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"California Girls", roman de Simon LIBERATI paru aux éditions Grasset & Fasquelle en 2016. Livre de Poche n° 34706.
Excellent roman qui retrace les quelques jours de 1969 qui ont vu, sur les hauteurs de Los Angeles, les adeptes de Charles Manson se livrer à un massacre rituel sur Sharon Tate enceinte de 8 mois (compagne de Roman Polanski) et ses hôtes. Si le récit comporte de nombreuses allusions sexuelles, il ne décrit en détail aucune scène à l'exception de celle des pages 32 à 34 où l'on retrouve Charlie (Manson) en compagnie d'une certaine Stephanie.
page 32 : " Le lit grinçait. la petite levait la croupe en criant.
- Wahou hou...
Une voix d'homme, nasale, se promena dans la pièce en désordre, on aurait dit qu'elle sortait des murs et rampait le long des parois :
- Imagine que je suis ton père... tu as envie de baiser avec ton père ?
La petite arrêta de gémir et leva l'oreille comme un chiot. Derière, le type faisait des bruits de succion, il lui bouffait le cul.
- Dis-le, allez...
- Papa ?
- Plus fort...
- Papa !!
- Dis son nom... Comment il s'appelle, ton père ?
La petite essaya de se retourner mais un bras tatoué d'une figure de femme la repoussa. Une claque sur les fesses et le corps à corps recommença. Les fesses de la jeune fille faisaient des vagues blanches lorsque les cuisses sèches de l'homme la heurtaient.
- Dis son nom... Comment il s'appelle...
- Euh, Schram, comme moi...
- Schram comment ?
- Ben... Schram tout court...
- Ferme les yeux ! C'est Schram qui te baise là. Comment tu l'appelais quand t'étais gosse ? T'avais bien un petit nom pour lui.
- Popy
- Vas-y, dis-le.
- Popy...
- Plus fort.
- Popy, oh Popy...
La petite leva la tête parce qu'il lui tirait les cheveux. Elle ouvrit les yeux. Sur le mur en tête de lit un artiste amateur avait dessiné un type en train de baiser une fille en levrette. La fille avait des couettes et se retournait vers le type qui ouvrait la bouche l'air super excité et naïf en même temps. Stephanie fit pareil que la fille du dessin, mais elle reçut une claque.
- Ferme les yeux.
- Ok, Charlie.
Stephanie ferma les yeux. Et soudain elle se sentit glisser comme sur une piste de ski.
Ils étaient arrivés au ranch en fin de matinée et voilà déjà trois fois que Charlie tirait sa crampe. En tout, ils avaient fait l'amour dix ou douze fois en vingt-quatre heures depuis qu'elle s'était fait ramasser en stop à Big Sur dans un vieux camion de glacier. Quand il ne baisait pas, Charlie parlait ou chantait. Il chantait bien et sa musique ne ressemblait à rien de ce qu'elle avait entendu jusque-là. Charlie était un génie. Petit, chétif, mais incroyablement vivant. C'était l'homme le plus vivant qu'elle avait jamais rencontré, un dur, il avait fait de la prison, mais aussi un artiste. Il s'exprimait merveilleusement. Il lui avait parlé d'elle, il lui avait dit qu'elle était l'idéal de la race aryenne, visiblement il aimait bien les Allemandes. Avec son cul germanique elle allait l'aider à reproduire une race de surhommes. Il voulait plein d'enfants, des centaines d'enfants pour les emmener dans un royaume souterrain dont il connaissait l'entrée, un royaume dont elle serait la reine, la mère nourricière, un peu comme les fourmis. Il aimait les animaux, il lui avait aussi parlé des serpents et surtout des coyotes qu'il estimait plus que tous les hommes passés, présents et à venir. En une heure, Stephanie avait trouvé un sens à sa vie. Ce type était comme le dieu des légendes anciennes ou bien le capitaine de l'arche de Noé, il lui avait insufflé l'énergie qu'elle attendait depuis toujours. Ce qu'elle charchait en faisant du stop et en faisant l'amour, elle l'avait trouvé."
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