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Lucia Etxebarria
De l’amour et autres mensonges, 2001
10/18, domaine étranger
Extrait pages 158-159
Ruth, jeune cinéaste madrilène branchée, tombe éperdument amoureuse d’un obscur poète provincial qui se fait appeler Juan Angel de Seoane….
« Le temps devint total comme un océan. Un océan qui n’étanchait pas la soif. Un océan abyssal où Ruth plongeait tremblant comme une goutte, comme une vague faite de toutes les vagues, d’eau fouettée par son propre poids, versée sur la rose jointure de ses jambes, là où son sexe palpitait, un turbulent fleuve en crue, un flot qui inondait l’obscurité, dessinait sur les draps une carte de fluides et de cheveux étalés.
Comment décrire une chose pareille ? La douce langueur des sens qui enivrait la conscience de Ruth, qui la balançait avec une douceur infinie, les lumières bleutées qui éclairaient les jouissances de cette lutte pantelante, paupières closes qui tremblaient sous l’étreinte, et tout paraissait bonheur jusqu’à la mort, paix jusqu’au néant. Entre un homme et une femme, entre une seconde et celle d’après s’ouvraient d’immenses espaces que la pensée ne pouvait embrasser, des mondes entiers qui les emplissaient. Ruth se trouvait dans un temps arrêté, elle marchait dans l’infini tel le soleil, elle roulait comme l’océan sur son lit de sable, et son corps n’était plus un corps mais une voile intrépide qui filait, gonflée par la tempête. Impossible d’appréhender la chaleur de l’instant ou les feux qui embrasaient la peau de Ruth. Tout tournoyait et vacillait dans une ultime frénésie, une ivresse de vie, une danse fébrile de démons soûls et ruisselant de sueur, une musique étrange et hypnotique qui bourdonnait en elle, son corps vrillé comme celui d’un serpent frappé par la foudre. Ruth qui hurlait, gémissait, se convulsait, hors d’elle, qui mordait les draps et griffait le bois du lit, maîtresse de la dissonance, de l’âpre contrepoint, maîtresse de son sexe, diapason de chair qui marquait la mesure, qui s’ouvrait et se refermait à un rythme purement animal, tunnel qui emprisonnait en se contractant. Puis Ruth mourut doucement, heureuse, et le calme revint. Des pulsations annoncèrent le coup de fouet imminent du sperme. Toute cette série de sensations invisibles débouchait sur un spectacle banal et visible : rien n’avait été inventé ; depuis des siècles, des hommes et des femmes avaient joué à composer au lit d’énormes et grotesques insectes à huit pattes. »
Commentaire : J’ai choisi ce passage pour le contraste entre l’intensité sensuelle de l’accouplement et le cruel désenchantement de la situation finale, de l’infinie tristesse de la chair après le délire des sens. Les amateurs des films d’Almodovar retrouveront dans ce volumineux roman de 500 pages quelques traces de l’univers du cinéaste
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