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Tatiana de Rosnay : "Spirales". Roman paru en 2008 aux Editions Héloïse d'Ormesson. Collection Le Livre de Poche n° 32873 (185 pages)
Hélène, une quinquagénaire paisible, mariée, mère de deux enfants, se laisse aller à une aventure éphémère avec un inconnu.
Extrait, pages 23 à 25.
" − Je vous attendais, dit-il. j'étais sûr que vous alliez revenir.
Hélène était comme hypnotisée. Elle ne pouvait plus parler. Elle ne pouvait plus que regarder cet homme qui avait encerclé son poignet de ses doigts. Il prit sa main, l'ouvrit, saisit la clef qu'elle serrait de toutes ses forces.
− Rangez ça, murmura-t-il.
Elle glissa la clef dans la poche de sa robe.
− Venez, ordonna-t-il avec un sourire. Venez avec moi. Maintenant.
Il avait toujours cet accent indéfinissable. La chaleur écrasante semblait la pousser vers lui. Elle se liquéfiait, se désintégrait. Elle n'avait plus de substance. Elle ne pensait plus. Le suivre maintenant ? Oui, elle le devait. Elle le voulait. Elle était venue pour ça.
Une porte cochère à la peinture écaillée, une cour délabrée, une autre porte, puis un petit appartement sombre, étouffant de chaleur. Elle ne remarqua pas le désordre, la saleté. Elle ne voyait que l'homme debout devant elle qui, d'un geste brutal, défit les boutons de sa robe. Elle ne voyait que les mains qui prenaient possession de la moiteur de sa peau.
L'homme parlait, disait qu'elle était belle, qu'elle était excitante, qu'il allait la faire jouir. Hélène n'avait pas l'habitude de ces mots-là. Elle les savoura comme un dessert nouveau. L'homme était pressé, haletant. Mais il souhaitait avant tout lui donner du plaisir. Il s'agenouilla devant elle, enfouit son visage entre ses cuisses nues.
Pendant un très court instant, Hélène revint à elle. Elle se vit, plaquée contre le mur décrépi d'une pièce désordonnée. Elle vit la tête d'un étranger contre son ventre, une épaisse chevelure sombre. Elle vit les mains d'un étranger, les ongles noirs de crasse, agrippées à ses hanches. Elle faillit hurler, le repousser, s'enfuir. Les lèvres de l'étranger lui procuraient un plaisir inconnu.
Impossible de s'en aller. Impossible de faire autre chose que de rester rivée à lui, incandescente. Elle ne savait plus qui elle était. Elle s'en fichait. Seul importait cet homme.
Sa jouissance était presque douloureuse tant elle la vida. Il y eut du noir devant ses yeux, une pression sur ses tempes. Elle vacilla. L'homme la rattrapa. Ses yeux étaient fiévreux, son visage presque hagard. Il parlait, mais elle ne l'entendait plus. Il la guida vers un lit défait, retroussa davantage la robe froissée. Tout se passa très vite. Il était en elle.
Au début, elle le subit, affolée, confuse. mais petit à petit, sa jouissance toute récente sembla se raviver, se décupler. C'était une sensation à la fois exquise et insupportable. Le centre du monde, cette chambre brûlante comme un four, cet inconnu qui pétrissait son corps, les grognements et les cris qu'elle n'avait pas l'impression de pousser, mais qui venaient pourtant d'elle. Leurs chairs rendues glissantes par la sueur se collaient l'une à l'autre avec un bruit mat de ventouse.
Le temps s'était arrêté. Il n'y avait plus pour Hélène que cet accouplement sauvage, charnel dans lequel elle puisait une volupté frénétique. Elle ne voulait pas que cela finisse, elle subodorait déjà dans les mouvements de l'inconnu qu'il allait jouir, alors elle ferma les yeux pour garder au plus profond d'elle, au plus intime, ce qu'elle était en train de vivre.
Avec un râle, presque un cri, l'homme s'écroula sur elle, l'écrasant de son poids. Yeux toujours fermés, elle accueillit ce corps étranger qu'elle enveloppa de ses bras avec une sorte de tendresse. Elle avait envie de lui dire merci, merci pour tout ce qu'elle n'avait jamais connu et qu'elle découvrait à cinquante ans, grâce à lui. Elle sentit son souffle chaud contre son oreille, puis il eut un soubresaut, comme un dernier spasme de plaisir.
Le calme tomba sur leurs deux corps toujours luisants de sueur. Elle se sentait bien avec cet homme blotti dans ses bras comme un enfant. Comme il était apaisé, silencieux, après l'orage de cette possession si brutale. "