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Lundi 20 mai 2019 1 20 /05 /Mai /2019 08:00

Patrick Modiano : "De si braves garçons"

Editions Gallimard (1982) 

Collection Folio n° 1811, 186 pages

modiano

Comme d'habitude, Modiano nous plonge dans les méandres d'une adolescence trouble où s'enchevêtrent les souvenirs et se côtoient passé et présent. Le lien : le collège de  Valvert, aux environs de Paris où le narrateur a été pensionnaire. Dans le récit, la sexualité est abordée par petites touches pleines de sous-entendus qui laissent libre cours à notre imagination et nos fantasmes. Je vous ai sélectionné 6 brefs passages :

Page 38. Le narrateur évoque son camarade Michel Karvé, dont le père médecin était marié à une femme aux "cheveux blond vénitien, au visage de lionne, aux yeux aussi clairs que ceux de son mari, à l'allure nonchalante et sportive de certaines Américaines". Les parents de Michel se désintéressaient de leurs enfants.  Vingt ans plus tard, le narrateur rencontre un habitué d'un bar de l'avenue Montaigne. " Je prononçai le nom de Mme Karvé et un brusque attendrissement traversa son regard, comme si ce nom lui rappelait sa jeunesse ou celle de la mère de mon ancien camarade :

- Vous voulez parler d'Andrée la Pute ? me demanda-t-il à voix basse. "

pages97/98. Le narrateur retrouve Daniel Desoto. Ce dernier, marié à une belle Suédoise, est accompagné d'un étrange docteur nommé M. Réoyon qui s'entretient avec le narrateur : " Son ton s'était radouci. De nouveau cette manière onctueuse, dentale, de parler. Et il continuait de caresser le cuir de sa serviette. Sa main allait et venait et une image me traversa l'esprit, avec la précision et la force d'une évidence : cette main, je la voyais caresser doucement les fesses de Gunilla Desoto. (...) Maintenant de l'index, il caressait la fermeture Eclair de la serviette (....) Il tira la fermeture Eclair de sa serviette avec la lenteur et la délicatesse que l'on met à séparer deux pétales d'une fleur." 

modiano1Page 120. Évocation de Johnny, un autre pensionnaire du collège de Valvert, qui avait pour maîtresse une certaine Arlette d'Alwyn qui se disait épouse d'un aviateur parti à la guerre et dont elle n'avait plus de nouvelles : "Elle lui confia une clef de chez elle, et le soir, quand il entrait au salon, elle était allongée sur le divan, nue dans un peignoir. Elle écoutait un disque. C'était une blonde aux yeux verts et à la peau très douce et bien qu'elle eût quinze ans de plus que lui, elle paraissait aussi jeune que Johnny, avec quelque chose de rêveur et de vaporeux. Mais elle avait du tempérament."

Page 139. Le narrateur apporte aux parents d'un camarade, une lettre de leur fils consigné au collège pour le week-end. " Mme Portier avait enfoncé la lettre dans l'une des poches de son peignoir. Elle vint s'asseoir sur le bord du divan, et croisa les jambes. L'un des pans du peignoir glissa. On lui voyait les cuisses. Cette peau mate entre l'éponge blanche du peignoir et le velours rouge du divan captivait mon regard."

Pages154/155  puis 161. Le narrateur est chez un certain Charell, marié à Suzanne  : "L'éclat de rire d'une femme a rompu le silence qui s'était établi entre nous. Un rire aigu. Il venait de la chambre voisine. Puis une voix d'homme. Et le rire se transformait peu à peu en rire de gorge. 

Quelqu'un se cognait contre la porte. le rire s'est éteint. Des bruits de lutte et de poursuite. Charell ne bougeait pas et avait allumé une cigarette. J'ai entendu la femme rire de nouveau. Au bout de quelque temps, des gémissements de plus en plus longs. (...) 

- Tu es marié depuis longtemps ?

- Depuis dix ans. Tu verras, Suzanne est une femme charmante.

Je n'osais pas lui demander si c'était elle qui poussait des gémissements et des râles derrière la porte. Ils s'étaient accentués puis avaient décru. (...) Quelque temps plus tard, Charell fait une proposition au narrateur :" Tu ne veux vraiment pas venir gare du Nord à l'appartement ? Ça me ferait plaisir... Et à Suzanne aussi... Tu sais, elle t'aime beaucoup...

Sur ses lèvres, l'ombre d'un sourire.

- On se sentirait un peu moins seuls, tu comprends...

- Mais explique-moi ce que tu peux bien foutre dans cet appartement de la gare du Nord ?

- On retrouve... des amis... Enfin, si on peut appeler ça des amis... C'est un engrenage... Je t'expliquerai...

Page 179/180. Marc Newman, un ancien camarade, est en vacances au bord de la mer avec sa fiancée et sa future belle-mère : "Deux femmes brunes de même taille. La plus jeune avait les cheveux longs et portait un peignoir de tissu-éponge rouge jusqu'à mi-cuisses. l'autre était vêtue d'un paréo aux teintes rouille et bleu pastel. Elles glissaient à quelques mètres de nous mais ne pouvaient pas nous voir à cause des bacs de fleurs et d'arbustes qui nous cachaient.

-C'est drôle..., dit Newman. De loin, on croirait qu'elles ont le même âge, toutes les deux... Elles sont jolies, hein ? (...) Tout à l'heure, je te présenterai... Tu verras... la mère est aussi bien que la fille... Elles ont des pommettes et des yeux violets... Et moi, mon problème, c'est que je les aime autant l'une que l'autre."

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Mercredi 15 mai 2019 3 15 /05 /Mai /2019 08:00

Paul Verguin : "Un beau soir sans pudeur"

Editions Jean -Jacques Pauvert, 1993

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Court récit de 150 pages qui relate, à deux voix entremêlées, (celles des deux protagonistes, Muriel et Loïc) le long week-end amoureux de deux collègues de bureau qui se découvrent attirés l'un par l'autre et donnent libre cours à leurs fantasmes. La narration est très méticuleuse et parfois exaspérante de lenteur.

extrait : page 32. On en est aux premiers gestes amoureux. C'est d'abord Muriel qui raconte, puis Loïc

verguin1"Je crois que j'aurais bien aimé, mais je n'ai pas osé porter les mains de Loïc, dans mon dos, à mes fesses, alors que je les avais portées, ses mains, par devant, à mes seins et à mon sexe. Une femme a beau en recevoir toute sa vie d'innombrables preuves, elle ne cessera jamais de se demander si les hommes sont vraiment fous de son cul.

Les mots grossiers, me semble-t-il, n'ont pas grand-chose à voir avec l'érotisme. Je veux dire que, loin de m'exciter, ils me refroidissent. Ils m'évoquent un style de vie voué à l'échec et à l'amertume. À une exception près : cul. À certains moments, cul me semble un mot d'amour fondant, brûlant, délirant. Cul me fait penser à des petits matins de nuit blanche, à la folie douce insatiable, à la messe basse et noire des amants qui n'arrivent plus à dormir. Le mot me paraît presque aussi indécent que la chose, et je l'aime passionnément en secret. Pourquoi ? C'est comme ça et voilà. C'est un mot qui comble obscurément toutes mes envies, y compris celle de savoir. Je n'en ai encore jamais parlé à personne.

En me rendant compte que Muriel est en train de gémir en se frottant, de dos, les reins cambrés, contre moi, je n'en reviens pas : je pensais que c'était moi celui des deux qui trouve ça trop bon au point de laisser tomber toute dignité."

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Lundi 6 mai 2019 1 06 /05 /Mai /2019 08:00

Charles BUKOWSKI, "Women", Editions Grasset (1981)

Collection Livre de poche n° 5900

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Récit autobiographique des aventures et mésaventures de l'écrivain, alias Henry Chinaski, accro à l'alcool et aux femmes. Le récit alterne et mêle les beuveries, les lectures publiques et les scènes de baise. L'ensemble donne volontairement l'impression désagréable d'une routine... à l'exception de la dernière rencontre, juste à la fin du livre avec une jeune lectrice-admiratrice d'une vingtaine d'années prénommée Tanya venue lui rendre visite :

Pages 394-395 

" - Écoute, je pense que tu es un écrivain formidable. Tu fais partie des rares écrivains que j'arrive à lire.

- Ah ! ouais ? Qui sont les autres salauds ?

 - Je ne réussis pas à retrouver leurs noms pour l'instant.

Je me suis penché pour l'embrasser. Sa bouche était humide, ouverte. Elle s'abandonnait facilement. Un sacré numéro. Quarante-cinq kilos. L'éléphant et la souris.

Le verre à la main, Tanya s'est levée, a remonté sa jupe et s'est assise à califourchon sur mes genoux, face à moi. Elle ne portait pas de petite culotte. Elle s'est mise à frotter sa chatte contre ma queue dressée. On s'embrassait sauvagement, elle frottait de plus belle. Très efficace. Tortille-toi, petite enfant-serpent !

women1Ensuite, Tanya a descendu la fermeture Éclair de mon pantalon. Elle s'est emparée de ma queue et l'a poussée dans son con. Elle a commencé à monter et descendre. Elle savait y faire, avec ses quarante-cinq kilos. J'avais du mal à penser. Je bougeais vaguement, m'accordais parfois au rythme de Tanya. On s'embrassait de temps en temps. C'était quand même fort : j'étais en train de me faire violer par une gamine. Elle s'est lancée dans sa phase rotatoire. J'étais coincé, pris au piège. C'était fou. Rien que de la chair, sans un gramme d'amour. La puanteur du sexe empestait l'air. Mon enfant, mon enfant. Comment ton petit corps réussit-il toutes ces prouesses ? Qui a inventé les femmes ? Dans quel but ultime ? Ce pieu, par exemple ! Et dire que nous étions parfaitement étrangers l'un à l'autre ! J'avais l'impression de baiser ma propre merde.

Elle me besognait comme un singe sur une corde raide. Tanya était une fidèle lectrice de toutes mes œuvres. Elle attaquait bille en tête. Cette enfant en connaissait un rayon. Elle sentait mon angoisse. Elle ramonait furieusement, tout en se limant le bouton, la tête rejetée en arrière. Nous participions tous les deux au plus ancien jeu du monde, au plus excitant. Nous avons joui ensemble, ça a duré une éternité, jusqu'au moment où j'ai pensé que mon cœur allait s'arrêter. Elle est tombée contre moi, frêle, minuscule. J'ai touché ses cheveux. Elle était en nage. Ensuite, elle s'est écartée de moi et est allée dans la salle de bain."

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Lundi 11 mars 2019 1 11 /03 /Mars /2019 08:00

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"L'enfant perdue" est l'ultime opus de la saga " L'amie prodigieuse". Comme dans les trois premiers tomes les scènes de sexe sont très rares, voire absentes, à l'exception notoire de celle qui suit. 

Page 304 : Elena revient à l'improviste à son appartement pour donner un paquet de couches à Silvana, la nounou qui s'occupe de Imma, sa petite fille.

" J'aperçus la petite dans le séjour : assise dans son parc, sans couche, elle jouait avec une poupée. Je me faufilai sans qu'elle me voie, voulant éviter qu'elle ne se mette à crier pour que je la prenne dans mes bras. Je voulais remettre immédiatement le paquet à Silvana et tenter à nouveau de gagner la bibliothèque. Un léger bruit me parvint de la plus grande des salles de bain ( nous en avions une petite, dont se servait généralement Nino (l'amant-compagnon de Elena) et une grande, pour les filles et moi) ; je me dis que Silvana devait être en train de faire le ménage. Je m'approchai. La porte était ferranteentrebâillée, je la poussai. Je vis d'abord, dans le long cadre lumineux du miroir, la tête de Silvana penchée en avant, et je remarquai la raie de ses cheveux, bien au milieu, entre deux bandes noires striées de nombreux fils blancs. Puis je découvris les yeux fermés de Nino et sa bouche grande ouverte. Alors, en un éclair, l'image réfléchie et les corps devant moi s'associèrent. Nino portait un maillot de corps, autrement il était nu, les longues jambes et maigres écartées, les pieds nus aussi. Silvana, penchée en avant, les mains agrippées au lavabo, avait sa grande culotte autour des genoux et sa combinaison noire remontée autour de la taille. D'une main, Nino caressait le sexe de la femme tout en tenant son ventre lourd avec son bras, de l'autre main il serrait l'énorme poitrine qui sortait de la combinaison et du soutien-gorge, et en même temps, il cognait son ventre plat contre ses grosses fesses très blanches.

Je claquai la porte à l'instant même où Nino rouvrait brusquement les yeux et où Silvana relevait la tête, me lançant un regard effrayé." 

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Mercredi 19 décembre 2018 3 19 /12 /Déc /2018 08:00

"Le dernier tango à Paris" par Robert Alley (traduit de l'américain par Jean Perrier)

Ce récit directement inspiré du film est d'abord paru aux USA en 1973 sous le titre "Last tango in Paris" puis en France aux Editons Seghers. En livre de poche dans la collection "J'ai lu" n° 517 en 1974.

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Page 80 :

" Elle (Jeanne) était allongée  à plat ventre sur le matelas, une main entre ses jambes. Elle trouvait étrange de lui raconter les sombres secrets que jamais elle ne pourrait partager avec Tom (son fiancé).

- Pourquoi ne m'écoutes-tu pas ? demanda-t-elle.

tango3Paul se contenta de passer dans la pièce voisine. Il se sentait tendu comme la corde d'un arc. Il s'assit au bord d'une chaise et observa Jeanne. Elle se mit à agiter ses hanches d'un mouvement circulaire, comme si elle faisait l'amour. Ses fesses se crispèrent.

- Tu sais, soupira-t-elle, sans le regarder. J'ai l'impression de parler aux murs.

Elle continuait de se caresser avec un plaisir grandissant.

- La solitude pèse sur moi. Ce n'est pas gentil ni généreux : tu n'es qu'un égoïste. (sa voix lointaine, un peu rauque) Je peux être moi-même toute seule, tu sais.

Paul regardait son jeune corps qui ondulait de façon rythmée, et il se sentit les yeux pleins de larmes. Ce n'était pas sur ses souvenirs d'enfant gâteé ni sur ses débuts sordides à lui qu'il pleurait. Il pleurait sur sa propre solitude.

Jeanne se tordit dans un orgasme, puis demeura immobile, comme vidée de sa substance, et épuisée...

- Amen, fit-il."

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Mercredi 28 novembre 2018 3 28 /11 /Nov /2018 08:00

Virginie Despentes : "Bye Bye Blondie", éditions Grasset 2004

Collection livre de Poche n° 30517, 245 pages

En 2012 est sorti le film éponyme adapté du roman par Virginie Despentes elle-même. Mais alors que le roman nous racontait la relation amoureuse entre la punkette Gloria et le très mystérieux Eric, leur rencontre en hôpital psychiatrique, leur rupture inexpliquée puis leurs retrouvailles tumultueuses des années plus tard, le film toujours situé à Nancy et Paris est transposé dans le milieu lesbien : Eric est devenu Frances...

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Pages 105-106 : Nancy. 1986. Gloria et Eric ont trouvé refuge dans un hangar à trains de la SNCF

blondie" Elle était venue à califourchon sur lui, pour sexer. Il faisait petit jour. C'était pareil que voyager sauf que le train était immobile, dans un hangar où avait poussé l'herbe.  C'était surréaliste. Violent et très doux en même temps. Elle y mettait tout le vice qu'elle pouvait. Elle aimait sentir qu'il perdait la tête. Elle cherchait des caresses, des mouvements, pour le sentir frémir et se cramponner à elle. Ça grimpait  puis s'ouvrait, fleur comparable à un lotus interne. Ça la surprenait chaque fois, une vague ample et sourde déployée entre ses jambes. Toutes les couleurs en même temps. Ensuite, venait le galop, il suffisait de se cramponner. C'était ne pas rater le lancement qui était important. Il y avait un espace, en elle, immense, dont elle n'avait jamais soupçonné l'existence. parfois, malgré tout, elle pensait à autre chose, se laissait distraire et ratait le coche. Ça ne marchait pas systématiquement, c'était même assez délicat à réussir, le décollage. Alors, de bonne grâce, elle lui faisait son numéro, prenait des poses, se la jouait. Bien qu'elle n'ait encore jamais vu aucun film porno - à l'époque c'était réservé aux obsédés et aux abonnés de Canal, encore guère nombreux - elle prenait spontanément toutes les attitudes du genre. Même quand elle ne grimpait pas au ciel, il était magnétique, l'enveloppait et la transportait. Il disait que c'était elle, la sorcière sexuelle. Et elle faisait semblant de le croire. mais elle savait que c'était eux deux, leurs trucs mélangés décollaient ce bazar intense. Ils s'étaient endormis, blottis l'un contre l'autre." 

 


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Vendredi 26 octobre 2018 5 26 /10 /Oct /2018 08:00

Virginie Despentes : Apocalyse bébé

Edition Livre de Poche N° 32483, 377 pages

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Je poursuis mon aventure de lecteur dans l'œuvre de Virginie Despentes avec "Apocalypse bébé", roman paru chez Grasset en 2010 et qui lui a valu le Prix Renaudot. Dans ce récit à plusieurs voix, avec un canevas de polar (la recherche d'une ado disparue), on a le plaisir de voir apparaître le personnage de la Hyène que l'on retrouvera dans la trilogie "Vernon Subutex". Comme toujours, Virginie Despentes a le don de saisir l'air du temps, de comprendre l'évolution de nos sociétés et des rapports humains... 

Pages 155-156 : À la recherche de sa mère qui l'a abandonnée alors qu'elle était encore gamine, Valentine (la jeune disparue) a rencontré son cousin Yacine.

apocalypse bebe"Il a couché avec elle. Ça n'avait pas traîné. Il ne l'a jamais dit à Nadja. Il n'avait pas encore remis son ben que déjà il l'avait regretté. Mais il avait recommencé. Souvent. L'animal en lui tirait sur la laisse. Elle l'appelait. Chaque millimètre de sa peau lui hurlait de venir en elle. Yacine savait qu'elle couchait avec n'importe qui. Ça aurait dû le dégoûter. Mais il doutait qu'avec un autre ça soit comme avec lui. La première fois, elle avait commencé par faire ses trucs de fille facile qui déroule son petit numéro. Tassepé un peu paumée qui fait son affranchie, enchaîne les positions porno en faisant trop de bruit. Mais ça avait vite basculé, très vite. Elle ne s'y attendait pas non plus. Ils s'étaient immobilisés, enlacés, en sueur, étonnés, sur le seuil d'un gouffre, ils s'étaient regardés en se demandant ce qui se passait. Surpris par la violence de ce qu'ils ouvraient. Pas la brutalité courante, à base de petites beignes et de sodomie brutale. Pas ce genre. C'était muet, et indicible. Un chemin magnétique, impossible de s'en écarter.. Et il la voyait, à ce moment-là, transfigurée : une Vierge noire. En son centre un noyau rouge ardent se déployait pour l'engloutir. Un coup de poing invisible, d'une force phénoménale, le propulsait dans des ténèbres pleines de bruissements. Ils évoluaient dans une intense moiteur, jungle obscure et surchargée. Quand ils se frottaient l'un à l'autre, ils accédaient à un autre niveau de sensations. Valentine se transformait, elle devenait déesse de la destruction, sacrée et terrifiante. Et lui ausi se modifiait. Et ça lui faisait peur."

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Vendredi 24 août 2018 5 24 /08 /Août /2018 08:00

Virginie Despentes, "Les jolies choses"

1998. Editions J'ai lu n° 5460, 253 pages

despentes-choses1

despentes-choses2

Du très bon Despentes, bien dans notre temps...

Automne, page 195 :

" Il l'a emmenée dans une allée.

despentes-choses3Ils ont baisé par terre en ayant l'intime conviction qu'ils se roulaient dans du sable, en bord de mer. N'importe qui pouvait les surprendre mais ils n'ont pas été dérangés. Ont pris tout leur temps, avant et après et entre chaque fois.

Elle l'a d'abord repoussé quand il cherchait à la lécher, comme si c'était une caresse sale. Et puis l'a laissé faire. Elle sentait sa bouche connaissant sa chatte mieux qu'elle-même, sachant l'aimer et l'activer de toutes ses zones, sa langue précise et douce.

Il s'est enfoncé dans sa fente, en cherchant du bassin, sans les mains, il a cogné jusqu'à sentir le fond.

Il lui a mis une fleur dans le ventre, avec un cœur tout palpitant et des pétales s'élançant n'importe où. Longs, doux et fluides. Il lui a mis une mer à l'intérieur, nourrie de ses allées et venues.

Il parlait de son bon cul, de comme elle était chaude à l'intérieur, il disait qu'il lui remplissait la chatte et qu'elle avait l'air d'aimer ça.

Elle avait été surprise de jouir, le temps que ça prend, toute cette montée et la déflagration très blanche.

Surprise, mais davantage étonnée de ne pas l'avoir cherché plus tôt, de n'y arriver que ce soir-là."

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Vendredi 3 août 2018 5 03 /08 /Août /2018 08:00

Philip Roth, "Tromperie" (1990) Folio n° 2803

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tromperie2

Pages 65-66 : 

"Ma mère m'a appris à ne jamais m'asseoir de façon à exhiber mon con.

- Ni à mettre tes jambes sur les épaules d'un monsieur.

- Elle ne m'a jamais dit ça. Je ne crois pas que l'idée l'ait effleurée que je pourrais en avoir envie.

(...)

tromperie3-  Tu n'es tout de même pas obligée de baiser quand ta mère est là, n'est-ce pas ? Ne peux-tu pas au moins y échapper ?

- Non. Je suis obligée de faire tout. baiser, sucer. Tout. La cuisine. Toutes ces substances qui ne cessent d'entrer dans la bouche des gens et d'en sortir. C'est parfois ce qu'on ressent . Il faut que je fasse tout bien, et avec joie. Une montagne de plaisir.

- Diffficile de fournir du plaisir. 

- Pour ça oui.

- Peut-être devrais-tu tout simplement te faire putain.

- Oh, je ne crois pas que je ferais une très bonne putain.

- Tu ferais une putain merveilleuse ."

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Vendredi 20 juillet 2018 5 20 /07 /Juil /2018 08:00

Jonathan LITTELL, "Une vieille histoire, nouvelle version"

Editions NRF Gallimard, 2018, 370 pages

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Pour présenter ce roman inclassable qui dans sa construction en spirale n'est pas sans me rappeler des romans du nouveau roman comme "La Jalousie" de Robbe-Grillet, ou des films de Godard, le plus simple est de lire la quatrième de couverture rédigée par J. Littell lui-même 

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Chapitre III, pages 110-111

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" Tandis qu'il se douchait je me déshabillai, rangeant la robe dans l'armoire et jetant au panier à linge mes sous-vêtements ; puis, sans un regard cette fois pour le miroir au pied du lit, je m'étendis sur les draps, couchée sur le flanc, ma peau nue, très blanche sous la lueur de la lune, se découpant nettement devant mes yeux sur l'entrelacement des longues herbes vertes. L'homme était sorti de la salle de bains et, agenouillé  sur le lit derrière moi, pressait son corps encore humide contre le mien. Je glissai ma main dans mon dos et, sans tourner la tête, caressai son ventre ferme, ses poils épais et bouclés, la peau très douce de sa verge qui, molle encore, se dressait imperceptiblement sous mes doigts. Sa propre main parcourait ma peau, effleurait mon sein, mes côtes, repoussait mes cheveux défaits sur mon visage pendant que ses lèvres chatouillaient ma nuque. J'étendis ma jambe et me tournai sur le ventre, pressant mes littell3fesses contre lui ; sa main me passa sur le pubis pour venir jouer avec les lèvres de mon sexe, les pinçant, les roulant l'une contre l'autre avant de les séparer, le sang les gonflait et mon bassin se tendait de lui-même, ses doigts creusaient, insistaient, se mettaient à les masser, les recouvrant du fluide qui s'épandait entre elles. Je cambrai les reins et agrippai des deux mains le tissu du drap alors que son sexe se frayait un chemin à l'intérieur du mien, l'ouvrant tout à fait et l'inondant de chaleur. Lentement, ses hanches se mirent à bouger, diffusant cette chaleur qui montait m'irriguer tout le bassin ; mais c'était comme le bassin d'une autre qui prenait tout ce plaisir, loin de moi, tout à fait détaché. Je me hissai sur une épaule et tournai la tête sous mon bras : dans la glace, blanchis par la lumière de la lune, je distinguais nettement son cul et le haut de ses cuisses nerveuses couvertes de duvet blond, les miennes aussi coincées en dessous, avec suspendues entre elles des formes sombres, rougeâtres, indistinctes. Fascinée par ce spectacle incongru, je vis alors pour un long moment défiler dans le miroir les culs de tous les hommes qui s'étaient ainsi pressés contre le mien, avec patience, fébrilité, joie ou frénésie, leurs verges aussi, raides et tressaillant de plaisir, m'ouvrant encore et me faisant sombrer dans une jouissance obscure qui n'avait plus rien à voir avec ce long corps blanc perdu dans les herbes vertes des draps, pantelant et offert, le mien semblait-il."

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