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Georges Bataille : "Madame Edwarda". Nouvelle parue à l'origine clandestinement en 1941 et 1945 sous le pseudonyme de Pierre Angélique, puis rééditée en 1956 chez Jean-Jacques Pauvert. La nouvelle se trouve aujourd'hui en collection de poche 10-18 n° 781 dans un recueil qui regroupe outre "Madame Edwarda" deux autres écrits de 1967 "Le Mort" et "Histoire de l'œil"
Extrait : De nuit, Edwarda et le narrateur ont pris place dans un taxi parisien. Ils filent vers les Halles
" Il (le chauffeur) nous mena dans des rues sombres. Calme et lente, Edwarda dénoua les liens de son domino qui glissa, elle n'avait plus de loup ; elle retira son boléro, et dit pour elle-même à voix basse :
— Nue comme une bête.
Elle arrêta la voiture en frappant la vitre et descendit. Elle approcha jusqu'à toucher le chauffeur et lui dit :
− Tu vois... je suis à poil... viens.
Le chauffeur immobile regarda la bête : s'écartant elle avait levé haut la jambe, voulant qu'il vît la fente. Sans mot dire et sans hâte, cet homme descendit du siège. Il était solide et grossier. Edwarda l'enlaça, lui prit la bouche et fouilla la culotte d'une main. Elle fit tomber le pantalon le long des jambes et lui dit :
− Viens dans la voiture.
Il vint s'asseoir auprès de moi. Le suivant, elle monta sur lui, voluptueuse, elle glissa de sa main le chauffeur en elle. Je demeurai inerte, regardant ; elle eut des mouvements lents et sournois d'où, visiblement, elle tirait le plaisir suraigu. L'autre lui répondait. Il se donnait de tout son corps brutalement : née de l'intimité, mise à nu, de ces deux êtres, peu à peu, leur étreinte en venait au point d'excès où le cœur manque. Le chauffeur était renversé dans un halètement. J'allumai la lampe intérieure de la voiture. Edwarda, droite, à cheval sur le travailleur, la tête en arrière, sa chevelure pendait. Lui soutenant la nuque, je vis les yeux blancs. Elle se tendit sur la main qui la portait et la tension accrut son râle. Ses yeux se rétablirent, un instant même, elle parut s'apaiser. Elle me vit : de son regard, à ce moment-là, je sus qu'il revenait de l'impossible et je vis, au fond d'elle, une fixité vertigineuse. À la racine, la crue qui l'inonda rejaillit dans ses larmes : les larmes ruisselèrent des yeux. L'amour, dans ces yeux, était mort, un froid d'aurore en émanait, une transparence où je lisais la mort. Et tout était noué dans ce regard de rêve : les corps nus, les doigts qui ouvraient la chair, mon angoisse et le souvenir de la bave aux lèvres, il n'était rien qui ne contribuait à ce glissement aveugle vers la mort.
La jouissance d'Edwarda − fontaine d'eaux vives − coulant en elle à fendre le cœur − se prolongeait de manière insolite : le flot de volupté n'arrêtait pas de glorifier son être, de faire sa nudité plus nue, son impudeur plus honteuse."
et cela peut aller jusqu'à sa perte...
Très beau texte et très belle illustration...
Merci