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" À moi pour toujours", 2007, dans la collection Le Livre de Poche n° 31077 (377 pages)
Laura KASISCHKE est une écrivaine américaine née dans le Michigan en décembre 1961. C'est dans cet état qu'elle situe le roman qui retrace une aventure extraconjugale de Sherry Saymour, mariée, mère d'un fils unique, quadragénaire de la middle class, professeur de littérature anglaise dans une université. Tout part d'un billet anonyme qu'elle découvre un matin dans sa boîte à lettres professionnelle avec juste ces mots tracés d'une écriture qu'elle ne connaît pas : "Sois à moi pour toujours" (titre original "Be mine")
Extrait pages 70-72 : un après-midi d'hiver, alors qu'elle est seule dans sa maison, Sherry s'offre le plaisir d'une sieste.
" Dehors, le soleil parvenait péniblement à percer les nuages lourds de neige, je baissai donc les stores. Je m'allongeai et tirai sur mon corps le couvre-lit qui se trouve au pied du lit. Je fermai les yeux, j'attendis de glisser doucement dans le sommeil, emportée par l'odeur de linge propre, la poussière de l'hiver, la chaudière, le silence d'une maison dans laquelle ne se trouve qu'une épouse et mère, quand soudain j'y repensai.
À la lettre.
Sois à moi pour toujours
J'ouvris les yeux
Sherry ( Chérie !)
Je me mis sur le côté. Puis sur le ventre et ensuite, à nouveau, sur le dos – avec ce frisson qui démarre derrière mes genoux, qui remonte comme la main d'un homme le long de mes cuisses, entre mes jambes.
Depuis quand ne m'étais-je pas masturbée ?
Des années ?
Avant notre mariage, c'était quelque chose que je faisais tous les jours. Voire deux fois par jour ! Parfois dans le bain, ou sous la douche. Systématiquement avant de m'endormir. Dans l'avion, un jour. J'allais à New York voir une amie. J'avais trois places pour moi toute seule. J'avais posé ma doudoune sur mes genoux, et comme l'avion avançait en cahotant sur la piste avant de s'élancer le nez en l'air vers le ciel, en grondant, en vibrant et en bringuebalant, de cette manière déconcertante qu'ont les avions de faire ça en quittant le sol, j'ai glissé ma main dans mon jean et me suis offert un orgasme si intense et si rapide que je me suis demandé après, inquiète, si je n'avais pas gémi dans m'en apercevoir. J'avais alors regardé autour de moi. Personne ne semblait s'être rendu compte de quoi que ce soit.
À cette époque, tout m'emplissait de désir. La vue d'un homme qui desserre sa cravate. Un couple enlacé qui marche dans la rue. Le bout de mon petit doigt entre mes dents.
En fait, je crois maintenant que c'était mon propre corps que je désirais. Même les hommes laids – ceux qui me faisaient peur, ou qui me dégoûtaient –, lorsqu'ils me regardaient en me dépassant dans la rue ou en traînant devant la caisse quand j'enregistrais leurs achats de livres ou de magazines, même ces hommes me faisaient battre le cœur plus vite.
Parfois même, quand on me regardait, le bout de mes seins se durcissait et j'étais alors toute mouillée.
J'étais folle, je crois, de moi, de moi-même. Il m'arivait de prendre un miroir à main, de le placer entre les jambes et de me regarder en train de me toucher. Je pouvais jouir en quelques secondes, ou de pouvais faire durer ça une heure, je forçais mes doigts à s'éloigner de mon clitoris et restais allongée sur mon lit, les jambes écartées – nue, pantelante, je m'amenais si près du plaisir que je devenais une fille au bord d'un précipice de jouissance, je me touchais les seins, je me léchais les doigts, et je m'autorisais enfin de plonger, le torse trempé de sueur et m'abandonnais alors violemment à l'orgasme.
Cet après-midi-là, ce fut plus lent, et mes mains, entre mes jambes, avec un peu d'imagination, devinrent celles d'un inconnu. Mais j'ai atteint un orgasme qui m'a malgré tout surprise. Une fureur bouleversante qui m'a fait monter les larmes aux yeux, comme si, en me faisant l'amour à moi-même, j'étais rendue à un amant après lequel je soupirais violemment depuis longtemps.
Lorsque je m'éveillai – lentement, avec langueur, comme une remontée agréable des profondeurs de quelque chose vers la surface –, j'allai dans la salle de bains pour me regarder, une fois encore, dans le miroir."
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