textes sont dans l'ordre de parution " l'écrivain fantôme" (1979), "Zuckerman délivré" (1981), "La leçon d'anatomie" (1983) et enfin " Epilogue : l'orgie de Prague" (1985)

Je vous ai choisi un extrait de "La leçon d'anatomie" dans le chapitre "Au feu". Pages 534-535 : En 1973, dans l'avion qui l'emmène à Chicago, Zuckerman engage la conversation avec son voisin en se faisant passer pour le directeur d'une revue pornographique nommée "Cracra-Mouille" et se présente sous le nom de Milton Appel, un écrivain dont il souhaite se venger d'une critique acerbe.

" - Aujourd'hui, la plupart des pipes sont taillées par des mecs qui sont mariés. Zêtes marié ?

- Oui, il se trouve que je suis marié. Il se trouve que j'ai trois enfants.

- Et vous ne le saviez pas ?

- Je l'ignorais.

- Ça, ce n'est pas dans Playboy que vous l'auriez appris. Ça n'est pas pour les lecteurs de Hefner, ça, pas ces trucs-là. Ce n'est pas pour le Wall Street Journal non plus. Mais à l'arrière des salles de cinéma, dans les chiottes de bistro, autour des restaurants des routiers - c'est là que sont taillées la plupart des pipes d'Amérique. La sexualité est en train de changer en Amérique. Les gens changent de partenaires, bouffent de la chatte, les femmes baisent plus, les hommes mariés sucent des bites, et Cracra-Mouille reflète tout ça. Qu'est-ce que vous voudriez qu'on fasse, qu'on mente ? Moi je regarde les statistiques. Ce sont des changements réels, fondamentaux. En tant que révolutionnaire, ça ne me suffit jamais. Je trouve que c'est tellement lent. Tout de même, au cours des dix dernières années, la production de sperme a augmenté en Amérique d'au moins 200%. Seulement bien sûr, ce n'est pas en lisant Business Week que vous l'apprendrez. Vous venez me parler de Playboy. Le mec marié comme vous qui regarde Playboy. Il regarde ces petits lapins et la bonne femme est inaccessible, c'est la nana qu'on n'aura jamais. Très bien. Il se branle et il se refout au page avec sa femme. Mais dans Cracra-Mouille, quand vous regardez les pépées, vous savez que vous pouvez vous les taper. Un coup de téléphone et cinquante billets. Cest toute la différence entre les fantasmes infantiles et la réalité."

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Vendredi 7 juin 2019 5 07 /06 /Juin /2019 08:00

"Un jeune homme pas très rangé"

Récit anonyme paru en 1990 dans la collection "Les érotiques" dirigée par Gérard de Villiers. Cet ouvrage de 188 pages s'inspire des autobiographies libertines des XVIII et XIX èmes siècles. Je vous ai sélectionné une scène classique de voyeurisme : par un trou de serrure, le narrateur observe une jeune femme dans son intimité. Dans le cas présent, il s'agit d'une certaine Claire, servante chez les parents d'un camarade du narrateur.

Page 38 et suivantes : " Je m'agenouille, tout près de la porte, le souffle si court, si précipité qu'il doit résonner à l'intérieur de la chambre comme un soufflet de forge.

jeune-hommeClaire est assise sur le lit, très droite. Elle lisse ses cheveux d'un air absent. Puis elle se secoue, comme si elle prenait une décision importante, et marche vers la table de toilette surmontée d'une glace, qui porte les instruments usuels de la propreté. 

Je halète à petits coups, comme un chien qui a soif. Une délicieuse faiblesse me broie les membres. Ça y est. Elle lève les bras, passe son chandail par-dessus sa tête. On ne voit encore presque rien (les poils en dessous de ses bras, et la chair rose, les bretelles froissées de la combinaison), mais il me semble que j'ai déjà tout reçu, tout vu. Je jurerais presque que je perçois une odeur un peu fauve, de sa transpiration et de son corps. Ah, te mordre, Claire...

Elle dégrafe sa jupe, la pose sur le lit, en fait les plis. Puis elle s'assied pour enlever ses bas. Je vois mal, parce qu'elle se trouve maintenant de biais, la jambe relevée pour faire glisser sans à-coups la gaine de soie. J'aperçois à peine un éclair de cuisse dodue, blanche. Mais je sais que ça va être encore meilleur...

Claire passe les bretelles de sa combinaison des deux côtés de son épaule ronde. Elle peine un peu pour défaire le bouton du soutien-gorge. "Ah !" Je crois que j'ai fait "ah !" tellement les seins ont jailli ronds et blancs, près à les toucher.

Leur fraise est rouge sombre, fripée, et ces seins n'ont presque pas d'aréoles. Mais la peau autour d'eux paraît extraordinairement douce, bonne à caresser. J'ai sorti ma queue et je me branle doucement, très doucement, avec deux doigts, pour entretenir l'excitation mais ne pas décharger trop vite.

Elle savonne ses seins à main nue. Que je voudrais être à sa place ! Puis elle s'asperge d'eau, et comme elle a peur de mouiller sa belle combinaison, elle l'enlève. Il ne lui reste plus qu'un slip transparent, en nylon blanc, à travers lequel on voit briller sa toison.

J'ai la queue toute mouillée tellement elle m'excite. Elle a fini une partie de sa toilette et tire le bidet au milieu de la pièce, exactement face à moi. Elle fait glisser sa petite culotte, la lance sur le lit et va s'accroupir sur le siège d'émail. jeune-homme2

En face de mes yeux, peut-être à un mètre (la chambre est petite) je vois sa fente vermeille, rose vif à l'intérieur, et les lèvres plus pâles. Elle écarte les moustaches pour mieux se savonner. Sa main glisse, glisse, part entre les fesses, revient, caresse, entoure. Elle n'est que courbes harmonieuses, rondeurs. Un parfum de savon et de chair humide vient jusqu'à moi.

Mais que fait-elle ? Ses doigts se crispent dans les poils, elle secoue la tête en tous sens. Ses beaux seins, elle les dresse, les brandit. Puis, comme si elle ne pouvait plus se retenir, elle ouvre grandes les lèvres de son sexe, laisse courir son index. Il frotte, il frotte. La pointe rouge du clitoris s'agite en tous sens. Elle halète. Elle secoue le bidet, tant elle se branle avec fureur. mais ses jambes la gênant, elle ne sait comment mieux s'ouvrir pour jouir plus complètement.

Elle a trouvé. Elle installe une chaise derrière le bidet, sur laquelle elle appuie sa tête. Puis elle écarte les jambes aussi loin que possible, l'une d'elles posée sur le lit, l'autre sur la table de toilette, elle est magnifiquement écartelée ; on dirait qu'elle porte au bas du ventre une vaste blessure qu'elle secoue, qu'elle maltraite. Un râle sourd lui échappe. Et soudain, elle décharge ! En même temps qu'elle, je lance un jet brûlant, je voudrais enfiler la porte, baiser cette fille qui mouille au-dessus de son bidet, les poils collés en bramant tellement elle a envie d'une queue ! "

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Lundi 20 mai 2019 1 20 /05 /Mai /2019 08:00

Patrick Modiano : "De si braves garçons"

Editions Gallimard (1982) 

Collection Folio n° 1811, 186 pages

modiano

Comme d'habitude, Modiano nous plonge dans les méandres d'une adolescence trouble où s'enchevêtrent les souvenirs et se côtoient passé et présent. Le lien : le collège de  Valvert, aux environs de Paris où le narrateur a été pensionnaire. Dans le récit, la sexualité est abordée par petites touches pleines de sous-entendus qui laissent libre cours à notre imagination et nos fantasmes. Je vous ai sélectionné 6 brefs passages :

Page 38. Le narrateur évoque son camarade Michel Karvé, dont le père médecin était marié à une femme aux "cheveux blond vénitien, au visage de lionne, aux yeux aussi clairs que ceux de son mari, à l'allure nonchalante et sportive de certaines Américaines". Les parents de Michel se désintéressaient de leurs enfants.  Vingt ans plus tard, le narrateur rencontre un habitué d'un bar de l'avenue Montaigne. " Je prononçai le nom de Mme Karvé et un brusque attendrissement traversa son regard, comme si ce nom lui rappelait sa jeunesse ou celle de la mère de mon ancien camarade :

- Vous voulez parler d'Andrée la Pute ? me demanda-t-il à voix basse. "

pages97/98. Le narrateur retrouve Daniel Desoto. Ce dernier, marié à une belle Suédoise, est accompagné d'un étrange docteur nommé M. Réoyon qui s'entretient avec le narrateur : " Son ton s'était radouci. De nouveau cette manière onctueuse, dentale, de parler. Et il continuait de caresser le cuir de sa serviette. Sa main allait et venait et une image me traversa l'esprit, avec la précision et la force d'une évidence : cette main, je la voyais caresser doucement les fesses de Gunilla Desoto. (...) Maintenant de l'index, il caressait la fermeture Eclair de la serviette (....) Il tira la fermeture Eclair de sa serviette avec la lenteur et la délicatesse que l'on met à séparer deux pétales d'une fleur." 

modiano1Page 120. Évocation de Johnny, un autre pensionnaire du collège de Valvert, qui avait pour maîtresse une certaine Arlette d'Alwyn qui se disait épouse d'un aviateur parti à la guerre et dont elle n'avait plus de nouvelles : "Elle lui confia une clef de chez elle, et le soir, quand il entrait au salon, elle était allongée sur le divan, nue dans un peignoir. Elle écoutait un disque. C'était une blonde aux yeux verts et à la peau très douce et bien qu'elle eût quinze ans de plus que lui, elle paraissait aussi jeune que Johnny, avec quelque chose de rêveur et de vaporeux. Mais elle avait du tempérament."

Page 139. Le narrateur apporte aux parents d'un camarade, une lettre de leur fils consigné au collège pour le week-end. " Mme Portier avait enfoncé la lettre dans l'une des poches de son peignoir. Elle vint s'asseoir sur le bord du divan, et croisa les jambes. L'un des pans du peignoir glissa. On lui voyait les cuisses. Cette peau mate entre l'éponge blanche du peignoir et le velours rouge du divan captivait mon regard."

Pages154/155  puis 161. Le narrateur est chez un certain Charell, marié à Suzanne  : "L'éclat de rire d'une femme a rompu le silence qui s'était établi entre nous. Un rire aigu. Il venait de la chambre voisine. Puis une voix d'homme. Et le rire se transformait peu à peu en rire de gorge. 

Quelqu'un se cognait contre la porte. le rire s'est éteint. Des bruits de lutte et de poursuite. Charell ne bougeait pas et avait allumé une cigarette. J'ai entendu la femme rire de nouveau. Au bout de quelque temps, des gémissements de plus en plus longs. (...) 

- Tu es marié depuis longtemps ?

- Depuis dix ans. Tu verras, Suzanne est une femme charmante.

Je n'osais pas lui demander si c'était elle qui poussait des gémissements et des râles derrière la porte. Ils s'étaient accentués puis avaient décru. (...) Quelque temps plus tard, Charell fait une proposition au narrateur :" Tu ne veux vraiment pas venir gare du Nord à l'appartement ? Ça me ferait plaisir... Et à Suzanne aussi... Tu sais, elle t'aime beaucoup...

Sur ses lèvres, l'ombre d'un sourire.

- On se sentirait un peu moins seuls, tu comprends...

- Mais explique-moi ce que tu peux bien foutre dans cet appartement de la gare du Nord ?

- On retrouve... des amis... Enfin, si on peut appeler ça des amis... C'est un engrenage... Je t'expliquerai...

Page 179/180. Marc Newman, un ancien camarade, est en vacances au bord de la mer avec sa fiancée et sa future belle-mère : "Deux femmes brunes de même taille. La plus jeune avait les cheveux longs et portait un peignoir de tissu-éponge rouge jusqu'à mi-cuisses. l'autre était vêtue d'un paréo aux teintes rouille et bleu pastel. Elles glissaient à quelques mètres de nous mais ne pouvaient pas nous voir à cause des bacs de fleurs et d'arbustes qui nous cachaient.

-C'est drôle..., dit Newman. De loin, on croirait qu'elles ont le même âge, toutes les deux... Elles sont jolies, hein ? (...) Tout à l'heure, je te présenterai... Tu verras... la mère est aussi bien que la fille... Elles ont des pommettes et des yeux violets... Et moi, mon problème, c'est que je les aime autant l'une que l'autre."

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Mercredi 15 mai 2019 3 15 /05 /Mai /2019 08:00

Paul Verguin : "Un beau soir sans pudeur"

Editions Jean -Jacques Pauvert, 1993

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Court récit de 150 pages qui relate, à deux voix entremêlées, (celles des deux protagonistes, Muriel et Loïc) le long week-end amoureux de deux collègues de bureau qui se découvrent attirés l'un par l'autre et donnent libre cours à leurs fantasmes. La narration est très méticuleuse et parfois exaspérante de lenteur.

extrait : page 32. On en est aux premiers gestes amoureux. C'est d'abord Muriel qui raconte, puis Loïc

verguin1"Je crois que j'aurais bien aimé, mais je n'ai pas osé porter les mains de Loïc, dans mon dos, à mes fesses, alors que je les avais portées, ses mains, par devant, à mes seins et à mon sexe. Une femme a beau en recevoir toute sa vie d'innombrables preuves, elle ne cessera jamais de se demander si les hommes sont vraiment fous de son cul.

Les mots grossiers, me semble-t-il, n'ont pas grand-chose à voir avec l'érotisme. Je veux dire que, loin de m'exciter, ils me refroidissent. Ils m'évoquent un style de vie voué à l'échec et à l'amertume. À une exception près : cul. À certains moments, cul me semble un mot d'amour fondant, brûlant, délirant. Cul me fait penser à des petits matins de nuit blanche, à la folie douce insatiable, à la messe basse et noire des amants qui n'arrivent plus à dormir. Le mot me paraît presque aussi indécent que la chose, et je l'aime passionnément en secret. Pourquoi ? C'est comme ça et voilà. C'est un mot qui comble obscurément toutes mes envies, y compris celle de savoir. Je n'en ai encore jamais parlé à personne.

En me rendant compte que Muriel est en train de gémir en se frottant, de dos, les reins cambrés, contre moi, je n'en reviens pas : je pensais que c'était moi celui des deux qui trouve ça trop bon au point de laisser tomber toute dignité."

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Lundi 6 mai 2019 1 06 /05 /Mai /2019 08:00

Charles BUKOWSKI, "Women", Editions Grasset (1981)

Collection Livre de poche n° 5900

women

Récit autobiographique des aventures et mésaventures de l'écrivain, alias Henry Chinaski, accro à l'alcool et aux femmes. Le récit alterne et mêle les beuveries, les lectures publiques et les scènes de baise. L'ensemble donne volontairement l'impression désagréable d'une routine... à l'exception de la dernière rencontre, juste à la fin du livre avec une jeune lectrice-admiratrice d'une vingtaine d'années prénommée Tanya venue lui rendre visite :

Pages 394-395 

" - Écoute, je pense que tu es un écrivain formidable. Tu fais partie des rares écrivains que j'arrive à lire.

- Ah ! ouais ? Qui sont les autres salauds ?

 - Je ne réussis pas à retrouver leurs noms pour l'instant.

Je me suis penché pour l'embrasser. Sa bouche était humide, ouverte. Elle s'abandonnait facilement. Un sacré numéro. Quarante-cinq kilos. L'éléphant et la souris.

Le verre à la main, Tanya s'est levée, a remonté sa jupe et s'est assise à califourchon sur mes genoux, face à moi. Elle ne portait pas de petite culotte. Elle s'est mise à frotter sa chatte contre ma queue dressée. On s'embrassait sauvagement, elle frottait de plus belle. Très efficace. Tortille-toi, petite enfant-serpent !

women1Ensuite, Tanya a descendu la fermeture Éclair de mon pantalon. Elle s'est emparée de ma queue et l'a poussée dans son con. Elle a commencé à monter et descendre. Elle savait y faire, avec ses quarante-cinq kilos. J'avais du mal à penser. Je bougeais vaguement, m'accordais parfois au rythme de Tanya. On s'embrassait de temps en temps. C'était quand même fort : j'étais en train de me faire violer par une gamine. Elle s'est lancée dans sa phase rotatoire. J'étais coincé, pris au piège. C'était fou. Rien que de la chair, sans un gramme d'amour. La puanteur du sexe empestait l'air. Mon enfant, mon enfant. Comment ton petit corps réussit-il toutes ces prouesses ? Qui a inventé les femmes ? Dans quel but ultime ? Ce pieu, par exemple ! Et dire que nous étions parfaitement étrangers l'un à l'autre ! J'avais l'impression de baiser ma propre merde.

Elle me besognait comme un singe sur une corde raide. Tanya était une fidèle lectrice de toutes mes œuvres. Elle attaquait bille en tête. Cette enfant en connaissait un rayon. Elle sentait mon angoisse. Elle ramonait furieusement, tout en se limant le bouton, la tête rejetée en arrière. Nous participions tous les deux au plus ancien jeu du monde, au plus excitant. Nous avons joui ensemble, ça a duré une éternité, jusqu'au moment où j'ai pensé que mon cœur allait s'arrêter. Elle est tombée contre moi, frêle, minuscule. J'ai touché ses cheveux. Elle était en nage. Ensuite, elle s'est écartée de moi et est allée dans la salle de bain."

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Lundi 11 mars 2019 1 11 /03 /Mars /2019 08:00

ferrante-enfant perdue

"L'enfant perdue" est l'ultime opus de la saga " L'amie prodigieuse". Comme dans les trois premiers tomes les scènes de sexe sont très rares, voire absentes, à l'exception notoire de celle qui suit. 

Page 304 : Elena revient à l'improviste à son appartement pour donner un paquet de couches à Silvana, la nounou qui s'occupe de Imma, sa petite fille.

" J'aperçus la petite dans le séjour : assise dans son parc, sans couche, elle jouait avec une poupée. Je me faufilai sans qu'elle me voie, voulant éviter qu'elle ne se mette à crier pour que je la prenne dans mes bras. Je voulais remettre immédiatement le paquet à Silvana et tenter à nouveau de gagner la bibliothèque. Un léger bruit me parvint de la plus grande des salles de bain ( nous en avions une petite, dont se servait généralement Nino (l'amant-compagnon de Elena) et une grande, pour les filles et moi) ; je me dis que Silvana devait être en train de faire le ménage. Je m'approchai. La porte était ferranteentrebâillée, je la poussai. Je vis d'abord, dans le long cadre lumineux du miroir, la tête de Silvana penchée en avant, et je remarquai la raie de ses cheveux, bien au milieu, entre deux bandes noires striées de nombreux fils blancs. Puis je découvris les yeux fermés de Nino et sa bouche grande ouverte. Alors, en un éclair, l'image réfléchie et les corps devant moi s'associèrent. Nino portait un maillot de corps, autrement il était nu, les longues jambes et maigres écartées, les pieds nus aussi. Silvana, penchée en avant, les mains agrippées au lavabo, avait sa grande culotte autour des genoux et sa combinaison noire remontée autour de la taille. D'une main, Nino caressait le sexe de la femme tout en tenant son ventre lourd avec son bras, de l'autre main il serrait l'énorme poitrine qui sortait de la combinaison et du soutien-gorge, et en même temps, il cognait son ventre plat contre ses grosses fesses très blanches.

Je claquai la porte à l'instant même où Nino rouvrait brusquement les yeux et où Silvana relevait la tête, me lançant un regard effrayé." 

ferrante-enfant perdue1

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Mercredi 19 décembre 2018 3 19 /12 /Déc /2018 08:00

"Le dernier tango à Paris" par Robert Alley (traduit de l'américain par Jean Perrier)

Ce récit directement inspiré du film est d'abord paru aux USA en 1973 sous le titre "Last tango in Paris" puis en France aux Editons Seghers. En livre de poche dans la collection "J'ai lu" n° 517 en 1974.

tango-couv

tango-couv2

Page 80 :

" Elle (Jeanne) était allongée  à plat ventre sur le matelas, une main entre ses jambes. Elle trouvait étrange de lui raconter les sombres secrets que jamais elle ne pourrait partager avec Tom (son fiancé).

- Pourquoi ne m'écoutes-tu pas ? demanda-t-elle.

tango3Paul se contenta de passer dans la pièce voisine. Il se sentait tendu comme la corde d'un arc. Il s'assit au bord d'une chaise et observa Jeanne. Elle se mit à agiter ses hanches d'un mouvement circulaire, comme si elle faisait l'amour. Ses fesses se crispèrent.

- Tu sais, soupira-t-elle, sans le regarder. J'ai l'impression de parler aux murs.

Elle continuait de se caresser avec un plaisir grandissant.

- La solitude pèse sur moi. Ce n'est pas gentil ni généreux : tu n'es qu'un égoïste. (sa voix lointaine, un peu rauque) Je peux être moi-même toute seule, tu sais.

Paul regardait son jeune corps qui ondulait de façon rythmée, et il se sentit les yeux pleins de larmes. Ce n'était pas sur ses souvenirs d'enfant gâteé ni sur ses débuts sordides à lui qu'il pleurait. Il pleurait sur sa propre solitude.

Jeanne se tordit dans un orgasme, puis demeura immobile, comme vidée de sa substance, et épuisée...

- Amen, fit-il."

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