Lundi 20 mai 2019 1 20 /05 /Mai /2019 08:00

Patrick Modiano : "De si braves garçons"

Editions Gallimard (1982) 

Collection Folio n° 1811, 186 pages

modiano

Comme d'habitude, Modiano nous plonge dans les méandres d'une adolescence trouble où s'enchevêtrent les souvenirs et se côtoient passé et présent. Le lien : le collège de  Valvert, aux environs de Paris où le narrateur a été pensionnaire. Dans le récit, la sexualité est abordée par petites touches pleines de sous-entendus qui laissent libre cours à notre imagination et nos fantasmes. Je vous ai sélectionné 6 brefs passages :

Page 38. Le narrateur évoque son camarade Michel Karvé, dont le père médecin était marié à une femme aux "cheveux blond vénitien, au visage de lionne, aux yeux aussi clairs que ceux de son mari, à l'allure nonchalante et sportive de certaines Américaines". Les parents de Michel se désintéressaient de leurs enfants.  Vingt ans plus tard, le narrateur rencontre un habitué d'un bar de l'avenue Montaigne. " Je prononçai le nom de Mme Karvé et un brusque attendrissement traversa son regard, comme si ce nom lui rappelait sa jeunesse ou celle de la mère de mon ancien camarade :

- Vous voulez parler d'Andrée la Pute ? me demanda-t-il à voix basse. "

pages97/98. Le narrateur retrouve Daniel Desoto. Ce dernier, marié à une belle Suédoise, est accompagné d'un étrange docteur nommé M. Réoyon qui s'entretient avec le narrateur : " Son ton s'était radouci. De nouveau cette manière onctueuse, dentale, de parler. Et il continuait de caresser le cuir de sa serviette. Sa main allait et venait et une image me traversa l'esprit, avec la précision et la force d'une évidence : cette main, je la voyais caresser doucement les fesses de Gunilla Desoto. (...) Maintenant de l'index, il caressait la fermeture Eclair de la serviette (....) Il tira la fermeture Eclair de sa serviette avec la lenteur et la délicatesse que l'on met à séparer deux pétales d'une fleur." 

modiano1Page 120. Évocation de Johnny, un autre pensionnaire du collège de Valvert, qui avait pour maîtresse une certaine Arlette d'Alwyn qui se disait épouse d'un aviateur parti à la guerre et dont elle n'avait plus de nouvelles : "Elle lui confia une clef de chez elle, et le soir, quand il entrait au salon, elle était allongée sur le divan, nue dans un peignoir. Elle écoutait un disque. C'était une blonde aux yeux verts et à la peau très douce et bien qu'elle eût quinze ans de plus que lui, elle paraissait aussi jeune que Johnny, avec quelque chose de rêveur et de vaporeux. Mais elle avait du tempérament."

Page 139. Le narrateur apporte aux parents d'un camarade, une lettre de leur fils consigné au collège pour le week-end. " Mme Portier avait enfoncé la lettre dans l'une des poches de son peignoir. Elle vint s'asseoir sur le bord du divan, et croisa les jambes. L'un des pans du peignoir glissa. On lui voyait les cuisses. Cette peau mate entre l'éponge blanche du peignoir et le velours rouge du divan captivait mon regard."

Pages154/155  puis 161. Le narrateur est chez un certain Charell, marié à Suzanne  : "L'éclat de rire d'une femme a rompu le silence qui s'était établi entre nous. Un rire aigu. Il venait de la chambre voisine. Puis une voix d'homme. Et le rire se transformait peu à peu en rire de gorge. 

Quelqu'un se cognait contre la porte. le rire s'est éteint. Des bruits de lutte et de poursuite. Charell ne bougeait pas et avait allumé une cigarette. J'ai entendu la femme rire de nouveau. Au bout de quelque temps, des gémissements de plus en plus longs. (...) 

- Tu es marié depuis longtemps ?

- Depuis dix ans. Tu verras, Suzanne est une femme charmante.

Je n'osais pas lui demander si c'était elle qui poussait des gémissements et des râles derrière la porte. Ils s'étaient accentués puis avaient décru. (...) Quelque temps plus tard, Charell fait une proposition au narrateur :" Tu ne veux vraiment pas venir gare du Nord à l'appartement ? Ça me ferait plaisir... Et à Suzanne aussi... Tu sais, elle t'aime beaucoup...

Sur ses lèvres, l'ombre d'un sourire.

- On se sentirait un peu moins seuls, tu comprends...

- Mais explique-moi ce que tu peux bien foutre dans cet appartement de la gare du Nord ?

- On retrouve... des amis... Enfin, si on peut appeler ça des amis... C'est un engrenage... Je t'expliquerai...

Page 179/180. Marc Newman, un ancien camarade, est en vacances au bord de la mer avec sa fiancée et sa future belle-mère : "Deux femmes brunes de même taille. La plus jeune avait les cheveux longs et portait un peignoir de tissu-éponge rouge jusqu'à mi-cuisses. l'autre était vêtue d'un paréo aux teintes rouille et bleu pastel. Elles glissaient à quelques mètres de nous mais ne pouvaient pas nous voir à cause des bacs de fleurs et d'arbustes qui nous cachaient.

-C'est drôle..., dit Newman. De loin, on croirait qu'elles ont le même âge, toutes les deux... Elles sont jolies, hein ? (...) Tout à l'heure, je te présenterai... Tu verras... la mère est aussi bien que la fille... Elles ont des pommettes et des yeux violets... Et moi, mon problème, c'est que je les aime autant l'une que l'autre."

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Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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