Vendredi 20 juillet 2018 5 20 /07 /Juil /2018 08:00

Jonathan LITTELL, "Une vieille histoire, nouvelle version"

Editions NRF Gallimard, 2018, 370 pages

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Pour présenter ce roman inclassable qui dans sa construction en spirale n'est pas sans me rappeler des romans du nouveau roman comme "La Jalousie" de Robbe-Grillet, ou des films de Godard, le plus simple est de lire la quatrième de couverture rédigée par J. Littell lui-même 

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Chapitre III, pages 110-111

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" Tandis qu'il se douchait je me déshabillai, rangeant la robe dans l'armoire et jetant au panier à linge mes sous-vêtements ; puis, sans un regard cette fois pour le miroir au pied du lit, je m'étendis sur les draps, couchée sur le flanc, ma peau nue, très blanche sous la lueur de la lune, se découpant nettement devant mes yeux sur l'entrelacement des longues herbes vertes. L'homme était sorti de la salle de bains et, agenouillé  sur le lit derrière moi, pressait son corps encore humide contre le mien. Je glissai ma main dans mon dos et, sans tourner la tête, caressai son ventre ferme, ses poils épais et bouclés, la peau très douce de sa verge qui, molle encore, se dressait imperceptiblement sous mes doigts. Sa propre main parcourait ma peau, effleurait mon sein, mes côtes, repoussait mes cheveux défaits sur mon visage pendant que ses lèvres chatouillaient ma nuque. J'étendis ma jambe et me tournai sur le ventre, pressant mes littell3fesses contre lui ; sa main me passa sur le pubis pour venir jouer avec les lèvres de mon sexe, les pinçant, les roulant l'une contre l'autre avant de les séparer, le sang les gonflait et mon bassin se tendait de lui-même, ses doigts creusaient, insistaient, se mettaient à les masser, les recouvrant du fluide qui s'épandait entre elles. Je cambrai les reins et agrippai des deux mains le tissu du drap alors que son sexe se frayait un chemin à l'intérieur du mien, l'ouvrant tout à fait et l'inondant de chaleur. Lentement, ses hanches se mirent à bouger, diffusant cette chaleur qui montait m'irriguer tout le bassin ; mais c'était comme le bassin d'une autre qui prenait tout ce plaisir, loin de moi, tout à fait détaché. Je me hissai sur une épaule et tournai la tête sous mon bras : dans la glace, blanchis par la lumière de la lune, je distinguais nettement son cul et le haut de ses cuisses nerveuses couvertes de duvet blond, les miennes aussi coincées en dessous, avec suspendues entre elles des formes sombres, rougeâtres, indistinctes. Fascinée par ce spectacle incongru, je vis alors pour un long moment défiler dans le miroir les culs de tous les hommes qui s'étaient ainsi pressés contre le mien, avec patience, fébrilité, joie ou frénésie, leurs verges aussi, raides et tressaillant de plaisir, m'ouvrant encore et me faisant sombrer dans une jouissance obscure qui n'avait plus rien à voir avec ce long corps blanc perdu dans les herbes vertes des draps, pantelant et offert, le mien semblait-il."

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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